17/09/2007
Milan est un drôle d'oiseau
À Milan, on n'est plus vraiment en Italie mais plutôt dans une athmosphère de métropole européenne. Ici c'est le nord, on est seulement à 50 km de la Suisse. Des voitures partout. Il y a des quartiers qui me rappellent terriblement Paris vers les 14ème, 15ème arrondissement : les mêmes rues, les mêmes immeubles début XXème siècle. Ailleurs, c'est carrément l'Allemagne ou l'Autriche avec un immense chateau fort en briques rouges au milieu d'un grand parc, des grandes avenues bordées d'arbres avec des tramways. Il y a quand même des endroits avec un cachet un peu plus italien, comme le long des navigli. Ce sont les canaux de milan. Auparavant la ville était entièrement parcourue de ces canaux. Maintenant il n'en reste que trois ou quatre, bordés de petites maisons et de cafés en terrasse. Le samedi soir, le tout Milan s'y retrouve. Enfin Milan, comme toute ville italienne, a son duomo, la cathédrale. Ici il est un peu particulier. Il a la forme d'une immense tente canadienne de 50 m de haut mais tout en dentelle de marbre blanc. De là-haut on voit les montagnes qui entourent la plaine padane au loin. Une grande montagne enneigée domine tout : c'est le mont Rose. J'ai de la chance d'avoir une telle visibilité parce qu'il y a du vent. D'habitude le nuage de pollution cache tout. Je reste à Milan pendant trois jours. Je rends visite aux bureaux de Legambiente. Ils sont tous occupés à préparer la grande campagne de Legambiente qui se passera fin septembre : "Nettoyons le monde!" À ce moment des milliers de volontaires et d'écoliers iront nettoyer des endroits dégradés, décharges sauvages ou bords de route. À Milan je fais ma première animation dans un parc avec quelques volontaires. On donnes des craies aux enfants et on leur dit de dessiner la ville comme ils l'imaginent sans voitures. Ils dessinent par terre, sur le goudron des allées. C'est sympa, les enfants sont tout contents.. À Milan, les voitures font la loi. Mais la résistance montre le bout de so nez. Ça se passe tous les jeudis soirs, vers la place du Duomo. Si vous tendez l'oreille, vous vous apercevrez que l'habituel concert de claxons a laissé la place à un ... concert de sonnettes.. C'est le Critical Mass, la révolte des bicyclettes. Approchez-vous, n'ayez pas peur. Un vélo, deux vélos, des centaines de vélos se rassemblent ici. Parce qu'il y en a des vélos à Milan mais ils sont complètement noyés dans la masse des voitures. Et si on changeait les rôles un peu? Le cortège se met en mouvement dans un joyeux bordel au son de la musique parce que certains petits malins ont fixé des enceintes sur leur portes-bagages. Il y a tout les types de vélos possibles et imaginables, du vélo harley-Davidson à la bicyclette à bulles, qui fait des bulles de savon en avançant! Tout le monde est joyeux. La rue est à nous. On va au hasard, ce sont ceux qui sont devant qui vont où bon leur semble, et nous on suit. Et on n'hésite pas à brûler les feux rouges, à couper les files de voitures et même à prendre les grosses avenues à contre sens. Les automobilistes qui nous croisent ne comprennent rien. Ils voient arriver cette grosse masse de cyclistes qui se jettent sur eux et ils ne peuvent rien faire qu'attendre et nous regarder passer. Deux minutes de pause dans cette frénésie de métropole ne leur fera pas de mal. Pour un cycliste, participer au Critical mass est une expérience grandiose. Inverser les rôles avec les voitures, pouvoir se promener dans la ville en toute sérénité, c'est si beau. L'athmosphère de la ville change complètement. Beaucoup de cyclistes me racontent qu'ils ont la vie dure à Milan et que le jeudi soir, ça leur donne une grande bouffée d'air. Ça montre que les cyclistes existent quoi, et que la ville est tellement plus belle sans voitures! Mais le lendemain la ville est redevenue égale à elle-même, c'est à dire qu'il ne fait pas bon y vivre pour un cycliste et il est temps de fuir. Direction les montagnes que j'apercevais au nord. Sauf qu'aujourd'hui, les montagnes, elles ont disparues! Vers le nord, je ne vois que l'horizon plat. Qu'à cela ne tienne, je les rerouverais. Ce sont les parents de Silvia, membres de la FIAB, qui me montrent le chemin. On part à travers la plaine le long de la rivière Adda. On passe devant un village ouvrier, Crespi, crééde toute pièce au début du siècle par le patron bienfaiteur d'une grande manufacture. Il y avait eau chaude et médecin gratuit pour tout le monde ce qui pour l'époque n'était pas si mal. Dans le cimetière, il y a un immense mausolée qui rappelle un temple cambodgien. En continuant le long de la rivière, on arrive maintenant devant la maison de Léonard de Vinci. Il a vécu ici un moment et on peut voir tout le complexe d'écluses qu'il avait créé. Il avait même imaginé un bac pour traverser la rivière. Ce bac existe toujours. C'est une barge retenue à un cable tendu en travers de la rivière et qui se déplace d'une rive à l'autre simplement en changeant la direction du gouvernail et en utilisant la force du courant. Très ingénieux. Ça fait plus d'une demi-journée que je suis cette rivière. Les parents de Silvia ont rebroussé chemin. Sans que je m'en sois rendu compte, les rives du fleuves se sont élevées et je suis maintenant au fond d'une vallée aux côteaux boisés. De temps en temps il y a un petit barrage. Ça change d'ambiance, et soudain au détour d'un méandre, voilà qu'apparaissent devant moi les montagnes. Et pas n'importe lesquelles. Sans transition je me retouve au coeur des Alpes. Et je vais tout de suite pouvoir goûter au plaisir de la montagne avec une belle montée pour rejoindre le camp de volontaires Legambiente de Campsirrago. Et bé pour une entrée en matière c'est un peu rude.La montée est terrible avec des portions à plus de 20% qui sont de vrais murs. Je dois descendre de vélo et pousser tout mon chargement. Avec 70 km dans les jambes, c'est le calvaire. Je m'arrête tous les 50 m. Mais heureusement, c'est scientifiquement prouvé, toutes les montées ont une fin, et celle-ci se termine en même temps que le coucher de soleil. Je suis arrivé mais je suis complètement mort. Plus jamais ça. Les deux jours que je vais rester à Campsirrago me seront bien utiles pour récupérer.
20:20 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
je me suis acheté une carte d'Italie , et je coche en jaune toutes les localités que je trouve en lisant tes récits .
tu as du faire environ 700km!
bisou
Écrit par : sawtchuk | 19/09/2007
les photos de ton vélo accompagné de la petite carriole me font penser au nain de jardin dans le film "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" : ils donnent l'impression de voyager seuls.
Bisous
Écrit par : maman | 21/09/2007
Les commentaires sont fermés.