18/08/2017
Le bapteme des voitures a Copacabana
C'est parti pour la Bolivie!
Dans le bus de nuit, on dort moyen, il y a un groupe de jeunes rappeurs danois qui chantonne toute la nuit. Au petit matin, escale a Puno. Dans la lumiere du petit, on apercoit les rives du lac Titicaca, immense, avec les reliefs derriere. La route longe le lac. Au fur et a mesure que le jour se leve, on se retrouve dans un paysage tout pele, de grandes collines arrondies recouvertes de prairies jaunies, quelques maisons en terre crue ou en brique et les rives du lac couverte de roseau. On ne voit pas l'extremite du lac. On somnole, berce per le rythme de la route.
Au bout de quelques heures, le bus ralenti, embouteillage au milieu de nulle part. C'est la frontiere. Il y a beaucoup de monde et une sacree confusion. C'est une toute petite route, avec quelques habitations. Les voitures, bus, camions se faufilent dans tous les sens entre les maisons. Notre chauffeur essaie de feinter en prenant un chemin de terre qui contourne la route. Mais il n'est pas le seul a avoir eu l'idee et il y a des vehicules qui arrivent dans l'autre sens finissant par bloquer completement le passage. Le chauffeur nous dit d'aller jusqu'au poste frontiere a pied, pour remplir les formalites le temps que ca se degage. On sort en laissant nos sacs dans le bus, sans trop comprendre comment il va faire pour se sortir de la. Il y a un monde fou, c'est dingue. En fait on est le 5 aout, c'est la fete de la Vierge, le grand jour du bapteme de voiture. Les Peruviens affluent de toutes parts pour faire benir leur vehicule cheri. On apprend que c'est le pire jour pour passer la frontiere!
On passe la douane peruvienne. Toujours pas de bus. On finit par nous dire de retourner chercher notre sac dans le bus, puis on passe a pied la frontiere, jusqu'a la douane bolivienne. Il y a du monde partout, les gens se baladent tranquillement de part et d'autre de la frontiere.
Ca y est on est en Bolivie! Et le bus est toujours coince. Au bout d'une heure, une dame de la compagnie vient nous dire qu'on va finir le trajet en microbus, il y en a une multitude qui attendent cote bolivien. Tout l'equipage du grand bus se serre dans 3 minibus, les sacs accroches sur le toit. Et 10 minutes apres, c'est l'arrivee a Copacabana!
La, vous devez peut etre vous dire : Mais Copacabana, c'est pas cette plage super celebre de Rio de Janeiro, au Bresil? Si, mais c'est avant tout cette petite localite de Bolivie ou se trouve le sanctuaire de la Vierge de Copacabana, veneree dans toute l'Amerique du Sud. La plage de Rio aurait pris ce nom suite au naufrage d'un pretre qui aurait promis a la Vierge de Copacabana de lui consacrer une eglise s'il en rechappait.
En tout cas, cette vierge de Copacabana, je peux vous assurer qu'elle est veneree. On depose les sacs dans un hotel et on se balade dans la petite ville. Elle est situee sur une plage au bord de l'immense lac, au pied d'un promontoire en pain de sucre, un peu comme a Rio justement. La ville est transformee en gigantesque foire. Une grande eglise blanche en style mauresque est entouree par un grand marche. Les pelerins affluent dans l'eglise, chacun avec son bouquet de fleurs achete aux stands juste avant. Une procession avec une statue de la Vierge portee par 6 fideles essaie de rentrer dans l'eglise mais la porte est trop basse et la statue ne rentre pas. Il faut poser la statue a terre et la pousser. A l'interier le choeur de l'eglise est couvert de fleurs. Une serie de tableaux dans une chapelle laterale explique que c'est un descendant d'inca qui a realise la statue de la Vierge, qu'au debut il avait fair une statue en argile toute moche, personne en voulait alors il a ete se former dans une ville du Perou et la il est revenu avec une super statue en pierre qu'il a du se trimbaler sur le dos jusqu'a Copacabana, et la tout le monde etait trop content, et il y a eu des miracles, et voila pourquoi la Vierge de Copacabana est super reputee. (bonne histoire pour convertir les indigenes en meme temps : regaredez, c'est un inca qui a fait la statue...)
On sort de l'eglise et on descend vers la plage. Embouteillage monstre : on dirait que toutes les voitures de la ville veulent aller vers la plage, et pour cause, c'est la qu'a lieu le bapteme! Le chemin le long de la plage est entierement couvert de voitures et minibus, gares de part et d'autres et couverts de guirlandes. Chaque famille a decore sa voiture : des guirlandes avec une cocarde aux couleurs de la Bolivie (rouge, jaune , vert), le capot est ouvert et le moteur est egalement decore, et enfin sur le toit, curieusement, un chapeau haut de forme, attache avec du scotch, lui aussi aux couleurs d ela bolivie avec une petite image de la Vierge. Les familles attendent devant leur voiture qu'un pretre arrive. Il y en a plusieurs qui deambulent sur la plage en toge blanche, casquette et lunettes de soleil sur la tete (pour leur defense, les oleil tape fort en altitude...) Ils sont munis d'un grand seau d'eau (benite) et d'une espece de balai a chiotte. Quand ils arrivent devant une voiture, toute la famille se met en arc de cercle devant le capot ouvert et la ceremonie commence. Le pretre au milieu, marmonne quelques prieres puis se met a asperger le moteur. Puis on ouvre les portes et il asperge le volant, les sieges. Le conducteur insiste pour qu'il asperge egalement les sieges arriere, le coffre, les roues, puis le pretre asperge chaque membre de la famille et meme quelques passants en prime.. On finit par ouvrir une grosse bouteille de biere pour benir d'une maniere moins homologuee la voiture pendant que le pretre recoit son petit billet. Tout le monde est content, ensuite on trinque en n'oubliant pas de verser un peu d'alcool a terre entre chaque gorgee pour la Pachamama et on lance des confettis sur la voiture. Un chamane se presente ensuite avec une espece de petite casserole remplie de charbons fumants et propose de benir egalement a la maniere traditionelle. La plupart acceptent mais certains les repoussent d'un air hautain : un peu de serieux quand meme...
Entre les voitures, plein de stands qui vendent le matos a bapteme : guirlandes, chapeau, confettis, mais aussi de petites maquettes de maison ou des fausse liasses de billet que l'on place sur le moteur de la voiture, comme ca quand le pretre fait sa benediction, c'est beni en meme temps. Malin, non?
La plupart des familles ont installe des bancs devant leur voiture et s'installent la, pretes a passer la soiree et la nuit ici, pour feter ca en famille. Certains ont installe des tentes derriere pour faire la cuisine. Sur la plage, il y a de quoi s'occuper. Quelqu'un a installe une dizaine de babyfoots, d'autres des petits chevalets pour que les enfants puissent peintre. Mais c'est sur l'eau qu'il y a le plus d'animation. Etrangement, des chollas, les femmes en costumes traditionnel, louent des pedalos en forme de cygne.. Et ca marche ! Il y en au moins une trentaine loues par des familles qui font des tours dans l'eau pres de la plage. Alors on ne resiste pas, on en loue un nous aussi, il n'y a pas de raison qu'on ne s'amuse pas aussi. Sur l'eau on croise egalement d'etranges boudins gonflables transparents avec des enfants a l'interieur qui sautent dans tous les sens, le tout tracte par un bateau a moteur. Il y a aussi des jetskis qui passent a fond entre les pedalos en faisant de gros remous. On s'eloigne un peu de la rive. L'eau du titicaca est transparente. On voit les collines qui bordent le lac qui disparaissent vers l'horizon. Depuis le lac, la vue sur Copacabana est tres belle, avec les couleur sdu couchant qui commencent a colorer les petites montagnes autour. Sur le pic qui domine la ville, au bord de l'eau, on voit qu'il y a plein de monde qui grimpe le chemin. La haut aussi, c'est la fete! On apercoit aussi des stands et des lumieres...
Retour sur la plage, et on se dirige nous aussi vers le pic pour voir le coucher de soleil d ela haut. On traverse une partie de la ville, toujours encombree de stands et on commence l'ascension. La rue qui mene au debut des escaliers est bordee de boutiques temporaires, de cuisines ambulantes, toujours du matos pour bapteme a voiture, des portaits de la vierge, des bibelots, ... Il y a vraiment de tout, comme ces stands on on propose en direct de vous realiser un faux dipome, un large choix est expose sur une table, a vous de choisir : avocat, professeur, medecin, etc.. vous pouvez meme choisir l'universite.. Un peu plus haut, c'est des stands de boissons, de bougies et de foetus de lama... Le foetus de lama est un element essentiel des rites andins. Dit comme ca, ca fait un peu crade, mais en fait ils sont seches et c'est des foetus de quelques mois, deja recouvert de laine, du coup ca ressemble plus a de grosses peluches...
On arrive peniblement a un petit col. Il y en fait deux pics. A gauche le pic du soleil, et a droite, plus petit, le pic de la Lune, comme il se doit... Du haut du col, on revoit le lac de l'autre cote. La vue est trop belle, avec les montagnes qui plongent directement dans la mer, on se croirait sur la cote d'Azur, mais sans les villas. On croirait vraiment etre au bord de la mer. Au niveau du col, sur un petit espace plat face au lac, regne un melange de ferveur et d'agitation. De nombreuses familles sont regroupes devant des petits rectangles de 1m sur 2, delimite par des pierre et de cailloux. Chaque famille a realise son petit enclos et l'a rempli avec des fleurs, bougies, a fait des dessins avec des cailloux. Ceux qui ont fini sont accompagne par un chamane et sa cassrolette de charbons fumants qui fait des chants melants prieres chretiennes et indigenes...
Le solei est maintenant couche mais on choisit de continuer vers le pic du Soleil. Ca devient tres raides, c'est un tres viel escalier avec de grosses pierres defoncees qui serpente entre les quelques arbres qui couvrent le pic. La montee est d'autant plus difficile que l'altitude (on est a pres de 4000m) fait qu'on s'essouffle tres vite. On doit s'arreter tous les 10 metres. On sent la ferveur qui monte au fur et a mesure qu'on s'eleve. Malgre la nuit, il y a toujours beaucoup de monde, des familles avec leurs petits enfants, des anciens qui montent lentement, marche apres marche, et toujours des vendeurs ambulants qui ont installe leur stand coince entre les rochers. Si on y pense, ils ont du merite, car leur marchandise, il a fallu qu'ils la monte jusqu'ici. Mais ils sont malins, ilssavent de quoi on a besoin : certains vendent des boissons chaudes, d'autres des petites lampes de poche, ca tombe bien, avec la nuit qui commemce...
Ca monte toujours. Le sentier est d eplus en plus etroit, il y a monde fou. Sur la droite de l'escalier, une file s'est formee. Mais on est encore loin du sommet. S'il faut faire la queue, ce n'est pas la peine, on ne vas pas rester a attendre dans la nuit. Mais on voit que c'est seulement une partie des egns qui fait la queue, d'autres continuent a cote sans que cela provoque de protestations. Ils doivent faire la queue pour quelque chose de particulier. On continue donc la montee, longeant la file. On ne voit plus grand chose, il y a du monde qui va dans tous les sens dans l'obscurite, toujours de petits stands de temps en temps.
Et enfin, on y arrive, le sommet! De la une vue sur la ville, toute illuminee dans la nuit, avec les dernieres couleurs du couchant sur le lac. Mais surtout, plein, plein de monde sur le sommet. le chemin conduit a 3 grosses croix l'une contre l'autre, formant 2 arches. La file passe entre les 2 croix de droites et continue derriere vers on ne sait quoi. Sur le cote gauche c'est comme un petit marche, vendant des images de la vierge, des bougies, des bieres, et plein de monde qui deambule. On se fraie un chemin jusqu'aux grosses croix, passant sur la gauche. On voie enfin la but de la queue. Elle continue jusqu'a un petit promontoire, a 50 metres de la, surlequel est dresse une toute petite chapelle. L'interieur est illumine et on distingue ce qui doit etre une statue de la vierge recouverte d'offrandes. Ils attendent pour aller saluer la Vierge de Copacabana, surnomme Mamita, la petite maman. Nous on reste au pied de la grosse croix de pierre. La queue avance tres, tres lentement. Quand on pense a ceux qui sont a la fin de la file, ils en ont pour au moins 2 ou 3 heures d'attente. De temps en temps, ca s'impatiente, il y en a qui crie a ceux de devant d'aller plus vite. Ou alors il y a des protestations quand il y en a un qui essaie de doubler. Entre la grosse croix et la chapelle, il y a de nouveaux plein de petits groupes. Des familles se regroupent devant une grosse pierre ou un creux dans un muret. Elles s'assoient et commencent a installer plein de petit scierges sur le sol, en faisant fondre le dessous pour que ca tienne de bout. Puis, avec les cierges qui ont deja bien fondu, ils font des dessins sur le mur avec la cire fondue. Et de nouveaux ces chamanes, qui accompagnent les familles dans leur rituel. On s'approche un peu trop et un chamane nous repere. Il nous dit de venir et nous prend a part. Avec un crucifix et une petite clochette, sans qu'on lui demande rien, il commence a reciter une de ces prieres mi chretienne, mi autre chose, a nous benir pour le travail, la famille, le voyage, a attirer la grace de Mamita de Copacabana sur nous... Au final, il faut baiser le crucifix et donner un petit billet quand meme...
On sort de la tout etourdi. On redescend doucement les marches dans la nuit pendant que les fideles continuent d'affluer. Et bien au moins on n'aura pas perdu notre temps. Une benediction de mamita pour le voyage, c'est plutot pas mal, on ne craint plus rien maintenant...
Bon, j'ai failli y croire. Mais le lendemain, retour sur terre : pendant qu'on attend sur la plage pour prendre le bateau pour l'Ile du Soleil, on me vole mon petit sac avec mon passeport... Super efficace la benediction!
03:43 Publié dans Perou - Bolivie | Lien permanent | Commentaires (0)
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