31/12/2005
Noel dans la brousse
Je viens de passer 10 jours excellents. C'était un chantier de jeunes volontaires pour faire des animations de noel pour les enfants et donner quelques cours dans les écoles. Ce qui est bien c'est qu'il y avait des volontaires français et des volontaires togolais.
En fait le chantier animation de Noel ne s est pas passe a Lome comme initialement prevu mais dans un petit village a 150 km au nord, a Kpele Toutou, a cote de Kpalime. C est vraiment joli la bas. Le village est situe au pied des collines de l Atakora. C'est la brousse avec les palmiers et les baobabs. Le village est au bout d une piste de terre rouge, il y a des maisons avec des murs de terre et des toits en palme, mais la majorité des habitations sont en dur avec des toits de tôle. Mais le plus fort quand même c'est les gens. C'est l'Afrique quoi! Quand on est arrivé on a eu droit a la ceremonie d'accueil avec le chef du village et tous les notables, tres ceremonieusement. Il a fait tourner la bouteille de Togo Gin, l'eau de vie la base de vin de palme. Le Togo Gin ils en boivent tout le temps, c'est pratiquement pire que les russes avec leur vodka. C'est dingue, dans n'importe quel endroit du monde il y aura toujours l'eau de vie locale faite avec la plante locale...
Apres cette petite céremonie, on a été rejoindre les enfants qui nous attendaient a l ecole. C'etait genial! Les volontaires togolais ont commencé a jouer du dgembé et tous les enfants se sont mis a chanter et a danser à fond. C'est impressionnant tous ces enfants. Ils sont vraiment nombreux. Des qu'on commence à lancer un petit jeu , tout le monde accourt et on est submergé. Ils sont adorables, il y en a qui vous prennent par la main, qui vous touchent les cheveux. Tous font des grands sourires. C'est dingue, c'est vraiment quelque chose à vivre.
On est resté dans le village une grosse semaine à faire des cours le matin et des jeux l'apres midi. C'est quelque chose aussi de faire la classe. Les salles de cours en fait, c'est des genres de préau. Moi j'avais les CE2. Bon en fait il faut savoir que les cours sont en français mais ce n'est pas leur langue maternelle. Donc en CE2, ça ne fait que deux ans qu'ils ont commencé à apprendre le français et il y en a qui comprennent à peine le français. En une semaine j'ai difficilement reussi à leur apprendre le verbe "être" et "avoir" au présent de l'indicatif. Mais pour le reste c'est dur de faire l'instit quand ils comprennent à peine le français, quand il y a les deux tiers qui n'a pas de feuille et de crayon pour écrire, et surtout juste en une semaine. Finalement quelle est l'utilité de venir faire des cours comme ça? C'est pourquoi à la fin, plutôt que de continuer à rabacher la même chose et d'essayer de leur apprendre des choses que leurs instituteurs peuvent leur enseigner beaucoup mieux que moi, j'ai essayé de faire quelque chose de différent.
Je leur ai fait un cours de geographie. Pour moi un grand moment. Leur expliquer ce qu'est une carte, leur dessiner une carte d'Afrique et leur montrer où est le Togo, et où est la France. Je leur ai montré des photos d'Heubecourt, mon village. Devant les photos de grands champs à perte de vue, ils m'ont demandé comment c'était possible qu'il pleuve s'il n'y a pas d'arbre...
Alors par contre le mythe que j'avais des élèves africains immobiles devant le maître, attentifs à ses moindres paroles... Bon en fait, ils sont comme tout les enfants du monde, bien vivants. Mais c'est peut être quand même un peu différent quand même. Quand on pose une question, tout le monde lève la main et crie pour répondre, s'avance jusqu'au milieu de la piece ou carrément va directement au tableau même si on ne lui a rien demandé. Il y en a même qui lève la main plein de conviction, qui crie "moi, moi" et quand on lui demande, il se lève et dit "Je ne sais pas"
En fait la majeure partie du temps on a fait des animations, des jeux. A noël, on a organisé une kermesse avec des petit lots à gagner. Moi je m'occupais du stand maquillage. Ils étaient beaux après... Il y avait aussi du chamboule tout, du bras de fer, du tirer à la corde, un concours de danse. On a fait pleins de petits jeux simple mais ça leur faisaient trop plaisir. Et à nous aussi. Mias alors ça fatigue tous ces enfants tout le temps. Franchement, c'est incroyable le nombre d'enfants. On a l'impression qu'il n'y a qu'eux au village... Le soir, ils nous lachaient pas, ils venaient autour de la maison où on était logé, et ils jouaient du dgembé et chantaient. Franchement, c'est vrai qu'ils ont le rythme dans la peau...
Bon, et puis vivre dans un petit village sans eau et electricité, c'est quelque chose aussi. Ca permet de bien se rendre compte des conditions de vie. La Corvée d'eau. Il faut aller chercher l'eau à la rivière à 500 m. Pour ça on prends la bassine sur la tête. C'est lourd! Et encore moi je l'ai fait avec un sceau de 25 l aux 2/3 rempli, mais les femmes du village elles se portent les bassines de 50 L. Je peux vous dire qu'après ça, l'eau on ne la gaspille pas... La consolation pour la corvée d'eau c'est que le trajet pour aller à la rivière était super joli à travers les baobabs, les cacaoyers, les fromagers énormes, les champs d'ananas.
Pas d'électricité aussi, ça veut dire qu'il fait nuit noire dans le village dès la tombée de la nuit à 18 h. Ca veut dire qu'on cuisine au charbon de bois, qu'on s'éclaire avec les lampes à pétrole. Quand on se balade la nuit il faut faire super attention à ne pas foncer dans les gens.
La vie au village, c'est le discours du chef sur la place du village, c'est une cérémonie pour honorer les ancêtres avec des danses traditionnelles. Il y a aussi la télé du village sous une huitte où ils regardent les derniers navets américains. Ca fait la petite ambiance de cinéma du village. Il y avait une petite buvette où on allait le soir. A chaque fois c'était l'attroupement autour de nous. Par contre moins drôle quand on part, il ne faut pas laisser des fonds de bière dans les bouteilles car les enfants se précipitent... Pareil, il y a Chantal, une volontaire qui a voulu distribuer des biscuits secs, elle s'est retrouvée avec tous les enfants sur elle avec de la purée de biscuits entre les mains...
Mais on s'y fait à cette vie de village. Ce qui était agréable aussi, c'est que comme on était plus au nord, il y avait l'harmattan, le vent du désert. Et ce vent apporte une fraicheur parce qu'il est chargé de poussière. Cette poussière voile le ciel et atténue l'intensité du soleil qui chauffe moins. Ce qui fait que j'étais bien content d'avoir emmené mon duvet. je n'aurais pas cru m'en servir. J'ai même attrappé un rhume, faut le faire. Mais ca faisait du bien cette fraicheur après la moiteur étouffante de la côte.
Et m'y revoilà sur la côte. Maintenant je suis à Lomé et je vais y rester un bon mois. C'est particulier comme ville, construit sur une frontière. Je vous raconterai.
Allez à bientôt pour des nouvelles et Bonne Année à tout le monde!!
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20/12/2005
Porto Novo
Qu'est ce que j'ai fait encore au Bénin? J'ai visité Ganvié, la plus grande cité lacustre d'Afrique! C'est assez impressionant, il y a 35 000 habitants qui vivent dans des cabanes sur pilotis au milieu de la lagune. Tout le monde se déplace en pirogue, même les enfants avec leur petites pirogues. Il y a un marché flottant. Ca vaut la visite. La seule crainte c'est que la pirogue qui m'a promené étatit un peu instable et se remplissait d'eau...
Mais ce que j'ai préféré au Bénin, c'est quand même Porto Novo. J'y suis resté une bonne semaine, chez Céline. C'est vraiment sympa comme ville, c'est une ambiance. Des rues de terre rouge, des maisons aux couleurs ocre et turquoise. Il faut s'y balader vers 17 heures, quand la lumière est rasante. Au hasard des rues, on croise de vieilles maisons afro brésiliennes dispersées. Elles sont plus ou moins à l'abandon mais ça donne un charme désuet à la ville. Franchement ça me fait un peu penser à Cuba. Même si je n'y suis pas allé c'est comme ça que je l'imagine. Il ne faut pas hésiter à se perdre dans les ruelles. Au début, on a un peu peur, tout le monde nous regarde, mais on s'habitue et même finalement ça me faisait plaisir de voir tous les enfants qui me font tous coucou en souriant, et qui chantent tous la même chanson :"Yovo, Yovo, Bonsoir. Comment ça va? Merci" Ils disent tout d'un trait, c'est marrant. Ils ont appris la phrase par coeur et c'est devenu une chanson.
Et à Porto Novo, il y a le Java Promo. Un bar ou les habitants viennent danser le dimanche soir. Il y a une ambiance trop sympa, il y a toute sles générations, les femmes sont en boubous, tout le monde se marre bien et la musique la encore me fait penser à Cuba.
Porto Novo, c'est la capitale du Pays quand même, et malgré cette athmosphère désuete, au milei des batimenst se dressent quelques batiments administratifs, dont un immense building pour la cour institutionelle, qui reste vide... Il y a aussi le fameux service de la moralisation de la Vie Politique, qui doit avoir du boulot.
Je me suis baladé aussi au Jardin Tropical. Il y a des arbres immenses. Le colatier géant avec un tronc vraiment immense. Le colatier, il donne des noix de Cola. Et oui, c'est avec ça qu'on fait le Coca Cola... Il y a l'Iroko, l'arbre sacré des vaudous. Pendant le gouvernement communiste, on en a coupé beaucoup pour faire cesser la sorcellerie, car il parait que les sorciers se réunissaient dans le tronc. On n'a pas trouvé de sorcier mais on a trouvé des choses qui n'auraient pas du se trouver là... le guide n'a pas voulu m'en dire plus... Mais mon arbre préféré, c'est le saussissonier, qui porte bien son nom... Les fruits sont en forme de gros saussisson qui pendent des branches au bout d'une ficelle...
Bon, j'aurais tant de choses à vous raconter sur Porto Novo... Mais il est temps que je parte au Togo. Et puis je ne vais pas passer ma vie sur Internet. Là je vous ai déjà raconté pas mal de choses.
10:45 Publié dans Bénin | Lien permanent | Commentaires (0)
Cotonou
Cotonou
La capitale. On ne peut pas dire que ce soit une ville agréable mais bon ça montre la vie dans une grosse ville africaine. Ce qui marque à Cotonou c'est ces motos, partout. On transporte tout à moto. Les gens bien sûr, mais aussi pleins de bagages, de marchandises assez incroyables : des matelas, des tables, une perche de bien 10 m (je ne sais pas comment il faisait dans les virages), des poules et même un cochon! Comme l'Etat n'a pas d'argent, il n'y a pas de transport en commun, juste le smoto taxi. Il y en a partout. En fait ca fait vivre une bonne partie de la population maintenant. Ils sont plus de 25000 maintenant. Mais ca fait une pollution de dingue parce qu'ils roulent tous avec de l'essence frelatée de contrebande. C'est vraiment irrespirable l'athmosphère dans les embouteillages de moto. je ne sais pas comment ils font. Mais comment lutter contre ce traffic d'essence. Ca fait vivre aussi plusieurs milliers de personnes qui ont des stands sur le bord de la route. Même le propriétaire des stations services du pays organise exprès des pénuries dans ses stations pour pouvoir vendre de l'essence trafiquée du Nigéria! Une fois le gouvernement a voulu lutter contre les revneduers d'essence illégale, ça a provoqué des manifestations.
Et puis à Cotonou, il y a des petits vendeurs partout. Ils n'ont pas de boulot mais ils essaient de se débrouiller. Quand on est au feu rouge, ils jaillissent de partout pour ventre vraiment de tout en n'importe quoi : cartes téléphoniques, chaussures, radios, guirlande de noël électrique (!), tableau de la Vierge Marie, des jouets en plastique, des vêtements, des sèche cheveux, et même un meuble de télévision...et j'en passe. Ca paraît assez incroyable mais ça doit bien marcher pour qu'ils le fassent.
Et sinon, en ce moment, c'est l'ambiance de Noêl quand même avec le fameux "palmier de noël" entouré de guirlande. Il y a aussi un marché de Noël, si, si! Et des fois dans la rue on croise un père noël, avec un masque blanc, c'est assez flippant en fait.
Voila pour l'ambiance à Cotonou. Et puis Cotonou, c'est au bord de la mer, mais j'ai eu du mal à la voir la mer. La ville lui tourne le dos. Un passant m'a mené au petit port de pêche, perdu au milieu de baraque et c'était bien sympa comme ambiance. Tous les pécheurs en train de réparer leurs filets, avec leurs pirogues colorées, et en toile de fond, les cargos. C'est à peu près le seul endroit de charme de la ville. Sinon la plage est en dehors de la ville. Mais ça craint un peu parce que c'est complètement désert. Il y a juste le dimanche à 16 heures où tout le monde s'y rejoint. J'y suis allé et en effet, c'est marrant, il y a plein de monde, c'est tout animé, avec pleins de petits stands, des petits jeux. Tout à coup il y a eu un mouvement de panique, il y avait un gars avec un pistolet.. En fait c'est la police qui arrêtait des gens qui organisaient un petit jeu d'adresse où il faut lancer des anneaux pour essayer d'entourer des lots disposés sur un tapis : des paquets de farine, de sucre. Il paraît que c'est illégal. Des fois ca leur prend à la Police. Ils sont super stricts sur certaions aspects alors qu'à côté c'est la corruption généralisée...
A la plage c'est marrant, il y avait un grand béninois en slip de bain avec un bonnet de bain rouge. Alors qu'il a le crane rasé! Trop utile le bonnet de bain. En fait c'est un signe de richesse, il épatait tout le monde avec son bonnet.
Et puis un moment assez irréaliste. Tout un coup au milieu de cette ambiance bien africaine, passe une joggueuse eurpéenne en train de faire son footing en équipement tout moulant et avec son chien en laisse. Tout le monde la regardait assez halluciné. Mais elle, elle était dans son monde et continuait son chemin...
10:10 Publié dans Bénin | Lien permanent | Commentaires (0)
La Coopération
Dans le cadre de la Coopération internationale pour l'aide au développement, de nombreux volontaires européens viennent travailler au Bénin. C'est à distinguer du bénévolat comme moi je vais faire. Les volontaires sont des professionnels qui perçoivent un salaire (pas bien élevé quand même). Il peut s'agir d'aide technique, dans le domaine de l'assainissement, de l'agriculture par exemple, ou de mission de conseil auprès des administrations, pour le développement du tourisme, pour la protection de l'environnement ou pour le soutien au bon fonctionnement démocratique (c'est la coopération européenne qui finance les élections). Leur rôle est aussi surtout de gérer l'argent de la coopération pour éviter qu'il ne disparaissent dans les méandres de la corruption...
Alors pendant ces deux semaines, j'ai eu un bon aperçu du monde de la coopération car Pierre, le copain de Céline y travaille. Il travaille au service hydraulique de la ville de Porto Novo, pour la coopération allemande. Il s'occupe de décider où implanter des puits, des forages, des conduites d'eau potable. Ensuite il va voir sur le terrain pour vérifier que les équipements ont bien été construits.
Le Bénin ne manque pas d'eau mais dans les campagnes les habitants utilisent l'eau des rivières. ce sont les femmes qui s'occupent de cette corvée. Tous les jours elles se rendent à la rivière avec leur bassine de 50 L sur la tête. La rivière peut être assez loin donc la construction d'une pompe peut leur faire gagner pas mal de temps et d'effort. En plus l'eau des pompes vient de la nappe phréatique et est potable, alors que l'eau des rivières l'est de moins en moins (le système d'assainissement est quasi inexistant.
Donc c'est la Coopération qui finance toutes ces pompes, ces forages et bien d'autres choses encore (les ponts, les routes, tous les équipements publics en général). Alors moi je m'étonnais que les pays riches soient si généreux. En fait , il faut savoir que la politique de la France en matière de coopération est assez ambigüe. Par exemple, il faut savoir que tout ce qu'elle finançait, elle imposait que ce soit une entreprise française qui soit sélectionner pour faire les travaux. Du coup, pratiquement tout l'argent qu'elle donnait dans la coopération lui revenait indirectement. De même, la coopération lui permet d'écouler ses surplus agricoles...
Mais bon, après des protestations, c'est en train d'évoluer quand même. Et puis il ne faut pas voir le mal partout. En fait, il y a un intérêt à la coopération que certains dirigeants éclairés ont compris. Si on aide ces pays pauvres, tout le monde est gagnant au bout du compte : cela évite des zones laissées à elles mêmes, foyer d'instabillité et de terrorisme. En plus, si on aide ces pays à se développer, cela peut permettre à la population de ne plus être obliger d'émigrer pour charcher une vie meilleure alleurs. puisqu'on ne veut plus d'immigrés chez nous, la meilleure solution peut être d'aider leur pays d'origine à sortir de la pauvreté. Parce que je peux vous dire que la plupart d'entre eux, si ils avaient le choix, préfèreraient rester chez eux près de leur famille et de leur culture, plutot que de venir chez nous. Mais c'est vrai que la vie est dure ici. Le nombre que je rencontre et qui veulent venir en France avec moi. D'un côté je les comprends, parce que la vie est dure ici et on oublie trop souvent combien on est ptivilégié en France.
Enfin voilà, la coopération, tout le monde a à y gagner. Mais l'Afrique ne doit pas compter que la dessus. A terme le but, c'est qu'ils se débrouillent tous seuls quand même. Mais beaucoup de volontaires me disent que le problème c'est le manque de moyen de l'Etat. L'Etat est très faible pour deux raisons : il n'a aps d'argent parce que personne ne paie les impots, mais aussi à cause de la corruption omniprésente qui prend l'argent qui reste. Ah c'est pas simple...
08:35 Publié dans Des projets en Afrique | Lien permanent | Commentaires (0)
19/12/2005
Commerce Equitable
A Abomey, il y a quelque chose que je tenais à voir en particulier : le centre de séchage de fruits tropicaux ATBD. Pourquoi? Parce que c'est là qu'ils produisent les sachets de mangues séchées, ananas séchés commerce équitable que je vendais dans la boutique "Artisans du Monde" à Tours.
Le Commerce Equitable, ça vous dit quelque chose? Pour résumer, ça part du constat que les pays riches achètent leur produits aux pays pauvres du sud à un prix anormalement bas. En effet, ces prix sont faussés par les subventions et sont maintenus artificiellement bas dans les places boursières. Si bien que les producteurs des pays pauvres peuvent à peine subsister avec la vente de leurs produits. C'est d'ailleurs pour ça que tous les pays du sud protestent actuellement à la conférence de l'OMC. Alors nous on est content d'acheter nos produits à bas prix mais il faut être conscient des conséquences que ça a à l'autre bout de la chaîne.
L'idée du commerce équitable, c'est de rétribuer les produits à leur juste valeur, indépendamment du prix du marché, à un prix qui permettent au producteur de vivre correctement. (pour en savoir plus voir www.artisansdumonde.org)
Alors ça c'est l'idée. Maintenant, je voudrais profiter que je sois de l'autre côté de la barrière pour voir ce que cela donne sur place, voir si les produycteurs sont payés un prix juste, si ça améliore leurs conditions de vie.
Donc au Bénin, il y a un centre de production commerce équitable. C'est un centre de production de fruits séchés géré par l'association ATBD à Abomey. Il y a une vingtaine d'employés. On m'a fait visiter. Ils font ça bien. Tout est fait à la main évidemment, mais ils ont des gants, des masques, ils se déchaussent avant d'entrer dans la salle de production. On m'a fait goûter l'ananas fraichement coupé, c'est trop bon! Et après, une fois séché, c'est super bon aussi. Je vous le recommande. Allez voir dans les boutiques Artisans du Monde si ils en ont...
Et pour ce qui est des prix d'achat, des salaires? L'ananas, lecentre l'achète 85 F CFA le kilo. Soildar'monde,la centrale d'achat du commerce équitable français avait fixé un minimum de 75 F CFA /kg donc c'est plutôt bien pour les producteurs. Ensuite Soildar'monde achète les paquets d'ananas séchés 1250 F CFA les 250 g, ce qui est bien plus que si les produits était vendus au Bénin. Par contre, les employés sont payés 20000 F CFA par mois (environ 30 euros) ce qui est moins que le SMIC béninois, et en plus ils ne sont pas déclarés. Mais ils devraient l'être bientôt normalement...
Alors est ce que c'est du commerce équitable? C'est pas si simple le commerce équitable. Pour que ça marche, il faut qu'il y ait un contrôle régulier avec des normes à respecter. Ainsi ici, Solidar'monde a fixé des critères pour le prix d'achat de l'ananas, mais pas pour les salaires des employés... C'est le problème du commerce équitable actuellement : il n'y a pas encore de label certifié avec des normes. Mais c'est en train de venir. La France est en train de mettre en route un label du même genre que "AB : Agriculture Biologique"
Bon et puis pour ce centre d'Abomey, en général ça permet quand même à pas mal de famille de vivre de leurs productions d'ananas et ça crée de l'emploi local, donc c'est plutôt pas mal, parce que les pauvres, il n'y vraiment pas de boulot la-bas. Alors, mangez de l'ananas séché!
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18/12/2005
Abomey
Le voyage en train m'a mené à Abomey. C'est l'ancienne capitale du Dahomey, un ancien royaume africain de la région. A Abomey, il y a donc plusieurs palais royaux, classés à l'UNESCO. Alors moi, bêtement, j'imaginais un palais genre Tombouctou, au milieu de la savane, avec pleins de touristes puisque c'est classé à l'UNESCO quand même (quoique.. il ne faut pas oublier que la ville du Havre est classée à l'UNESCO aussi.
Bon, alors en fait c'est pas trop comme j'imaginais. Déjà, je n'ai pas croisé un seul touriste. Je demande à la moto taxi de m'emmener au Palais Royal. Il m'emmene en pleine brousse devant une ruine de mur en terre au milieu d'une friche de palmiers. Je lui demande s'il est sûr de son coup. Il ne parle pas très bien français, alors finalement, je lui dis de me ramener vers le cente ville plutôt. le centre ville en fait, c'est un genre de marché géant avec des rues en terre rouge, pas du tout, mais alors pas du tout touristique. Je me sens un peu perdu quand même. Mais tout d'un coup j'aperçois un panneau UNESCO. Ah! Ca fait du bien un élément connu. Voici le Palais Royal. Alors à quoi ça ressemble ce palais royal? En fait c'est une succession de cours entourées de petits murs de terre et à l'intérieur on trouve des petits batiments carrés, en terre aussi et avec des toits de tôle... Dedans, on a quand même mis quelques objets du roi. le guide me montre tout ça.
Le Royaume du Dahomey, c'était un puissant royaume qui a réussi à tenir tête aux français jusque vers 1900, notamment grace à une fameuse armée d'amazones, particulièrement féroces. Au Dahomey, les successions royales étaient super compliquée et menaient toujours à des embrouilles. Le successeur du roi était désigné par le "Fa" (c'est un systeme de divination, genre tarot). En plus il fallait qu'il soit né le vendredi. Donc c'était pas forcemment l'ainé des fils du roi. Ainsi, en 1797, le vieux roi meurt et le Fa désigne son plus jeune fils, Guézo, pour lui succéder. Mais il est trop jeune pour régner alors son grand frère Adandoza fait la régence. Mais évidemment ensuite, il ne veut plus quitter le pouvoir. Alors il trouve une solution. En effet pour que le jeune roi soit intronisé, il faut abslument que sa mère soit présente à la cérémonie, ou son cadavre si elle est morte. Le méchant Adandoza fait donc kidnapper secrètement la mère de Guézo et il la vende comme esclave au Brésil. Du coup son frère ne pas être sacré roi tant qu'on a pas retrouvé sa mère et l'infâme Adandoza reste au pouvoir pendant 20 ans. Mais au bout de ces 20 ans, l'ignoble Adandoza se retrouve avec des dettes auprès d'un riche commerçant négrier portugais, De Souza.
Oui, parce qu'il faut savoir que ces petits royaumes africains de la côte, c'est eux qui fournissaient les négriers en esclaves. Pas joli, joli tout ça... Mais donc voila que l'abominable Adandoza s'est endetté alors comme ça diminue son prestige et tout ça, il fait enfermer De Souza. Mais la famille de De Souza ne va pas se laisser faire. Qu'est ce qu'ils font? Ils vont rechercher la mère du vrai roi au Brésil et la ramènent en Afrique, après 20 ans. Comme ça Guézo peut enfin être sacré roi et l'imposteur, l'affreux Adandoza, est chassé du Royaume, et De Souza est libéré.
Donc voilà un peu ce qui se passait au Royaume de Dahomey. Et des histoires comme ça ça arrivait assez souvent parce que la succession avec le "Fa", ça embrouillait un peu tout le monde...
Alors moi, après avoir visité le Palais Royal, je sui sallé rejoindre mon amie Céline à la Mairie. Céline est en mission pendpour la coopération française, pendant une semaine auprès de la mairie d'Abomey pour les aider à créer leur office de tourisme. Et apparemment c'est pas triste, parce que le maire... Bon, Abomey il faut savoir que même si c'est classé à l'UNESCO, c'est pas du tout touristique. A tout casser il y a quelques milliers de touristes par an et ceux qui viennent, c'est les motivés. Et le maire, lui, il voudrait faire construire un hotel 3 étoiles de 400 lits, avec piscine et golf. Et aussi un bus climatisé pour faire le tour de la ville, comme à Paris... Pour les touristes américains il dit. Alors Céline a essayé de lui faire comprendre patiemment que la Coopération ne finançait pas ce type de projets.
En fait à Abomey, il y a beaucopup de choses mais ce n'est pas visible pour le non initié. Car Abomey, c'est aussi la capitale du culte Vodou. Si on ne connait pas, on ne voit rien. Mais pendant que Céline discutait à la Mairie, je me suis baladé avec Gabin, le futur directeur de l'office de tourisme. Et lui, il est passionné de Vaudou. Il m'a montré tous les petits temples en terre devant chaque maison. Et chez lui, il a une collection privée d'objets vaudou. Le Vaudou, c'est pas très très clair mais je vais essayer de vous expliquer ce que j'ai compris : c'est une religion qui est basée sur le culte des forces de la nature. Mais en fait, c'est l'homme qui est au coeur de toutes choses car les esprits de la nature sont en fait les esprits des ancêtres, les vodouns. C'est assez dur à cerner comme religion, c'est un truc d'initié avec pleins de cérémonies secrètes. Ca s'accompagne de pleins d'objets bizarres, des statuettes, des autels portatifs, des phallus en bois et des tubes pour symboliser le sexe féminin, tout ça pour célébrer la force créatrice de l'homme... Moi j'étais un peu mal à l'aise au milieu de toutes ces statuettes. En fait les statuettes , c'est marrant parce qu'elles ressemblent beaucoup à celle qu'il y a dans "Tintin et l'oreille cassée", je sais pas si vous voyez... Et puis moi ce qui m'a particulièrement intéressé, c'est que dans sa collection, il y avait un collier fabriqué avec des vieilles pièces de 3 francs. Des pièces de 3 francs! On avait des pièces de 3 francs avant? C'est idiot, ça à quoi? Pourquoi pas des pièces de 7 francs pendant qu'on y est.
Bon, voila pour le culte Vodoun... Et Abomey au final, ça m'a bien plu. Cette ambiance de grand village à l'africaine. Mais le futur office de tourisme aura du boulot
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17/12/2005
Le train...
Ca faisait longtemps que je voulais faire prendre un train africain. Il paraît que ça vaut le détour. Alors j'ai décidé de rejoindre Céline à Abomey par le train. Les trains en Afriquese délabrent complètement depuis la fin de la colonisation par manque d'entretien. Beaucoup de lignes ont fer'mé mais il en reste quelques unes. Il y a le fameux Dakar-Bamako. Au Bénin, il y a une petite ligne qui rejoint le nord du pays : Cotonou -Parakou. Cette ligne est en voie d'abandon : Avant il y avait un train deux fois par jour, maintenant c'est un train tous les deux jours. En fait il n'y a plus qu'un train en service et c'est le temps qu'il fasse l'aller-retour. D'ailleurs ce train a l'air oublié par les béninois eux mêmes. Je demande au zemidjan (taxi moto) de me conduire à la gare. Apres 10 mn, il finit par m'avouer qu'il ne sait pas où c'est. Heureusement, on finit par croiser des rails. Pour trouver la gare, c'est facile, il suffit de suivre les rails. La moto s'engage le long des rails et on débouche sur le quai de la gare. le train est sur le point de partir. On charge les dernières marchandises et c'est parti, avec seulement 1/2 heure de retard.
Les compartiments sont un peu vieux, mais ca va, les banquettes sont encore là. On roule les portes ouvertes évidemment. Dans le train il n'y a pas grand monde. Mais au bout d'un kilometre, un premier arrêt. Et là, une foule jaillit des deux côtés du train et envahit le wagon avec toutes ses marchandises. En un instant, le train est bondé. Il y a du monde partout, assis sur des sacs dans le couloir, debout. C'est surtout des femmes avec leur boubous de toutes le couleurs. Tout le monde parle avec tout le monde, ça rigole. Au milieu de tout ça, passent des vendeurs de yaourt, de pommades magiques... Il y a gars en uniforme qui se fraie un passage. je suis étonné de voir un contrôleur. En fait, il serre les mains de tout le monde, fait un grand sourire, se marre avec les gars et repart. Mais je suis médisant car il y a quand même un autre contrôleur qui vient 10 mn après et qui demande les billets. Et tout le monde a son billet! Je sias pas qui c'était le premier gars en uniforme, peut être le conducteur du train...
Le train quitte la ville. On traverse un paysage bien africain. Des palmiers, d'immenses baobabs, et dispersés ça et là, des villages avec des maisons aux murs de banko (en terre) avecdes toits de tole ou en palme. A chaque arrêt, c'est la cohue. Il y a des vendeuses d'ananas, de banane, avec leurs énormes paniers sur la tête. Et ça s'entasse dans le train. Imaginez un métro parisien à l'heure de pointe, mais où chaque voyageur aurait deux ou trois grosses valises... Là-dessus arrive un passager qui veut monter avec son vélo. Et bien je ne sais pas comment il a fait mais il a réussi à monter avec son vélo. Rien n'est impossible en Afrique!
Enfin voilà. Maintenant je peux vous le confirmer, prendre le train en Afrique, c'est vraiment une expérience à faire.
Alors ce qui est dommage, c'est que tous ces vieux trains, le gouvernement n'a pas d'argent pour les entretenir, et les lignes ferment les unes après les autres. C'est bête car du coup on perd les infrastructures. or des lgnes de train performantes, ça permettrait de faciliter les échanges dans les pays et surtout de remplacer tous ces camions super dangereux et bien polluants qui encombrent les routes. Mais bon, déjà en France on a du mal à développer cette solution, alors imaginez en Afrique! Voila c'était le petit paragraphe militant....
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