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18/08/2017

Le bapteme des voitures a Copacabana

C'est parti pour la Bolivie!

Dans le bus de nuit, on dort moyen, il y a un groupe de jeunes rappeurs danois qui chantonne toute la nuit. Au petit matin, escale a Puno. Dans la lumiere du petit, on apercoit les rives du lac Titicaca, immense, avec les reliefs derriere. La route longe le lac. Au fur et a mesure que le jour se leve, on se retrouve dans un paysage tout pele, de grandes collines arrondies recouvertes de prairies jaunies, quelques maisons en terre crue ou en brique et les rives du lac couverte de roseau. On ne voit pas l'extremite du lac. On somnole, berce per le rythme de la route. 

Au bout de quelques heures, le bus ralenti, embouteillage au milieu de nulle part. C'est la frontiere. Il y a beaucoup de monde et une sacree confusion. C'est une toute petite route, avec quelques habitations. Les voitures, bus, camions se faufilent dans tous les sens entre les maisons. Notre chauffeur essaie de feinter en prenant un chemin de terre qui contourne la route. Mais il n'est pas le seul a avoir eu l'idee et il y a des vehicules qui arrivent dans l'autre sens finissant par bloquer completement le passage.  Le chauffeur nous dit d'aller jusqu'au poste frontiere a pied, pour remplir les formalites le temps que ca se degage. On sort en laissant nos sacs dans le bus, sans trop comprendre comment il va faire pour se sortir de la. Il y a un monde fou, c'est dingue. En fait on est le 5 aout, c'est la fete de la Vierge, le grand jour du bapteme de voiture. Les Peruviens affluent de toutes parts pour faire benir leur vehicule cheri. On apprend que c'est le pire jour pour passer la frontiere!

On passe la douane peruvienne. Toujours pas de bus. On finit par nous dire de retourner chercher notre sac dans le bus, puis on passe a pied la frontiere, jusqu'a la douane bolivienne. Il y a du monde partout, les gens se baladent tranquillement de part et d'autre de la frontiere. 

Ca y est on est en Bolivie! Et le bus est toujours coince. Au bout d'une heure, une dame de la compagnie vient nous dire qu'on va finir le trajet en microbus, il y en a une multitude qui attendent cote bolivien. Tout l'equipage du grand bus se serre dans 3 minibus, les sacs accroches sur le toit. Et 10 minutes apres, c'est l'arrivee a Copacabana!

 

La, vous devez peut etre vous dire : Mais Copacabana, c'est pas cette plage super celebre de Rio de Janeiro, au Bresil?  Si, mais c'est avant tout cette petite localite de Bolivie ou se trouve le sanctuaire de la Vierge de Copacabana, veneree dans toute l'Amerique du Sud. La plage de Rio aurait pris ce nom suite au naufrage d'un pretre qui aurait promis a la Vierge de Copacabana de lui consacrer une eglise s'il en rechappait. 

 

En tout cas, cette vierge de Copacabana, je peux vous assurer qu'elle est veneree. On depose les sacs dans un hotel et on se balade dans la petite ville. Elle est situee sur une plage au bord de l'immense lac, au pied d'un promontoire en pain de sucre, un peu comme a Rio justement. La ville est transformee en gigantesque foire.  Une grande eglise blanche en style mauresque est entouree par un grand marche. Les pelerins affluent dans l'eglise, chacun avec son bouquet de fleurs achete aux stands juste avant. Une procession avec une statue de la Vierge portee par 6 fideles essaie de rentrer dans l'eglise mais la porte est trop basse et la statue ne rentre pas. Il faut poser la statue a terre et la pousser. A l'interier le choeur de l'eglise est couvert de fleurs. Une serie de tableaux dans une chapelle laterale explique que c'est un descendant d'inca qui a realise la statue de la Vierge, qu'au debut il avait fair une statue en argile toute moche, personne en voulait alors il a ete se former dans une ville du Perou et la il est revenu avec une super statue en pierre qu'il a du se trimbaler sur le dos jusqu'a Copacabana, et la tout le monde etait trop content, et il y a eu des miracles, et voila pourquoi la Vierge de Copacabana est super reputee. (bonne histoire pour convertir les indigenes en meme temps : regaredez, c'est un inca qui a fait la statue...)

 

On sort de l'eglise et on descend vers la plage. Embouteillage monstre : on dirait que toutes les voitures de la ville veulent aller vers la plage, et pour cause, c'est la qu'a lieu le bapteme! Le chemin le long de la plage est entierement couvert de voitures et minibus, gares de part et d'autres et couverts de guirlandes. Chaque famille a decore sa voiture : des guirlandes avec une cocarde aux couleurs de la Bolivie (rouge, jaune , vert), le capot est ouvert et le moteur est egalement decore, et enfin sur le toit, curieusement, un chapeau haut de forme, attache avec du scotch, lui aussi aux couleurs d ela bolivie avec une petite image de la Vierge. Les familles attendent devant leur voiture qu'un pretre arrive. Il y en a plusieurs qui deambulent sur la plage en toge blanche, casquette et lunettes de soleil sur la tete (pour leur defense, les oleil tape fort en altitude...) Ils sont munis d'un grand seau d'eau (benite) et d'une espece de balai a chiotte. Quand ils arrivent devant une voiture, toute la famille se met en arc de cercle devant le capot ouvert et la ceremonie commence. Le pretre au milieu, marmonne quelques prieres puis se met a asperger le moteur. Puis on ouvre les portes et il asperge le volant, les sieges. Le conducteur insiste pour qu'il asperge egalement les sieges arriere, le coffre, les roues, puis le pretre asperge chaque membre de la famille et meme quelques passants en prime.. On finit par ouvrir une grosse bouteille de biere pour benir d'une maniere moins homologuee la voiture pendant que le pretre recoit son petit billet. Tout le monde est content, ensuite on trinque en n'oubliant pas de verser un peu d'alcool a terre entre chaque gorgee pour la Pachamama et on lance des confettis sur la voiture. Un chamane se presente ensuite avec une espece de petite casserole remplie de charbons fumants et propose de benir egalement a la maniere traditionelle. La plupart acceptent mais certains les repoussent d'un air hautain : un peu de serieux quand meme...

 

Entre les voitures, plein de stands qui vendent le matos a bapteme : guirlandes, chapeau, confettis, mais aussi de petites maquettes de maison ou des fausse liasses de billet que l'on place sur le moteur de la voiture, comme ca quand le pretre fait sa benediction, c'est beni en meme temps. Malin, non?

La plupart des familles ont installe des bancs devant leur voiture et s'installent la, pretes a passer la soiree et la nuit ici, pour feter ca en famille. Certains ont installe des tentes derriere pour faire la cuisine. Sur la plage, il y a de quoi s'occuper. Quelqu'un a installe une dizaine de babyfoots, d'autres des petits chevalets pour que les enfants puissent peintre. Mais c'est sur l'eau qu'il y a le plus d'animation. Etrangement, des chollas, les femmes en costumes traditionnel, louent des pedalos en forme de cygne.. Et ca marche ! Il y en au moins une trentaine loues par des familles qui font des tours dans l'eau pres de la plage. Alors on ne resiste pas, on en loue un nous aussi, il n'y a pas de raison qu'on ne s'amuse pas aussi. Sur l'eau on croise egalement d'etranges boudins gonflables transparents avec des enfants a l'interieur qui sautent dans tous les sens, le tout tracte par un bateau a moteur. Il y a aussi des jetskis qui passent a fond entre les pedalos en faisant de gros remous. On s'eloigne un peu de la rive. L'eau du titicaca est transparente. On voit les collines qui bordent le lac qui disparaissent vers l'horizon. Depuis le lac, la vue sur Copacabana est tres belle, avec les couleur sdu couchant qui commencent a colorer les petites montagnes autour. Sur le pic qui domine la ville, au bord de l'eau, on voit qu'il y a plein de monde qui grimpe le chemin. La haut aussi, c'est la fete! On apercoit aussi des stands et des lumieres...

 

Retour sur la plage, et on se dirige nous aussi vers le pic pour voir le coucher de soleil d ela haut. On traverse une partie de la ville, toujours encombree de stands et on commence l'ascension. La rue qui mene au debut des escaliers est bordee de boutiques temporaires, de cuisines ambulantes, toujours du matos pour bapteme a voiture, des portaits de la vierge, des bibelots, ... Il y a vraiment de tout, comme ces stands on on propose en direct de vous realiser un faux dipome, un large choix est expose sur une table, a vous de choisir : avocat, professeur, medecin, etc.. vous pouvez meme choisir l'universite.. Un peu plus haut, c'est des stands de boissons, de bougies et de foetus de lama... Le foetus de lama est un element essentiel des rites andins. Dit comme ca, ca fait un peu crade, mais en fait ils sont seches et c'est des foetus de quelques mois, deja recouvert de laine, du coup ca ressemble plus a de grosses peluches...

 

On arrive peniblement a un petit col. Il y en fait deux pics. A gauche le pic du soleil, et a droite, plus petit, le pic de la Lune, comme il se doit... Du haut du col, on revoit le lac de l'autre cote. La vue est trop belle, avec les montagnes qui plongent directement dans la mer, on se croirait sur la cote d'Azur, mais sans les villas. On croirait vraiment etre au bord de la mer. Au niveau du col, sur un petit espace plat face au lac, regne un melange de ferveur et d'agitation. De nombreuses familles sont regroupes devant des petits rectangles de 1m sur 2, delimite par des pierre et de cailloux. Chaque famille a realise son petit enclos et l'a rempli avec des fleurs, bougies, a fait des dessins avec des cailloux. Ceux qui ont fini sont accompagne par un chamane et sa cassrolette de charbons fumants qui fait des chants melants prieres chretiennes et indigenes...

 

Le solei est maintenant couche mais on choisit de continuer vers le pic du Soleil. Ca devient tres raides, c'est un tres viel escalier avec de grosses pierres defoncees qui serpente entre les quelques arbres qui couvrent le pic. La montee est d'autant plus difficile que l'altitude (on est a pres de 4000m) fait qu'on s'essouffle tres vite. On doit s'arreter tous les 10 metres. On sent la ferveur qui monte au fur et a mesure qu'on s'eleve. Malgre la nuit, il y a toujours beaucoup de monde, des familles avec leurs petits enfants, des anciens qui montent lentement, marche apres marche, et toujours des vendeurs ambulants qui ont installe leur stand coince entre les rochers. Si on y pense, ils ont du merite, car leur marchandise, il a fallu qu'ils la monte jusqu'ici. Mais ils sont malins, ilssavent de quoi on a besoin : certains vendent des boissons chaudes, d'autres des petites lampes de poche, ca tombe bien, avec la nuit qui commemce...

 

Ca monte toujours. Le sentier est d eplus en plus etroit, il y a monde fou. Sur la droite de l'escalier, une file s'est formee. Mais on est encore loin du sommet. S'il faut faire la queue, ce n'est pas la peine, on ne vas pas rester a attendre dans la nuit. Mais on voit que c'est seulement une partie des egns qui fait la queue, d'autres continuent a cote sans que cela provoque de protestations. Ils doivent faire la queue pour quelque chose de particulier. On continue donc la montee, longeant la file. On ne voit plus grand chose, il y a du monde qui va dans tous les sens dans l'obscurite, toujours de petits stands de temps en temps.

 

Et enfin, on y arrive, le sommet! De la une vue sur la ville, toute illuminee dans la nuit, avec les dernieres couleurs du couchant sur le lac. Mais surtout, plein, plein de monde sur le sommet. le chemin conduit a 3 grosses croix l'une contre l'autre, formant 2 arches. La file passe entre les 2 croix de droites et continue derriere vers on ne sait quoi. Sur le cote gauche c'est comme un petit marche, vendant des images de la vierge, des bougies, des bieres, et plein de monde qui deambule. On se fraie un chemin jusqu'aux grosses croix, passant sur la gauche. On voie enfin la but de la queue. Elle continue jusqu'a un petit promontoire, a 50 metres de la, surlequel est dresse une toute petite chapelle. L'interieur est illumine et on distingue ce qui doit etre une statue de la vierge recouverte d'offrandes. Ils attendent pour aller saluer la Vierge de Copacabana, surnomme Mamita, la petite maman. Nous on reste au pied de la grosse croix de pierre. La queue avance tres, tres lentement. Quand on pense a ceux qui sont a la fin de la file, ils en ont pour au moins 2 ou 3 heures d'attente. De temps en temps, ca s'impatiente, il y en a qui crie a ceux de devant d'aller plus vite. Ou alors il y a des protestations quand il y en a un qui essaie de doubler. Entre la grosse croix et la chapelle, il y a de nouveaux plein de petits groupes. Des familles se regroupent devant une grosse pierre ou un creux dans un muret. Elles s'assoient et commencent a installer plein de petit scierges sur le sol, en faisant fondre le dessous pour que ca tienne de bout. Puis, avec les cierges qui ont deja bien fondu, ils font des dessins sur le mur avec la cire fondue. Et de nouveaux ces chamanes, qui accompagnent les familles dans leur rituel. On s'approche un peu trop et un chamane nous repere. Il nous dit de venir et nous prend a part. Avec un crucifix et une petite clochette, sans qu'on lui demande rien, il commence a reciter une de ces prieres mi chretienne, mi autre chose, a nous benir pour le travail, la famille, le voyage, a attirer la grace de Mamita de Copacabana sur nous... Au final, il faut baiser le crucifix et donner un petit billet quand meme...

 

On sort de la tout etourdi. On redescend doucement les marches dans la nuit pendant que les fideles continuent d'affluer. Et bien au moins on n'aura pas perdu notre temps. Une benediction de mamita pour le voyage, c'est plutot pas mal, on ne craint plus rien maintenant...

 

Bon, j'ai failli y croire. Mais le lendemain, retour sur terre : pendant qu'on attend sur la plage pour prendre le bateau pour l'Ile du Soleil, on me vole mon petit sac avec mon passeport... Super efficace la benediction!

Sur la route du Titicaca

Pour aller au lac de Titicaca depuis Cuzco, on a pris un bus de nuit. En Amerique du sud, il y a 2 types de bus : les microbus qui pullulent en ville, qui s'arretent quand on veut, avec quelqu'un accroche a la porte ouverte qui crie les destinations. Ces minibus d'une quinzaine de places (en se serrant) permettent de se deplacer en ville ou dans des petites villes a proximite. Deuxieme categorie, les gros bus 2 etages ultramodernes qui font les grandes liaisons, souvent de nuit, avec des sieges couchettes. Donc pour aller au lac Titicaca, en Bolivie, il faut un de ces gros bus. Mais pour prendre le billet d'un de ces gros bus, il faut aller a la gare routiere. Et la gare routiere de Cuzco, on ne sait pas ou elle est, en tout cas elle n'est pas dans le centre, elle n'est pas sur le plan de la ville que j'ai

 

 

Un de nos derniers jours a Cusco, on est parti en excursion au dessu de la ville voir des sites archeologiques incas dans la montagne. De retour d'excursion, on a pris un de ces microbus qui passait sur la route. La redescente sur Cuzco est magnifique. On plonge vers la ville, eclairee par les derniers rayons de soleil. On arrive aux premiers immeubles, on observe la vie de la ville en fin de journee.  Au bout d'un moment, on realise que le bus ne vas pas vers le centre ville mais est en train de s'eloigner vers des quartiers inconnus. L'aide-chauffeur crie sans arret a la portiere : Molino, Molino! Le jour baisse, qu'est ce qu'on fait? Je me dis que logiquement le bus devrait arriver a la gare routiere, c'est l'occasion d'acheter nos billets pour la Bolivie. Mais le bus s'eloigne de plus en plus et toujours  pas de gare routiere. En fait, la ville est immense. La dame a la portiere continue de crier Molino, Molino! On finit par descendre en catastrophe avant de se retrouver dans les villages peripheriques. 

La nuit tombe, on est dans une rue inconnue au milieu des  immeubles. Il y a encore beaucoup de monde dans la rue, il n'est que six heures, le soleil se couche tot en hiver. 

C'est bete, on ne doit pas etre loin de cette gare, je sais que c'est vers l'aeroport et on est dans cette direction. Je finis par demander a un vendeur ambulant ou se trouve le "Terminal Terrestre" (j'ai fini par trouver dans le routard comment ca s'appelle..) Il nous dit de prendre le bus Huerto, qui passe juste dans la rue (ici les lignes de bus ont des noms : Correcaminos, huerto, mais aussi plus etrangement Batman, Zorro...)

Voici le Huerto, on le prend, et 5 minutes plus tard, tout le monde descend. C'est le terminus. On descend aussi. On est dans une ruelle plein de stands. Face a nous, le Molino! On a repris le meme bus que tout a l'heure... Le Molino, en fait, c'est un grand centre commercial de Cuzco. Enfin, un ntre commercial ici, c'est en fait une grande halle avec des centaines de petites boutiques et stands. A l'entree, un vendeur de DVD a installe 4 grands ecrans qui passent des films en continue. Il y a plein de monde attroupe, qui en profite pour regarder les fims gratuits. Ce sont de mauvais films americains super violents, notamment un film horrible montrant une grosse fete sur la plage en Floride ou les baigneurs attaques par des pirhanas  geants sont dechiquetes dans tous les sens... Juste derriere, le stand de DVD, des boutiques de jouets, de bibelots et au centre des boutiques, une chapelle, comme pour benir le dieu commerce...

Devant le centre, des cuisines de rues, plein de monde mange, assis sur des petits bancs. En suivant une cloture, on finit par arriver au Terminal terrestre, la grande gare routiere. C'est un batiment en beton. On rentre par une petite porte. A l'interieur, le chaos! Un monde fou, une grande galerie bordee des guichets d'une multitude de compagnies et chacun crie sa destination pour essayer de faire venir les voyageurs : Arequipa! Arequipa! Lima Lima Lima! Puno! La Paz! Au centre, une cohue de voyageurs avec leurs bagages qui attendent leur bus. Les vendeurs insistent tellement qu'il y en a bien qui doivent finir par changer de destination pour leur faire plaisir... Au milieu, une grande tele, en haut d'un escalier, une chapelle, et a l'exterieur une multitude de mini gargottes. 

On trouve le guichet des bus pour Copacabana, sur le lac Titicaca. On prend notre billet. RDV le lendemain, pour un depart en bus de nuit... Bolivie nous voila!

04/08/2017

Cuzco!

Apres plusieurs annees sans notes sur ce blog, voici l'occasion de raconter de nouveau plein de choses : un voyage de deux mois au Perou et en Bolivie avec Cecile

 

Premiere etape : Cuzco!

(Par contre, ce sera un texte sans accents, je ne les trouve pas sur ce clavier espagnol. Par contre je peux faire plein de ñ...)

L'arrivee a l'aeroport met tout de suite dans l'ambiance avec musique peruvienne, immense porche en style inca et une petite corbeille de feuilles de coca ou on est invite a prendre 3 feuilles en signe de bienvenue. Il parait que ca aide a combattre le mal d'altitude (cuzco est a 3500m) alors j'en prends et je les machonne. Le gout est amer, pas tres bon, rien a voir avec le coca cola...

Le taxi nous depose sur une petite placette pavee, quasi deserte. La ville se reveille. Il est 7 heures du mat. Il fait froid, ici c'est l'hiver. Nous grimpons a pied quelques ruelles en pente pour atteindre l'auberge. Le quartier est sympa avec de jolis batiments a un etage, blancs aux toits de tuile. On arrive devant une petite porte en bois bleue, fermee. Hospedaje San Cristobal. Je suis un peu embete de frapper a la porte j'avais dit qu'on arrivait a huit heures. On frappe quand meme... Au bout de quelques minutes, un petit panneau de 10 cm de cote coulisse dans la porte, derriere une grille. Un visage de femme pas tres content de nous voir apparait. Elle demande qui on est, elle n'as pas entendu parler de notre reservation, demande si on est sur que c'est cette auberge, on insiste et elle finit par nous ouvrir en maugreant car la elle etait en train de prendre sa douche. Je m'excuse en disant que c'est vrai que j'avais dit qu'on arrivait a 8 heures. Elle nous dit quelques mots qu'on ne comprend pas et on se depeche de descendre les escaliers pendant qu'elle va finir sa douche. On pose les sacs dans une courette interieure. L'auberge semble deserte, les chambres donnent sur la cour et ont toutes les portes ouvertes. A l'interieur vieux lits, parquet, tres vieillot. Au moins c'est authentique. Mais on va cailler la nuit, c'est clair. En attendant que la fille revienne on monte sur une petite terrasse. Wouah! La vue de malade! On domine toute la ville, entouree de ses montagnes, dans la brume du petit matin. Toute la ville est rouge-orangee, de la couleur des toits du centre ancien, puis des murs des constructions modernes qui s'etalent sur les flancs des collines autour de la ville. Au dessus on voit les montagnes pelles recouvertes de prairies jaunies et tout au fond de la vallee, un pic enneige. La ville est parsemee de grosses eglises en pierre rouge egalement. Joli Cuzco!

Au bout d'une demi heure, la fille n'est toujours pas revenue, on se dit que ca fait long quand meme pour finir sa douche et on finit par oser retourner la voir. En fait on n'avait pas compris, elle nous avait dit de nous installer direct dans la chambre 8. J'avais bien compris 8 mais je pensais qu'elle repetait l'heure a laquelle on aurait du arriver... On pose les sacs et c'est parti pour la decouverte de Cuzco!

 

Le matin c'est super tranquille. On flane au hasard des ruelles au milieu des tres jolis batiments du centre ville, tous avec une base en pierre, un enduit blanc tout propre et un toit en tuile. Pour manger, on teste ce que proposent les vendeurs ambulants. C'est a chaque fois la surprise, car la marchandise est cachee sous un petit drap blanc. Pour notre premier petit dej, on a droit a des petits pains fourres a l'omelette et un bon jus de quinoa a la pomme. Ca c'est typique! et c'est bon. D'autres fois, une vendeuse semble vendre des epis de mais, mais en fait a l'interieur des feuilles au lieu de l'epi, c'est une bouillie de mais avec haricot. Ou alors une assiette complette avec poisson frit, chou et patates sechees. Ce qui est chouette ici, c'est les jus de fruit, on en vend partout, avec plein de fruits connus et inconnus. Je tente au hasard. La Lucuma, c'est pas mal, le maracuja c'est une valeur sure, par contre je me fait avoir sur le pepino, en fait c'etait du concombre. J'ai un peu de mal a finir mon grand jus de concombre..

 

La ville historique est tres belle, parfaitement restauree. Cuzco est l'ancienne capitale des incas, entierement detruite par les espagnols au XVIe siecle. Mais il en reste des traces. Certains batiments espagnols sont construit sur d'enormes murs incas aux gros blocs irreguliers parfaitement agences. Ca me fascine ces gros murs incas, comment faisaient-ils pour ajuster si parfaitement des blocs qui parfois font plusieurs metres de large. On visite quelques monasteres construits sur ces murs antiques. Le monastere de San Domingo ntamment est construit sur l'ancien temple du soleil. A l'interieur il reste carrement des batiments incas intacts. Le cloitre avait ete construit directement dessus et lors d'un tremblement de terre tout s'est effondre sauf les murs incas hyper resistants aux tremblements de terre. Ce temple du soleil, Qoricancha, etait vraiment le centre de l'empire des incas, leur lieu le plus sacre.

La plupart des ruelles du centre correspondent donc aux rues de l'ancienne Cuzco des incas et sont bordees de ces grosses pierres. C'est tres agreable d'y flaner, le matin c'est tres tranquille, on voit les habitants vaquer a leurs occupations. Tous ont les traits typiques andins, heritiers directs des andins, avec les pommettes saillantes, de jolis yeux en amande et tres petits... La taille moyenne des femmes doit etre 1m40, on est des geants a cote. les enfants sont tout minuscules et tout mignons. les femmes les transportent dans ces beaux chales colores accroches derriere le dos. La plupart ont des chapeaux pour se proteger des rayons du soleil d'altitude

Vers 10h, tous les matins, commence un rassemblement sur la grande place, la Plaza de Armas. Toute une foule de peruviens avec des parapluies colores. On apprend que ce sont enseignants qui sont en greve depuis le 15 juin (!) pour reclamer de meilleures conditions de travail. Puis petit a petit sortent les touristes et la ville se transforme en grande foire touristique. Beaucoup de touristes blancs, en habits de rando, mais en fait la plupart des touristes sont des familles peruviennes, venues de Lima la capitale pour a plupart, sur les traces de leur patrimoine. Et les touristes peruviens adorent se prendre en photo partout, ensemble ou tout seul avec leur perche a selfie. Les boutiques d'artisanat peruvien ouvrent leurs portes, il y en a partout c'est impressionnant, avec des marches d'artisanat un peu partout, cache dans les cours interieures magnifiques des vieux batiments. C'est vrai que les tissus peruviens sont tres beaux, tres colores, il y ade quoi se faire plaisir entre les echarpes, pulls, ponchos en alpaga, bonnets, chaussures, tissus..

 

On va voir le grand marche couvert, les halles San Pedro. A l'interieur, dans une ambiance bon enfant, les boutiques d'artisanat bien sur, mais aussi toute une rangee de vendeuses de jus de fruits, toutes avec leur blouse blanche, tres soignees, les stands de legumes avec une multitude de varietes de pommes de terre, les bibelots, une etrange cabane avec un canape qui est en fait le studio de la radio du marche et tout aau fond, les gargottes, plein de petits stands minuscules ou on vous prepare a manger. Juste un petit banc devant l'etal du cuisinier, et plein de peruviens qui mangent la, attables au stand. On en choisit une dans une petite cabane bleue. On s'installe sur le banc entre deux vieux peruviens qui finissent leur soupe. Dans la cabane, 2 cuisiniers dans un espace de 1m50 sur 1m50. Tous les ingredients sont exposes devant nous. On se fait un super repas pour 1euro 50. Je ne sais pas comment ce petit stand peut faire vivre 2 personnes, il ne peut y avoir que 6 clients maximum a la fois... En tout cas, on y mange bien.

 

On sort du marche, on entre dans quelques ruelles, beaucoup plus delabrees que le centre ville, et c'est la que commence le vrai marche... Une multitude de stands a terre, directement sur le sol et la poussiere, avec des paysannes dans leur costume traditionnel qui vendent leur production, un monde fou, que des peruviens, pas un seul blanc. Des boutiques avec des montagnes d'oeufs. Une boue degueulasse coule au milieu de la rue, le passage le plus difficile est au niveau des marchands de viande avec les steaks empiles sur des etageres en bois, les morceaux de foie entasses dans une bassine, les poulets plumes avec les pattes jaunes bien en evidence, comme les cornes d'un cerf, et bien sur les cochons d'inde peles, tout blancs.. C'est un dedale de ruelles minuscules, tres colores, ou l'on passe immenses, depassant tout le monde d'une bonne tete mais ou personne ne semble faire attention a nous, contrairement a la zone touristique . Et au milieu de tout ca, incongru, un supermarche tout neuf. Mais impossible d'y acceder, un 4x4 est gare juste devant et tout les stands de part et d'autres rendent impossible le passage. Les petits vendeurs ont trouve la parade pour lutter contre les grandes surfaces..

On quitte le dedale du marche pour se retrouver dans la ville plus moderne, avec la zone des boutiques de vetements pas cher, puis celles des boutiques en tout genre. Il y a un sacre melange des genres, comme cette boutique d'opticien avec une etagere de fromage dans l'entree et un coin sandwich. Des dentistes avec de belles affiches de dents avec des pivots a vous faire fuir. Une boutique avec plein d'affiches ecrites au feutre, bondee de monde, qui se revele etre une sorte d'agence pour l'emploi. Et puis des vendeurs ambulants improbables, je cite mes deux preferes : le vendeur de pommade pour les pieds qui se trimballe avec une affiche horrible pleine de photos de pieds avec des maladies de peaux purulentes. Et mon prefere : le vendeur ambulant de mappemonde, qui se promene avec son stock de globes terrestre...

 

Et voila pour un premier apercu de l'Amerique du Sud. C'etait notre seule etape a Perou. Notre prochaine destination : le lac Titicaca, en Bolivie.

10/03/2015

Parution de mon livre! (enfin...)

couverture ballade napolitaine.jpg

Et bé voilà, finalement je l'ai fait, il est là, un joli livre pour découvrir Naples comme je l'ai vécu. L'idée de faire ce livre me trottait déjà dans la tête quand j'étais à Naples, l'envie de partager mes découvertes et mes expériences dans cette ville. Je m'y suis attelé dès mon retour en France, ça m'a demandé beaucoup plus de temps que je n'aurais pensé, je me suis retrouvé avec une première version 700 pages sans m'en rendre compte, tellement j'avais de choses à raconter sur Naples. Beaucoup trop gros alors j'ai retravaillé le texte pour arriver à une version de 380 pages, ça n'a pas été facile mais je suis assez content du résultat...

Alors n'hésitez pas, allez voir sur le site pour plus d'infos. C'est le récit de 4 années à Naples, de la découverte de cette ville, de ses secrets, de ses folies, de ma folie d'y être resté. Et c'est avant tout l'histoire d'une sirène. pour savoir pourquoi, et bien lisez-le...

 

Youri

 

13:11 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (0)

31/08/2013

Au pays de l'Arc en ciel

 

 

Après deux jours de stop sur la route du rainbow, je touche au but. J'ai commencé l'ascension de la montagne où est sensé se dérouler le rassemblement. Meme s'il n'y a toujours aucun signe d'un rassemblement dans les alentours je sens que j'y suis presque, je peux tomber sur le campement à tout moment, au détour d'un virage.  J'arrive sur un replat, une jolie prairie entourée de petites collines. Toujours rien. D'un coté, je suis impatient d'arriver, pour voir enfin ce qui m'attend, de l'autre je ne suis pas pressé de finir le périple et puis j'ai un peu d'appréhension quand meme sur ce que je vais trouver, débarquer comme ça tout seul au milieu de plein de gens inconnus, c'est pas si facile, surtout que je ne suis pas spécialement hippie moi.

Je fais une pause. Je m'allonge dans l'herbe au milieu de la prairie et reste là à regarder les nuages passer. Mais j'entends des voix qui passent derrière moi. Je me retourne et vois un groupe de jeunes chargés de plein d'affaires qui disparaissent de l'autre coté d'une des petites collines qui entourent la prairie. Tiens? Ça serait bien là le rainbow. Je me lève et je vais jeter un coup d'oeil. Arrivé au sommet je m'attends à découvrir tout un campement mais il n'y a rien qu'une grande prairie, vide. Et un petit panneau, peint aux couleurs de l'arc-en-ciel! Une flèche indique la direction d'où je viens.  Je serais donc passé devant le rainbow sans le voir... Je rebrousse chemin.

Je croise d'autres personnes avec de gros sac à dos. Ils me disent « Welcome », l'un deux me prend dans ses bras. Je suis sur la bonne piste... J'arrive à une petite bifurcation. À gauche le chemin par où je suis arrivé, et tout droit, un petit sentier. Je ne m'en étais pas aperçu mais il y a une flèche dessinée sur le sol avec des cailloux. C'est le chemin. De place en place, des petits bouts de bois sont suspendus aux branches avec des rubans.

Trouver un rainbow n'est pas si facile. Il y a bien un lieu de RDV qui est diffusé sur internet ou que l'on s'envoie par chaine de mails mais une fois sur place, il n'y aucune indication pour arriver au lieu exact. C'est généralement un lieu à une demi-heure de marche de la route, en pleine nature, auquel on accède en suivant les petits indices égrainés le long du chemin. Il faut avoir l’œil. 

Toujours suivant ces petits indices, je pénètre dans une petite pinède ; je croise un jeune barbu en train de couper un arbre à la scie. « Welcome! » Il me dit que je ne suis plus très loin du campement. Un sentier formé par de nombreuses traces de pas serpente  dans la pinède. Un attrape-reves est accroché entre les troncs. Je passe devant une tente, puis une autre, et encore d'autres, disséminées sous les pins. Les gens se réveillent et me saluent gentiment : « bonjour » « welcome ! Le sentier se faufile entre les buis puis finit par sortir de la foret. Et c'est tout d'un coup l'impression d'avoir été transporté dans un autre monde :

Je me retrouve dans une grande clairière avec plein de monde partout, un peu comme face à un campement indien : quelques grandes tentes, genre tipis, les gens sont pieds nus, beaucoup torse nu, des vêtements en tissu snaturels, la plupart ont les cheveux longs ou des dreadlocks. Certains font de la musique, d'autres jonglent ou sont juste assis par terre à discuter, paisibles, souriants; d'autres méditent, ou se font des massages. Les enfants passent en courant autour d'eux. La clairière est traversée par un tout petit ruisseau, enjambé par une passerelle en bois. Il y a un petit moulin qui tourne dans le courant . Il ne sert à rien mais c'est joli. À terre, un joli mandala en étoile fait avec des cailloux et des pommes de pin. Des panneaux colorés disposés ça et là donnent des indications pour les nouveaux venus, les quelques règles de fonctionnement, les différents lieux du campement, quelques mantras pour la Mère Terre, des messages d'amour. Un petit groupe est en train de cuisiner sous une grande bache blanche. Sur une petite butte au milieu de la clairière, un grand foyer. C'est le feu sacré, il reste allumé en permanence.

Je pose mon sac et contemple tout ça, fasciné. Ça semble à peine réel.. Dans un coin, des gens en cercle sont en train de finir une activité. Certains ont tendu des cordes entre des arbres et s'exercent à marcher en équilibre, d'autres méditent face au soleil ou font du yoga. On se croirait exactement dans le film « La Belle Verte ».

 

Un gars se lève et vient à ma rencontre. Je le reconnais, c'est Nicolas ! On s'est croisé il y a deux semaines à la communauté de Saint-Antoine. On est tout surpris de se retrouver là. Mais tout un coup, un grand cri dans le campement : «  HELP IN THE SHIT PIT! » « ah excuse moi, j'ai promis que je donnais un coup de main ». Et il disparaît dans la foret.

J'explore un peu le campement. Il y a le coin cuisine, le coin douche, le Shit Pit (les toilettes) un peu plus loin, le temple de la musique, dans un coin des filets ont été accrochés dans les arbres pour les jeux des enfants, quelques tipis et une tente où l'on boit le thé ou du tchai. De l'autre coté de la clairière, il y a un versant en terrasse avec quelques arbres et un magnifique tapis de fleurs de toute les couleurs. C'est incroyablement charmant. Quelques tentes se sont installées là, à l'ombre des arbres, au milieu des fleurs. Il y a plein de petits sentiers. Je trouve un joli coin vers le haut du versant. J'installe ma tente en essayant de piétiner le moins possible les fleurs. Puis, je m'assois devant ma tente et savoure la beauté du lieu et la joie d'être arrivé. Un fille dans une jolie robe à fleur passe devant moi et me salue avec un joli sourire... Le bonheur!

 

 « FOOD CIRCLE, NOW ! » Un nouvel appel retentit dans tout le campement : c'est l'heure du repas. Tout le monde se retrouve autour du feu. On fait un grand cercle en se tenant par la main . Qui veut commence à entonner une chanson. Ce sont les chansons rainbow, sur la joie d'être tous ensemble «  Every little cell in my body is happy » « We are one, in harmony...» Je retrouve les memes chansons que j'avais appris il y a 3 ans lors d'un précédent rainbow en Italie, je suis trop content. Quelqu'un lance une chaine de bisous.  Tu fais un bisou à ton voisin et il doit ensuite le faire au suivant. Sur la main, sur la joue, sur le front... Un autre lance une chaîne de calins, c'est trop drôle. L'ambiance est bon enfant. Et puis c'est le moment du « Om ». Tout le monde se met à faire la syllabe sacrée. C'est impressionnant, ça vibre. Pour finir, on remercie le ciel et la Pachamama et chacun s'installe pour manger avec son écuelle. On demande des bénévoles pour servir. Quelques personnes se lèvent et vont donner un coup de main. Les cuisiniers apportent les grosses casseroles et commencent le tour du cercle. Il y a beaucoup de monde, plus de 150 personnes. Ça prend du temps, mais ça tombe bien, on a le temps. Je retrouve Nicolas, on s'étonne de se retrouver là. Il est comme moi, pas spécialement hippie à la base, un ami lui a donné l'info, il est venu par curiosité et il s'habitue peu à peu. Au début, il était un peu mal à l'aise, surtout au niveau de l'apparence, la plupart ont la barbe, les cheveux longs, les vêtements baba cool. Pas une seule marque sur les vêtements. Moi aussi ça m'avait frappé la première fois. Mais en fait tout le monde est accepté comme il est, l'important est de respecter les valeurs du rainbow.

A la fin du repas, c'est le moment du « focus! » : qui veut faire passer une info se lève en criant Focus! et s'adresse au cercle. Une femme rappelle qu'il ne faut pas mettre de savon dans le ruisseau, même végétal, car l'eau est pure, on doit la laisser propre pour le village en dessous. Quelqu'un à côté d'elle traduit en anglais car il y beaucoup d'étrangers. D'autres se lèvent pour proposer des ateliers pour l'après midi : contes, chant diphonique, écoute de son « enfant intérieur », connection avec les plantes. Tout est absolument bénévole, volontaire, qui a envie de partager quelque chose le fait avec plaisir.

Mais avant la fin du repas, c'est le moment du chapeau magique : un petit groupe avec des instruments fait le tour du cercle en chantant et fait passer un chapeau. Dans le chapeau, chacun met un bisou. À la fin, - c'est magique! -, le chapeau est rempli d'argent! Ça servira à financer l'achat de nourriture pour les prochains repas...

 

ça paraît assez incroyable tout ça, non? Tout est autogéré et ça marche, le tout dans un esprit peace and love. On se croirait retourné dans les années 70. Ainsi donc, les hippies sont toujours là...

En fait, contrairement à ce qu'on croit le mouvement n'a jamais vraiment disparu. Il s'est fait plus discret pour retourner à ses vraies valeurs. Ces rassemblements ont commencé dans les années 70, grace au contact entre de jeunes américains qui voulaient sortir du systeme et des tribus indiennes qui leur ont transmis leurs valeurs d'amour et d'harmonie avec la Terre. La face connue c'est le mouvement hippie qui a un peu dégénéré vers l'amour libre et la consommation de drogues de toutes sortes. Mais ces rassemblements on continué de manière plus ou moins discrete en essayant de conserver les valeurs de base : respect de la nature, autogestion, pas d'alcool et pas de drogue. C'est assez incroyable mais en effet il n'y a pas d'alcool qui circule. Le soir, quand tout le monde est réuni autour du feu, c'est une bouteille d'eau qui circule..

Le rassemblement rainbow est complètement autogéré, pas de chef, tout le monde aide bénévolement. Pour l'organisation plus générale, c'est un conseil avec les habitués qui se retrouve de temps en temps en cercle avec le baton de parole et les décisions sont prises au consensus

 

Ils gèrent le matériel collectif, organisent les quelques responsabilités, comme les tours de cuisine, l'achat de nourriture. Au cours de l'année, une équipe de bénévoles se charge de trouver l'emplacement du futur rainbow. Ça change chaque année mais c'est  toujours un joli coin de nature. Ils s'occupent d'avoir l'accord du propriétaire et de la commune. Et quand le rassemblement est fini, une équipe reste nettoyer pour laisser tout propre, au maximum comme on l'a trouvé.

 

Et je suis donc resté quelques jours dans ce petit paradis

Le matin je me lève, il fait un beau soleil. Je sors la tête de la tente, je vois les papillons qui volent au milieu des fleurs.

Dans la clairière, il y a déjà du monde, des enfants, des gens qui méditent, qui font du Yoga, tout est paisible.

J'expérimente le Shit Pit, le coin toilette. Un petit sentier mène à un petit bosquet où une petite tranchée a été creusée. Un petit panneau à l'entrée explique comment bien déposer son « présent à la Terre » Les gens attendent leur tour en discutant, assis sur un tronc. Il y a une bouteille d'eau vinaigrée pour se laver les mains, des cendres pour recouvrir. On passe devant les anciennes tranchées remplies et recouvertes : c'est tout propre,  on voit à peine les traces qu'il y avait quelque chose à cet endroit, la seule différence sera que les arbres grandiront mieux à cet endroit.  Quand une tranchée est pleine, le responsable crie « help in the shit pit ! » et une équipe vient aider à en creuser une nouvelle.

J'expérimente aussi la douche. C'est un simple tuyau qui vient de la rivière, soutenu par un trépied en bois, avec un genre de palette pour poser les pieds, le tout au milieu des fleurs et des buissons. Les gens attendent leur tour, d'autres se sèchent au soleil, tous nus.

Et puis je fais mon tour d'aide à la cuisine. C'est quand on a envie. Mais s'il n'y a vraiment personne pour aider on crie « help for the kitchen ! » et d'autres volontaires arrivent.

On lave la vaisselle de la veille (les gros plats, car les assiettes, chacun lave la sienne. Il y a une tente cuisine. Comme un camp scout, une table est construite en bois, sous une grande bâche tendue. On se lave les mains avant avec du vinaigre et de la cendre. Une petite tranchée remplie de cailloux sert à l'évacuation des eaux. Il y a un trou un peu plus loin pour le compost qui sera recouvert à la fin. Pour les autres déchets non naturels , chacun garde les siens et les ramène avec lui quand il quitte le campement. Le tour de cuisine très sympa, on expérimente un peu. On cuit au feu de bois. Il y a de grosses casseroles qui appartiennent à la rainbow family. Il y a un volontaire responsable pour chaque tour de cuisine, déterminé un peu à l'avance, parmi ceux qui ont déjà un peu l'expérience des rainbows. Aujourd'hui, on tente un méga mix de flocons d'avoine : potiron, carottes, oignons, betterave, gingembre pour le salé et pommes, banane, orange, dattes pour le sucré. Pas mal. Toute la nourriture est bio, acheté avec l'argent du chapeau magique. Régulièrement certains se chargent de retourner dans la vallée pour chercher la nourriture ou passer commande.

 

Le reste de la journée est occupée à faire des balades dans les alentours, superbes, joli coin des Alpes de Haute Povence, avec les sommets du Mercantour au loin, ou à participer aux différents ateliers proposés en continu. Je participe notamment à un atelier conte, une initiation au tao et à l'aikido, une reconnaissance des plantes comestibles (passionnant !), un autre de connection avec les plantes (un peu bizarre, il faut réussir à capter l'aura..) et un génial atelier de « sound painting », peinture du son où on fait un genre d'orchestre vocal.

 

Le soir, après le repas, souvent, la chanson du chapeau magique ne s'arrête plus, tout le monde se met à danser derrière le petit groupe et c'est le début de la fête autour du feu. Evidemment il y a des percussions mais aussi des musiciens incroyables qui jouent de la trompette, du violon,  de l'accordéon et autres. La musique est vraiment de qualité et tout est acoustique.

Le feu principal est le feu sacré, qui reste allumé en permanence. Autour du foyer, on ne fume pas et on enlève ses chaussures par respect. Il y a aussi deux ou trois autres feux dans d'autres coins avec d'autres ambiances, comme des badjanes, ces chants indiens, ou du jazz manouche

 

Un après midi, on entend l'appel « help for the food ! » Il faut aller donner un coup de main pour aller chercher le chargement de nourriture, à une demi-heure à pied. Les gens sont moyennement motivés mais on est un petit groupe à y aller. En chemin je fais connaissance avec Manu. Il est arrivé au rainbow par hasard, il faisait une randonnée à pied sur le GR et il est tombé sur le campement. Au début il a halluciné de voir tous ces gens à moitié nus qui faisaient plein de calins, et puis finalement il s'y est trouvé bien et ça fait trois semaines qu'il est là. On arrive au début du chemin carrossable où devrait attendre la voiture avec la nourriture. Il n'y a personne. Le problème, c'est qu'il n'y a pas de réseau pour le téléphone alors c'est un peu dur de s'organiser. Mia sles gens attendent tranquillement, personne ne s'énerve. En discutant, avec les autres volontaires, je trouve du monde qui peut me ramener sur Montpellier à la fin de la semaine. Cool. Certains font un peu de méditation en attendant. Toujours rien. On est quelques uns à continuer à pied un plus loin, jusqu'à la tente du Welcome. Le Welcome, c'est un petit camp de filtrage, un petite tente à une demi-heure du rainbow où les gens se relaient pour informer les nouveaux venus, leur expliquer comment se passe un rainbow : pas de chiens, pas d'alcool, expliquer que ce n'est pas un festival ou la grosse teuf. Comme je suis arrivé par un autre chemin, je l'avais manqué à l'aller. Mais soudain, voilà un orage, on se réfugie sous la bache trouée. Heureusement, ça passe vite et comme il n'y a toujours pas de trace de l'approvisionnement, on se résigne à retourner au camp.

En revenant on croise un groupe qui vient aussi aider pour porter la nourriture. Ils viennent du camp. Ils nous disent que l'approvisionnement est arrivé. La plupart sont tous nus et plein de boue car il ont fait une danse sous la pluie pendant l'orage. On fait demi-tour sans trop y croire mais c'est vrai, entretemps la voiture est arrivée. C'est le maraicher avec son 4x4 qui a aidé à livrer toutes les cagettes de fruits. Le rainbow, c'est bien pour ça aussi, on fait marcher les producteurs locaux. Quelqu'un du groupe veut faire une bénédiction pour remercier la Mère Terre pour la nourriture. Le maraicher regarde ébahi tous ces gens nus en cercle en train de faire Om... Puis tout le monde revient à la queue leu leu sur le sentier dans la foret avec les caisses sur la tête. On dirait une tribu d'indigènes blancs, avec leurs cheveux longs, les corps bien bronzés de ceux qui sont habitués de se mettre nu, et ceux plus blancs des novices. C'est tellement naturel, c'est beau, tout simplement

 

Voilà, c'était un peu de l'ambiance du rainbow. C'est vraiment un autre monde et c'est incroyable de voir qu'un truc comme ça fonctionne, et avec une ambiance assez exceptionnelle

 

Je quitte le rassemblement au bout de quelques jours. Il vient d'y avoir une grosse pluie, tout le monde s'est réfugié sous les tentes communes. En se serrant il y a de la place pour tous. Pendant qu'on mange, certains commencent à faire de la musique. Du coup, l'ambiance très festive sous la pluie. J'aurais bien envie de rester encore, je commençais vraiment à m'habituer mais les gens qui vont à Montpellier partent maintenant. Bye bye rainbow. Pendant que je m'éloigne sur le sentier à travers la montagne, il y a surement eu un bel arc en ciel derrière moi.

 

 

 

13/07/2013

Sur la route de l'arc en ciel - 2

Le lendemain, je repars sur la petite route en direction du nord. En passant par là, du coup je vais passer par les Gorges du Verdon. Tant mieux, il paraît que c'est bien joli. Par contre, sur cette petite route, il n'y a absolument personne. Du coup je suis obligé d'aller à pied jusqu'au prochain village, qui s'appelle Bras. Je vais à Bras à pied... Arrivé à Bras, une voiture s'arrête aussitôt. C'est une fille qui bosse aux P'tis Débrouillards de Toulon, (Association d'éducation populaire à la Science, pour ceux qui ne connaissent pas.) Elle me raconte qu'elle va à une réunion à Aups pour organiser leur événement de l'été : l'asso a obtenu un partenariat avec Fred et Jamie, ils vont faire un mini-camion « C'est pas Sorcier » qui va sillonner tout le département du Var pendant l'été. Elle adore son métier, y trouve du sens. C'est aussi une adepte du Couchsurfing, l'hébergement gratuit. Du coup elle est tout à fait dans cet esprit, elle me raconte des anecdotes sur chaque village qu'on traverse.

La campagne est vraiment trop mignonne, c'est un coin du Var pas trop touristique, loin des grandes villes, on appelle ce coin « la Provence verte ». Je suis ravi de découvrir ce joli coin de France.

 

Elle me laisse donc à Aups, un joli petit bourg, typique provençal. Je fais une pause sur la place du village. Devant l'église, il y a un grand banc qui court sur toute la façade. Il entièrement recouvert par des petits vieux en train de discuter. Je trouve une petite place et m'installe parmi eux. Et bé, ça fait un sacré coup de jeune... En fait ils attendent le début d'un enterrement. Les discussions tournent autour de « Et bé, un de plus... À qui le tour maintenant ? Qui sera le prochain? » J'essaie de leur remonter le moral. Il y en a qui dit qu'il va avoir 90 ans. Je lui dis qu'il les fait pas (c'est vrai), il semble avoir 20 ans de moins. Il me raconte qu'avant il était dieseliste. Il conduisait les gros camions et à l'époque, c'était pas de la rigolade comme maintenant, pas de direction assistée et tout ça. Les femmes n'auraient pas pu conduire de gros bus ou camion comme maintenant. Mais ça s'est amélioré et tant mieux. Il était pompier aussi, il a cotisé et « ILS TOUCHERONT PAS A MA RETRAITE ! » Ok, ok, on n'y touchera pas..

Je traverse l'autre partie du village pour me diriger vers la route des Gorges du Verdon. J'attends un peu au mileiu des lotissements de la sortie du bourg. Un petit vieux passe et me dit « et bé, bon courage, il n'y a pas souvent de voitures qui s'arrêtent. » Comme fait exprès pour le démentir, une voiture s'arrête aussitôt.

On passe les collines au dessus d'Aups et c'est le changement total de paysage. Ça devient complètement sauvage, on voit les montagnes au loin, on ne se croirait plus trop en Provence maintenant. Ils me déposent au bout de 10 km. Je suis au milieu d'un endroit qui ressemble un peu à une steppe, entourée de montagne. Une autre voiture m'avance encore de 10 km. Puis un jeune qui m'avance vers Eyguines qui surplombe le Lac de Sainte-Croix. La route est très belle. Il m'explique qu'il travaille à l'école de Tourneurs sur bois d'Eyguines, une école réputée. Il y avait une grande tradition du travail du buis, avec lequel ils faisaient les boules de pétanque autrefois, des boules en bois recouvertes de tuiles de métal. Mais le village d'Eyguines n'est pas exceptionnel en fait. Il y a juste une belle esplanade qui domine le Lac de Sainte Croix au loin, 500 mètres en contrebas, d'un bleu turquoise un peu exagéré. On voit la montagne de Lure au loin. Un peu galère pour sortir de ce peit village excentré. Il n'y a que des touristes. Et les touristes ne prennent généralement pas trop d'autostoppeurs, car ils veulent leur liberter de flaner et s'arréter quand ils veulent. Je marche un peu jusqu'à un point de vue où quelques voitures sont arrétées. Je demande à des touristes s'ils ne peuvent pas juste me redescendre jusqu'à la route principale. OK. Ils ont l'air tout émoustillés de prendre un autostoppeur, c'est l'aventure. Des Lorrains. Sur la lancée ils m'amènent même jusqu'à l'entrée des gorges du verdon. Cool. Merci ! Les gorges du Verdon commencent juste en amont du grand lac de Sainte Croix. C'est comme un canyon mais plutôt étroit. C'est très touristique, donc très dur de se faire prendre en stop. La quasi totalitè de ceux qui passent sont des touristes qui découvrent les gorges en voitures et donc veulent prendre le temps de s'arrêter à chaque point de vue. Je les comprends. C'est pourquoi je prends mon mal en patience. Je sais que ça va être long. J'attends une bonne heure puis je vais me faire une petite sieste dans la pinède. Quand je reviens, au bout de 5 minutes, une voiture s'arrête. C'est pas un touriste justement. Il va vérifier les installations de gaz dans un centre de vacances de St Palud, à mi-chemin des gorges. Ça m'arrange.

La route est vraiment splendide. Plein de virages, on domine les gorges, d'immenses falaises qui se chevauchent et au loin le lac. Il y a plein de touristes garès partout. Beaucoup de voitures. Puis on passe un col, on est à 1000 mètres, et voilà le petit village où il me dépose.

Cette fois-ci, c'est un gros 4x4 qui s'arrête avec vitres noires et plaque diplomatique. À l'intérieur, deux jeunes américains, absolument pareils à ceux qu'on voit dans les séries pour ados, type campus californien. Ce sont deux gars de l'Utah qui sont en train de se faire un tour d'Europe de l'escalade. Ils ont commencé par l'Islande puis la Norvège, etc.. Ils ont un gros bouquin, type annuaire des pages jaunes qui est en fait le guide des meilleurs spots d'escalade en Europe.

Ils me déposent au point Sublime où le guide leur a promis une paroi incroyable à escalader. Je me retrouve sur la route, seul au milieu de ces gorges gigantesques, grandioses. Pour profiter de l'endroit, je décide de continuer à pied, tranquillement pendant quelques kilomètres. La route descend à flanc de falaise. Le flux de voitures de touristes c'est un peu calmé. La route descend encore et s'approche de la rivière. Je finis par trouver un coin où accéder à la rivière, en s'agrippant un peu aux rochers. Ça permet de me faire un bon bain dans le Verdon, la classe... Devant moi passent de temps en temps des gens en rafting, surpris de me voir au milieu de nulle part.

Je remonte tant bien que mal sur la route, et passe un virage. Les gorges s'arrêtent subitement, il y a une grande plage facile d'accès plein de monde. C'était bien la peine d'escalader les rochers...

Je fais une pause sur un petit pont. Une femme range sa voiture et me propose un cacolac. Merci! Elle me dit que ça doit être dur de randonner à pied comme ça avec un gros sac. Je lui dis qu'en fait je randonne pas, je fais du stop et d'ailleurs si elle pouvait m'avancer de quelques kilomètres ça m'arrangerait... Du coup, elle m'avance jusqu'au carrefour suivant. Je suis maintenant sorti des gorges, le stop devrait être plus facile.

C'est un touriste tchèque qui s'arrête. Il m'emmène jusqu'à Castellane, un bourg au fond d'une vallée encaissée, dominé par un énorme rocher noir. C'est vraiment les montagnes maintenant, c'est ambiance Alpes. Je me rapproche du lieu du rainbow, encore 30 kilomètres. Mais je sais que je n'y arriverai pas ce soir car ce sont des petites routes.

Je traverse le bourg qui est plutôt mignon. Je m'abrite d'une averse pendant 30 minutes. Puis revoici le soleil. Je marche jusqu'à la sortie de Castellane.

Un gars sympa me prend dans sa camionette. Lui aussi me dit son plaisir d'habiter là. Et pendant qu'il parle je suis fasciné par le paysage qui apparaît devant mes yeux. La route longe un lac magnifique, le Lac de Castellane, au milieu des grandes montagnes recouvertes de forêts dont les versants plongent directement dans l'eau d'un bleu profond, donnant une ambiance de fjord norvégien, avec les jeux d'ombre et de lumière de la fin d'après midi. C'est splendide. Il m'explique que dans ce lac, l'armée fait des test de sonars avec des sous-marins. Quand je lui dis que je vais camper il me conseille un bon coin près d'une chapelle dans le village suivant.

Je trouve rapidement une voiture et je m'arrête dans le village qu'il m'a conseillé. Il y a en effet une colline en plein milieu du village avec une chapelle en haut, et arrivé au sommet, je m'aperçoit qu'il y a effectivement un petit replat parfait pour mettre la tente et une très belle vue sur la vallée. Je me pose tranquille et profite des derniers rayons du soleil qui illuminent les montagnes sous le plafond nuageux. D'après la carte, le rainbow se trouve juste de l'autre côté de la grosse montagne que je vois en face.

 

Le lendemain, j'ai un peu du mal a quitté ce petit village. C'est un installateur de systemes de sécurité qui finit par me prendre. Il me raconte que son secteur ne connait absolument pas la crise... Il me laisse au carrefour de la petit eroute qui va vers le Touyet, ma destination. Une voiture s'arrête aussitôt. Une femme en sort et me dit « vous allez au rainbow ? Allez je vous emmène » Quand elle a vu mon gros sac elle a tout de suite deviné. Elle habite le village. D'ordinaire cette petit evallée est complètement déserte mais depuis trois semaines ils voient affluer des routards d'un peu partout pou rle rainbow. Elle est conseillère municipale au village, c'est elle qui a donné l'autorisation pour le rassemblement. Au début, ils étaient un peu inquiets et puis en fait ça se passe super bien. Elle a été assister au feu de la pleine lune pour la Saint Jean et elle a adoré, elle me dit qu'elle est contente d'avoir vu ça au moins une fois dans sa vie !

Elle ne monte pas jusqu'au Touyet mais là où elle me dépose, elle m'indique un chemin qui est en fait un raccourci, en moins d'une heure je devrais y être...

 

Bien , après ce long périple, m'y voici enfin. Ca fait un peu bizarre. Je ne sais pas vraiment sur quoi je vais tomber. Il y a un peu d'appréhension quand même, je ne sais pas vraiment sur quoi je vais tomber, est-ce que ce sera comme en Italie. Et puis il n'y a absolument aucun signe d'un grand rassemblement à proximité, aucun panneau, juste le témoignage de cette femme.

Je monte tranquillement le chemin. C'est raide mais la vue est magnifique, complètement sauvage. Le grand silence. Je finis par arriver sur un replat au milieu des sapins, une petite prairie d'altitude. Je prends mon temps. Je m'allonge dans l'herbe, je regarde les nuages qui passent lentement dans le ciel bleu. Je savoure l'instant...

Sur la route de l'arc en ciel - 1

Le soleil n'est jamais aussi beau qu'un jour où l'on se met en route”

Jean GIONO

 

Je voudrais vous raconter un petit périple que j'ai fait en stop la semaine dernière.

J'étais bloqué avec mon spectacle de théatre jusqu'au 30 juin mais ça me démangeait de partir. Je voulais en particulier rejoindre un rassemblement rainbow qui se tenait jusqu'au 8 juillet. Un rainbow, c'est un arc en ciel, mais c'est aussi un rassemblement hyppie, comme il s'en faisait dans les années 70. Ca existe encore mais c'est plus ou moins secret, il faut avoir l'info. Et on venait justement de me donner l'info pour celui de cette année qui se déroule près de Dignes, dans les Alpes du sud. J'avais déjà participé à un de ces rassemblements en Italie et j'avais adoré l'ambiance. C'est très bon esprit, « peace and love » évidemment, mais aussi, contrairement à ce qu'on pourrait croire, sans alcool et sans drogue, et toujours dans de très bons coins de nature. J'étais donc tout enthousiaste à l'idée d'en revoir un en France et en plus dans un coin que je ne connaissais pas.

 

Par une belle après-midi de juillet, me voici donc en route pour le rainbow. C'est le 1er juillet, la journée est splendide, l'été semble enfin être arrivé. C'est une journée idéale pour faire du stop, il ne fait pas trop chaud, il y a une petite brise venue de la mer, on sent l'odeur légère de l'air marin. Je sors de chez moi tout enthousiaste avec mon gros sac et mon petit carton « Montpellier ». Je pourrais prendre le bus pour aller à Montpellier, ça ne coute que 1 euro. Mais je suis tellement motivé que je veux commencer le stop tout de suite. Ça donne l'impression de commencer l'aventure dès maintenant. Car voyager en stop donne tout de suite un petit air d'aventure. On ne sait jamais ce qui va se passer, quelles rencontres on va faire, combien de temps on va attendre, jusqu'où nous emmènera la voiture. C'est seulement depuis cette année que je me suis remis à faire du stop, par manque de sous au début, et puis en fait, ça me plait bien. Chaque journée de stop est comme une aventure, dans une même journée on passe par de grands moments de désespoir quand on se retrouve à poireauter parfois des heures, puis par des périodes de grand enthousiasme quand au moment où on n'y croyait plus, quelqu'un s'arrête à l'improviste et vous fait soudain avancer de 200 km, avec une bonne voiture confortable et une conversation interessante de surcroit. Et puis ça donne une telle satisfaction quand on atteind finalement au but.

Se retrouver à faire du stop est une situation très particulière car rien n'est sûr, on s'en remet à la bonne volonté des autres, on ne maitrise rien, il y a toujours le risque de rester bloquer. Je trouve que c'est une petite expérience philosophique à chaque fois. Il faut de la patience et un certain état d'esprit, ne pas maudire chaque voiture qui vous passe devant sans s'arrêter. Au contraire, leur souhaiter une bonne journée mentalement, être patient et remercier enfin quand s'arrête une voiture. Bon, et puis il faut aussi de préférence du soleil et du temps devant soi. Et dans l'idéal une tente pour pouvoir camper en chemin si on n'arrive pas au but dans la journée.

 

Je pars donc sur la route par une belle après-midi de juillet. Il y a environ 300 km de route jusqu'au lieu du Rainbow, mais la fin du parcours consiste en de petites routes de montagne et je sais que je n'aurai pas le temps d'arriver ce soir. C'est pas grave, je camperai en chemin.

Je m'installe tranquillement à l'ombre d 'un platane. Quand il y a un grand soleil et qu'on trouve un coin à l'ombre avec de la place pour qu'une voiture puisse s'arrêter, c'est parfait. Je m'installe donc là tranquillement et me prépare à attendre un petit moment. Je présente mollement mon carton où j'ai écrit « Montpellier ». Je ne suis pas pressé, c'est le début du voyage. Je savoure l'ombre.

Mais une voiture s'arrête aussitôt dans un crissement de freins. Par la fenêtre, une fille toute joyeuse me dit de monter. Elle est trop contente de rencontrer un autostoppeur, elle aussi elle va faire du stop, sa copine l'avance un peu sur la route, elle va vers Nice, on peut faire la route ensemble. J'hésite un peu, car je m'étais déjà imaginer mon voyage tranquille en solitaire, mais bon pourquoi pas ? Je monte. La fille s'appelle Solsticia, c'est une bergère qui part faire la transhumance dans les montagnes au-dessus de Nice. Là elle est super contente parce qu'elle a croisé par hasard un copain dans les rues de Lodève et puis elle est trop contente de faire du stop, et tout et tout. En fait elle est complètement excitée... Elle ne s'arrête plus de parler, avec une voix forte, nasillarde. Au bout de 5 minutes j'en ai déjà marre. Oulah, il va falloir que je fasse toute la route avec cette fille... C'est pas vraiment le voyage peinard que j'avais imaginé.

En fait la copine ne nous dépose même pas à Montpellier, mais à Gignac à mi-chemin, sur un rond-point désert au milieu des champs, en plein cagnard, pas une trace d'ombre. C'est trop le mauvais plan. Je ressors mon panneau « Montpellier » mais Solsticia me dit qu'en fait, elle, quand elle fait du stop, elle préfère ne pas utiliser de panneau. Mais je fais comme je veux... Bon, je remets mon panneau dans mon sac. On attend quelques minutes. Personne ne s'arrête. Au fait, elle avait oublié de em dire, il faut qu'elle soit impérativement à Nice ce soir, donc si vraiment personne ne s'arrête elle continuera toute seule, car les voitures s'arrêtent plus facilement pour une fille toute seule... Mais alors elle est gonflée celle-là! C'est elle qui m'a emmené dans cet endroit paumé et après elle me dit ça. Ouh, elle me saoule... Au bout de 5 minutes, une 4L surchargée s'arrête. En tassant bien on pourrait peut-être rentrer à deux mais je profite de l'occasion. Je dis à Solsticia, « oh bah zut, il n'y a de la place que pour une personne, bon tant pis vas-y, je me sacrifie » Elle n'insiste pas du tout et s'en va toute contente. Bon débarras ! C'était un don du ciel cette 4L...

Après un quart d'heure, une autre voiture s'arrête et c'est parti. Après quelques minutes de conversation, il apparaît que la conductrice est une maitresse de l'école Calandreta de Gignac. Les écoles Calandreta, ce sont ces écoles bilingues français-occitan, qui appliquent la pédagogie Freinet. Elles sont géniales ces écoles, je le sais j'ai fait un stage de deux jours dans l'une d'elles. Elle me raconte que les enfants s'y sentent tellement bien que le soir ils ne veulent plus partir.

Elle me dépose à un rond-point 15 kilomètres avant Montpellier. Je fais des sauts de puce mais j'avance. Une autre voiture s'arrête, encore une femme, et c'est encore quelqu'un en lien avec la Calandreta. C'est une parent d'élève cette fois. Et son mari, c'est celui que j'ai vu dans le spectacle de théâtre-forum à Lodève mardi dernier. Le monde est petit.

Elle me dépose à Montpellier à une station de tramway. À montpellier il n'y a pas de rocade alors c'est un peu galère pour rejoindre l'autoroute. Le mieux c'est de traverser en tram jusqu'à l'entrée d'autoroute. J'arrive ainsi en tram devant l'immense rond-point juste à côté de l'échangeur de l'autoroute Lyon-Barcelone. C'est tout embouteillé. Il n'y a aucun endroit où les voitures peuvent s'arrêter (ça s'est important quand on fait du stop.) Et surtout, je découvre avec horreur que ça grouille de stoppeurs sur le rond-point, il y en a bien 5 ou 6, disséminés un peu partout, c'est limite ridicule. Ça c'est la grosse galère. Plutôt que de me galérer là, je fais le petit malin et je remonte une des routes qui mènent au rond point. À 100 mètres en amont du rond-point je trouve un bon endroit avec un parking sur le bas-côté. Je ressors mes panneaux de mon sac. Cette fois-ci, je marque direction « Nîmes ». Il y a justement une camionette garée là. Le chauffeur s'est arrété un instant pour bien refermer ses portières. A tout hasard je lui demande s'il va vers Nîmes. Bingo ! Il peut m'emmener jusqu'à la sortie de Lunel. Parfait. Ce qui m'intéresse, c'est qu'il me fasse rentrer sur l'autoroute. C'est souvent le plus dur quand on fait du stop. Après on se fait laisser sur une aire d'autoroute et c'est bon, on peut continuer plus facilement.

C'est un artisan en plomberie. C'est souvent des artisans qui prennent en stop, tous ces métiers qui passent du temps sur les routes, qui vont de chantier en chantier. C'est le début des vacances, il y a plein de monde sur l'autoroute. Il commence à pester contre ceux qui ne vont pas assez vite. « regarde ce crétin qui ralentit parce qu'il a peur que le camion ne se déporte. Ils ne savent pas conduire les gens. Ah j'en étais sûr, c'est une femme... » On croise plusieurs voitures en panne sur le bas côté. «  Regarde moi ces abrutis en panne, pff, encore des vacanciers, il faut faire réviser sa voiture avant de partir en voyage... » Il m'explique que lui n'utilise jamais le clignotant mais c'est pas pareil, il regarde avant de se déporter..

Bref, le cliché du gros beauf au volant. Ça va bien 5 minutes ses réflexions, heureusement on arrive rapidement au niveau de l'échangeur de Lunel où il me dépose en me garantissant que là le stop ça va marcher. J'aurais préféré une aire d'autoroute mais bon...

Résultat je poireaute un moment car en fait c'est nul comme endroit pour faire du stop. Les voitures n'ont pas de place pour s'arrêter et la plupart vont vers Montpellier. Au bout d'une demi-heure, une voiture s'arrête. C'est un charpentier, bien sympa, lui aussi va vers un chantier. Dans sa voiture il y a la clim, c'est cool. Il reçoit un appel, on essaie de lui caser un rdv pour vendredi mais c'est pas possible, il a prévu un gros WE de plongée à Cadaquès. La classe.

Au niveau de Nîmes, je dois bifurquer direction Marseille tandis que l'autoroute principale continue vers Lyon. Dans ces cas de bifurcation d'autoroute, où évidemment on ne peut pas se faire dèposer à l'embranchement, le mieux est de se faire déposer à l'aire d'autoroute juste avant. Pas de chance, elle est justement fermée. Catastrophe! Du coup, on dépasse l'embranchement. Il finit par me laisser à une des entrées de Nimes.

Bon, ça devrait être jouable, à l'entrée du péage, un panneau indique la direction de Marseille, donc certains passent par là pour aller vers Marseille. En plus, il y a un beau Pin parasol qui fait une bonne ombre. C'est une énorme barre de péage, il y a du monde. Je m'installe juste après le péage, là où il y a un petit parking pour ceux qui veulent remettre leurs affaires en place avant de s'engager sur l'autoroute. Ça marche bien d'habitude. Je brandis mon panneau « Marseille ». Au bout d'un moment je vois d'autres stoppeurs qui s'installent, mais eux directement au niveau du guichet. Ils sont aguerris, il font une petite corégraphie. Je regarde leurs panneaux : ils vont vers Montpellier. Ça va, ce ne sont pas des concurrents. Ils finissent par se faire prendre. Tant mieux pour eux. Arrive un autre qui lui aussi se fait prendre. Et moi j'attends toujours.

J'observe la vie passionante d'une barrière de péage : de temps en temps, une employée remplace des rouleaux dans le guichet automatique ; une voiture se retrouve bloquée car son pass Télé-péage ne marche plus. Un autre s'est garée trop en avant, il doit faire marche arrière pour atteindre le guichet, mais entre temps une voiture est arrivée derrière et doit reculer aussi, mais il y a encore une autre voiture qui arrive. Réaction en chaîne. Ça me fait penser à une scène des Bidochons...

Bon, ça fait une heure que je suis là, ça devient lassant. Le bruit des voitures finit par être saoulant. Je fais une petite pause, petite sieste un peu à l'écart. Puis je réessaie. Encore une heure. Bon, apparement personne ne va vers Marseille en fait. Je risque d'attendre très longtemps. C'est le genre de situation où il faut changer de stratégie. Le mieux à faire est d'essayer de rejoindre la prochaine entrée d'autoroute, celle qui est directement sur l'autoroute Nimes-Arles. C'est pas si loin. Je reprends mon sac et traverse à pied la périphérie de Nîmes. Heureusement je finis par tomber sur un genre de tramway qui mène directement à l'autre entrée d'autoroute.

C'est un petit échangeur juste à deux guichet, tranquille. Au bout de 5 minutes quelqu'un s'arrête. Il va vers Aix. Parfait.

Une belle voiture climatisée. Il bosse pour un fabriquant de photocopieurs. C'est le numéro 2 de la boite. Il a des horaires 7-19h et travaille sur Nîmes en habitant à Aix. Quelle vie... Mais il a une belle voiture, une DS4. Il m'explique l'intéret d'avoir une voiture haut de gamme mais française. Avec une BMW, c'est beaucoup plus dur de négocier et de dire que c'est impossible de faire un rabais supplémentaire, parce qu'en voyant votre voiture les clients pensent que vous vous faites un maxi bénefice. Sa DS4 de citroen coute le même prix qu'une BMW mais comme c'est citroen, les gens pensent que c'est moins cher. Stratégie...

On traverse la plaine de Camargue, passe à côté de la vieille ville d'Arles puis voici les montagnettes de Provence. Tout de suite, changement d'ambiance, c'est super joli avec la lumière rasante de fin d'après midi. Là, j'ai enfin l'impression d'avancer, de changer de coin. On sent bien la différence entre le Languedoc et la Provence.

Je lui demande de me déposer à l'aire d'autoroute juste avant Aix, mais - malédiction! - celle-ci aussi est fermée ! Décidemment j'ai pas de chance aujourd'hui. Il me dépose donc à une des sorties d'Aix.

Je marche un peu pour me remettre sur l'entrée d'autroute qui se trouve 500 mètres plus loin. Je voudrais atteindre Draguignan avant la nuit. Puis je bifurquerai vers les montagnes.

Une voiture s'arrête, un Espace. Le gars habite à 30 km d'Aix dans la campagne, il est ravi de s'être installé là-bas avec sa femme, il dit que c'est trop beau. Effectivement, le paysage est maginifique. C'est la première fois que je vais dans ce coin. D'habitude il rentre chez lui par la nationale car ça coute moins cher, mais comme il m'a vu, il s'est dit pour me dépanner , il allait prendre l'autoroute. Et bé, trop sympa le gars!

Il me dépose sur une petite aire de service qui cette fois est ouverte. Juste une voiture. Je vais direct lui demander s'il peut m'avancer sur la route. C'est bon. Chouette. On traverse des paysages splendides, des petites plaines couvertes de vignes entourées de grandes collines boisées. C'est très peu construit. C'est un endroit assez tranquille de la Provence, l'arrière pays du Var. Il me dépose à une grosse aire. Il doit être 20 heures. Comme l'endroit est super beau, je décide de quitter l'autoroute à cet endroit. Il y a justement une petite route de campagne qui croise l'autoroute. Par contre c'est la grosse galère pour quitter l'aire. Tout entourée de grillages, j'ai l'impressiond'être parqué. Je finis par escalader le grillage pour m'échapper, c'est un epu comme si je m'évadais d'un camp...

Je me retrouve sur une petite route de campagne déserte qui grimpe la colline. Je marche. Athmosphère paisible, belle vue sur tous les alentours, c'est le coucher du soleil. Je marche encore pour passer de l'autre côté de la colline et ne plus entendre le bruit de l'autoroute et je peux poser ma tente dans la pinède. Ouf ! Ce n'était qu'une demi-journée, mais ça avait déjà un parfum d'aventure..