07/08/2010
Voyage en Ukraine 2010 : Albanie-Macedoine
Mon voyage se passe bien, je suis maintenant en Macedoine, sur les bords du magnifique lac d'Ohrid. J'ai traverse l'albanie en 5 jours, ca m'a permis de me faire une petite idee du pays. Alors evidemment c'est un pays plus pauvre que chez nous mais c'est impressionant la vitesse a laquelle ils veulent nous rattraper. Il y a des constructions partout, des maisons neuves partout en chantier dans les campagnes, par contre pas beaucoup de finies. Et puis ils adorent les voitures. Sur les routes c'est plein de voitures neuves, un nombre incroyable de mercedes. Je dirais bien qu'une voiture sur deux est une mercedes. C'est dingue. Et le reste c'est que des voitures allemandes. En fait c'est tous les albanais qui travaillent a l'etranger, quand ils ont des sous ils achetent une grosse voiture. Et on dirait que toute l'economie du pays tourne autour de ca. Il y a des stations services partout, mais alors partout. Sur un parcours de 30 km, j'en ai bien croise une cinquantaine, toutes neuves, de toutes les couleurs, chacune d'une marque differente. Et puis on voit marque LAVAZHO partout. Qu'est ce que c'est? Le lavage auto.. Chacun qui a une maison pres de la route propose son lavage auto artisanal, il suffit d'avoir un karsher et une dalle de beton. Et be oui, parce qu'a quoi ca sert d'avoir une mercedes si elle doit etre plein de poussiere. Dans la region de montagne avant la frontiere avec la Macedoine c'etait impressionant. La bas il y a de l'eau a volonte, alors au lieu d'ecrire lavazho, pour montrer qu'ils proposent le lavage auto ils bloquent le tuyau ouvert vers le haut pour faire un beau jet d'eau. Et a un moment il y en avait vraiment tous les 10 m, j'avais l'impression de traverser une zone de geyser...
Sinon les albanais sont plutot gentils, serviables. Mais leur langue est super compliquee. Imaginez que por dire oui ils secouent la tete de gauche a droite en disant PO. Et pour dire non ils disent Yo en hochant la tete de hat en bas. Sans compter que des fois vu que tu es etranger ils s'adaptent a toi et ils hochent la tete dans le bon sens, comme chez nous. Sauf que toi tu ne sais pas s'il repond a la maniere traditionnelle ou occidentale et tu comprends encore moins. De plus, pour les prix, pour dire 100 ils disent 1000. C'est pas qu'ils essaient de t'arnaquer, c'est juste que leur monnaie a ete reevaluee recemment, comme en France quand on est passe des anciens francs aux nouveaux francs.
Heureusement il y en a beaucoup qui parlent italien car ils sont nombreux a y ete alles travaille. Du coup, grace a l'italien j'ai pu parlr assez facilement. Au moins pres de la cote. Je me suis arrete 2 jours a Berat qui est LA ville touristique d'Albanie. Patrimoine mondiale de l'Unesco, c'est vrai que c'est joli avec des petites maisons blanches avec toits de tuiles rouges et pleins de fenetres en bois, le tout sur une colline escarpee.
Maintenant je suis arrive sur le Lac d'Ohrid. C'est un endroit vraiment trop beau. C'est un lac immense avec l'eau limpide et la jolie ville de Ohrid avec ses eglises byzantines. En macedoine, c'est l'alphabet cyrilique. D'ailleurs il parait qu'il a ete invente par un moine de cette ville. Mais c'est une langue slave donc je devrais pouvoir me debrouiller avec un peu de russe.
L'ambiance est tres differente de l'Albanie. Finies les mercedes, ici c'est les vieilles YUGO. Et la campagne est plus jolie avec moins de construction partout. On sent l'ambiance slave, ca commence a faire plus europe de l'est alors que l'albanie restait tres mediterrannenne avec des paysage qui rappellent un peu l'Italie du Sud.
Maintenant je vais continuer vers le Nord avec les montagnes de Mavrovo et ensuite je me dirige vers la Serbie.
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25/10/2009
La France en stop
Quand on veut voyager mais que l’on a plus de 25 ans, ça devient hors de prix. Finie la carte 12-25 et le train pas cher ! Et comment on fait si on veut voyager quand même ? Ou bien on se met à travailler et on gagne des sous. (mais dans ce cas on n’a plus le temps de voyager) Ou alors on fait du stop. Et bé moi j’ai choisi la deuxième solution : je fais du stop. Et c’est comme ça que cet été j’ai découvert une nouvelle façon de voyager. Il faut avoir un peu de temps devant soi mais ça fait une bonne expérience, ça fait rencontrer plein de personnes qu’on n’a pas l’habitude de fréquenter. Allez, ça vous intéresse de savoir comment ça se passe le stop aujourd’hui ? Et bien suivez-moi dans mon magnifique périple de l’été…
Cet été, je pensais passer l’été en Italie et puis finalement avec Rosita on s’est dit qu’on irait bien faire un tour en France. Mais vu qu’on n’a pas de sous on s’est décidé à y aller en stop. Pour le stop le plus dur c’est de partir. Surtout quand on est dans une grande ville. Heureusement gros coup de bol, la veille du départ je rencontre Pierluigi à un repas et il me dit qu’il va en France le lendemain. Il va jusqu’à Antibes en voiture. Antibes ? Mais c’est sur ma route ça ! Je lui parle de la coïncidence et au final il m’invite à venir avec lui. Si c’est pas de la chance ça ? Je lui dit qu’on est deux avec deux gros sacs à dos et il me dit qu’il n’y a pas de problème ! Le lendemain on déchante un peu. La voiture, c’est une Micra. Et une Micra, comme on peut le deviner au nom, c’est minuscule. Et dans la voiture ils sont déjà trois, car en fait il y a deux amies qui viennent avec Pierluigi. Et le coffre de la Micra est déjà plein. Nous voici donc à 5 dans une Micra avec les gros sacs à dos sur les genoux, partis pour 10 heures de voyage. Le rêve quoi! On est à moitié étouffés sous les sacs et on regarde défiler les kilomètres en priant pour arriver le plus vite possible. On fait connaissance plus en détail avec Pierluigi, que je ne connais que depuis hier. Il est étudiant en droit et fait son stage dans un cabinet qui aide les plus démunis. Oh c’est gentil ça ! Son amie aussi est étudiante mais ça passion c’est la clownthérapie. C'est-à-dire qu’elle se déguise en clown et qu’elle va voir les enfants dans les hôpitaux et comme ça les enfants ils sont moins tristes d’être tout seuls à l’hosto. Très bien ! Et l’autre amie, elle cultive des châtaignes. Oui mais les roumains qu’elle embauche pour faire la récolte elle les paye plus que les autres exploitants (c'est-à-dire qu’elle les paye au SMIC) et du coup les voisins sont venus la menacer parce que selon eux ça fausse la concurrence, ça risque de les obliger eux aussi à payer leurs employés plus cher… Et bé dis donc, ce sont de braves personnes nos compagnons de voyage. Mais ça finit en grosse engueulade parce que la cultiveuse de châtaignes ne veut plus mettre sa ceinture parce qu’elle se sent oppressée et son amie la clown lui dit que c’est inadmissible, qu’elle va s’arrêter comme ça en plein milieu de l’autoroute si elle ne la remet pas mais l’autre insiste…
Enfin, alors que la nuit tombe, complètement ankylosé sous mon gros sac, j’aperçois le panneau de la frontière. La France ! On a réussi, on y est ! Encore une heure et on arrive. On se fait déposer sur la plage, on les remercie, on est bien content, puis ils nous disent que pour la participation aux frais d’essence et de péage, comme on avait dit, il faudrait donner un petit quelque chose. Ils ont calculé : 30 euros chacun… Plus ou moins le prix du train quoi… A ce prix là, ça ne valait pas la peine d’aller voyager coincés comme des sardines comme ça. Bon… On est un peu dégoutés. On installe la tente sur la plage. On fera mieux demain…
Le lendemain, on est super motivés. Notre objectif : Toulouse, chez mon parrain. On y croit, on va y arriver. Première chose à faire, rejoindre l’autoroute. Et oui, parce que maintenant, le stop ça se fait sur l’autoroute. Plus personne ne fait de grandes distances sur route nationale. Et puis l’autoroute, c’est plus rapide et confortable. L’auto-stoppeur aussi a ses exigences.. Une fois qu’une première voiture vous a pris il suffit de se faire déposer à une aire d’autoroute et ensuite on continue comme ça d’aire d’autoroute en aire d’autoroute. Mais le plus difficile est de trouver la première voiture qui vous amènera sur l’autoroute. Il faut trouver une bretelle d’accès et se mettre juste avant que les voitures accélèrent. Et encore avant il faut rejoindre la bretelle d’accès. On traverse comme ça à pied toute la zone commerciale d’Antibes et après un labyrinthe d’échangeurs et de ronds-points, on finit par trouver l’endroit idéal. L’entrée d’autoroute en direction de Marseille, juste après un rond-point, donc les voitures ne vont pas encore trop vite et un large espace sur le coté qui laisse la place à la voiture de s’arrêter. On pose les sacs, on lève le pouce et on se met à fixer chaque voiture les yeux pleins d’espoir. Il y a toujours la première phase d’euphorie. Puis, petit à petit, l’enthousiasme retombe. Personne ne s’arrête. Il n’est peut être pas si idéal que ça cet endroit. Et est-ce qu’une voiture a suffisamment de place pour s’arrêter ? Est-ce qu’ils ne sont pas déjà lancés en pleine accélération ? Alors on se décale un peu. On change de technique. Je dis à Rosita de s’assoir sur les sacs d’un air malheureux pour faire croire qu’elle ne se sent pas bien. Ou alors au contraire de se mettre devant comme ça ils voient la fille en premier. A la fin désespéré je suis sur le point d’utiliser la méthode de dernier secours : aller me cacher dans les buissons pour faire croire que Rosita est toute seule et surgir seulement quand la voiture s’arrête. Ca, ça marche à tous les coups mais je n’en suis pas très fier. Heureusement une voiture s’arrête avant. Le chauffeur nous fait signe de monter. Youpi ! On est tout contents et nous voilà partis !
Le conducteur de cette première voiture est un brésilien. Il vit en France depuis 9 ans. Comme tout bon brésilien il est super cool et très sympathique mais il est overbooké. Il est ingénieur spécialisé des tunnels et il travaille dans un petit bureau d’étude qui bosse dur. Il passe ses journées sur les routes à aller vérifier les chantiers et quand il rentre au bureau il continue de travailler jusqu’à 22h. Il se fait des semaines de 60 heures. Le week-end il ne peut pas se reposer car avec sa femme il faut qu’ils aillent voir leurs amis à Barcelone ou à Paris. Et des fois ils prennent des vacances mais ils partent à l’autre du monde faire des trekkings au Costa Rica ou au Pérou. Il m’épuise rien qu’à me décrire sa vie.. Mais sinon pour lui tout va bien, son métier l’intéresse, il aime bien la France et il carbure aux vitamines pour garder le rythme. Ouf !
Il nous dépose sur l’aire de repos d’Aix en Provence. On avance ! Il n’est même pas midi ! Mais là notre enthousiasme va vite retomber. On reste bloqué là. On va demander aux voitures garées mais tout le monde semble remonter sur Lyon, et les quelques voitures qui vont vers Montpellier n’ont pas de place pour deux. On patiente sous le soleil… Au bout d’une heure, une voiture d’Italiens finit par nous prendre. C’est un couple de Milanais qui vont en vacances en Espagne. Le mari doit avoir une soixantaine d’année mais il s’est teint les cheveux d’un horrible orange. S’il croit faire jeune comme ça, c’est loupé. Je leur raconte notre périple. Généralement par politesse, je fais la conversation, c’est une manière de payer le voyage. C’est un échange : ils nous prennent et nous, si ils veulent, on leur distrait le voyage. De fil en aiguille, ils finissent par nous dire ce qu’ils font dans la vie. Herbalife ! Et là ça commence à dégénérer… Herbalife, c’est un substitut de repas fait avec des plantes. Ce sont tous les éléments nutritifs dont tu as besoin pour la journée. Ca évite de grossir et ça te maintient en bonne santé. C’est gé-nial ! Et Herbalife, c’est des petits malins. Ca ne se trouve pas dans le commerce. Ce sont seulement les particuliers qui en vendent. Ils ont un système spécial. Je connais bien parce que deux fois à Naples alors que je cherchais un petit boulot, j’étais tombé là-dessus. N’importe qui peut vendre Herbalife à une condition. Consommer soi-même de l’Herbalife. Pour montrer l’exemple. Et pour chaque client que l’on trouve on touche un pourcentage. Et on peut même former des vendeurs. On touchera également un pourcentage sur ce qu’ils vendent. Et si ces vendeurs forment eux-mêmes d’autres vendeurs on touchera aussi un pourcentage sur ces autres vendeurs. Cela crée un système pyramidal et si on est malin on peut finir par se faire pas mal d’argent avec ça. Oui mais Herbalife, c’est limite une secte. Les gens qui bossent là dedans ils se retrouvent régulièrement tous ensemble à des séminaires pour s’auto-motiver et crier tous ensemble « oui, c’est bon herbalife ! » Et en fait la clé du succès de herbalife, c’est que les vendeurs vendent à leur propre famille et à leurs amis. Ce sont les meilleurs cibles. Et du coup, ils ne vivent plus que herbalife. Chaque réunion de famille ou chaque nouvelle rencontre est l’occasion de vendre du Herbalife. Principe assez infect au final. Et donc ça ne va pas louper. Notre couple va essayer pendant tout le voyage de nous convaincre que Herbalife peut nous changer la vie. « Regardez ma femme, vous lui donnez quel âge ? » Heu, on va être gentil on va dire 45 ans… Et lui, tout content : « Pas du tout elle a 60 ans ! » Bon c’est vrai qu’elle fait plus jeune, mais la teinture des cheveux ça aide pas mal aussi. Et puis, c’est pas tout il y a un nouveau produit qui vient de sortir, ça va etre la révolution ! Ca s’appelle Hydrogel. C’est de na nourriture en gel comme ce que mangent les astronautes. Il insiste pour nous faire gouter. Il nous en donne une confection. C’est marqué « saveur chocolat » Je regarde les ingrédients derrière. C’est que des noms bizarre genre « polycarbohydrate 14 » On hésite. « Allez-y goutez c’est super bon, c’est au chocolat » Bon je le tente. J’ouvre le bouchon, je presse. Ca sort comme du dentifrice. Beuh… Je ferme les yeux, je goute. Berk, c’est infect ! Il nous dit « c’est bon hein ? » « Bé en fait j’aime pas trop. » Mais il insiste « si, si c’est bon, c’est du chocolat » Et il ne s’arrête plus de parler en nous disant qu’on a de la chance de l’avoir rencontré, ça va nous changer la vie, que c’est vraiment révolutionnaire… Pendant deux heures il continue comme ça. A la fin on n’en peut plus, ils deviennent vraiment dingues avec leurs produits.. On se fait déposer, à la première aire d’autoroute que l’on rencontre et on les laisse continuer tout seuls pour aller passer leurs magnifiques vacances à bouffer de l’hydrogel…
Ouf ! Ca fait du bien quand ça s’arrête. On se retrouve à hauteur de Montpellier. On attend de nouveau un bon moment avant de se faire prendre par une nouvelle voiture. Cette fois-ci, c’est un type tranquille, la soixantaine mais les cheveux blancs pas teintés, conseiller agricole de son état, qui nous parle un peu des problèmes des exploitants agricoles. Mais il n’a pas le temps de s’étendre car il nous laisse un peu plus loin à Béziers. Enfin bon le problème du voyage en stop sur autoroute, c’est qu’on ne voit pas grand-chose des villes que l’on passe. Que ce soit Aix-en-Provence, Montpellier ou Béziers, tout ce qu’on voit c’est l’aire d’autoroute. Il y a bien quelques variantes entre les aires d’autoroutes mais faire le tour de France des aires d’autoroutes, je crains que ce soit un peu monotone…
On se fait prendre assez rapidement par un jeune « issu de l’immigration ». Il habite Carcassonne, c’est tranquille là-bas, il a plein de potes. Au bout de 5 minutes, il ralentit et s’arrête sur une petite aire de repos, la traverse et va se mettre derrière un gros camion garé là. Mais qu’est ce qu’il fabrique ? Il coupe le moteur et sort quelque chose de la portière avant… Ca ne vous dérange pas si je me roule un joint ? Heu, non non, pas de problème vas-y ! Puis il branche son MP3 sur l’autoradio, musique arabe à fond. « Ahhh, ça va mieux comme ça ! » Et il repart plein pot. Il nous parle de son dernier voyage chez papy et mamie au Maroc. C’est là qu’il a trouvé son petit gadget pour deux euros. Et puis l’herbe aussi ça ne coute pas cher là-bas. Ca lui plait bien le Maroc. Au final il est bien sympa. Le paysage est magnifique, on traverse des collines avec des cyprès des petite vignes, dans la lumière de fin de journée. On avance, on avance. Il nous dépose à Carcassonne.
Et pour finir, jusqu’à Toulouse on se fait prendre par un chouette couple, la quarantaine. Il font du rangement dans l’Espace pour nous faire de la place. Ils reviennent d’une semaine de rando dans les pays Cathare. Ils ont 4 enfants, mais ils se sont pris une semaine juste tous les deux, pour souffler. Ce sont des baroudeurs. Ils commencent à parler de la Mauritanie. Ils y ont vécu 2 ans avec les enfants. Le mari travaille comme géologue pour les compagnies minières. Ils racontent leur vie là-bas, les balades en 4x4 dans les dunes, les excursions au bord de la mer sur les plages désertes, les températures à 50°C. Ils disent qu’on s’habitue. Par contre, un peu l’ennui car il n’y a rien là-bas. Et puis il sont vécu aussi au Congo et surtout à la Réunion, pendant 5 ans. Ca, ils ont bien aimé la Réunion. C’est une ile merveilleuse avec une nature paradisiaque et surtout une population adorable, très bigarrée, colorée, métissée et d’une gentillesse et d’une tolérance exceptionnelle. On y trouve des communautés de créoles, d’indiens, de chinois, d’européens et tous se respectent et chacun participe aux fêtes des uns et des autres. D’après leur description, ça fait un peu rêver tout ça. Mais revenons en France. Le soleil se couche et nous voici arrivés à Toulouse. Mon parrain nous attends à la sortie de l’autoroute. Timing parfait. On a réussi notre première journée de vrai stop. Pas mal ! Ca marche bien le stop finalement, on va continuer comme ça.
Après Toulouse, direction les Pyrénées. On a de la chance, mon parrain nous emmène jusqu’à Gavarnie. C’est quand même bien agréable de se faire emmener d’une seule traite, c’est moins fatigant. Quelques jours dans les montagnes, puis on redescend vers Pau, chez ma marraine. De Gavarnie à Pau on retente le stop. On se fait prendre d’abord par une femme toute joyeuse qui revient du boulot, elle est toute contente de prendre des autostoppeurs, c’est sa folie de la journée. Puis un jeune en camion nous emmène jusqu’à Lourdes. Quand je dis camion, c’est en fait un utilitaire genre Renault Traffic. Depuis quelques années il y a plein de jeunes qui s’achètent ces vieilles fourgonnettes d’occasion, qui les repeigne en blanc, aménagent une couchette et une mini cuisine à l’intérieur et qui partent en vadrouille pour faire saisons agricoles. Et généralement, vu que ce sont eux-mêmes d’ex-autostoppeurs ils nous prennent volontiers. D’ailleurs à Lourdes c’est de nouveau un jeune avec un « camion » blanc identique au premier qui nous prend et nous fait même un détour pour nous déposer chez ma marraine.
De Pau à Arcachon, d’abord une jeune femme qui se rend au travail et qui nous dit c’est génial ce qu’on fait, qu’elle voudrait bien faire pareil et qu’elle nous envie. Puis une mère et son fils qui se rendent à Bordeaux pour chercher un appart’ pour le fils néo-étudiant. Ils nous laissent à Bazas. Pour rejoindre Arcachon il nous faut maintenant traverser la foret des Landes. C’est un peu comme une traversée du désert. On attend en plein soleil au bord de cette route en ligne droite qui se perd dans l’immensité des pins. Il y a plein de monde qui passe, des baigneurs qui se rendent à l’océan, avec tout les coffres bondés de parasols et de matelas gonflables. Au final c’est un Ch’ti qui nous prend. Il est passionné de vélo et il nous raconte l’univers du cyclisme amateur. Avec ses copains, dans le Nord, chaque semaine ils se font des sorties de plusieurs centaines de kilomètres. Il a déjà fait le Paris-Roubaix mais c’était super dur avec la pluie et la boue. Et quand il vient dans les landes il adore faire ces longues lignes droites. Il nous dépose dans un petit village au milieu des Landes. Il fait vraiment chaud mais heureusement s’arrête une grosse voiture avec la clim’. Ce monsieur est tout content, il vient de rentrer de vacances en Acadie. L’Acadie, c’est au Quebec ça ? Non c’est en Acadie. C’est une région à coté du Québec où on parle aussi le français et ça a l’air bien joli aussi. Il nous dépose un peu avant Biganos, à l’entrée de l’autoroute. Et là, grosse galère. On est à 20 km de chez mes grands-parents, on y est presque mais personne ne s’arrête. Deux heures sous le cagnard. Au final on renonce. On se décide à aller à pied à la gare qui se trouve à deux km. Deux kilomètres infernaux avec nos sacs trop lourds sous le soleil. Argh, on y arrive finalement mais cette fois ça n’a pas été une partie de plaisir et heureusement qu’il y avait la gare pas trop loin.
Le stop, c’est bien mais quand ça marche…
20:47 Publié dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (6)
09/06/2009
La nature napolitaine
Il fait de plus en plus chaud, on se barricade derrière les volets pendant la journée. Dans la rue l'air devient irrespirable, les gaz d'échappement des voitures et des vieux scooters mal réglés stagnent entre les immeubles; pourtant au détour d'une ruelle il arrive souvent que l'on soit soudain enveloppé par un merveilleux parfum de fleurs, mélange de glycine, de jasmin et de fleurs d'oranger qui vient nous rappeler que c'est le printemps. Mais d'où viennent-ils ces parfums, car il n'y a pas un jardin de visible dans les environs?
Naples est en effet connue pour être une ville au tissu urbain extrêmement dense, une des plus fortes densités au monde raconte t-on. (40.000 h/km2 dans le centre ville) Cette ville qui était renommée pour sa douceur de vivre au temps des grecs et des romains, a attiré au cours de sa longue existence tous les habitants du Sud de l'Italie, chassés par l'insécurité dans les campagnes. Au Moyen-age, c'était déjà la deuxième plus grande ville d'Europe, juste après Paris. Pour contrôler son développement, sous la domination espagnole au XVIème siècle, on a émis des lois qui interdisaient les nouvelles constructions dans les faubourgs. On pensait ainsi stopper sa croissance mais la ville a continué de se développer à l'intérieur des remparts, occupant le moindre espace libre, empiétant sur la rue et construisant en hauteur. Ce qui fait que dès cette époque, on avait déjà des immeubles qui atteignaient 7 étages. Cela explique aussi que les ruelles soient si étroites et surtout qu'il n'y ait pas un seul jardin public dans centre-ville. Vous pouvez même faire des kilomètres et des kilomètres vers la périphérie, vous ne verrez que des maisons le long de route. C'est une des choses qui m'a le plus manqué dans les premiers temps, la nature. Un espace de calme où pouvoir s'échapper un instant de la frénésie de la ville.
Pourtant au printemps, ces parfums de fleurs qui s'échappaient de je ne sais où, ça a commencé à me mettre la puce à l'oreille (ou au nez si vous préférez). Et petit à petit j'ai réussi à découvrir ces petits endroits de paradis, ces oasis de nature …
Tout d'abord à l'intérieur des églises. Car de nombreuses églises dissimulent un cloître, et certains de ces cloîtres sont vraiment magnifiques. On ne s'attend pas à trouver un espace aussi grand au cœur du centre ville. Le plus connu est le cloître de Santa Chiara avec ses colonnades en céramiques bleues et jaunes, ses fontaines et ses palmiers. Mais il y en a un autre encore plus grand et beaucoup moins connu à l'intérieur de l'église de San Gregorio Armeno. Il faut y aller avant midi. Il faut sonner et une bonne sœur vient vous ouvrir. Vous quittez ainsi l'agitation de la ruelle et vous vous retrouvez dans un silence ouaté, au milieu d'un immense jardin planté d'orangers et de citronniers. Au centre trône un puits. Ce puits je le connais bien mais de dessous. En effet quand je fais la visite guidée des souterrains de Naples, on passe dessous car les sœurs de ce couvent avaient aménagé à l'intérieur de la citerne du puits un cellier pour stocker leur vin de messe…
De la même manière, de nombreuses autres églises dissimulent un cloître, plus ou moins grand. Il fût en effet une période où les églises faisaient de la spéculation et s'achetaient de vastes terrains à l'intérieur de la ville. Et il y a tellement d'églises à Naples qu'au Moyen Age, près de la moitié de l'espace appartenait aux églises pendant que les habitants s'entassaient dans l'espace restant. Par la suite, beaucoup de ces églises ont été réquisitionnées pour y installer des services de l'Etat. Par exemple, dans le magnifique cloître de San Marcellino se trouve aujourd'hui une section de l'Université dans les anciennes possessions de l'église del Gesù Nuovo on a pu installer pas moins de deux lycées
D'autres jardins se dissimulent à l'intérieur des anciens palais nobiliaires, mais ceux-là sont encore mieux cachés. Une fois, je suis entré à l'intérieur du palazzo de Venezia, à l'occasion d'une exposition. Je suis monté au premier étage, j'allais de salle en salle, et tout à coup j'ai débouché sur une terrasse au milieu d'un jardin luxuriant avec des ficus géants et un petit temple à la mode pompéienne. Et il y en a d'autres des jardins secrets comme ça que l'on entraperçoit quand les portails sont ouverts. Il faut ouvrir l'œil. J'ai même découvert un jardin public inconnu. J'avais été visiter l'église de San Giovanni a Carbonnara (rien à voir avec les pâtes) . Pour accéder à l'église il faut grimper de magnifiques escaliers en demi cercle. Et en sortant de l'église, depuis la terrasse j'ai aperçu de grands arbres sur le côté de l'église et une petite porte ouverte en bas au fond d'une ruelle sans issue. Je suis allé voir et je suis arrivé comme ça à l'intérieur d'un ravissant jardin public, assez grand même et bien tenu. J'étais effaré. Ca faisait deux ans que j'habitais dans le quartier et je ne l'avais jamais vu, moi qui cherchais désespérément un peu de nature. Il faut dire que l'entrée est bien dissimulée, sans aucune indication. Au fond du jardin, il y avait une équipe de jardiniers, tranquilles assis sur des chaises. Quand ils m'ont vu, ils m'ont salué tout contents. Ils m'ont demandé comment je trouvais leur parc, s'il était propre. Je les ai félicités pour leur travail et ils m'ont raconté qu'ils n'hésitaient pas à chasser les enfants qui s'aventuraient à vouloir venir jouer au ballon pour préserver la tranquillité du lieu. Le fait est qu'il n'y a effectivement personne dans ce parc. Au point que ma venue était un événement qui a tout de suite été remarqué. Je me suis informé et il se trouve que ce parc est totalement inconnu, même à ceux qui vivent là depuis toujours… En tout cas moi j'étais tout content d'avoir trouvé ce petit coin de nature mais quand j'y suis retourné, il était fermé. Il y avait un ruban rouge et blanc avec marqué "fermeture pour danger d'éboulement". Et à mon grand désespoir il n'a plus jamais rouvert, mais je soupçonne les jardiniers d'avoir trouvé là un moyen radical pour préserver leur tranquillité…
En cherchant bien, j'ai fini par en trouver des jardins publics mais le moins qu'on puisse dire c'est qu'on ne favorise pas leur accès. A l'intérieur du Palais Royal, il y a un très beau jardin planté de ficus géants. Mais je l'ai découvert par hasard en allant à la Bibliothèque Nationale. Le jardin se dissimule dans la deuxième cour intérieure et il est d'ailleurs aussi fermé pour cause de travaux. En contrebas, du Palais Royal il y a aussi un autre jardin mais celui est quasi inaccessible à pied, coincé entre la sortie d'un tunnel et le port. Il y règne une ambiance très particulière de déchéance entre les statues délabrées, les fontaines à sec et les chemins défoncés. C'est là que viennent dormir les clochards, certains se sont mêmes installés un campement tout confort et dans un coin du parc, une mini fête foraine illégale, toujours désespérément déserte. Bonjour l'ambiance!
Il y a quand même un parc communal (la Villa Communale) mais il est situé à l'autre bout de la ville, près de la mer c'est vrai, il est grand puisqu'il fait presque 1 km de longueur, mais, mais 50 m de large et bordé par deux grosses avenues embouteillées. C'est un peu comme un terre plein d'autoroute parsemé de statues. Il faut aimer…
Un autre jardin, vraiment magnifique cette fois, c'est le jardin Botanique. Un vrai paradis, avec ses arbres immenses de toutes les espèces. Car Naples, grâce à son climat réussit à faire pousser les espèces soit tempérées que tropicales. Et c'est une merveille. Il y a la zone des palmiers, celle des ficus géants, il y a un secteur avec des cactus aux formes les plus incroyables qui soient, une forêt de fougères où l'on à l'impression de pénétrer véritablement dans la jungle, une plantation d'agrumes avec des citrons monstrueux et des serres qui regorgent d'espèces de plantes qu'on n'imagine même pas qu'elles puissent exister, aux formes bizarres et saugrenues. Au printemps, les camélias y font un tapis de pétales roses, les orangers sont en fleurs, c'est le paradis. Mais ce jardin fait partie de l'université et il n'est donc pas ouvert au public. De temps à autre je réussis quand même à m'y faufiler en me faisant passer pour un étudiant.
Donc en y regardant de plus près on constate que cette ville regorge de trésors verts mais qu'elle les cache bien. Et ce n'est pas fini.
Si vous vous aventurez dans les quartiers de la Sanità, de Mater Dei, en levant la tête vous apercevez que derrière les immeubles il y a des versants couverts de végétation. En fait, le centre ville est entouré par des collines aux versants si abrupts qu'ils n'ont été qu'en partie urbanisés, et on trouve encore de véritables zones de campagne en plein cœur de la ville. Il y a des vallons, plantés d'orangers d'oliviers et de vignes. On y trouve même des fermes avec vue panoramique sur Naples et le Golfe, avec des paysans qui cultivent leurs champs en terrasses. Et la plupart des Napolitains ignorent qu'ils ont ces merveilles à deux pas de chez eux. Il faut dire que ces zones de campagne prennent bien soin de rester cachées derrière des murs car c'est vrai qu'à Naples, dès qu'il y a un petit espace de nature on a tendance à le transformer en décharge sauvage.
Mais moi, depuis quelques mois, j'ai la chance d'avoir accès à un de ces petits coins de paradis. C'est juste à côté de là où j'habitais l'année dernière. De la fenêtre je voyais les vergers et au printemps on sentait un incroyable parfum de fleurs de citronnier et moi je rageais de ne pouvoir y accéder. Et maintenant que j'ai déménagé, voilà que Francesco, mon colocataire, m'a présenté quelqu'un qui a un terrain juste dans cette zone. Ce qui est étonnant c'est que c'est un palestinien, qui s'est débrouillé, je ne sais pas comment, pour louer ces 2 hectares de nature en pleine ville. C'est bien caché derrière un immeuble mais quand on entre, on a la surprise de découvrir un terrain immense. C'est un versant qui a été aménagé en terrasses. Jusqu'à il y a 20 ans, c'était une exploitation agricole et tout le terrain était planté d'arbres fruitiers. Puis ça a été abandonné. Ezeldin, le Palestinien a récupéré le terrain il y a 8 ans et depuis, il essaie de le remettre en état. C'est pas facile car tout a été envahi par les ronces mais petit à petit on libère les terrasses et on retrouve les arbres fruitiers qui avaient été recouverts. Les paysans qui été là avait planté diverses variétés de manière à avoir des fruits toute l'année et une rotation dans les récoltes. De Novembre à avril, les oranges et les citrons; en mai, les nèfles; en juin-juillet, les prunes; en août, les figues et en automne, les noisettes, les noix, les kakis et les châtaignes; puis de nouveau les oranges… C'était malin comme système. Et nous sous les arbres fruitiers on fait du potager. La terre est super fertile vu que c'est une terre volcanique et avec le climat, il est possible d'avoir des récoltes toute l'année. Ce qui fait que je suis en train d'apprendre le potager à Naples. Il faut le faire quand même.
Je vais bientôt avoir mes premières tomates!
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28/05/2009
Un endroit au soleil
Après un printemps plutôt pluvieux, voilà le soleil qui s'est installé pour de bon. La température est montée d'un coup et voici désormais la ville sous le cagnard. Alors qu'il y a encore quelques semaines on allait à la recherche du moindre rayon de soleil qui réussissait à s'introduire dans les ruelles étroites, voilà maintenant qu'on fuit à tout prix la lumière du soleil. On ferme les volets dès le matin pour garder un peu de fraicheur dans la maison. Dans la rue, on marche du côté à l'ombre en bénissant ces ruelles étroites qu'on maudissait encore il y a peu pour leur manque de lumière. Les bus se transforment en saunas et on évite faire le moindre effort superflu qui nous ferait automatiquement être en nage.
Naples reprend son rythme méridional; on évite de sortir entre 11 heures et 15 heures. Le soir la ville se réveille. Le basso se répproprie la ville. Le basso c'est l'habitation typique de Naples. C'est un logement généralement composé d'une seule pièce et d'une seule ouverture, la porte. En hiver c'est un endroit sordide où les familles s'entassent autour à plusieurs générations, où n'arrive jamais le soleil et où on est sous la menace des orages qui créent en un instant des déluges dans la rue. En été tout change : on ouvre la porte, on installe les chaises dans la rue, l'étendoir pour le linge. Beaucoup se construisent eux-mêmes des petites terrasses en empiétant un morceau de la rue. Et donc le soir, toute la vie se déroule là, dans la rue. Si on se promène dans les ruelles à ce moment là on a l'impression d'être en famille; les voisins discutent entre eux, toutes les portes sont ouvertes et on voit tranquillement l'intérieur des habitations. C'est très différent de la rue toute sale, toute délabrée. A l'intérieur c'est tout propre, les murs carrelés brillent, la pièce est toute remplie de mobilier, on voit le lit au fond, la cuisine le long du mur et au centre une grande table. Dans la pièce deux éléments essentiels : d'un côté un petit autel à la Madonna avec les photos des proches récemment disparus et de l'autre côté, la télé. Enfin je dis télé, généralement il s'agit plutôt d'un maxi écran plat, presque aussi grand que le mur. Et si vous passez dans la rue vers 20h45, vous verrez toute la famille attablée devant la télé, à regarder tous la même émission : "Un Posto al Sole" (un endroit au soleil). c'est presque un rituel. L'homme a un droit inaliénable à regarder la partie de foot du dimanche après midi à la télé mais la femme le lui fait payer très cher en se réservant le droit de regarder tous les soirs "Un posto al Sole". C'est la série italienne la plus célèbre depuis 10 ans. C'est exactement la même chose que "Plus belle la Vie" en France. Pendnat que plus belle la vie se passe à Marseille notre belle ville du sud, "Un posto al Sole" se passe à Naples et c'est donc la fierté des napolitains de voir chaque soir l'Italie entière avoir les yeux tournés vers leur ville. Sauf qu'évidement la Naples d'Un posto al Sole" est très très loin de la réalité du basso. C'est l'histoire peu crédible des habitants d'une résidence chateau qui se trouve à Posilippo, le quartier super riche de la ville, en périphérie. Dans cette magnifique résidence au bord de la mer vivent : une chanteuse, un médecin, un riche homme d'affaire, un concierge, un policier, un photographe, une femme de ménage, un retraité et un garagiste. Je m'émerveille toujours devant ce garagiste habitant dans cette résidence somptueuse et qu'on ne voit jamais taché d'une seule tâche de cambouis. Et le fils du riche homme d'affaire qui a été tué dans l'explosion de son bateau, au grand désespoir des téléspectateurs, mais qui est heureusement réapparu au bout de quelques mois. En fait il avait échoué sur une île du Golfe de Naples et recueilli par un vieux pêcheur. Histoire très crédible sachant que les 3 îles du port de Naples sont couvertes de résidences secondaires et vous avez plus de chance d'y trouver un riche industriel dans sa piscine plutôt qu'un vieux pêcheur.. Et donc tous les soirs les napolitains rêvent devant les aventures de ces autres napolitains, très très loin de leur réalité.
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11/05/2009
les étudiants
On me demande souvent si je suis étudiant. Non je ne suis plus étudiant, je n'ai même jamais étudié à Naples et heureusement. Parce qu'à étudier à Naples, beaucoup s'y sont perdus. A commencer par mon colocataire actuel Francesco. Il est inscrit en maîtrise depuis le siècle dernier, depuis le lointain 1999. Il n'est pas le seul loin de là. On rencontre énormément d'étudiant qui passés la trentaine sont encore à se débattre dans la fin de leurs études. La maîtrise dure normalement 4 ans et se conclue par un mémoire à rédiger. Mais il paraît qu'il humainement impossible de la finir en 4 ans. Aucun étudiant normalement constitué n'y est jamais arrivé. En voici une des raisons : les examens se font quand on veut. On suit les cours pendant un semestre, puis quand on pense qu'on est prêt on s'inscrit à l'examen. Et évidemment on ne se sent jamais assez prêt et on repousse sans cesse la date de l'examen. Deuxième raison : si on n'est pas satisfait de sa note on peut la refuser et repasser l'examen plus tard.
Troisième raison : les examens sont notés sur trente et est considère seulement comme une bonne note le 30/30, ou au pire 29/30. (en vérité on a vu des élèves accepter un 24/30 mais c'est vraiment en désespoir de cause, quand il veulent en finir après avoir retenter l'examen de longues années…) Imaginez en France le pauvre étudiant qui n'aurait de cesse de repasser ses examens tant qu'il n'aurait pas atteint le 20/20… Autrement dit, "mission impossible" ou au moins très difficile...
C'est pourquoi l'étudiant sérieux se consacre généralement à un examen à la fois. Réviser l'examen veut dire se procurer la photocopie du livre indiqué par le professeur. On le trouve facilement dans les nombreuses boutiques de photocopies en face des universités. Même si de temps en temps la police y fait une descente et séquestre quelques piles d'exemplaires photocopiés car il s'agit tout de même de copies illégales, livres entièrement en centaine d'exemplaire photocopiés sans droits d'auteurs. Quand l'étudiant s'est procuré le livre photocopié, il le lit une première fois en surlignant au marqueur les points important, puis il ne lui reste plus qu'à apprendre par cœur. Puis quand il s'estime prêt, mais alors bien prêt, il va voir le professeur qui lui indique une session (il y en généralement une quasi tous les mois). Le jour d'examen, tous les étudiants qui ont choisi cette session se retrouvent devant la porte de la salle vers 10 heures. Ils rentrent tous ensemble et s'assoient. Puis le professeur les appelle un par un et l'examen se déroule à l'oral devant tout le monde. S'il y a du monde, les derniers de la liste sortent vers 18 heures. Il arrive également qu'un professeur oublie de venir à l'examen, laissant tout le monde en plan à attendre, ou fixe par erreur la date de l'examen un dimanche. Ou bien donne le rendez-vous dans une salle inconnue ou qui n'existe pas.
Généralement les premières années on est motivé, on passe plusieurs examens dans l'année, puis au fur et à mesure, on ne va plus à l'université car on a déjà suivi tous les cours et il ne reste plus que les examens à passer. On commence à perdre le rythme, souvent on fait un petit boulot à côté pour pouvoir se maintenir ce qui éloigne de plus en plus du monde des études. Et si on finit la longue série d'examen, il reste encore le mémoire à rédiger, et beaucoup ont renoncé après des années d'effort devant cette ultime épreuve qu'ils ne savent pas par quel bout prendre puisque jusqu'à maintenant il n'avait fait qu'apprendre par cœur et voilà qu'au final on leur demande de penser par eux-même ce qui a de quoi déboussoler, il est vrai.
Ce qui explique que Naples soit remplie d'une foule d'étudiants longue durée qui n'en finissent plus d'étudier. Mais certains ont déjà renoncé dès le début, comme mes colocataires de mon logement précédent : Maria, Elena et, en particulier, Beppe. Beppe se lève tous les jours ponctuel : à 14 h précises. Il se traîne avec fatigue sur le canapé devant la télé, juste à l'heure pour les Simpsons. Il est rejoint peu à peu par les autres collocs et tout le monde reste là jusqu'à 15 h 30, fin de l'épisode de Dragon Ball Z. Entre temps on pense à se cuisiner des pâtes. Puis y'a les copains qui passent. S'il n'y a rien à la télé et qu'on a vraiment rien à faire, on va faire un tour à la fac voir ce qui se passe. Mais souvent trop tard pour les derniers cours. Et c'est déjà la fin de la journée. La soirée se passera dans la rue, de place en place, à faire le tour des différents groupes d'étudiants. La localisation de ces groupes change régulièrement mais voici la situation actuelle. Premier point du circuit : le Perditempo (perds ton temps…) le nom est déjà tout un programme. C'est un endroit minuscule, mais toujours bondé car visiblement le programme annoncé plaît. Il est situé à deux pas de la Place Bellini, le fameux Petit Montmartre de Naples, qui a gagné son surnom grâce à la présence de deux cafés littéraires et à l'imagination des Napolitains. Ensuite l'étudiant ne passe pas par la place Dante qui est plutôt réservée aux lycéens mais descend plutôt vers la place del Gesù Nuovo. A l'origine, on trouvait là tous les alternatifs, rastas, punks à chiens car on y trouve le SKA, qui est un bâtiment squatté qui est devenu un laboratoire social alternatif. Et tous ces gens se retrouvent là avec une drôle d'ambiance dans l'air comme si tout le monde attendait la révolution, une révolution n'importe laquelle, mais qui ne vient pas… Et donc en attendant, on boit, on fume, et des fois on fait un peu de musique. Mais à Naples quand il y a une mode, tout le monde la suit en masse ce qui fait que maintenant l'endroit est bondé et fréquenté par tous les gens les moins alternatifs possible, avec scooters, vêtements à la mode. Désormais, surtout le samedi soir, a plus grande partie de la place se transforme en parking sauvage et s'installent même les stands de boissons ou de bonbons et cacahuètes… C'est pourquoi l'étudiant préfère continuer son chemin. Il passe à côté de la place Santa Maria la Nuova. Il y a moins de deux ans c'était le centre névralgique de la vie étudiante nocturne, mais elle est aujourd'hui complètement déserte et le centre névralgique s'est déplacé un peu plus loin devant le Kesté. "Kestè" en napolitain veut dire "ça c'est " ou pour être plus claire "voilà la situation". Encore une fois, tout un programme. Et en effet, la situation est que tous les étudiants arrivent sur la placette devant le kesté et ne peuvent que constater que effectivement telle est la situation… Tout le monde est là à faire beaucoup de bruit mais à ne pas faire grand chose, l'animation consistant en l'arrivée d'un nouveau groupe d'amis, ou alors, plus intéressant, en l'apparition à sa fenêtre d'un des habitants des immeubles qui bordent la place. Ils commence par crier et gesticuler devant les visages amusés des étudiants, puis disparaît et reparaît soudain avec un gros sceau d'eau qu'il balance de sa fenêtre. Avec un peu de chance, il réussit à asperger quelques étudiants. Il referme sa fenêtre en marmonnant et voilà un nouveau sujet de conversation pour tout le monde…
Mais les étudiants sont tout de même des étudiants, et pour avoir bonne conscience avant de finir la soirée il vont faire un tour devant l'Université, place San Domenico Maggiore. Généralement, ce bâtiment de l'Université Orientale est toujours plus ou moins occupé par des étudiants en grève et il s'y passe toujours un petit quelque chose : projection de film, fête improvisée, ou un départ pour une manif nocturne. Si, si, vous avez bien lu, une manif de nuit. On part vers minuit et on fait le tour du centre ville en criant des slogans rebelles et en chantant "Berlusconi Voleur"… Puis l'étudiant s'en retourne chez lui, vers 4 - 5 heures du matin, épuisé par sa longue journée. Mon fameux colloc' Beppe n'avait souvent même pas al force de grimper les escaliers pour arriver dans sa chambre et souvent réussissait à peine à se traîner sur le canapé et à s'endormir devant la télé allumée, prêt pour une nouvelle journée d'étudiant…
Mais je dis ça il ne faut quand même pas exagérer, il y en quand même qui y arrivent à finir leurs études. Par exemple, dans mon logement d'encore avant, il y avait Fabrizio. Fabrizio, comme la grande majorité des étudiants de Naples, n'est pas napolitain. Lui il vient de Minturno, un village qui se trouve dans le Latium, à la limite de la Campanie. Comme tous les étudiants non-napolitains, tous les dimanche soir quand il rentre de chez lui, il arrive avec tous les bons produits de sa campagne ( huile d'olive, conserve de tomates, œufs) et tous les bons petits plats que lui a préparé sa maman pour la semaine. Fabrizio, habitué au calme de son village n'aime cette ville avec son vacarme incessant et ne manque pas une occasion de dire qu'il déteste Naples. A noter qu'à part pour aller à l'université à 200 m. Fabrizio ne met jamais un pied en ville. Pas le temps pour visiter la ville que part conséquent il ne connaît pas. Il doit étudier et il ne veut pas perdre de temps car il veut quitter cette ville de fous au plus vite; pour cela il un emploi du temps précis, un menu précis qui se répète chaque semaine (lundi : boulettes de viande sauce tomate, mardi : côtelette sauce tomate, etc…). Deux fois par semaine il va à la salle de musculation, car on sait pour quelle raison, Fabrizio doit se muscler. Et ainsi passe la vie d'étudiant de Fabrizio, triste à mourir, dans la hâte de retourner dans son village, plein de préjugés sur Naples qu'il n'aura même pas pris la peine de découvrir.
Et donc voilà pourquoi je suis bien content de ne pas avoir fait mes études à Naples. Mais il semble que ce modèle d'études sans fin soit en train de disparaître car une réforme a fini par transformer le vieux système pour l'adapter au système européen. Le cycle d'étude dure maintenant trois ans et il y a des pénalités si on met plus de temps à finir. Mais en attendant, tous les étudiants qui ont commencé leurs études avant la réforme gardent le vieux système ce qui fait que tous ces étudiants trentenaires ont encore de longues années tranquilles devant eux…
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30/04/2009
Notre-Dame des Poules
Des madones autour du Vésuve, il n'y en a pas une mais sept! Sept madones qui se fêtent les unes après les autres avec chacune sa spécialité. Par exemple une semaine après la Madonna dell'Arco, je suis allé à Pagani fêter la Madonna delle Galline (Notre-Dame des Poules) Elle aussi elle a son petit miracle. Au seizième siècle, un fermier avait laissé ses poules en liberté dans un champ et alors qu'elle grattait le sol à la recherche de grains oubliés ou de petits vers, une des poules aurait découvert des soins d'un tableau. Une fois déterré le tableau on s'aperçut qu'il s'agissait d'un tableau de la Vierge Marie, précisément celui du village d'à côté qui avait été emporté lors d'une coulée de boue quelques années auparavant. Miracle! Toute cette scène se passait une semaine après Pâques c'est pourquoi depuis cette date, à cette époque précise de l'année, on fête Notre Dame des Poules. Et c'est vraiment une belle fête. Dans les cours des maisons, les habitants installent des scènes champêtres avec de la paille, des branches de citronniers avec leurs citrons, des outils agricoles et des corbeilles de fruit set légumes de saison, ainsi que les instruments de musique de la tammuriata (le tambourin, les castagnettes et d'autres instruments bizarres typiques de la région que Jérôme connaît bien puisque à chaque Noël je lui en offre un. Et au centre de la scène trône l'image de la Vierge Marie avec en dessous quelques belles poules bien grasses se baladent tranquilles au pied de leur maîtresse. Ces scènes s'appellent des "toselli" et chacun rivalise d'imagination pour faire le plus beau du village. Et le plus beau dans tout ça c'est que les habitants installent leur cuisine à côté et offrent à manger et à boire à tout le monde. Au début on a du mal à y croire, mais si! Les pâtes à la bolognaise, les saucisses, les artichauts, mangez mangez, c'est gratuit, c'est pour tout le monde!! La tradition veut que ceux qui font les toselli sont des hommes qui ont péché (qui ont fait des bêtises quoi) et pour se racheter ils ont décidé de se dédier à la Notre Dame des Poules, et pour leur montrer leur amour il lui construise le plus beau tosello qui soit. Et c'est vrai qu'il y en a qui sont impressionnants. Certains sont sous terre, on descend dans un petit tunnel et on se retrouve comme dans une crèche napolitaine mais grandeur nature, avec une simulation d'une ferme du siècle passé. D'autres tendent de grandes étoffes dorées dans leur garage, écrivent des poèmes, créent de véritables autels, même le club des anciens fait son tosello. Et en plus de ça et de la nourriture gratuite, c'est que tout le village est en fête et partout on chante et dans la tammuriata. La Tammuriata, c'est la musique traditionnelle de la zone de Naples et ça se chante avec la tammura (le tambourin). Cela se joue sur un rythme assez lent et saccadé et les danseurs s'accompagnent avec les castagnettes. Et en l'hommeur de Notre Dame des Poules. Tout le monde, ainsi alors tout le monde a sorti sa tammora et ses castagnettes, petits et grands, les enfants comme les plus vieux, garçons ou filles, tout le monde a les castagnettes en main. Le plus étonnant c'est de voir tous ces ados habillés à la mode, qui discutent bruyamment en bande comme à leur habitude, mais tous avec leurs castagnettes à la main. Et des groupes se forment ça et là autour d'un joueur de tammora et tout le monde se met à danser. Tout ça dans une ambiance bon enfant. Les enfants se faufilent entre les gens avec un petit objet d'où pend une ficelle et qui imite le caquètement de la poule. La poule est vraiment à l'honneur ici. De temps en temps passe une procession avec la statue de la Madonna delle galline avec des poules bien vivantes qui restent au pied de la statue, comme enchantées. Et les gens continuent de danser, on se perd dans le village, on découvre par hasard de nouvelles cours avec des toselli et d'autres gens rassemblés qui dansent et rient.
Ca semble quand même assez peu religieux cette fête et pour cause. Derrière ce culte catholique rendu à Notre Dame des Poules se cache en fait des traditions beaucoup plus antiques et totalement païennes. Ce culte remonterait en fait à l'époque grèque, au cinquième siècle avant JC et cette célébration serait en fait en l'honneur de Demeter, la déesse de l'agriculture. Toutes ces fêtes qui se déroulent au début du printemps en l'honneur des Madonnes sont en fait des réminiscences des anciens cultes grecs pour célébrer le réveil de la nature. Jusqu'au rythme de la tammora qui s'inspire du rythme primordial qui était pratiqué pendant ces cérémonies. Et l'Eglise, qui n'arrivait pas à interdire ces fêtes païennes a préféré les assimiler en les transformant en fêtes chrétiennes. C'est un peu la même chose pour Noêl qui a pris la place de la fête du solstice d'hiver et de pâques qui a pris la place de la fête du printemps. En tout cas ça fait de belles fêtes. Il y a 7 madones donc après la madonna dell'Arco et la madonna delle galline il en reste encore 5. Ce week end par exemple on fête la madonna del Castello. Mais là ça va être plus dur. Il s'agit d'un pèlerinage en haut du Mont Somma, sur les pentes du Vésuve. Il faut monter les 1000 m de dénivelé à pied et c'est en haut qu'on fait la fête et qu'on danse. Avec départ à l'aube et retour au crépuscule. Faut voir…
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14/04/2009
La Madonna dell'Arco
Après Pâques, c'est le lundi de Pâques! Et le lundi de Pâques, tout le monde part à la campagne ou à la mer ou dans n'importe quel petit endroit de nature pour faire le pique nique. Ca je l'avais découvert quand je suis arrivé en Italie pour faire le volontaire à Paestum. On s'occupait d'une petite pinède au bord de la plage. C'était un endroit tout tranquille mais ce jour là on avait vu débarquer des hordes de familles napolitaines joyeuses et bruyantes avec leurs kilos de provisions et s'installer par centaine dans le malheureux petit bois. Et repartir en laissant derrière eux des montagnes de déchets éparpillés un peu partout. Vive l'excursion en nature! Ces hordes de pique-niqueurs sont tellement dévastatrices que l'unique grand parc de Naples, le parc de Capodimonte est justement fermé ce jour là, pour éviter le désastre… Il leur faut donc aller faire le pique nique plus loin et c'est comme ça qu'ils se retrouvent à Paestum.
Mais cette année j'ai découvert qu'il n'y a pas que le pique nique le lundi de Pâques. Il y a aussi le pèlerinage de la Madonna dell'Arco. J'ai découvert tout un pan de la tradition napolitaine. En effet, régulièrement dans la rue, souvent le dimanche matin, on voit passer des fanfares accompagnées de gens tout de blanc vêtus qui portent d'immenses drapeaux représentant la vierge. Ces drapeaux sont fixés à une ceinture sur la taille et ils font osciller ces bannières au son de la musique. Parfois le groupe trimballe même une énorme structure de bois et papier-mâché, toujours représentant la vierge et portée par une équipe de 8 costauds. Et autour du groupe il y a des enfants avec des sacoches qui vont solliciter les offrandes des passants. Je m'étais habitué à voir passer ces groupes arpenter le quartier le dimanche matin, parfois on en voyait même deux ou trois se suivre ou se croiser. Je pensais que c'était pour récupérer de l'argent pour leur association culturelle. Et bien non! C'est pour le pèlerinage de la Madonna dell'Arco. Et le pèlerinage c'est le lundi de Pâques.
Mais qui est cette Madonna dell'Arco, cette "Vierge de l'Arche"? Et de quelle arche s'agit-il. Remontons dans le temps. Nous sommes en 1450. A cette époque le Lundi de Pâques, les napolitains avaient déjà l'habitude d'aller passer la journée à la campagne alentour pour faire le pique nique et se détendre. Ils allaient par exemple dans les vergers au pied du Vésuve, vers Sant'Anastasia. Là se trouvait les ruines d'un ancien aqueduc romain et sous une de ses arches se trouvait une vieille peinture dédiée à la vierge. Près de là, se trouvait un groupe de jeunes gens qui jouait à "pallamaglia", un genre de jeu de croquet avec des balles en bois et des maillets; le but était d'envoyer la balle le plus loin possible. Un des jeunes prépare son coup avec soin, il tape la balle de toutes ses forces, son lancer va sûrement dépasser tous les autres . Mais Bing! En plein dans la Vierge. Il a mal visé et son tir a buté en plein sur l'arche avec l'icône de la Vierge. Du coup le jeune s'énerve contre cette peinture qui lui a bloqué son magnifique tir. Et là, miracle!!, la joue de la vierge qui a reçu la balle, se met à saigner… Les gens alentour accourent en criant au miracle et ils se jettent sur le jeune qui a osé et lancer sa balle sur le visage de la sainte vierge, et l'insulter; ils l'auraient massacré si n'était arrivé le comte de Sarno, justicier de la zone. Il libéra le jeune de la foule en furie, s'enquit des faits, et devant l'horreur du méfait (une balle contre une peinture), le condamna à la pendaison! Pour la joie de tout le monde, sauf du pauvre jeune homme en évidemment.. Quoi qu'il en soit, les gens, à la nouvelles du miracle de la joue qui saigne, accoururent par centaines. Et voilà comment naquit le pèlerinage.
Et ça ne s'arrête pas là!! Nous voici un siècle plus tard, en 1589. Le pèlerinage est désormais devenu un grand événement, chaque lundi de Pâques les gens viennent en nombre pour prier la Madonna miraculeuse. Et voici Aurelia del Prete qui vient remercier la Madonna pour la guérison de son mari qui avait une maladie aux yeux. Comme c'est la tradition, elle a apporté avec elle un ex-voto qui représente la partie soignée, c'est à dire les yeux. Elle a aussi un porcelet qu'elle a acheté à la foire qui désormais se tient en même temps que le pèlerinage pour profiter de cet afflux soudain de population. Mais il y a beaucoup de monde qui fait la queue pour voir la Madonna et dans la confusion son porcelet s'échappe entre les jambes de la foule. De rage elle jette à terre son ex-voto et le piétine en maudissant la vierge. Son mari la prie de se calmer, d'arrêter ces maudits pieds qui piétine le saint visage et lui prédit la perte de ses pieds. Et… Miracle!! Un an après le jour du Vendredi Saint, la femme piétineuse perd ses pieds qui se détachent sans douleur et sans une goutte de sang. D'abord un pied et le lendemain l'autre… Et du coup, avec ce nouveau miracle, de nouveaux pèlerins accourent. Le miracle a un tel succès que l'on construit une nouvelle église où on expose les pieds de la malheureuse. Et ce pèlerinage a finit par devenir le plus célèbre de la région de Naples et est devenu une véritable tradition. Dans chaque quartier de Naples il y a des associations pour la Madonna dell'Arco. Tout un rituel s'est formé autour de ce pèlerinage. Durant les mois qui précèdent, on construit un genre de char avec l'effigie de la Madonna, les jeunes s'exercent à porter la bannière et à la faire onduler en rythme, on recueille de l'argent pour la Madonna. Le jour du pèlerinage tous ces groupes partent très tôt de Naples et se rendent à pied à Madonna dell'Arco qui se trouve à une dizaine de kilomètres. Certains vont pieds nus, beaucoup en chaussettes. Arrivés devant l'église il y a un monde incroyable. Il y a des centaine de mètre de queue pour entrer dans l'église, on voit cette multitude d'étendards, de drapeaux qui patiente. Ils ont agrafés sur les drapeaux l'argent recueilli pour la Madonna et on peut voir sur certains une belle collection de billets de 100 et 50 euros. Il y a le concours à qui a construit le plus gros char. Les porteurs font danser ces énormes structures au son de la musique. Certains sont assez kitsch avec la représentation d'une grotte et d'un gazon fleuri au centre duquel se trouve la vierge, ou même la figure du pape au milieu d'une multitude de saints. Mais ce char était tellement gros qu'il ne sont pas réussis à le faire rentrer dans l'église. Quand enfin les pèlerins arrivent au seuil de l'église, ils s'agenouillent et font la dernière partie à genoux. Certains chantent, font un ode à la vierge, d'autres pleurent, c'est un moment de forte émotion. Il y a une file de volontaires de la Croix Rouge au cas où certains s'évanouissent ou entrent en transe. Et autour de ça, c'est la foire! Il y a les stands de bonbons, de bibelots, de vêtements, il y a à manger, il y a pleins de vendeurs ambulants de tout et n'importe quoi. Sur la place devant l'église, il y en a qui dansent les tammuriate, les danses traditionnelles au son du tambour, dans une ambiance joyeuse, très diverse de la ferveur patiente des pèlerins qui font la queue un peu plus loin pour entrer dans l'église. Et derrière l'église, il y a "Arcolandia"! Le parc d'attraction de la Madonna dell'Arco!! Avec des manège et des montagnes russes… Bref, c'est très éclectique mais ça plait vu le monde.
Et si vous en voulez encore, il y a des publicités un peu partout pour un autre pèlerinage : le 17 mai, allez donc voir Mamma Natuzza Evolo! Elle vous attend, si si! En plus c'est un pèlerinage low cost , seulement 50 euros ( 50% payables à la réservation et ATTENTION, l'avance ne sera en aucun cas rembourséee!) C'est à Vibo Valentia en Calabre. Mammà Natuzza est "la plus grande et charismatique personnalité mystique vivante" Elle est surnomée "la radio qui transmet depuis la dimension de l'éternel". C'est une dame simple de maintenant 85 ans mais qui a la particularité de communiquer avec un ange gardien qui a l'apparence d'un enfant de 8 ans et de temps en temps elle à des sueurs mystérieuses et des stigmates qui se transforment en hémigraphie. J'explique pour les incultes qui ne savent pas ce que sont les hémigraphies. Si vous appliquez un mouchoir blanc sur Mamma Natuzza quand elle a ses sueurs de sang , vous avez des textes de prières en diverses langues qui s'impriment avec le sang. Mais ça dépend des fois ce sont des portraits de la vierge.. Je sens qu'il y a des sceptiques parmi vous mais pourtant je n'invente rien. Toutes ces informations proviennent du site officiel www.fondazionenatuzza.it
Et je pourrais vous parler du très célèbre Padre Pio. Si vous venez à Naples vous verrez son effigie partout. Il est mort dans les années soixante et lui aussi il avait des stigmates. Il a fait quelques miracles mais tout le monde s'accorde pour dire que son miracle le plus grand c'est d'avoir suscité un pèlerinage énorme (le plus grand d'Italie) dans le village où il a vécu, San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles. Grâce à l'afflux constant de pèlerins du monde entier, le village est devenu en quelques décennies le plus riche de toute la région…
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