28/05/2009
Un endroit au soleil
Après un printemps plutôt pluvieux, voilà le soleil qui s'est installé pour de bon. La température est montée d'un coup et voici désormais la ville sous le cagnard. Alors qu'il y a encore quelques semaines on allait à la recherche du moindre rayon de soleil qui réussissait à s'introduire dans les ruelles étroites, voilà maintenant qu'on fuit à tout prix la lumière du soleil. On ferme les volets dès le matin pour garder un peu de fraicheur dans la maison. Dans la rue, on marche du côté à l'ombre en bénissant ces ruelles étroites qu'on maudissait encore il y a peu pour leur manque de lumière. Les bus se transforment en saunas et on évite faire le moindre effort superflu qui nous ferait automatiquement être en nage.
Naples reprend son rythme méridional; on évite de sortir entre 11 heures et 15 heures. Le soir la ville se réveille. Le basso se répproprie la ville. Le basso c'est l'habitation typique de Naples. C'est un logement généralement composé d'une seule pièce et d'une seule ouverture, la porte. En hiver c'est un endroit sordide où les familles s'entassent autour à plusieurs générations, où n'arrive jamais le soleil et où on est sous la menace des orages qui créent en un instant des déluges dans la rue. En été tout change : on ouvre la porte, on installe les chaises dans la rue, l'étendoir pour le linge. Beaucoup se construisent eux-mêmes des petites terrasses en empiétant un morceau de la rue. Et donc le soir, toute la vie se déroule là, dans la rue. Si on se promène dans les ruelles à ce moment là on a l'impression d'être en famille; les voisins discutent entre eux, toutes les portes sont ouvertes et on voit tranquillement l'intérieur des habitations. C'est très différent de la rue toute sale, toute délabrée. A l'intérieur c'est tout propre, les murs carrelés brillent, la pièce est toute remplie de mobilier, on voit le lit au fond, la cuisine le long du mur et au centre une grande table. Dans la pièce deux éléments essentiels : d'un côté un petit autel à la Madonna avec les photos des proches récemment disparus et de l'autre côté, la télé. Enfin je dis télé, généralement il s'agit plutôt d'un maxi écran plat, presque aussi grand que le mur. Et si vous passez dans la rue vers 20h45, vous verrez toute la famille attablée devant la télé, à regarder tous la même émission : "Un Posto al Sole" (un endroit au soleil). c'est presque un rituel. L'homme a un droit inaliénable à regarder la partie de foot du dimanche après midi à la télé mais la femme le lui fait payer très cher en se réservant le droit de regarder tous les soirs "Un posto al Sole". C'est la série italienne la plus célèbre depuis 10 ans. C'est exactement la même chose que "Plus belle la Vie" en France. Pendnat que plus belle la vie se passe à Marseille notre belle ville du sud, "Un posto al Sole" se passe à Naples et c'est donc la fierté des napolitains de voir chaque soir l'Italie entière avoir les yeux tournés vers leur ville. Sauf qu'évidement la Naples d'Un posto al Sole" est très très loin de la réalité du basso. C'est l'histoire peu crédible des habitants d'une résidence chateau qui se trouve à Posilippo, le quartier super riche de la ville, en périphérie. Dans cette magnifique résidence au bord de la mer vivent : une chanteuse, un médecin, un riche homme d'affaire, un concierge, un policier, un photographe, une femme de ménage, un retraité et un garagiste. Je m'émerveille toujours devant ce garagiste habitant dans cette résidence somptueuse et qu'on ne voit jamais taché d'une seule tâche de cambouis. Et le fils du riche homme d'affaire qui a été tué dans l'explosion de son bateau, au grand désespoir des téléspectateurs, mais qui est heureusement réapparu au bout de quelques mois. En fait il avait échoué sur une île du Golfe de Naples et recueilli par un vieux pêcheur. Histoire très crédible sachant que les 3 îles du port de Naples sont couvertes de résidences secondaires et vous avez plus de chance d'y trouver un riche industriel dans sa piscine plutôt qu'un vieux pêcheur.. Et donc tous les soirs les napolitains rêvent devant les aventures de ces autres napolitains, très très loin de leur réalité.
16:36 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
C'est toujours très dépaysant de lire ton blog!
Les feuilletons qui font réver, il y en a dans tous les pays : au Togo, nous avons vu le même genre, avec des acteurs africains et un scénario aussi romancé que la série que tu as décrite.
Faut-il en déduire que les humains vivent par procuration les émotions qui les font vibrer? j'espère que non !
A bientôt
Écrit par : Marie-Claire | 29/05/2009
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