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13/07/2013

Sur la route de l'arc en ciel - 2

Le lendemain, je repars sur la petite route en direction du nord. En passant par là, du coup je vais passer par les Gorges du Verdon. Tant mieux, il paraît que c'est bien joli. Par contre, sur cette petite route, il n'y a absolument personne. Du coup je suis obligé d'aller à pied jusqu'au prochain village, qui s'appelle Bras. Je vais à Bras à pied... Arrivé à Bras, une voiture s'arrête aussitôt. C'est une fille qui bosse aux P'tis Débrouillards de Toulon, (Association d'éducation populaire à la Science, pour ceux qui ne connaissent pas.) Elle me raconte qu'elle va à une réunion à Aups pour organiser leur événement de l'été : l'asso a obtenu un partenariat avec Fred et Jamie, ils vont faire un mini-camion « C'est pas Sorcier » qui va sillonner tout le département du Var pendant l'été. Elle adore son métier, y trouve du sens. C'est aussi une adepte du Couchsurfing, l'hébergement gratuit. Du coup elle est tout à fait dans cet esprit, elle me raconte des anecdotes sur chaque village qu'on traverse.

La campagne est vraiment trop mignonne, c'est un coin du Var pas trop touristique, loin des grandes villes, on appelle ce coin « la Provence verte ». Je suis ravi de découvrir ce joli coin de France.

 

Elle me laisse donc à Aups, un joli petit bourg, typique provençal. Je fais une pause sur la place du village. Devant l'église, il y a un grand banc qui court sur toute la façade. Il entièrement recouvert par des petits vieux en train de discuter. Je trouve une petite place et m'installe parmi eux. Et bé, ça fait un sacré coup de jeune... En fait ils attendent le début d'un enterrement. Les discussions tournent autour de « Et bé, un de plus... À qui le tour maintenant ? Qui sera le prochain? » J'essaie de leur remonter le moral. Il y en a qui dit qu'il va avoir 90 ans. Je lui dis qu'il les fait pas (c'est vrai), il semble avoir 20 ans de moins. Il me raconte qu'avant il était dieseliste. Il conduisait les gros camions et à l'époque, c'était pas de la rigolade comme maintenant, pas de direction assistée et tout ça. Les femmes n'auraient pas pu conduire de gros bus ou camion comme maintenant. Mais ça s'est amélioré et tant mieux. Il était pompier aussi, il a cotisé et « ILS TOUCHERONT PAS A MA RETRAITE ! » Ok, ok, on n'y touchera pas..

Je traverse l'autre partie du village pour me diriger vers la route des Gorges du Verdon. J'attends un peu au mileiu des lotissements de la sortie du bourg. Un petit vieux passe et me dit « et bé, bon courage, il n'y a pas souvent de voitures qui s'arrêtent. » Comme fait exprès pour le démentir, une voiture s'arrête aussitôt.

On passe les collines au dessus d'Aups et c'est le changement total de paysage. Ça devient complètement sauvage, on voit les montagnes au loin, on ne se croirait plus trop en Provence maintenant. Ils me déposent au bout de 10 km. Je suis au milieu d'un endroit qui ressemble un peu à une steppe, entourée de montagne. Une autre voiture m'avance encore de 10 km. Puis un jeune qui m'avance vers Eyguines qui surplombe le Lac de Sainte-Croix. La route est très belle. Il m'explique qu'il travaille à l'école de Tourneurs sur bois d'Eyguines, une école réputée. Il y avait une grande tradition du travail du buis, avec lequel ils faisaient les boules de pétanque autrefois, des boules en bois recouvertes de tuiles de métal. Mais le village d'Eyguines n'est pas exceptionnel en fait. Il y a juste une belle esplanade qui domine le Lac de Sainte Croix au loin, 500 mètres en contrebas, d'un bleu turquoise un peu exagéré. On voit la montagne de Lure au loin. Un peu galère pour sortir de ce peit village excentré. Il n'y a que des touristes. Et les touristes ne prennent généralement pas trop d'autostoppeurs, car ils veulent leur liberter de flaner et s'arréter quand ils veulent. Je marche un peu jusqu'à un point de vue où quelques voitures sont arrétées. Je demande à des touristes s'ils ne peuvent pas juste me redescendre jusqu'à la route principale. OK. Ils ont l'air tout émoustillés de prendre un autostoppeur, c'est l'aventure. Des Lorrains. Sur la lancée ils m'amènent même jusqu'à l'entrée des gorges du verdon. Cool. Merci ! Les gorges du Verdon commencent juste en amont du grand lac de Sainte Croix. C'est comme un canyon mais plutôt étroit. C'est très touristique, donc très dur de se faire prendre en stop. La quasi totalitè de ceux qui passent sont des touristes qui découvrent les gorges en voitures et donc veulent prendre le temps de s'arrêter à chaque point de vue. Je les comprends. C'est pourquoi je prends mon mal en patience. Je sais que ça va être long. J'attends une bonne heure puis je vais me faire une petite sieste dans la pinède. Quand je reviens, au bout de 5 minutes, une voiture s'arrête. C'est pas un touriste justement. Il va vérifier les installations de gaz dans un centre de vacances de St Palud, à mi-chemin des gorges. Ça m'arrange.

La route est vraiment splendide. Plein de virages, on domine les gorges, d'immenses falaises qui se chevauchent et au loin le lac. Il y a plein de touristes garès partout. Beaucoup de voitures. Puis on passe un col, on est à 1000 mètres, et voilà le petit village où il me dépose.

Cette fois-ci, c'est un gros 4x4 qui s'arrête avec vitres noires et plaque diplomatique. À l'intérieur, deux jeunes américains, absolument pareils à ceux qu'on voit dans les séries pour ados, type campus californien. Ce sont deux gars de l'Utah qui sont en train de se faire un tour d'Europe de l'escalade. Ils ont commencé par l'Islande puis la Norvège, etc.. Ils ont un gros bouquin, type annuaire des pages jaunes qui est en fait le guide des meilleurs spots d'escalade en Europe.

Ils me déposent au point Sublime où le guide leur a promis une paroi incroyable à escalader. Je me retrouve sur la route, seul au milieu de ces gorges gigantesques, grandioses. Pour profiter de l'endroit, je décide de continuer à pied, tranquillement pendant quelques kilomètres. La route descend à flanc de falaise. Le flux de voitures de touristes c'est un peu calmé. La route descend encore et s'approche de la rivière. Je finis par trouver un coin où accéder à la rivière, en s'agrippant un peu aux rochers. Ça permet de me faire un bon bain dans le Verdon, la classe... Devant moi passent de temps en temps des gens en rafting, surpris de me voir au milieu de nulle part.

Je remonte tant bien que mal sur la route, et passe un virage. Les gorges s'arrêtent subitement, il y a une grande plage facile d'accès plein de monde. C'était bien la peine d'escalader les rochers...

Je fais une pause sur un petit pont. Une femme range sa voiture et me propose un cacolac. Merci! Elle me dit que ça doit être dur de randonner à pied comme ça avec un gros sac. Je lui dis qu'en fait je randonne pas, je fais du stop et d'ailleurs si elle pouvait m'avancer de quelques kilomètres ça m'arrangerait... Du coup, elle m'avance jusqu'au carrefour suivant. Je suis maintenant sorti des gorges, le stop devrait être plus facile.

C'est un touriste tchèque qui s'arrête. Il m'emmène jusqu'à Castellane, un bourg au fond d'une vallée encaissée, dominé par un énorme rocher noir. C'est vraiment les montagnes maintenant, c'est ambiance Alpes. Je me rapproche du lieu du rainbow, encore 30 kilomètres. Mais je sais que je n'y arriverai pas ce soir car ce sont des petites routes.

Je traverse le bourg qui est plutôt mignon. Je m'abrite d'une averse pendant 30 minutes. Puis revoici le soleil. Je marche jusqu'à la sortie de Castellane.

Un gars sympa me prend dans sa camionette. Lui aussi me dit son plaisir d'habiter là. Et pendant qu'il parle je suis fasciné par le paysage qui apparaît devant mes yeux. La route longe un lac magnifique, le Lac de Castellane, au milieu des grandes montagnes recouvertes de forêts dont les versants plongent directement dans l'eau d'un bleu profond, donnant une ambiance de fjord norvégien, avec les jeux d'ombre et de lumière de la fin d'après midi. C'est splendide. Il m'explique que dans ce lac, l'armée fait des test de sonars avec des sous-marins. Quand je lui dis que je vais camper il me conseille un bon coin près d'une chapelle dans le village suivant.

Je trouve rapidement une voiture et je m'arrête dans le village qu'il m'a conseillé. Il y a en effet une colline en plein milieu du village avec une chapelle en haut, et arrivé au sommet, je m'aperçoit qu'il y a effectivement un petit replat parfait pour mettre la tente et une très belle vue sur la vallée. Je me pose tranquille et profite des derniers rayons du soleil qui illuminent les montagnes sous le plafond nuageux. D'après la carte, le rainbow se trouve juste de l'autre côté de la grosse montagne que je vois en face.

 

Le lendemain, j'ai un peu du mal a quitté ce petit village. C'est un installateur de systemes de sécurité qui finit par me prendre. Il me raconte que son secteur ne connait absolument pas la crise... Il me laisse au carrefour de la petit eroute qui va vers le Touyet, ma destination. Une voiture s'arrête aussitôt. Une femme en sort et me dit « vous allez au rainbow ? Allez je vous emmène » Quand elle a vu mon gros sac elle a tout de suite deviné. Elle habite le village. D'ordinaire cette petit evallée est complètement déserte mais depuis trois semaines ils voient affluer des routards d'un peu partout pou rle rainbow. Elle est conseillère municipale au village, c'est elle qui a donné l'autorisation pour le rassemblement. Au début, ils étaient un peu inquiets et puis en fait ça se passe super bien. Elle a été assister au feu de la pleine lune pour la Saint Jean et elle a adoré, elle me dit qu'elle est contente d'avoir vu ça au moins une fois dans sa vie !

Elle ne monte pas jusqu'au Touyet mais là où elle me dépose, elle m'indique un chemin qui est en fait un raccourci, en moins d'une heure je devrais y être...

 

Bien , après ce long périple, m'y voici enfin. Ca fait un peu bizarre. Je ne sais pas vraiment sur quoi je vais tomber. Il y a un peu d'appréhension quand même, je ne sais pas vraiment sur quoi je vais tomber, est-ce que ce sera comme en Italie. Et puis il n'y a absolument aucun signe d'un grand rassemblement à proximité, aucun panneau, juste le témoignage de cette femme.

Je monte tranquillement le chemin. C'est raide mais la vue est magnifique, complètement sauvage. Le grand silence. Je finis par arriver sur un replat au milieu des sapins, une petite prairie d'altitude. Je prends mon temps. Je m'allonge dans l'herbe, je regarde les nuages qui passent lentement dans le ciel bleu. Je savoure l'instant...

Commentaires

Quel plaisir de lire le début de tes nouvelles aventures!
Vite, la suite.....

Écrit par : BAUD | 13/08/2013

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