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30/10/2007

Et alors, ça pédale en octobre?

Désolé, pas de nouvelles depuis un moment. Je vous avais laissé dans les Marches et me voilà à ... regardez la carte et vous le saurez. Je suis loin, très loin dans le sud. J'ai un paquet de choses à raconter mais si je n'abrège pas un peu, je ne rattrapperez jamais mon retard dans les commentaires et vous aurez le compte rendu de mon arrivée l'année prochaine... Pour résumer : depuis Macerata, j'ai fait un grand bond avec le train, et je me suis retrouvé à Bari, 500 km plus au sud. J'ai pédalé encore un petit peu pour arriver un petit plus au sud, à Mola di Bari, une petite ville sympatique sur la cote, où j'ai été accueilli par l'asso Legambiente locale qui venait de se créer. D'ailleurs l'organisation de mon accueil était leur première activité. Et ils on faiut les choses à la grande. Conférence en présence du maire et d'une cinquantaine de personnes, avec des affiches partout dans la ville "Giro del Cigno, conférence de Youri Sawtschuk". Et le lendemain, j'ai passé toute la mattinée dans les écoles, à faire des animations avec une bonne centaine d'élèves du primaire, et au moins autant du collège. J'ai été accueilli dans un agriturismo somptueux au milieu des oliviers centenaires et j'ai eu droit à un festin, avec de mozzarella. Vive le retour dans le sud!

Ensuite, je suis parti à travers la campagne des Pouilles, à travers ces plaines et ces collines recouvertes à pertes de vue d'oliviers énormes, monstrueux! Je n'ai jamais vu ça! Tous centenaires, bi-centenaires, si ce n'est tri-centenaire. Et des murets de pierre le long des petites routes désertes. Ca dépayse les Pouilles. Tous les 10 ou 15 kilomètres, un gros bourg aux maisons blanches avec son gros chateau normand ( et oui, on retourne dans le sud, où les normands font partie de l'histoire..). J'ai traversé une zone trop étrange, avec des maisons de lutins partout : des petites cabanes de pierre avec le toit pointu. Les trulli ça s'appelle. Y'a des trulli partout. pendant trente km, il n'y a que ça. dans chaque champ un petit trullo. Et meme un village entier de trulli, Alberobello!

Toujours plus au sud, toujours plus d'oliviers. Je suis arrivé dans une immense plaine, dans les environs de Tarante. Plat, mais plat, comme le plateau du Vexin. C'est normal c'est du terrain calcaire. Et toujours à perte de vue, cette foret d'olivier. J'ai suivi une longue piste de terre rouge, rectiligne, au mileiu de ces arbres éparses. On se croirait au milieu de la savane. C'est vraiment l'impression que ça m'a fait. Après une demi heure de piste, je suis arrivé dans un endroit que j'attendais de voir avec impatience : Urupia! Un écovillage, un vrai. Et ça m'a tellement plu que j''y suis resté 2 semaines à aider à travailler au potager, à la récolte des olives. Vraiment une belle expérience, mais il y a trop à dire là dessus, j'espère avoir le temps de vous en parler plus en détail une autre fois.

Si je me susi arreté aussi longtemps, c'est aussi à cause du mauvais temps. Un froid sibérien a dévalé des Alpes Slovènes, s'est engouffré le lond de l'Adriatique et a débarqué directement sur les Pouilles. Il faisait trop froid! Aussi j'étais bien content de pouvoir repousser un peu le départ et les nuits sous la tente. Au bout de deux semaines à Urupia, je commençais à bien m'y plaire mais je risquais d'oublier que j'étais en voyage. Alors je suis reparti. Direction la pointe de la botte, Reggio Calabria. Mais c'est pas si proche le talon de la pointe. J'ai eu la surprise de voir un panneau Reggio C. : 450km. Et j'avais trois jours et demi pour arriver, ça fait une peu juste. Alors j'ai fait des petits sauts en train. Mais j'ai quand meme pedalé sec, j'ai bien du faire 300 km sur les 450 totaux. Vélo jusqu'à Tarante, puis train jusqu'à Metaponte. Le temps était toujours maussade, je serais bien allé plus loin en train mais après le train n'acceptait plus les vélos. Metaponte, c'est une ville antique ça. J'ai suivi la cote sud de la Calabre, le long de la mer ionienne, et cette zone fait partie de la Magna Grecia, c'est plein de villes grecques fondées vers le VIIIème siècle av JC. A Metaponte, y'avait pas grand chose à part une ou deux colonnes derrière le portail fermé, et un couple de touristes français avec leur caravane. Ils avaient la meme carte Michelin que moi et sur la carte, ils avaient vu le meme symbole (une colonne en ruine) qui indique ruines antiques. Sous la pluie, ils m'ont invités à prendre un verre dans leur caravane. Puis j'ai continué, sous un ciel maussade. Un temps trop bizarre. Des jours entiers de ciel gris, mais il ne faisait plus froid. Au contraire, il faisait meme chaud. Jusqu'à 30° par moment. Et un vent étrange, du genre qui annonce les gros orages, mais l'orage ne venait pas. Et une brume.. Je ne voyais meme pas les montagnes que je longeais.

J'ai continué le long de la route cotiere. Sur de longues portions elle a été transformé en autoroute, sans autre alternative. Trop dangereux. Quand meme, au bout d'un moment, ils ont pensé a mettre une route de service. La cote dvient un peu plus belle. C'est completement desert. C'est hors saison, y a personne. Et meme durant l'été, doit pas y avoir grand monde. On est sur le revers de l'Italie ici, ça fait un peu bout du monde par endroit. Et miracle! Des morceaux de cote non urbanisés. C'est assez rare pour etre noté. Tout le mérite en revient à la voie ferrée qui court le long de la plage et en bloque l'accès. Vive le train!

J'arrive à Sybaris. Ca m'est familier comme nom. Et pour cause. Ce sont eux qui ont fondé Paestum. Je susi aux origines des origines. Sybaris, cité grecque fondée en 750 av JC, était tellement riche qu'elle avait créé elle meme d'autres cités, dont Paestum. Elle a fini par susciter les jalousies des villes voisines et a été détruite complètement par Crotone en 510 av JC. Je trouve ça trop fort de l'histoire aussi antique! Et les crotoniates étaient si jaloux qu'ils ont détournés le cours du fleuve pour ensevelir Sybaris et la faire disparaitre à jamais. Et en effet il n'en reste pas grand chose, si ce n'est une immense rue pavée, très large, quasi la première autoroute antique... Après Sybaris, je prends le train jusqu'à Crotone. Je descends du train un peu avant Crotone pour pédaler un peu. Toujours ce ciel gris, pire qu'en Normandie, et des grands champs labourés. Ici on cultive le fenouil. Ca laisse réveur... La première impression de Crotone est très bof, tout industriel. Je reprends le train ici. Mais il faut que j'attende 2 heures. Alors je vais refaire un tour à Crotone pour patienter. Cette fois, je grimpe dans la ville antique. Et là complètement différent, c'est trop mignon. Comme quoi une ville, ça ne se découvre pas si facilement. Dommage que je ne puisse pas m'attarder dans la zone.

Dans le train, je retrouve le meme controleur de la veille, qui m'avait déposé à seulement 20 km d'ici. Je suis grillé. Je vais passer pour un gros fénéant. Il faut encore que je le convaincque (c'est bon la conjugaison?) de faire monter mon chariot, il rale un peu pour la forme, mais ca passe. Le train me dépose à Catanzaro Lido. Reggio Calabria 184 km. Allez un petit effort! Il me reste un jour et demi. Et je roule, roule. le long de cette cote ennuyeuse. C'est gris, il y a la brume. C'est pas trop construit, mais le peu qu'il y a suffit à enlaidir. Les montagnes doivent etre belles mais je ne les vois pas. Heureusement il y a les orangers, et les mandariniers. C'est la pleine saison et je mange plein de mandarines directement cueillies sur l'arbre. Y a des avantages à voyager en octobre quand meme.

Et voilà, dimanche 28 octobre au soir, j'arrive à 10 km de Reggio Calabria. Mission accomplie. Le lendemain j'ai rendez-vous à Catania, en Sicile. Je prendrai le ferry. La Sicile devrait etre juste en face, mais je ne la vois pas. On dirait qu'elle est entourée d'un énorme nuage noir. Et toujours cette chaleur, et ce vent. Quel temps étrange. On dirait qu'il se prépare quelque chose mais ça ne vient pas...

11/10/2007

De Ravenne à Macerata

Pour aller à Ravenne, je traverse la partie sud du delta du Po. Une longue route bordée de platanes me mène jusqu'à Comacchio, une bourgade située au milieu des marais et des étangs. Comme à Venise, la cité est traversée d'une multitude de canaux. Il y a un pont impressionant en briques rouges qui enjambe 6 canaux à la fois. C'est mignon, c'est tranquille. Pour comparer, je dirais un peu l'athmosphère d'Aigues Mortes. On sent que la mer n'est pas loin, mais d'ici elle est partie depuis longtemps. Je m'engage ensuite sur une route qui longe un immense étang. Claudio, de Legambiente Ravenne est venu à ma rencontre. Il m'accompagne à travers ces grandes étendues. D'un côté, l'eau à perte de vue, de l'autre, des champs immenses. On finit par rejoindre une rivière que l'on franchit avec un petit bac. De l'autre côté un petit village, Sant' Alberto. Claudio ne tarit pas d'éloges sur ce petit hameau, qu'ici c'est génial, il y a les vrais traditions de campagne, les gens sont sympa, il y a même une foire à la patate. Bref le lieu idéal. Je ne lui dit rien mais franchement, bof.. Je vois pas ce que ça a d'extraordinaire ici. Ça doit être un des villages les plus moches que j'ai vu depuis le début de mon voyage. Mais bon, pour un habitant de Ravenne, ça semble la panacée. En traversant les 20 km de plaine jusqu'à Ravenne, on comprend mieux. Tout monotone, avec des énormes raffineries en arrière plan. Il y a même des belles cheminées de centrale nucléaire. Il n'y a plus de centrale atomique en Italie (depuis que Legambiente a fait organiser un referendum en 1987) mais le style architectural doit leur plaire et ils construisent ces grosses cheminées inquiétantes aussi dans les grosses raffineries. Ravenne, même si distant de la mer de 10 km est un des plus grands ports italiens. Et puis au large on exploite le méthane. Un beau centre industriel quoi. Mais il ne faut pas se fier aux abords d'une ville. Dans le centre historique on change complètement d'athmosphère. Ravenne aussi est une ville cycliste. Et puis je découvre un peu d'histoire. Saviez vous que Ravenne a été la capitale de l'Empire Romain de 425 à 475, c'est à dire jusqu'à la fin. C'est ici que s'est jouée la fin de l'empire, avec Odoacre qui a destitué le dernier empereur. Ici, l'Antiquité s'est prolongée jusqu'à nos jours. La plus vieille église date de 450 et est toujours une église, depuis plus 1500 ans! Avec des mosaïques incroyables. La fin des romains n'a pas été aussi brutale puisque dès 530 les byzantins étaient de retour et ont fait perdurer les traditions romaines, teintées d'une touche orientale. Voyageant comme ça à travers l'Italie, je voyage aussi dans l'histoire, c'est vraiment intéressant, chaque ville a une histoire différente. Je reste 2 nuits à Ravenne. Le temps d'assister à la réunion de l'asso Legambiente. Ici, leur specialité, c'est les gardes écologiques. Ils sont une dizaine de volontaire à arpenter le territoire régulièrement pour surveiller que personne ne chasse en dehors des périodes autorisées ou voir s'il n'y a pas de décharges sauvages. Ils ont suivi d'abord une petite formation pour être au courant des législations et ils se sont fait remettre un permis prefectoral qui les autorise à demander les papiers des gens qu'ils trouvent en train de commettre une infraction. Ils peuvent ensuite écrire un rapport qu'ils transmettent aux gardes forestiers. Au final, ils jouent à plein leur rôle de citoyen actif. Je repars ensuite vers le sud, le long de la côte. Je traverse d'abord une pinède magnifique, toute sauvage, immense. Rien à voir avec ma pinède de Paestum. Ce serait la pinède où allait se promener Dante pour trouver l'inspiration. À la sortie de cette belle balade en pleine nature, je débarque en plein dans les cités balnéaires. Je traverse des villes au nom évocateur comme Milan maritime. À Cesenatico, je retrouve Léonard! Le port de la ville aurait été conçu par Léonard de Vinci lui même. À première vue rien d'extraordinaire. C'est un port canal, comme il y a au Grau du Roi. Mais ici ils ont mis des barques d'époque, avec des voiles en vieux tissus traditionnel jaune et rouge. Du coup ça peut nous aider à nous imaginer Léonard sur les quais et le port peut mériter son appellation de port léonardesque.. Après, une trentaine de kilomètres le long de la mer, je m'éloigne de la côte vers l'arrière pays et en particulier un énorme promontoire que j'aperçois depuis ce matin. Il domine toute les collines alentour de son imposante masse noire. Si je regarde ma carte, ça devrait correspondre à San Marin. San Marin, vous savez, ce micro-État enclavé à l'intérieur de l'Italie. Je suis curieux d'aller voir ça, ça m'avait tojous intrigué ce pays. Et puis c'est l'occasion de donner une dimension internationale à mon Tour. Avant d'arriver à San Marin, il faut franchir le Rubicon. Pas de problèmes, c'est un ruisseau ridicule. Je comprend mieux que César n'ait pas hésité longtemps non plus... Puis j'atteins les premières collines. Mais de grosses averses m'ont obligé à faire de nombreuses pauses pour me mettre à l'abri et je n'atteindrai pas San Marin aujourd'hui. J'installe la tente dans une oliveraie. Je fais connaissance avec l'argile locale. Une calammité! Toute humide avec les nombreuses pluies de la journée, c'est une vraie colle qui s'accumule sur les chaussures et bloque les roues du vélo. Le matin, je réussis à sortir avec peine de ce piège. Je grimpe les collines à travers la campagne de la Romagne et atteinds San Marin en début d'après midi. Passé la frontière, aucune différence avec l'Italie, si ce n'est les plaques d'immatriculation sur les voitures. La seule chose qui fait impression est ce Mont Titan, cette énorme montagne qui domine San Marin. Je prends le funiculaire pour grimper au sommet. Là-haut, un vent incroyable. Et une vue fantastique, jusqu'à la mer. Le vieux village médiéval est perché sur la montagne. Il y a vraiment une athmosphère de Moyen-Âge ici, avec ces ruelles étroites entre les maisons de pierre, et puis ces tours à crénaux construites au-dessus de la falaise. Quand on est sur cet éperon rocheux on comprend mieux que San Marin ait pu conserver son indépendance. C'est comme une île en altitude qui domine toute l'Italie. C'est plein d'échoppes qui vendent des épées ou des arbalettes. Des fois que l'Italie voudrait envahir le pays. En fait voilà la deuxième particularité de San Marin, qui fait voir qu'on n'est plus en Italie : libre vente d'armes. Vive la liberté! Je redescends de la montagne et retourne en Italie. Je continue à travers les collines pour retrouver la mer. J'arrive à Cattolica. Ici on se trouve dans l'ancien Etat du Pape et ça peuut expliquer d'avoir une ville avec un nom pareil. De nos jours, c'est une station balnéaire. Je monte la tente sur la plage, entre les lidos. Le lendemain, je continue vers le Sud. Après l'Émilie-Romagne, me voici arrivé dans les Marches. Après un secteur de falaises, la première ville sur la côte est Pesaro. Aujourd'hui est enfin arrivé le jour de Puliamo il Mondo. Je vais donc participer à l'initiative ici. Je retrouve les volontaires de Legambiente dans le parc municipal. Armés de sacs poubelle et de pelle, nous nous enfonçons dans les buissons à la recherche de déchets. Je dois dire qu'en comparaison avec la pinède de Paestum pendant l'été il n'y a pas grand chose. Mais avec toute mon expérience, je réussis quand même à débusquer une carcasse de scooter enfouie sous le lierre. Mais bon, au final c'est superpropre. D'un autre côté c'est peut être vrai que après avoir vécu à Naples ça aide à relativiser. Une des volontaires est une gentille dame qui m'offre le déjeuner et a même sous la main des cordes pour remplacer une des cordes de ma guitare qui s'est cassée. Sympa. Dans l'après-midi, je continue le long de la mer. Par ici c'est un peu moins urbanisé. C'est bien la première fois que je rencontre des plages non bétonnées. Par endroits, la campagne arrive presque sur la plage. C'est sûrement parce que la ligne de chemin de fer courre le long de la côte et de se fait a empéché l'urbanisation. Au loin je commence à distinguer le promontoire d'Ancone. Mais je n'y arriverais pas aujourd'hui. De nouveau une nuit sur la plage. J'arrive à Ancone en fin de matinée, dans la tranquillité du dimanche matin. Je grimpe à l'eglise qui domine la ville, perchée sur son promontoire. De là on voit la baie d'Ancone et la campagne qui entoure la ville. Le site est joli. Après Ancone, ce sont de nouveau les falaises. La route qui ondoie entre les collines au dessus de la mer est vraiment belle. Il y a même des champs de lavande. Dommage que le dimanche après-midi la route se transforme en terrain de course pour les motos. C'est le loisir du dimanche, sortir sa grosse moto et parcourir la route côtière à toute vitesse. Ça donne sûrement des sensations comme à la télé mais du coup tout le long du parcours j'ai droit aux vrombissement des moteurs. Ça gâche un peu la beauté du site. Pour finir je rejoins Macerata dans l'entreterre . C'est un gros bourg perché sur une collines (ici, tous les villages sont perchés sur une colline) avec maisons de briques jaunes, faites avec l'argile locale. Je suis accueilli chez les parents de Susanna, une amie de Naples. C'est aussi ici que fini la première partie de mon voyage. Je prends une semaine de repos, puis prendrai le train jusqu'à Bari où je commencerai la partie sud de mon tour d'Italie.

08/10/2007

Padoue, Ferrara

De Venise à Padoue, il y a seulement 35 km. Je quitte Venise en empruntant la digue qui la relie à la terre ferme. 5 minutes de train jusqu'à Mestre. Retour à la civilisation, et aux voitures. Heureusement la route jusqu'à Padoue n'est pas trop horrible, le long d'un canal qui autrefois permettait d'aller de Venise à Padoue en barque. Tout va bien jusqu'à ce que j'arrive à la rocade de Padoue. Je dois traverser un secteur d'échangeurs autoroutier, c'est à n'y rien comprendre il y a des routes dans tous les sens. Je me retrouve sur une voie express sans possibilité de faire marche arrière. Je pédale à fond pour me sortir de là et m'échappe à la première sortie possible. J'arrive dans le secter de la gare avec pleins d'immeubles modernes tout laids. Et bè, pour une première approche de Padoue c'est réussi. Pour l'instant cette ville ne m'emballe pas trop. J'ai rendez-vous devant la gare avec Rina, qui m'accueille pendant deux jours. Elle vient à ma rencontre en vélo. D'ailleurs à travers le flux d'autos, je me rends compte qu'il y a quand même pas mal de vélos ici. Devant la gare, il y a même un parking réservé avec des centaines de bicyclettes. Rina m'explique qu'à Padoue même si il y a un gros traffic automobile, qui en fait une des villes italiennes avec la plus grosse pollution athmosphèrique, c'est en même temps une des villes les plus cyclistes. Parce que sur 250.000 habitants, il y a 60.000 étudiants(une des plus vieille université d'Europe) et les étudiants se déplacent tous en vélo. Et aussi parce qu'ici c'est une tradition aussi parmi les plus anciens de se déplacer en vélo. Forte de cette grosse population de cyclistes, Legambiente est très active sur le thème du vélo à Padoue. Il y a bien des pistes cyclables mais il n'y a pas de véritables réseau, ce qui fait que quand on suit une piste, souvent elle s'arrête subitement et vous abandonne sur un gros carrefour bien dangereux. Alors Legambiente s'est mobilisé. Elle a produit une carte avec la proposition du réseau qu'elle voudrait, puis elle a réussi a recueillir 11.000 signatures et à faire une manifestation avec plus de 1500 cyclistes. C'est énorme et ça a demandé beaucoup d'effort de tous les volontaires mais ça a fonctionné puisque la commune a débloqué les sous. Legambiente à Padoue, à travers leur division Legambiente Agriclture, ils s'occupent aussi de certifier les producteurs qui respectent une bonne pratique environnementale. C'est une des multiple facette de Legambiente. Dans chaque ville ils développent ne compétence spécifique. Le lendemain Rina me fait faire un petit tour de la ville. J'ai tout de suite une autre vision de la ville. D'abord le Pratto delle Valle, une immense place avec au milieu une pelouse et une île toute ronde. Tout autour des maisons à arcades et dans un angle une magnifique église à coupoles. Et oui, parce qu'ici même si on est à seulement à une trentaine de kilomètres de Venise, l'architecture n'est plus du tout venitienne. Ici ce sont les arcades et surtot ces sperbes églises à coupoles. Dans le centre ville il y a un grand édifice à arcades qui abrite un marché couvert. Rina me fait goûter les spécialités locales. Ici on mange de la viande de cheval, sechée réduite en filament. Avec de l'huile d'olive et du citron, ça se mange comme ça. C'est bon. Et puis on boit le spritz, mélange de vin blanc mosseux et campari. Tous les étdiants se retrouvent en soirée sur les placettes, un verre de spritz à la main. Certains fêtent leur diplôme et doivent suivre d'étranges traditions: les amis du diplomé lui ont fait un poster avec toute sa vie résumée en version paillarde rimée. L'étudiant doit tout réciter sans se tromper. À chaque erreur, il boit. Quand il a fini et qu'il est dans un bel état, on le frappe à coup de bâton! Parce qe maintenant qu'il a tant souffert pour avoir son diplôme, il n'est plus à quelques douleurs près... Je vous passe la suite du rituel. Voilà pour Padoue. Maintenant je me dirige vers Ferrara à travers la plaine du Po' que je franchis maintenant du nord au sud. Comme je me lasse de ce relief tout plat, je décide de faire un petit détout par les collines Euganei, l'unique relief à 100 km à la ronde, qui émerge au sud de Padoue, comme un archipel au milieu de la mer de champs. Ce sont des collines d'origine volcanique qui se démarquent franchement de la plaine environnante. Je prends une route qui serpente à travers les collines boisées. Ça monte, ça monte, et ça monte encore. J'ai peut être un peu exagéré de passer par là. C'est pas de la tarte cette montée. Après le dernier virage arrive la confirmation d'un affreux doute : la route est sans issue! Je suis arrivé au sommet du mont Rua et je ne peux même pas voir le panorama qui doit être superbe car la cime est occupée par un érmitage. Et on ne pet pas rentrer parce qu'il y a encore des ermites. J'en aperçoit un à travers les arbres avec sa longue barbe et sa tunique grise. Bon bé maintenant que je suis là, tant qu'à n'être pas monté pour rien, je plante la tente sous les arbres. Au moins à cette altitude, je suis à l'abri des moustiques. Le lendemain je redescends donc par où je suis monté, et au lieu de retenter une autre montée je contourne sagement les collines. Cette fois pas moyen d'échapper à la plaine. 60 km à travers la monotonie des champs et des hameaux désolé. En plus c'est dimanche après-midi donc y a pas un chat. Pour comble je traverse un village qui s'appelle deserto. Comme ça il n'y a plus de doute. La plaine padane, surtout par ici, c'est pas franchement joli. Même chez nous sur le plateau du Vexin c'est plus joli. Moi qui imaginais des grandes allées de cyprès je suis un peu déçu. Après une soixantaine de kilomètres, je franchis à nouveau le Po. Il a beaucoup changé par rapport à l'amont. Ici il est tout canalisé, entre deux énormes digues et il semble même plus petit qu'en amont. C'est qu'on lui pompe tellement d'eau qu'il ne lui reste plus grand chose. De l'autre côté du Po, commence la banlieue de Ferrara. 3 volontaires de legambiente m'attendent avec leur vélo et m'accompagnent jusque dans le centre. Bienvenue dans la capitale européenne de la bicyclette. C'est ici qu'il y a le plus grand pourcentage de déplacement à bicyclette, avec plus de 27%, c'est encore plus fort qu'Amsterdam! Vous le saviez ça? C'est vrai que des vélos il y en a pas mal. Et pas seulement dans le centre. Dans la périphérie aussi les gens se déplacent beaucoup à vélo. Même pour aller faire les courses au supermarché. La galerie comemrçante est encombrée de bicyclettes. Il y a des panneaux "ne pas appuyer le vélo à la vitrine". Et puis il y a aussi pas mal de personnes agées avec un vélo électrique. Vous connaissez le vélo électrique? Ce n'est pas un scooter électrique, il faut pédaler mais il y a une assistance électrique qui fait que, descente ou montée, on fait toujours le même effort. C'est un peu comme prendre le tapis roulant dans le métro : on va plus vite tout en se fatiguant pareil. Du coup sur la piste cyclable je me fait klaxonner par un petit vieux qui me dépasse avec sa super bicyclette électrique. Le centre de Ferrara est très joli, tout en briques rouges. Et surtout sur la place centrale, un énorme château fort, lui aussi en briques rouges. Mias la particularité est qu'il est encore entouré par d'imposantes douves encore en eau. Ce serait unique en Europe. Je suis logé gratuitement dans un magnifique Bed & breakfast. C'est que Paola, qui a organisé ma venue, travaille à Legambiente Tourisme. C'est une section de Legambiente qui s'occupe de certifier les structures hotelières qui respectent une bonne pratique environnementale (un peu comme à padoue avec l'agriculture). Du coup, une des structures qui fait partie de Legambiente Turismo a accepté de m'héberger. C'est vraiment magnifique, situé en plein centre ville, avec un petit jardin trop mignon avec sa fontaine. Et le petit déjeuner: grandiose! J'ai jamais vu ça. Une merveille. Il y a tout ce dont on peut rêver pour un petit déjeuner. Avec des petits gâteaux bio faits chaque matin par la propriétaire. Miam! À Ferrara, je fais ma première intervention dans une école. J'ai enfin l'occasion de faire le jeu que j'ai inventé sur les transports. J'explique aux enfants que la mobilité soutenable, ça veut dire se déplacer tout en respectant les autres et la planète. On fait donc la liste des qualités que doit avoir un bon moyen de transport: rapide, confortable bien sûr, mais aussi sans bruit, sans pollution, bon pour la santé, peu dangereux pour soi et pour les autres, peu cher. Sur un parcours que j'ai dessiné au sol on fait une course entre tous les moyens de transport et qui arrive en tête? Le vélo bien sûr! Et ce sont les enfants qui ont fait le classement. Mais bon ici je prêche un peu parmi des convaincus. 90% des enfants sont venus à l'école soit à pied soit en vélo. En tout cas je suis content le jeu a bien plu. L'après-midi, Paola m'emmène voir le festival de montgolfière qui se déroule justement ces jours-ci. Une bien belle étape Ferrara. Je me suis bien plu dans la capitale du vélo. Maintenant direction Ravenne et Ancone pour conclure la première partie de mon voyage..

03/10/2007

Venise à vélo, c'est pas une bonne idée

Le festival Ciclomundi de Portogruaro durait tout le week-end. J'avais un petit stand réservé où j'ai mis quelques panneaux d'informations sur mon tour d'Italie, mais j'ai passé la plupart du temps à me balader dans le festival. C'était plein de voyageurs à vélo qui présentaient leurs voyages à l'autre bout du monde, en Islande ou en Mongolie. Comme quoi, il y a plus fou que moi... J'ai pu assister à une conférence sur la ciclosophie, la philosophie du vélo. Ça paraît un peu absurde comme ça, mais c'est pas si faux car voir le monde depuis une bicyclette peut changer la vision des choses. Ivan Illich a dit que la démocratie peut se faire seulement à la vitesse d'un vélo. Il y avait aussi un stand de réparation gratuite tenu par deux jeunes qui font des competitions de réparation de vélo. En tout cas, ça tombait bien pour moi car je me suis apperçu qu'une roue de mon chariot était crevée. En y regardant bien, c'est le pneu lui même qui était si vieux qu'il était devenu transparent par endroit. J'en ai donc profité pour changer tout ça. Le festival s'est conclu avec un concert, avec des chansons 100% vélo. Le festival fini, j'ai quitté Portogruaro. C'était le point le plus au nord de mon voyage. Maintenant, direction plein sud, à travers les marais maritimes qui entourent la lagune de Venise. J'atteinds la mer au niveau de Caorle. Ça fait un peu penser à quand on arrive au Grau du Roi depuis Aigues Mortes. Des marais déserts et au loin une barre d'immeubles le long du bord de mer. Le centre ville est mignon, c'est un bourg antique. Ici assi il y a une tour penchée! C'est la quatrième que je rencontre, après celles de Pise, de Bardolino et Portogruaro. Décidemment, c'est une spécialité italienne.. J'y ai dormi à l'abri du porche d'une vieille église, étrangement située en plein sur la digue de protection à la mer. J'ai bien fait de m'abriter sous le porche car en pleine nuit est passé un orage du tonerre. Ici je ne risquais rien vu que dans le passé, cette église s'est fait submergée par une inondation maritime, et pas une goutte n'est rentrée à l'interieur. C'est marqué sur l'église... Le problème c'est q'en Italie les églises sont pas mal fréqentées et dès 7h du matin il y a les premiers fidèles. Alors je me dépêche de déguerpir. Je continue de longer la côte vers le sud. C'est une succession de station balnéaires désertes, avec ne drôle d'ambiance de ville morte. Et oui, c'est septembre maintenant et il n'y a plus un chat, à part quelques touristes d'Europe de l'Est qui profitent des pris hors saisons. C'est vrai qu'ici je suis à moins d'une centaine de kilomètres de la Slovénie. Après quelques heures de route littorale bien monotone, j'arrive devant la Bocca di Lido, c'est-à-dire l'entrée de la lagune de Venise. Voilà qui devrait rompre de la monotonie. Venise quand même, c'est pas rien. On distingue la silhouette des campaniles et des coupoles derrière un groupe d'îlots boisés. Venise en fait je connais déjà, j'y étais passé en allant en Croatie. Mais j'étais arrivé en train. Cette fois-ci, j'arrive de l'autre côté, côté mer, avec le ferry. En attendant le ferry, je vais faire un tour sur la digue, à l'entrée de la lagune. Mais à la place de la mer, il y a un chantier, un chantier énorme : le Mose. Est-ce que vous avez déjà entendu parlé du Mose, le projet gigantesque pour sauver Venise des eaux. Le but est d'installer d'énormes écluses pivotantes à l'entrée des trois passes qui mettent la lagune de Venise en relation avec la mer. Et ces écluses se fermeraient lors des grandes marées. Un projet titanesque avec un budget monstrueux de 4 milliards d'euros pour un résultat plus qu'incertain. Un projet typique années 60 quand l'homme croyait pouvoir dominer la nature à tous prix. Selon un panel d'experts, parmi la dizaine de solutions possible pour remedier au problème des hautes eaux de Venise, le projet Mose se place à l'avant dernier poste. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement Berlusconi d'en vôter en hâte le début du chantier en 2003. On se demande bien qi a le pls d'intérêts dans l'affaire, sachant qu'en Italie, les grands chantiers d'infrastructures inutiles sont le plus sûr moyen de s'enrichir facilement. Certes, Venise s'enfonce, pendant que le niveau de la mer s'élève petit à petit, c'est pourqoi la cité est de plus en plus souvent inondée lors des grandes marées. Mais quelles sont les causes? Si Venise s'enfonce, il y a de fortes présomptions sur l'énorme zone industrielle de Porto Marghera, de l'autre côté de la lagune, qui a exploité les nappes de méthane situées sous la lagune. Maintenant, ces nappes sont vides et tout la région s'affaisse lentement puisqu'à la place du gaz, il y n'a plus rien. De plus, pour s'étendre la zone industrielle a construit quelques polders qui ont réduit la capacité de la lagune. Et dans le même temps, on a aggrandi les passes à la mer pour faire passer les cargos et les bateaux de croisières énormes. Ainsi, l'eau de mer entre plus facilement mais la lagune peut en contenir moins puisqu'elle a été réduite. Et maintenant, au lieu de chercher à revenir à l'équilibre initial on continue dans la course en avant. Pour faire le Mose, il doivent recreuser complètement les passes et ancrer les ecluses si profondement que ça risque d'atteindre les anciennes nappes. Enfin bon, c'est complexe mais beau désastre écologique et artistique en perpective, ainsi qu'un gros gaspillage. Tout en pensant à ça, j'ai fini par atteindre le bout de la digue qui s'avance loin dans la mer. Quand je me retourne, j'ai face à moi un énorme nuage noir. Je me dépêche de revenir en arrière mais je n'évite pas une grosse averse. Le ferry arrive. Je vais d'abord jusqu'à Lido pour franchir la passe puis je prends un autre ferry jusqu'a Venise. J'arrive par la face cachée de Venise : l'arrivée de la digue qui la relie à la terre. Ici, ce ne sont que d'énormes parkings remplis de cars touristiques et de voitures. Passée cette verrue, j'atteinds le Grand Canal, face à la gare. À Venise, je suis accueilli par Chiara et Davide de Legambiente qui habitent en plein coeur de Venise. C'est trop fort d'être logé en plein Venise mais le problème, c'est qu'il y a les ponts. Et les ponts venitiens c'est la grosse galère à passer en vélo, parce qu'il y a des marches. Alors je dois me porter la bicyclette, puis retourner chercher le chariot, et refaire ce manège pour chaque pont, avec la pluie qui a recommencé. Pour une belle arrivée à Venise, c'est réussi. Chiara et Davide habitent le long d'un canal tranquille. Leur appartement, situé dans une vieille batisse, est tout incliné, ce qui est le cas de la majorité des maisons de Venise qui se sont enfoncées de plusieurs dizaines de centimètres par endroit. Mais ça tient, et ça s'est arrêté de s'enfoncer depuis que l'exploitation des nappes souterraine s'est terminée. Drôle de coincidence. En tout cas, ces appartements biscornus au milieu de l'eau, ça donne un peu le mal de mer... Pendant 2 jours, je vais vivre le quotidien du vrai Venise, dans les quartiers où vit la population, loin des touristes. C'est tranquille, serein. Ne ville entièrement piétonne avec de l'eau partout, c'est agréable. Imaginez, 60.000 personnes qui vivent sans voitures, et qui n'ont pas l'air de s'en plaindre. Ce doit donc être possible. Et puis en plus c'est beau ici, c'est magnifique, jusqu'à la moindre ruelle. Mais bon, ça on le sait déjà. Et la Legambiente qu'est ce qu'ils font ici? Ils se sont mis en tête de transformer une des îles de la lagune, jusque là abandonnée, en réserve naturelle, pour donner un peu de nature aux Vénitiens qui manquent d'espaces verts. Chiara m'y emmène. Elle est située juste en face de Venise, on y arrive avec le vaporetto. Cet îlot a abrité une chartreuse au XIIIème siècle, puis la République de Venise y avait édifié des fortifications. Ce système défensif a fonctionné jusqu'à l'arrivée de Napoléon, qui est brièvement passé par ici lors de sa campagne d'Italie, juste le temps de mettre fin à la république quasi-millénaire de Venise. Et tout ça pour ensuite donner venise aux Autrichiens l'année suivante. Autant dire que les venitiens n'aiment pas Napoléon, qui a juste été bon à leur faire perdre leur indépendance. Quoi qu'il en soit, cet îlot est à présent couvert d'une jungle de ronces. Depuis 3 ans Legambiente y organise des camps de volontaires pour défricher les broussailles et rendre accessible le site au public. Ils l'ont même rendu tellement accessible que cette année ils ont eu la bonne surprise de voir qu'une école de design s'était installée dans une zone qu'ils avaient nettoyée... C'est un peu bizarre, ce bâtiment, en plein milieu des broussailles. Le responsable est un promoteur qui petit à petit est en train de racheter les îles de la lagune, pour y faire des marinas, hotels et autres projets du genre. Mais sur le coup de l'école de design, il fait très fort. Ça fait très saugrenu. Enfin voilà, Venise sous un autre angle un petit peu. Avec tout ça, c'est la 3ème fois que je viens à Venise et je n'ai toujours pas vu la place St-Marc. Ce sera pour une autre fois. Maintenant, direction Padoue

24/09/2007

L'Italie des grands lacs

Après les deux jours à Campsirrago, je redescend cette montée infernale. Même si ce n'est pas exactement sur mon chemin je veux passer par le Lac de Côme. C'est un grand lac glaciaire avec une étrange forme de Y à l'envers. Je commence par une des pattes du Y, à Côme justement. Ici je me trouve à moins de 10 km de la Suisse. Le style architectural ici, ce sont les fenêtres à colones et la pierre gris clair des montagnes. Sur la jetée du lac je découvre qu'il y a un ferry qui remonte tout le lac. C'est pas de refus, je n'oublie pas la leçon de l'intermodalité. La balade en bateau est magnifique. Tranquillement assis je peux contempler les belles villas le long des berges et surtout ces montagnes impressionantes qui plongent dans l'eau. Remontant vers le nord et on pénètre en plein coeur du massif alpin. Petit à petit, ça devient plus sauvage et on se retrouve au milieu des montagnes. Ça a des vrais allures de fjord norvégien. Le spectacle est superbe avec le soleil qui dessine des ombres et lumières sur les versants boisés. Après deux heures de navigation on arrive à Bellagio, à l'intersection des deux branches du Y. Ça fait très élegant avec ses grands jardins plantés de cyprés et avec des pelouses tenues à la perfection. Ici aussi il y a de belles villas. On s'attend presque à voir les gens chanter l'opéra depuis les balcons des maisons.. Cette fois à vélo, je redescend l'autre patte du Y vers Lecco. Il est 5 heures mais je suis déjà dans l'ombre de la montagne. À Lecco, il y a un grand beffroi qui serait le plus haut d'Italie (c'est ce que disent les habitants...) Et à cet endroit le lac est le plus profond d'Europe : -720m! Et à Bellagio, c'est la zone où on trouve les oliviers les plus au nord d'Europe aussi. Décidément c'est la zone des records. Je mets la tente un peu après Lecco, dans la zone où il y a sûrement la plus forte concentration de moustique de toute l'Europe de l'ouest... Maintenant je me dirige plein est. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans 4 jours et il me reste... 350 km! Une route pleine de camion m'amène jusqu'à Bergame. Je monte faire un tour dans la ville haute. La ville est située à la limite des montagnes, sur une colline face à la plaine. Les montagnes s'arrêtent net, ça fait comme une ligne côtière où la plaine serait l'océan qui va se perdre à l'horizon. Bergame est toute jolie avec une cathédrale aux colonades de marbres finement ciselées. Côté montagne, la ville est entourée d'une jolie campagne vallonée avec des cyprés. La route principale continue vers l'est le long de la plaine. Mais c'est toujours plein de camions et de chaque côté de la route ce n'est qu'une enfilade de zones industrielles. Je préfère faire un détour par les montagnes. Entre les camions et les montées, je préfère encore les montées.. Dès que je peux je bifurque vers les montagnes. J'arrive devant un autre lac glaciaire, qui s'enfonce entre les montagnes. Il plus petit que le lac de Côme mais toujours grand. C'est le lac d'Iseo. Au milieu du lac, il y a une île énorme qui prend toute la place. Elle est presque aussi grande que les montagnes qui l'entourent. Et puis voilà la montée. Elle est encore plus haute que celle de Campsirrago mais elle est plus régulière ce qui fait que je la monte plus facilement. J'atteins le col à la nuit tombée et me trouve une belle prairie sous les étoiles. Ici, à 700m d'altitude, pas de moustique et je peux rester tranquillement dehors à regarder les étoiles. Le matin, j'ai droit à une belle descente, pour ensuite remonter aussitôt à la même altitude. C'est dur mais ça fait du bien d'être en pleine montagne, entouré par la nature. Je redescends de nouveau. La vallée est tout de suite plus industrielle et donc pleine de camions. Mais ça débouche sur un chef d'oeuvre : le Lac de Garde. Grandiose. Immense. D'un côté il s'enfonce dans les montagnes, de l'autre il est bordé de petites collines qui débouchent sur la plaine padane. Les bourgs sur le bord du lac ont toujours cette élégance que je voyais sur le lac de Côme, mais ici il y a une athmosphère un peu plus du sud. Ici non plus je ne me prive pas, je prends le bateau pour traverser le lac. J'embarque à Salò sur un magnifique bateau à aube, avec les aubes qui marchent vraiment. La traversée est somptueuse. Vraiment grandiose ce lac. Sérénité, dans la lumière de l'après-midi. J'adore le bateau sur ces lacs. Dommage, c'est le dernier, de lac. Je m'approche de Vérone à travers des petites collines plantées de vignes. La campagne est jolie ici. C'est les vendanges. À Vérone, revoilà toutes les voitures. C'est la sortie des bureaux, il y a du traffic partout. Je me perds un peu, le chariot touche le trottoir et se renverse, mais ça arrive à peu près une fois par jour, il est solide maintenant et je le redresse aussitôt, les voitures partout commencent à m'énerver et je finis par trouver la maison de Legambiente, au milieu d'un parc. Ouf! Dans cette maison, Legambiente accueille des volontaires du monde entier qui viennent généralement pour au moins trois mois. Ils aident l'association à entretenir la zone des fortifications, zone dégradée plus ou moins abandonée par la commune mais que Legambiente veut revaloriser pour son intérêt storico-naturel. Le soir, on va visiter le centre ville. C'est magnifique avec des énormes arènes romaines au coeur de la ville, en marbre blanc et rose, toutes illuminées. Justement ce soir ils y jouent Roméo et Juliette, qui en italien s'appelle Giulietta e Romeo. Et bé oui, sur ce coup là les italiens sont plus galants que les français... Tout le centre de Vérone m'émerveille. Je suis arrivé dans la région Veneto, et donc commence ici l'architecture vénitienne, qui est d'une finesse et d'un raffinement avec ces fenêtres cintrées et toutes ces colonnades de marbre blanc. Je m'attarde un peu à Vérone le lendemain matin, mange avec les volontaires à midi sur la terrasse au milieu du parc. Il y a une volontaire québecoise avec un accent... Un délice! Je pars en fin d'après-midi. Pour rattrapper le retard, je fais 50 km en train jusqu'à Vicenza. C'est plus petit que Vérone mais tout aussi beau, toujours avec l'architecture venitienne. Les maisons ont des couleurs superbes dans cette lumière rasante de fin de journée. Je croise une manifestation contre l'extension de la base militaire américaine. Je plante la tente au milieu des prairies à quelques km de la ville. Le lendemain, grosse étape. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans la journée. Ça se trouve à 110 km, à Portugruaro. Je fonce plein est à travers la plaine. Je passe par Trévise. J'ai déjà entendu ce nom. Je ne sais pas pourquoi mais il me semble qu'il y a eu des ducs de Trévise dans l'histoire de France. Évidemment, Trévise c'est super mignon mais je n'ai pas trop le temps de flaner. J'ai juste le temps de prendre un tremezzini, le sandwich typique du coin qui est plus ou moins un sandwich club, mais roulé... Encore 60 km. C'est monotone, je traverse des campagnes ennuyantes. Les derniers 20 km sont sur une nationale. Une ornière, mon chariot se renverse. Je le redresse et c'est reparti. Portogruaro. C'est étrange mais je me rends compte que je suis déjà venu ici... Il y a 4 ans, revenant de Croatie en stop. On m'avait laissé ici à l'échangeur de l'autorote et j'avais rejoint Venise en train. Je me rappelle d'une gare et d'une zone industrielle. Enfin une bourgade laide. Raté, en fait c'est trop mignon encore, comme toutes les villes du Veneto. Et en plus, ici, il y a Ciclomundi, le festival du voyage à vélo! Je ne suis plus tout seul!!

17/09/2007

Milan est un drôle d'oiseau

À Milan, on n'est plus vraiment en Italie mais plutôt dans une athmosphère de métropole européenne. Ici c'est le nord, on est seulement à 50 km de la Suisse. Des voitures partout. Il y a des quartiers qui me rappellent terriblement Paris vers les 14ème, 15ème arrondissement : les mêmes rues, les mêmes immeubles début XXème siècle. Ailleurs, c'est carrément l'Allemagne ou l'Autriche avec un immense chateau fort en briques rouges au milieu d'un grand parc, des grandes avenues bordées d'arbres avec des tramways. Il y a quand même des endroits avec un cachet un peu plus italien, comme le long des navigli. Ce sont les canaux de milan. Auparavant la ville était entièrement parcourue de ces canaux. Maintenant il n'en reste que trois ou quatre, bordés de petites maisons et de cafés en terrasse. Le samedi soir, le tout Milan s'y retrouve. Enfin Milan, comme toute ville italienne, a son duomo, la cathédrale. Ici il est un peu particulier. Il a la forme d'une immense tente canadienne de 50 m de haut mais tout en dentelle de marbre blanc. De là-haut on voit les montagnes qui entourent la plaine padane au loin. Une grande montagne enneigée domine tout : c'est le mont Rose. J'ai de la chance d'avoir une telle visibilité parce qu'il y a du vent. D'habitude le nuage de pollution cache tout. Je reste à Milan pendant trois jours. Je rends visite aux bureaux de Legambiente. Ils sont tous occupés à préparer la grande campagne de Legambiente qui se passera fin septembre : "Nettoyons le monde!" À ce moment des milliers de volontaires et d'écoliers iront nettoyer des endroits dégradés, décharges sauvages ou bords de route. À Milan je fais ma première animation dans un parc avec quelques volontaires. On donnes des craies aux enfants et on leur dit de dessiner la ville comme ils l'imaginent sans voitures. Ils dessinent par terre, sur le goudron des allées. C'est sympa, les enfants sont tout contents.. À Milan, les voitures font la loi. Mais la résistance montre le bout de so nez. Ça se passe tous les jeudis soirs, vers la place du Duomo. Si vous tendez l'oreille, vous vous apercevrez que l'habituel concert de claxons a laissé la place à un ... concert de sonnettes.. C'est le Critical Mass, la révolte des bicyclettes. Approchez-vous, n'ayez pas peur. Un vélo, deux vélos, des centaines de vélos se rassemblent ici. Parce qu'il y en a des vélos à Milan mais ils sont complètement noyés dans la masse des voitures. Et si on changeait les rôles un peu? Le cortège se met en mouvement dans un joyeux bordel au son de la musique parce que certains petits malins ont fixé des enceintes sur leur portes-bagages. Il y a tout les types de vélos possibles et imaginables, du vélo harley-Davidson à la bicyclette à bulles, qui fait des bulles de savon en avançant! Tout le monde est joyeux. La rue est à nous. On va au hasard, ce sont ceux qui sont devant qui vont où bon leur semble, et nous on suit. Et on n'hésite pas à brûler les feux rouges, à couper les files de voitures et même à prendre les grosses avenues à contre sens. Les automobilistes qui nous croisent ne comprennent rien. Ils voient arriver cette grosse masse de cyclistes qui se jettent sur eux et ils ne peuvent rien faire qu'attendre et nous regarder passer. Deux minutes de pause dans cette frénésie de métropole ne leur fera pas de mal. Pour un cycliste, participer au Critical mass est une expérience grandiose. Inverser les rôles avec les voitures, pouvoir se promener dans la ville en toute sérénité, c'est si beau. L'athmosphère de la ville change complètement. Beaucoup de cyclistes me racontent qu'ils ont la vie dure à Milan et que le jeudi soir, ça leur donne une grande bouffée d'air. Ça montre que les cyclistes existent quoi, et que la ville est tellement plus belle sans voitures! Mais le lendemain la ville est redevenue égale à elle-même, c'est à dire qu'il ne fait pas bon y vivre pour un cycliste et il est temps de fuir. Direction les montagnes que j'apercevais au nord. Sauf qu'aujourd'hui, les montagnes, elles ont disparues! Vers le nord, je ne vois que l'horizon plat. Qu'à cela ne tienne, je les rerouverais. Ce sont les parents de Silvia, membres de la FIAB, qui me montrent le chemin. On part à travers la plaine le long de la rivière Adda. On passe devant un village ouvrier, Crespi, crééde toute pièce au début du siècle par le patron bienfaiteur d'une grande manufacture. Il y avait eau chaude et médecin gratuit pour tout le monde ce qui pour l'époque n'était pas si mal. Dans le cimetière, il y a un immense mausolée qui rappelle un temple cambodgien. En continuant le long de la rivière, on arrive maintenant devant la maison de Léonard de Vinci. Il a vécu ici un moment et on peut voir tout le complexe d'écluses qu'il avait créé. Il avait même imaginé un bac pour traverser la rivière. Ce bac existe toujours. C'est une barge retenue à un cable tendu en travers de la rivière et qui se déplace d'une rive à l'autre simplement en changeant la direction du gouvernail et en utilisant la force du courant. Très ingénieux. Ça fait plus d'une demi-journée que je suis cette rivière. Les parents de Silvia ont rebroussé chemin. Sans que je m'en sois rendu compte, les rives du fleuves se sont élevées et je suis maintenant au fond d'une vallée aux côteaux boisés. De temps en temps il y a un petit barrage. Ça change d'ambiance, et soudain au détour d'un méandre, voilà qu'apparaissent devant moi les montagnes. Et pas n'importe lesquelles. Sans transition je me retouve au coeur des Alpes. Et je vais tout de suite pouvoir goûter au plaisir de la montagne avec une belle montée pour rejoindre le camp de volontaires Legambiente de Campsirrago. Et bé pour une entrée en matière c'est un peu rude.La montée est terrible avec des portions à plus de 20% qui sont de vrais murs. Je dois descendre de vélo et pousser tout mon chargement. Avec 70 km dans les jambes, c'est le calvaire. Je m'arrête tous les 50 m. Mais heureusement, c'est scientifiquement prouvé, toutes les montées ont une fin, et celle-ci se termine en même temps que le coucher de soleil. Je suis arrivé mais je suis complètement mort. Plus jamais ça. Les deux jours que je vais rester à Campsirrago me seront bien utiles pour récupérer.

14/09/2007

Dans la plaine padane, padane...

La plaine, la grande plaine padane. C'est la plaine du Po. Ca change après les montagnes de la Ligurie. Ces grands champs, ces petits villages isolés déserts, ça m'est plutôt familier tout ça, ça rappelle le grands champs autour d'Heubécourt. Mais ici c'est encore plus plat (si,si, c'est possible..) et à la place des silex et des colombages, les maisons d'ici ressembleraient un peu à celles de la vallée de la Garonne. Je passe par un gros bourg, Tortona. Au dessus des toits je vois un énorme truc qui brille. Je m'approche. C'est une immense statue de la Vierge Marie tout en or au dessu de l'église. C'est marqué qu'elle fait 14 m de haut. Ils sont dingues.. Après Tortona, ligne droite à travers les champs, plein nord. J'atteins le Po tout juste pour le coucher du soleil. Le grand fleuve de l'Italie. C'est un fleuve sauvage, comme la Loire, mais ici il est beaucoup plus large et n'est pas endigué. Au matin je franchis le fleuve par un grand pont métallique. Et j'arrive aux pays des rizières. Il y a tout de suite une odeur qui me rappelle quelque chose de familier. Mais oui! L'Indonésie! Ce parfum qui flottait dans la campagne de Yogyakarta, c'était donc l'odeur des rizières. Ici les rizières sont grandes comme un champ de blé, ça a beaucoup moins de charme. Mais c'est tranquille. Je prends une petite route qui serpente le long d'une digue. Il y a des chenaux partout, de l'eau qui circule. Ce doit être une ancienne zone de marais, sur le rives du Po et des nombreux autres fleuves qui traversent la région. Ça surprend quand même tout ce riz au pays des pâtes. Mais en fait dans la région de Milan ils mangent moins de pâtes. La spécialité ici c'est le risotto. Et oui parce que je m'approche de Milan. Mais tout d'abord je passe par Pavie. Ça me dit quelque chose ce nom. Pas loin, il y a aussi Magenta. C'est plein de noms de bataille. Pas étonnant, les français sont souvent venus se battre dans le coin, que ce soit François Ier ou Napoléon, les armées françaises s'y sont donné à coeur joie pendant plusieurs siècles. En tout cas Pavie c'est joli. Il y a un pont couvert en bois et briques rouges. Et un grand dôme, en briques rouges aussi. Il est un peu bizarre ce dôme. Normal, il a été commencé en 1450 et fini en 1930. Ce qui explique les finitions en béton.. Dans les rues, il y a plein de monde en vélo, ça donne une athmosphère sympa à la ville. Ici, il n'y a pas d'excuses, c'est tout plat. Par contre, les ruelles en galets c'est joli mais ça remue pour mon chariot. Je campe pas loin de Pavie, au bord du Ticino, affluent du Po qui vient tout droit du Lac Majeur. L'inconvénient de tous ces fleuves pour un campeur, c'est les moustiques. Ils vengent peut-être leurs compatriotes italiens des razzias françaises. Je dois battre en retraite sous la tente. Encore un peu de plaine avant Milan, surtout que je fais des détours. Je passe par un pont de barques sur le Ticino. C'est le dernier existant de cette grandeur. Puis au hasrd des petites routes de campagne que j'empreinte, j'arrive à la Chartreuse de Pavie. C'est un genre de monastère où il y avait des Chartreux, venus de Chartres j'imagine. Mais c'est un moine cystercien éthiopien qui fait la visite. Comme d'habitude en Italie avec les bâtiments religieux c'est d'une décoration richissime, mais là c'est carrément somptueux avec briques et marbre blanc et décoration en terre cuite. La vue depuis le petit cloître avec ses fleurs est superbe. Après cet intermède culturel, retour aux champs. Des champs, des champs. À Lodi m'attend Silvia, de Legambiente Milan. C'est elle qui m'accueillera pendant quelques jours. Elle m'accompagne sur les derniers kilomètres de piste cyclable. Mais elle habite encore à 15 km du centre de Milan. Le lendemain on se fait ces derniers 15 km à vélo pour se mettre à la place d'un habitant de la proche banlieue qui voudrait se rendre à son travail à Milan en vélo. Jusqu'à l'entrée de Milan, ça pourrait encore aller, mais une fois passé le panneau d'entrée de Milan, finies les pistes cyclables, des voitures partout, partout, partout. Bienvenue au royaume des autos : Milan..