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11/10/2007

De Ravenne à Macerata

Pour aller à Ravenne, je traverse la partie sud du delta du Po. Une longue route bordée de platanes me mène jusqu'à Comacchio, une bourgade située au milieu des marais et des étangs. Comme à Venise, la cité est traversée d'une multitude de canaux. Il y a un pont impressionant en briques rouges qui enjambe 6 canaux à la fois. C'est mignon, c'est tranquille. Pour comparer, je dirais un peu l'athmosphère d'Aigues Mortes. On sent que la mer n'est pas loin, mais d'ici elle est partie depuis longtemps. Je m'engage ensuite sur une route qui longe un immense étang. Claudio, de Legambiente Ravenne est venu à ma rencontre. Il m'accompagne à travers ces grandes étendues. D'un côté, l'eau à perte de vue, de l'autre, des champs immenses. On finit par rejoindre une rivière que l'on franchit avec un petit bac. De l'autre côté un petit village, Sant' Alberto. Claudio ne tarit pas d'éloges sur ce petit hameau, qu'ici c'est génial, il y a les vrais traditions de campagne, les gens sont sympa, il y a même une foire à la patate. Bref le lieu idéal. Je ne lui dit rien mais franchement, bof.. Je vois pas ce que ça a d'extraordinaire ici. Ça doit être un des villages les plus moches que j'ai vu depuis le début de mon voyage. Mais bon, pour un habitant de Ravenne, ça semble la panacée. En traversant les 20 km de plaine jusqu'à Ravenne, on comprend mieux. Tout monotone, avec des énormes raffineries en arrière plan. Il y a même des belles cheminées de centrale nucléaire. Il n'y a plus de centrale atomique en Italie (depuis que Legambiente a fait organiser un referendum en 1987) mais le style architectural doit leur plaire et ils construisent ces grosses cheminées inquiétantes aussi dans les grosses raffineries. Ravenne, même si distant de la mer de 10 km est un des plus grands ports italiens. Et puis au large on exploite le méthane. Un beau centre industriel quoi. Mais il ne faut pas se fier aux abords d'une ville. Dans le centre historique on change complètement d'athmosphère. Ravenne aussi est une ville cycliste. Et puis je découvre un peu d'histoire. Saviez vous que Ravenne a été la capitale de l'Empire Romain de 425 à 475, c'est à dire jusqu'à la fin. C'est ici que s'est jouée la fin de l'empire, avec Odoacre qui a destitué le dernier empereur. Ici, l'Antiquité s'est prolongée jusqu'à nos jours. La plus vieille église date de 450 et est toujours une église, depuis plus 1500 ans! Avec des mosaïques incroyables. La fin des romains n'a pas été aussi brutale puisque dès 530 les byzantins étaient de retour et ont fait perdurer les traditions romaines, teintées d'une touche orientale. Voyageant comme ça à travers l'Italie, je voyage aussi dans l'histoire, c'est vraiment intéressant, chaque ville a une histoire différente. Je reste 2 nuits à Ravenne. Le temps d'assister à la réunion de l'asso Legambiente. Ici, leur specialité, c'est les gardes écologiques. Ils sont une dizaine de volontaire à arpenter le territoire régulièrement pour surveiller que personne ne chasse en dehors des périodes autorisées ou voir s'il n'y a pas de décharges sauvages. Ils ont suivi d'abord une petite formation pour être au courant des législations et ils se sont fait remettre un permis prefectoral qui les autorise à demander les papiers des gens qu'ils trouvent en train de commettre une infraction. Ils peuvent ensuite écrire un rapport qu'ils transmettent aux gardes forestiers. Au final, ils jouent à plein leur rôle de citoyen actif. Je repars ensuite vers le sud, le long de la côte. Je traverse d'abord une pinède magnifique, toute sauvage, immense. Rien à voir avec ma pinède de Paestum. Ce serait la pinède où allait se promener Dante pour trouver l'inspiration. À la sortie de cette belle balade en pleine nature, je débarque en plein dans les cités balnéaires. Je traverse des villes au nom évocateur comme Milan maritime. À Cesenatico, je retrouve Léonard! Le port de la ville aurait été conçu par Léonard de Vinci lui même. À première vue rien d'extraordinaire. C'est un port canal, comme il y a au Grau du Roi. Mais ici ils ont mis des barques d'époque, avec des voiles en vieux tissus traditionnel jaune et rouge. Du coup ça peut nous aider à nous imaginer Léonard sur les quais et le port peut mériter son appellation de port léonardesque.. Après, une trentaine de kilomètres le long de la mer, je m'éloigne de la côte vers l'arrière pays et en particulier un énorme promontoire que j'aperçois depuis ce matin. Il domine toute les collines alentour de son imposante masse noire. Si je regarde ma carte, ça devrait correspondre à San Marin. San Marin, vous savez, ce micro-État enclavé à l'intérieur de l'Italie. Je suis curieux d'aller voir ça, ça m'avait tojous intrigué ce pays. Et puis c'est l'occasion de donner une dimension internationale à mon Tour. Avant d'arriver à San Marin, il faut franchir le Rubicon. Pas de problèmes, c'est un ruisseau ridicule. Je comprend mieux que César n'ait pas hésité longtemps non plus... Puis j'atteins les premières collines. Mais de grosses averses m'ont obligé à faire de nombreuses pauses pour me mettre à l'abri et je n'atteindrai pas San Marin aujourd'hui. J'installe la tente dans une oliveraie. Je fais connaissance avec l'argile locale. Une calammité! Toute humide avec les nombreuses pluies de la journée, c'est une vraie colle qui s'accumule sur les chaussures et bloque les roues du vélo. Le matin, je réussis à sortir avec peine de ce piège. Je grimpe les collines à travers la campagne de la Romagne et atteinds San Marin en début d'après midi. Passé la frontière, aucune différence avec l'Italie, si ce n'est les plaques d'immatriculation sur les voitures. La seule chose qui fait impression est ce Mont Titan, cette énorme montagne qui domine San Marin. Je prends le funiculaire pour grimper au sommet. Là-haut, un vent incroyable. Et une vue fantastique, jusqu'à la mer. Le vieux village médiéval est perché sur la montagne. Il y a vraiment une athmosphère de Moyen-Âge ici, avec ces ruelles étroites entre les maisons de pierre, et puis ces tours à crénaux construites au-dessus de la falaise. Quand on est sur cet éperon rocheux on comprend mieux que San Marin ait pu conserver son indépendance. C'est comme une île en altitude qui domine toute l'Italie. C'est plein d'échoppes qui vendent des épées ou des arbalettes. Des fois que l'Italie voudrait envahir le pays. En fait voilà la deuxième particularité de San Marin, qui fait voir qu'on n'est plus en Italie : libre vente d'armes. Vive la liberté! Je redescends de la montagne et retourne en Italie. Je continue à travers les collines pour retrouver la mer. J'arrive à Cattolica. Ici on se trouve dans l'ancien Etat du Pape et ça peuut expliquer d'avoir une ville avec un nom pareil. De nos jours, c'est une station balnéaire. Je monte la tente sur la plage, entre les lidos. Le lendemain, je continue vers le Sud. Après l'Émilie-Romagne, me voici arrivé dans les Marches. Après un secteur de falaises, la première ville sur la côte est Pesaro. Aujourd'hui est enfin arrivé le jour de Puliamo il Mondo. Je vais donc participer à l'initiative ici. Je retrouve les volontaires de Legambiente dans le parc municipal. Armés de sacs poubelle et de pelle, nous nous enfonçons dans les buissons à la recherche de déchets. Je dois dire qu'en comparaison avec la pinède de Paestum pendant l'été il n'y a pas grand chose. Mais avec toute mon expérience, je réussis quand même à débusquer une carcasse de scooter enfouie sous le lierre. Mais bon, au final c'est superpropre. D'un autre côté c'est peut être vrai que après avoir vécu à Naples ça aide à relativiser. Une des volontaires est une gentille dame qui m'offre le déjeuner et a même sous la main des cordes pour remplacer une des cordes de ma guitare qui s'est cassée. Sympa. Dans l'après-midi, je continue le long de la mer. Par ici c'est un peu moins urbanisé. C'est bien la première fois que je rencontre des plages non bétonnées. Par endroits, la campagne arrive presque sur la plage. C'est sûrement parce que la ligne de chemin de fer courre le long de la côte et de se fait a empéché l'urbanisation. Au loin je commence à distinguer le promontoire d'Ancone. Mais je n'y arriverais pas aujourd'hui. De nouveau une nuit sur la plage. J'arrive à Ancone en fin de matinée, dans la tranquillité du dimanche matin. Je grimpe à l'eglise qui domine la ville, perchée sur son promontoire. De là on voit la baie d'Ancone et la campagne qui entoure la ville. Le site est joli. Après Ancone, ce sont de nouveau les falaises. La route qui ondoie entre les collines au dessus de la mer est vraiment belle. Il y a même des champs de lavande. Dommage que le dimanche après-midi la route se transforme en terrain de course pour les motos. C'est le loisir du dimanche, sortir sa grosse moto et parcourir la route côtière à toute vitesse. Ça donne sûrement des sensations comme à la télé mais du coup tout le long du parcours j'ai droit aux vrombissement des moteurs. Ça gâche un peu la beauté du site. Pour finir je rejoins Macerata dans l'entreterre . C'est un gros bourg perché sur une collines (ici, tous les villages sont perchés sur une colline) avec maisons de briques jaunes, faites avec l'argile locale. Je suis accueilli chez les parents de Susanna, une amie de Naples. C'est aussi ici que fini la première partie de mon voyage. Je prends une semaine de repos, puis prendrai le train jusqu'à Bari où je commencerai la partie sud de mon tour d'Italie.

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