24/09/2007
L'Italie des grands lacs
Après les deux jours à Campsirrago, je redescend cette montée infernale. Même si ce n'est pas exactement sur mon chemin je veux passer par le Lac de Côme. C'est un grand lac glaciaire avec une étrange forme de Y à l'envers. Je commence par une des pattes du Y, à Côme justement. Ici je me trouve à moins de 10 km de la Suisse. Le style architectural ici, ce sont les fenêtres à colones et la pierre gris clair des montagnes. Sur la jetée du lac je découvre qu'il y a un ferry qui remonte tout le lac. C'est pas de refus, je n'oublie pas la leçon de l'intermodalité. La balade en bateau est magnifique. Tranquillement assis je peux contempler les belles villas le long des berges et surtout ces montagnes impressionantes qui plongent dans l'eau. Remontant vers le nord et on pénètre en plein coeur du massif alpin. Petit à petit, ça devient plus sauvage et on se retrouve au milieu des montagnes. Ça a des vrais allures de fjord norvégien. Le spectacle est superbe avec le soleil qui dessine des ombres et lumières sur les versants boisés. Après deux heures de navigation on arrive à Bellagio, à l'intersection des deux branches du Y. Ça fait très élegant avec ses grands jardins plantés de cyprés et avec des pelouses tenues à la perfection. Ici aussi il y a de belles villas. On s'attend presque à voir les gens chanter l'opéra depuis les balcons des maisons.. Cette fois à vélo, je redescend l'autre patte du Y vers Lecco. Il est 5 heures mais je suis déjà dans l'ombre de la montagne. À Lecco, il y a un grand beffroi qui serait le plus haut d'Italie (c'est ce que disent les habitants...) Et à cet endroit le lac est le plus profond d'Europe : -720m! Et à Bellagio, c'est la zone où on trouve les oliviers les plus au nord d'Europe aussi. Décidément c'est la zone des records. Je mets la tente un peu après Lecco, dans la zone où il y a sûrement la plus forte concentration de moustique de toute l'Europe de l'ouest... Maintenant je me dirige plein est. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans 4 jours et il me reste... 350 km! Une route pleine de camion m'amène jusqu'à Bergame. Je monte faire un tour dans la ville haute. La ville est située à la limite des montagnes, sur une colline face à la plaine. Les montagnes s'arrêtent net, ça fait comme une ligne côtière où la plaine serait l'océan qui va se perdre à l'horizon. Bergame est toute jolie avec une cathédrale aux colonades de marbres finement ciselées. Côté montagne, la ville est entourée d'une jolie campagne vallonée avec des cyprés. La route principale continue vers l'est le long de la plaine. Mais c'est toujours plein de camions et de chaque côté de la route ce n'est qu'une enfilade de zones industrielles. Je préfère faire un détour par les montagnes. Entre les camions et les montées, je préfère encore les montées.. Dès que je peux je bifurque vers les montagnes. J'arrive devant un autre lac glaciaire, qui s'enfonce entre les montagnes. Il plus petit que le lac de Côme mais toujours grand. C'est le lac d'Iseo. Au milieu du lac, il y a une île énorme qui prend toute la place. Elle est presque aussi grande que les montagnes qui l'entourent. Et puis voilà la montée. Elle est encore plus haute que celle de Campsirrago mais elle est plus régulière ce qui fait que je la monte plus facilement. J'atteins le col à la nuit tombée et me trouve une belle prairie sous les étoiles. Ici, à 700m d'altitude, pas de moustique et je peux rester tranquillement dehors à regarder les étoiles. Le matin, j'ai droit à une belle descente, pour ensuite remonter aussitôt à la même altitude. C'est dur mais ça fait du bien d'être en pleine montagne, entouré par la nature. Je redescends de nouveau. La vallée est tout de suite plus industrielle et donc pleine de camions. Mais ça débouche sur un chef d'oeuvre : le Lac de Garde. Grandiose. Immense. D'un côté il s'enfonce dans les montagnes, de l'autre il est bordé de petites collines qui débouchent sur la plaine padane. Les bourgs sur le bord du lac ont toujours cette élégance que je voyais sur le lac de Côme, mais ici il y a une athmosphère un peu plus du sud. Ici non plus je ne me prive pas, je prends le bateau pour traverser le lac. J'embarque à Salò sur un magnifique bateau à aube, avec les aubes qui marchent vraiment. La traversée est somptueuse. Vraiment grandiose ce lac. Sérénité, dans la lumière de l'après-midi. J'adore le bateau sur ces lacs. Dommage, c'est le dernier, de lac. Je m'approche de Vérone à travers des petites collines plantées de vignes. La campagne est jolie ici. C'est les vendanges. À Vérone, revoilà toutes les voitures. C'est la sortie des bureaux, il y a du traffic partout. Je me perds un peu, le chariot touche le trottoir et se renverse, mais ça arrive à peu près une fois par jour, il est solide maintenant et je le redresse aussitôt, les voitures partout commencent à m'énerver et je finis par trouver la maison de Legambiente, au milieu d'un parc. Ouf! Dans cette maison, Legambiente accueille des volontaires du monde entier qui viennent généralement pour au moins trois mois. Ils aident l'association à entretenir la zone des fortifications, zone dégradée plus ou moins abandonée par la commune mais que Legambiente veut revaloriser pour son intérêt storico-naturel. Le soir, on va visiter le centre ville. C'est magnifique avec des énormes arènes romaines au coeur de la ville, en marbre blanc et rose, toutes illuminées. Justement ce soir ils y jouent Roméo et Juliette, qui en italien s'appelle Giulietta e Romeo. Et bé oui, sur ce coup là les italiens sont plus galants que les français... Tout le centre de Vérone m'émerveille. Je suis arrivé dans la région Veneto, et donc commence ici l'architecture vénitienne, qui est d'une finesse et d'un raffinement avec ces fenêtres cintrées et toutes ces colonnades de marbre blanc. Je m'attarde un peu à Vérone le lendemain matin, mange avec les volontaires à midi sur la terrasse au milieu du parc. Il y a une volontaire québecoise avec un accent... Un délice! Je pars en fin d'après-midi. Pour rattrapper le retard, je fais 50 km en train jusqu'à Vicenza. C'est plus petit que Vérone mais tout aussi beau, toujours avec l'architecture venitienne. Les maisons ont des couleurs superbes dans cette lumière rasante de fin de journée. Je croise une manifestation contre l'extension de la base militaire américaine. Je plante la tente au milieu des prairies à quelques km de la ville. Le lendemain, grosse étape. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans la journée. Ça se trouve à 110 km, à Portugruaro. Je fonce plein est à travers la plaine. Je passe par Trévise. J'ai déjà entendu ce nom. Je ne sais pas pourquoi mais il me semble qu'il y a eu des ducs de Trévise dans l'histoire de France. Évidemment, Trévise c'est super mignon mais je n'ai pas trop le temps de flaner. J'ai juste le temps de prendre un tremezzini, le sandwich typique du coin qui est plus ou moins un sandwich club, mais roulé... Encore 60 km. C'est monotone, je traverse des campagnes ennuyantes. Les derniers 20 km sont sur une nationale. Une ornière, mon chariot se renverse. Je le redresse et c'est reparti. Portogruaro. C'est étrange mais je me rends compte que je suis déjà venu ici... Il y a 4 ans, revenant de Croatie en stop. On m'avait laissé ici à l'échangeur de l'autorote et j'avais rejoint Venise en train. Je me rappelle d'une gare et d'une zone industrielle. Enfin une bourgade laide. Raté, en fait c'est trop mignon encore, comme toutes les villes du Veneto. Et en plus, ici, il y a Ciclomundi, le festival du voyage à vélo! Je ne suis plus tout seul!!
23:59 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
les récits sont toujours agréables à lire et la carte d'
Italie m'aide à suivre tes étapes. Les photos nous permettent aussi de découvrir ce pays.
petit rappel : bien s'alimenter , les courreurs du tour de France mangent 8000 calories par jour .
bon courrage .
bisou.
Écrit par : jeanpi | 27/09/2007
je suis épatée !!!!...bon je n'ai pas regardée encore tout ton blog...mais combien de voyages ???!!!!!!
je vis à naples depuis deux ans et manaccia miseria (je ne sais pas comment on l'écrit !! mais je sais le dire à la napolitaine !!!) je n'ai pas vu ton petit chariot jaune traverser la ville.....
ton article sur l'asl ma beaucoup fait rire, cela m'a rappellé mes péripécies pour mon codice fiscale et il permesso di soggiorno !!!!....on y arrive à la fin !!! mais que d'étapes !!!!
Écrit par : laure | 01/10/2007
Le petit chariot passera aussi à Naples, vers mi novembre. La ca va etre l'expedition, je suis assez impatient d'y arriver et j'espère que quelques cyclistes m'accompagneront (pour me protéger..)
Écrit par : youri | 02/10/2007
tu es bien courageux !!!!!.....naples et vélo??? un mélange un peu difficile !!!!... allez j'ai confiance !!!!...ils vont tellement halluciner qu'ils vont tous te laisser passer !!!!...
ceci dit prévois un bon klaxon on ne sait jamais !!!
Écrit par : laure. | 04/10/2007
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