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05/07/2012

Nouvelles de la Borie 3 - balade autour de la Borie

 

 

 

Les batiments de la Borie Noble s'étendent sur quelques centaines de mètres le long d'une petite colline allongée, au sommet plat, qui rejoint progessivement le plateau. A l'extrémité de la colline, il y a le batiment principal de la Borie, tout rose, où se trouvent la cuisine, la salle commune, la boulangerie, divers ateliers plus ou moins utilisés, les caves avec les réserves de nourriture et plusieurs logements. Puis il y a le parc avec sa pelouse et son immense cèdre du Liban. En remontant le chemin caillouteux, on longe le lavoir puis on passe devant la maison Violette, qui doit son joli nom à une certaine Violette dont l'héritage a permis la construction, et le batiment rose de l'escalette, construit en effet en escalier le long du versant de la colline.

 

On arrive sur une grande surface pavée de pierre blanche bordée sur la droite par la grange et sur la gauche par l'étable. Tous les batiments sont en pierre et en bois. Puis vient enfin le batiment du Bouriou, à moitié dissimulé dans les arbres. C'est là que j'ai ma chambre, à l'extrémité du batiment.

 

 

 

C'est une jolie chambre mansardée, avec poutes apparentes et murs de pierre chaulée, aux angles arrondis. C'est une des dernières pièces où il n'y ait pas l'électricité. Il y a quelques années encore, on s'éclairait à la bougie dans l'ensemble de la Borie Noble. Le refus de l'électricité était lié au refus de l'énergie nucléaire et à la volonté d'utiliser seulement des outils simples. Mais ces dernières années, les membres de la communauté ont un peu reconsidéré la question. Car il y a eu l'arrivée des énergies renouvelables a changé la donne sur la question de l'énergie. Et puis, quand on est moins nombreux et plus agés, on finit par se dire que finalement la technologie peut avoir du bon. Et enfin surtout, ils ont fini par se rendre que les bougies, ça leur coutait super cher car ils doivent les acheter...

 

Il y a donc maintenant des panneaux solaires, un tracteur, une tronçonneuse, une machine à laver ( mais réservée aux anciens, moi je dois laver mon linge à la main) Par contre, très peu de prises, pas de frigo, pas de télé et pas d'internet. Et dans certaines pièces comme ma chambre, toujours pas d'électricité. Ça m'embete bien car moi personnellement, je ne suis pas du tout adepte de la bougie. Si je suis ici, c'est justement parce que je me retrouve dans dans l'évolution de leur vision sur le rapport à la technologie, l'utiliser quand c'est vraiment utile, avec modération, ne pas tout refuser. Surtout qu'au final, leur utilisation de la bougie est un peu incohérente puis qu'ils achètent des bougies industrielles fabriquées par des machines électriques. Mais bon, on va dire que ça fait plus poétique.

 

 

 

La fenetre de ma chambre donne sur le versant boisé de la petite vallée qui passe en contrebas de la Borie. Et au milieu, coule une rivière. Le chant des oiseaux et le bruit de l'eau sont les seuls bruits qui me parviennent

 

 

 

La rivière provient des hauteurs de l'Escandorgue, longe le potager, et continue son chemin dans une vallée de plus en plus grande qui rejoint l'Orb. C'est un délice de se promener le long de la rivière. J'aime en particulier remonter vers la source.

 

C'est une petite vallée complètement sauvage. Un sentier à peine tracé, entretenu par le seul passage des chevreuils et des animaux sauvages, longe la rive à travers les buissons et quelques petits près abandonnés. Au mois de juin, ces près abandonnès deviennent une explosion de couleurs, se couvrant d'une variété incroyable de fleurs multicolores, en particulier de magnifiques gesses d'un rose splendide

 

Le sentier mène à un petit pont de bois, « qui ne tenait plus guère, que par un grand mystère » … et des traverses de chemin de fer... Après le pont, la rivière se divise en deux. Le bras principal semble etre celui de gauche. Le sentier est mieux tracé et suit la rive, sous les chenes et les hetres. La rivière, encore assez large, alterne des sections plates où l'eau ruiselle le long de grandes dalles de roche, et des ressauts où elle forme de petites cascades. Au fur et à mesure de la progression, le sentier devient de plus en plus difficile à suivre, disparaissant dans les buissons de buis. La vallée se resserre peu à peu. La rivière disparaît à la vue pour un instant mais après quelques mètres, en ressortant des broussailles on se retrouve dans un site incroyablement charmant : une succession de cascades, rebondissant sur les replats de la roche, entouré de petites falaises émergeant des arbres. Un endroit complètement sauvage, dissimulé, dépaysant, faisant plus penser à des gorges du Tran en miniature. Et pourtant, en reprenant le sentier et en passant au dessus de la cascade, après quelques dizaines de mètres, on a la surprise de se retrouver dans les paturages de la Borie, face à face avec les gros chevaux de trait. La rivière passe entre les paturages de ce petit plateau, entouré de collines se terminant par d'autres falaises. La source est encore à près d'un kilomètre, au pied des falaises mais il n'y a plus de chemin. Pour continuer la balade il faut quitter la rivière et se balader à travers les paturages et les broussailles qui recouvrent les versants au pied des falaises.

 

Mais revenons au petit pont de bois et interressons-nous au deuxième bras de la rivière. A priori, ce coté-ci, semble moins intéressant. La vallée est bien plus étroite, dans l'ombre, les versants monotones, couverts de plantation de pins. La rivière qui en parcourt le fond semble un petit ruisseau dont la partie amont doit s'assécher bien vite.

 

Par curiosité, je me suis pourtant décidé à aller l'explorer et je n'ai pas été déçu. Les premières centaines de mètres du sentier n'ont rien d'exceptionnel. Le fond de la vallée est dans l'ombre. Le sentier suit la rive gauche, couverte de broussailles. Le versant en face est rectiligne, couvert de pins mais on finit par ne plus le voir car le fond de vallée est peu à peu sumergé par d'immenses aulnes et hetres et on disparaît au milieu de cette végétation sauvage. La rive s'élève et le ruisseau disparaît à la vue, on n'entend plus que le son cristallin de l'eau à travers les rochers. Puis le bruit disparaît lui aussi. Le sentier finit par redescendre et là, c'est la surprise. Le ruisseau s'est complètement métamorphosé. À la place du filet d'eau ruisselant sur les cailloux, c'est un magnifique bassin naturel, à l'eau calme, d'un bleu profond, merveilleux, bordé par les immenses troncs rectilignes des grands hetres. L'ambiance a tout d'un coup pris un je-ne-sais-quoi de magique et mystérieux, je ne serais pas du tout surpris de voir apparaître la Dame du Lac sur le petit rocher qui émerge au milieu du bassin. Une athmosphère emplie de calme et de sérénité...

 

La première fois, je suis resté là un moment, fasciné, immobile sur la berge. Sur le fond de l'eau nagent doucement des petits tritons, qui font leur ballet amoureux.

 

En continuant de remonter la vallée, toujours dans l'ombre des grands arbres, on voit la rivière qui alterne entre bassins et portions où l'eau ruisselle sur de grandes dalles. Et on finit par arriver dans un endroit encore plus fascinant. Les falaises se dressent maintenant de chaque coté, et la vallée finit par s'interrompre, barrée par une falaise grise parfaitement circulaire. Un filet d'eau dévale exactement au centre et plonge dans un grand bassin à l'eau bleue. Les branches des hetres s'étirent au-dessus du bassin. La mousse des bois recouvre les rochers. Et revoilà la Dame du Lac...

 

Et cette vallée continue comme ça pendant plusieurs kilomètres, dans une nature complètement sauvage et incontaminée. Le sentier a désormais totalement disparu, il faut marcher sur les rochers ou dans le lit à moitié asséché de la rivière. Par endroit, je m'imagine au coeur des Montagnes Rocheuses. Plus loin, d'énormes rochers qui encombrent la vallée font penser aux chaos de rochers de la foret bretonne de Huelgoat. J'escalade les falaises qui barrent de temps en temps la vallée et je mélève peu à peu, sans sortir de la vallée. Aucune trace humaine, seulement la nature. Je n'imaginais pas trouver des endroits aussi sauvages en France. Toujours plus en amont se dressent d'immenses rochers, un peu comme les pains de sucre de Rio de Janeiro, en version réduite. Je parvient à me hisser au sommet de l'un deux et je peux enfin voir le paysage au delà de la vallée. C'est immense, une succession de sommets arrondis, couverts de forets, toujours sans trace humaine. Au loin, quelques sommets que je reconnais etre ceux de l'Espinouse et les contrefots du Causse du Larzac. Grandiose.

 

Voilà, je vais arréter là la description de ma balade. C'était juste un petit aperçu des fabuleuses promenades que je fais sur ce domaine incroyable de la Borie, véritable réserve naturelle qui s'ignore. Je voulais juste partager avec vous ma fascination pour la nature de cet endroit et en particulier cette petite vallée des Merveilles, ignorée de tous et c'est tant mieux..