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08/10/2007

Padoue, Ferrara

De Venise à Padoue, il y a seulement 35 km. Je quitte Venise en empruntant la digue qui la relie à la terre ferme. 5 minutes de train jusqu'à Mestre. Retour à la civilisation, et aux voitures. Heureusement la route jusqu'à Padoue n'est pas trop horrible, le long d'un canal qui autrefois permettait d'aller de Venise à Padoue en barque. Tout va bien jusqu'à ce que j'arrive à la rocade de Padoue. Je dois traverser un secteur d'échangeurs autoroutier, c'est à n'y rien comprendre il y a des routes dans tous les sens. Je me retrouve sur une voie express sans possibilité de faire marche arrière. Je pédale à fond pour me sortir de là et m'échappe à la première sortie possible. J'arrive dans le secter de la gare avec pleins d'immeubles modernes tout laids. Et bè, pour une première approche de Padoue c'est réussi. Pour l'instant cette ville ne m'emballe pas trop. J'ai rendez-vous devant la gare avec Rina, qui m'accueille pendant deux jours. Elle vient à ma rencontre en vélo. D'ailleurs à travers le flux d'autos, je me rends compte qu'il y a quand même pas mal de vélos ici. Devant la gare, il y a même un parking réservé avec des centaines de bicyclettes. Rina m'explique qu'à Padoue même si il y a un gros traffic automobile, qui en fait une des villes italiennes avec la plus grosse pollution athmosphèrique, c'est en même temps une des villes les plus cyclistes. Parce que sur 250.000 habitants, il y a 60.000 étudiants(une des plus vieille université d'Europe) et les étudiants se déplacent tous en vélo. Et aussi parce qu'ici c'est une tradition aussi parmi les plus anciens de se déplacer en vélo. Forte de cette grosse population de cyclistes, Legambiente est très active sur le thème du vélo à Padoue. Il y a bien des pistes cyclables mais il n'y a pas de véritables réseau, ce qui fait que quand on suit une piste, souvent elle s'arrête subitement et vous abandonne sur un gros carrefour bien dangereux. Alors Legambiente s'est mobilisé. Elle a produit une carte avec la proposition du réseau qu'elle voudrait, puis elle a réussi a recueillir 11.000 signatures et à faire une manifestation avec plus de 1500 cyclistes. C'est énorme et ça a demandé beaucoup d'effort de tous les volontaires mais ça a fonctionné puisque la commune a débloqué les sous. Legambiente à Padoue, à travers leur division Legambiente Agriclture, ils s'occupent aussi de certifier les producteurs qui respectent une bonne pratique environnementale. C'est une des multiple facette de Legambiente. Dans chaque ville ils développent ne compétence spécifique. Le lendemain Rina me fait faire un petit tour de la ville. J'ai tout de suite une autre vision de la ville. D'abord le Pratto delle Valle, une immense place avec au milieu une pelouse et une île toute ronde. Tout autour des maisons à arcades et dans un angle une magnifique église à coupoles. Et oui, parce qu'ici même si on est à seulement à une trentaine de kilomètres de Venise, l'architecture n'est plus du tout venitienne. Ici ce sont les arcades et surtot ces sperbes églises à coupoles. Dans le centre ville il y a un grand édifice à arcades qui abrite un marché couvert. Rina me fait goûter les spécialités locales. Ici on mange de la viande de cheval, sechée réduite en filament. Avec de l'huile d'olive et du citron, ça se mange comme ça. C'est bon. Et puis on boit le spritz, mélange de vin blanc mosseux et campari. Tous les étdiants se retrouvent en soirée sur les placettes, un verre de spritz à la main. Certains fêtent leur diplôme et doivent suivre d'étranges traditions: les amis du diplomé lui ont fait un poster avec toute sa vie résumée en version paillarde rimée. L'étudiant doit tout réciter sans se tromper. À chaque erreur, il boit. Quand il a fini et qu'il est dans un bel état, on le frappe à coup de bâton! Parce qe maintenant qu'il a tant souffert pour avoir son diplôme, il n'est plus à quelques douleurs près... Je vous passe la suite du rituel. Voilà pour Padoue. Maintenant je me dirige vers Ferrara à travers la plaine du Po' que je franchis maintenant du nord au sud. Comme je me lasse de ce relief tout plat, je décide de faire un petit détout par les collines Euganei, l'unique relief à 100 km à la ronde, qui émerge au sud de Padoue, comme un archipel au milieu de la mer de champs. Ce sont des collines d'origine volcanique qui se démarquent franchement de la plaine environnante. Je prends une route qui serpente à travers les collines boisées. Ça monte, ça monte, et ça monte encore. J'ai peut être un peu exagéré de passer par là. C'est pas de la tarte cette montée. Après le dernier virage arrive la confirmation d'un affreux doute : la route est sans issue! Je suis arrivé au sommet du mont Rua et je ne peux même pas voir le panorama qui doit être superbe car la cime est occupée par un érmitage. Et on ne pet pas rentrer parce qu'il y a encore des ermites. J'en aperçoit un à travers les arbres avec sa longue barbe et sa tunique grise. Bon bé maintenant que je suis là, tant qu'à n'être pas monté pour rien, je plante la tente sous les arbres. Au moins à cette altitude, je suis à l'abri des moustiques. Le lendemain je redescends donc par où je suis monté, et au lieu de retenter une autre montée je contourne sagement les collines. Cette fois pas moyen d'échapper à la plaine. 60 km à travers la monotonie des champs et des hameaux désolé. En plus c'est dimanche après-midi donc y a pas un chat. Pour comble je traverse un village qui s'appelle deserto. Comme ça il n'y a plus de doute. La plaine padane, surtout par ici, c'est pas franchement joli. Même chez nous sur le plateau du Vexin c'est plus joli. Moi qui imaginais des grandes allées de cyprès je suis un peu déçu. Après une soixantaine de kilomètres, je franchis à nouveau le Po. Il a beaucoup changé par rapport à l'amont. Ici il est tout canalisé, entre deux énormes digues et il semble même plus petit qu'en amont. C'est qu'on lui pompe tellement d'eau qu'il ne lui reste plus grand chose. De l'autre côté du Po, commence la banlieue de Ferrara. 3 volontaires de legambiente m'attendent avec leur vélo et m'accompagnent jusque dans le centre. Bienvenue dans la capitale européenne de la bicyclette. C'est ici qu'il y a le plus grand pourcentage de déplacement à bicyclette, avec plus de 27%, c'est encore plus fort qu'Amsterdam! Vous le saviez ça? C'est vrai que des vélos il y en a pas mal. Et pas seulement dans le centre. Dans la périphérie aussi les gens se déplacent beaucoup à vélo. Même pour aller faire les courses au supermarché. La galerie comemrçante est encombrée de bicyclettes. Il y a des panneaux "ne pas appuyer le vélo à la vitrine". Et puis il y a aussi pas mal de personnes agées avec un vélo électrique. Vous connaissez le vélo électrique? Ce n'est pas un scooter électrique, il faut pédaler mais il y a une assistance électrique qui fait que, descente ou montée, on fait toujours le même effort. C'est un peu comme prendre le tapis roulant dans le métro : on va plus vite tout en se fatiguant pareil. Du coup sur la piste cyclable je me fait klaxonner par un petit vieux qui me dépasse avec sa super bicyclette électrique. Le centre de Ferrara est très joli, tout en briques rouges. Et surtout sur la place centrale, un énorme château fort, lui aussi en briques rouges. Mias la particularité est qu'il est encore entouré par d'imposantes douves encore en eau. Ce serait unique en Europe. Je suis logé gratuitement dans un magnifique Bed & breakfast. C'est que Paola, qui a organisé ma venue, travaille à Legambiente Tourisme. C'est une section de Legambiente qui s'occupe de certifier les structures hotelières qui respectent une bonne pratique environnementale (un peu comme à padoue avec l'agriculture). Du coup, une des structures qui fait partie de Legambiente Turismo a accepté de m'héberger. C'est vraiment magnifique, situé en plein centre ville, avec un petit jardin trop mignon avec sa fontaine. Et le petit déjeuner: grandiose! J'ai jamais vu ça. Une merveille. Il y a tout ce dont on peut rêver pour un petit déjeuner. Avec des petits gâteaux bio faits chaque matin par la propriétaire. Miam! À Ferrara, je fais ma première intervention dans une école. J'ai enfin l'occasion de faire le jeu que j'ai inventé sur les transports. J'explique aux enfants que la mobilité soutenable, ça veut dire se déplacer tout en respectant les autres et la planète. On fait donc la liste des qualités que doit avoir un bon moyen de transport: rapide, confortable bien sûr, mais aussi sans bruit, sans pollution, bon pour la santé, peu dangereux pour soi et pour les autres, peu cher. Sur un parcours que j'ai dessiné au sol on fait une course entre tous les moyens de transport et qui arrive en tête? Le vélo bien sûr! Et ce sont les enfants qui ont fait le classement. Mais bon ici je prêche un peu parmi des convaincus. 90% des enfants sont venus à l'école soit à pied soit en vélo. En tout cas je suis content le jeu a bien plu. L'après-midi, Paola m'emmène voir le festival de montgolfière qui se déroule justement ces jours-ci. Une bien belle étape Ferrara. Je me suis bien plu dans la capitale du vélo. Maintenant direction Ravenne et Ancone pour conclure la première partie de mon voyage..

03/10/2007

Venise à vélo, c'est pas une bonne idée

Le festival Ciclomundi de Portogruaro durait tout le week-end. J'avais un petit stand réservé où j'ai mis quelques panneaux d'informations sur mon tour d'Italie, mais j'ai passé la plupart du temps à me balader dans le festival. C'était plein de voyageurs à vélo qui présentaient leurs voyages à l'autre bout du monde, en Islande ou en Mongolie. Comme quoi, il y a plus fou que moi... J'ai pu assister à une conférence sur la ciclosophie, la philosophie du vélo. Ça paraît un peu absurde comme ça, mais c'est pas si faux car voir le monde depuis une bicyclette peut changer la vision des choses. Ivan Illich a dit que la démocratie peut se faire seulement à la vitesse d'un vélo. Il y avait aussi un stand de réparation gratuite tenu par deux jeunes qui font des competitions de réparation de vélo. En tout cas, ça tombait bien pour moi car je me suis apperçu qu'une roue de mon chariot était crevée. En y regardant bien, c'est le pneu lui même qui était si vieux qu'il était devenu transparent par endroit. J'en ai donc profité pour changer tout ça. Le festival s'est conclu avec un concert, avec des chansons 100% vélo. Le festival fini, j'ai quitté Portogruaro. C'était le point le plus au nord de mon voyage. Maintenant, direction plein sud, à travers les marais maritimes qui entourent la lagune de Venise. J'atteinds la mer au niveau de Caorle. Ça fait un peu penser à quand on arrive au Grau du Roi depuis Aigues Mortes. Des marais déserts et au loin une barre d'immeubles le long du bord de mer. Le centre ville est mignon, c'est un bourg antique. Ici assi il y a une tour penchée! C'est la quatrième que je rencontre, après celles de Pise, de Bardolino et Portogruaro. Décidemment, c'est une spécialité italienne.. J'y ai dormi à l'abri du porche d'une vieille église, étrangement située en plein sur la digue de protection à la mer. J'ai bien fait de m'abriter sous le porche car en pleine nuit est passé un orage du tonerre. Ici je ne risquais rien vu que dans le passé, cette église s'est fait submergée par une inondation maritime, et pas une goutte n'est rentrée à l'interieur. C'est marqué sur l'église... Le problème c'est q'en Italie les églises sont pas mal fréqentées et dès 7h du matin il y a les premiers fidèles. Alors je me dépêche de déguerpir. Je continue de longer la côte vers le sud. C'est une succession de station balnéaires désertes, avec ne drôle d'ambiance de ville morte. Et oui, c'est septembre maintenant et il n'y a plus un chat, à part quelques touristes d'Europe de l'Est qui profitent des pris hors saisons. C'est vrai qu'ici je suis à moins d'une centaine de kilomètres de la Slovénie. Après quelques heures de route littorale bien monotone, j'arrive devant la Bocca di Lido, c'est-à-dire l'entrée de la lagune de Venise. Voilà qui devrait rompre de la monotonie. Venise quand même, c'est pas rien. On distingue la silhouette des campaniles et des coupoles derrière un groupe d'îlots boisés. Venise en fait je connais déjà, j'y étais passé en allant en Croatie. Mais j'étais arrivé en train. Cette fois-ci, j'arrive de l'autre côté, côté mer, avec le ferry. En attendant le ferry, je vais faire un tour sur la digue, à l'entrée de la lagune. Mais à la place de la mer, il y a un chantier, un chantier énorme : le Mose. Est-ce que vous avez déjà entendu parlé du Mose, le projet gigantesque pour sauver Venise des eaux. Le but est d'installer d'énormes écluses pivotantes à l'entrée des trois passes qui mettent la lagune de Venise en relation avec la mer. Et ces écluses se fermeraient lors des grandes marées. Un projet titanesque avec un budget monstrueux de 4 milliards d'euros pour un résultat plus qu'incertain. Un projet typique années 60 quand l'homme croyait pouvoir dominer la nature à tous prix. Selon un panel d'experts, parmi la dizaine de solutions possible pour remedier au problème des hautes eaux de Venise, le projet Mose se place à l'avant dernier poste. Ce qui n'a pas empêché le gouvernement Berlusconi d'en vôter en hâte le début du chantier en 2003. On se demande bien qi a le pls d'intérêts dans l'affaire, sachant qu'en Italie, les grands chantiers d'infrastructures inutiles sont le plus sûr moyen de s'enrichir facilement. Certes, Venise s'enfonce, pendant que le niveau de la mer s'élève petit à petit, c'est pourqoi la cité est de plus en plus souvent inondée lors des grandes marées. Mais quelles sont les causes? Si Venise s'enfonce, il y a de fortes présomptions sur l'énorme zone industrielle de Porto Marghera, de l'autre côté de la lagune, qui a exploité les nappes de méthane situées sous la lagune. Maintenant, ces nappes sont vides et tout la région s'affaisse lentement puisqu'à la place du gaz, il y n'a plus rien. De plus, pour s'étendre la zone industrielle a construit quelques polders qui ont réduit la capacité de la lagune. Et dans le même temps, on a aggrandi les passes à la mer pour faire passer les cargos et les bateaux de croisières énormes. Ainsi, l'eau de mer entre plus facilement mais la lagune peut en contenir moins puisqu'elle a été réduite. Et maintenant, au lieu de chercher à revenir à l'équilibre initial on continue dans la course en avant. Pour faire le Mose, il doivent recreuser complètement les passes et ancrer les ecluses si profondement que ça risque d'atteindre les anciennes nappes. Enfin bon, c'est complexe mais beau désastre écologique et artistique en perpective, ainsi qu'un gros gaspillage. Tout en pensant à ça, j'ai fini par atteindre le bout de la digue qui s'avance loin dans la mer. Quand je me retourne, j'ai face à moi un énorme nuage noir. Je me dépêche de revenir en arrière mais je n'évite pas une grosse averse. Le ferry arrive. Je vais d'abord jusqu'à Lido pour franchir la passe puis je prends un autre ferry jusqu'a Venise. J'arrive par la face cachée de Venise : l'arrivée de la digue qui la relie à la terre. Ici, ce ne sont que d'énormes parkings remplis de cars touristiques et de voitures. Passée cette verrue, j'atteinds le Grand Canal, face à la gare. À Venise, je suis accueilli par Chiara et Davide de Legambiente qui habitent en plein coeur de Venise. C'est trop fort d'être logé en plein Venise mais le problème, c'est qu'il y a les ponts. Et les ponts venitiens c'est la grosse galère à passer en vélo, parce qu'il y a des marches. Alors je dois me porter la bicyclette, puis retourner chercher le chariot, et refaire ce manège pour chaque pont, avec la pluie qui a recommencé. Pour une belle arrivée à Venise, c'est réussi. Chiara et Davide habitent le long d'un canal tranquille. Leur appartement, situé dans une vieille batisse, est tout incliné, ce qui est le cas de la majorité des maisons de Venise qui se sont enfoncées de plusieurs dizaines de centimètres par endroit. Mais ça tient, et ça s'est arrêté de s'enfoncer depuis que l'exploitation des nappes souterraine s'est terminée. Drôle de coincidence. En tout cas, ces appartements biscornus au milieu de l'eau, ça donne un peu le mal de mer... Pendant 2 jours, je vais vivre le quotidien du vrai Venise, dans les quartiers où vit la population, loin des touristes. C'est tranquille, serein. Ne ville entièrement piétonne avec de l'eau partout, c'est agréable. Imaginez, 60.000 personnes qui vivent sans voitures, et qui n'ont pas l'air de s'en plaindre. Ce doit donc être possible. Et puis en plus c'est beau ici, c'est magnifique, jusqu'à la moindre ruelle. Mais bon, ça on le sait déjà. Et la Legambiente qu'est ce qu'ils font ici? Ils se sont mis en tête de transformer une des îles de la lagune, jusque là abandonnée, en réserve naturelle, pour donner un peu de nature aux Vénitiens qui manquent d'espaces verts. Chiara m'y emmène. Elle est située juste en face de Venise, on y arrive avec le vaporetto. Cet îlot a abrité une chartreuse au XIIIème siècle, puis la République de Venise y avait édifié des fortifications. Ce système défensif a fonctionné jusqu'à l'arrivée de Napoléon, qui est brièvement passé par ici lors de sa campagne d'Italie, juste le temps de mettre fin à la république quasi-millénaire de Venise. Et tout ça pour ensuite donner venise aux Autrichiens l'année suivante. Autant dire que les venitiens n'aiment pas Napoléon, qui a juste été bon à leur faire perdre leur indépendance. Quoi qu'il en soit, cet îlot est à présent couvert d'une jungle de ronces. Depuis 3 ans Legambiente y organise des camps de volontaires pour défricher les broussailles et rendre accessible le site au public. Ils l'ont même rendu tellement accessible que cette année ils ont eu la bonne surprise de voir qu'une école de design s'était installée dans une zone qu'ils avaient nettoyée... C'est un peu bizarre, ce bâtiment, en plein milieu des broussailles. Le responsable est un promoteur qui petit à petit est en train de racheter les îles de la lagune, pour y faire des marinas, hotels et autres projets du genre. Mais sur le coup de l'école de design, il fait très fort. Ça fait très saugrenu. Enfin voilà, Venise sous un autre angle un petit peu. Avec tout ça, c'est la 3ème fois que je viens à Venise et je n'ai toujours pas vu la place St-Marc. Ce sera pour une autre fois. Maintenant, direction Padoue

24/09/2007

L'Italie des grands lacs

Après les deux jours à Campsirrago, je redescend cette montée infernale. Même si ce n'est pas exactement sur mon chemin je veux passer par le Lac de Côme. C'est un grand lac glaciaire avec une étrange forme de Y à l'envers. Je commence par une des pattes du Y, à Côme justement. Ici je me trouve à moins de 10 km de la Suisse. Le style architectural ici, ce sont les fenêtres à colones et la pierre gris clair des montagnes. Sur la jetée du lac je découvre qu'il y a un ferry qui remonte tout le lac. C'est pas de refus, je n'oublie pas la leçon de l'intermodalité. La balade en bateau est magnifique. Tranquillement assis je peux contempler les belles villas le long des berges et surtout ces montagnes impressionantes qui plongent dans l'eau. Remontant vers le nord et on pénètre en plein coeur du massif alpin. Petit à petit, ça devient plus sauvage et on se retrouve au milieu des montagnes. Ça a des vrais allures de fjord norvégien. Le spectacle est superbe avec le soleil qui dessine des ombres et lumières sur les versants boisés. Après deux heures de navigation on arrive à Bellagio, à l'intersection des deux branches du Y. Ça fait très élegant avec ses grands jardins plantés de cyprés et avec des pelouses tenues à la perfection. Ici aussi il y a de belles villas. On s'attend presque à voir les gens chanter l'opéra depuis les balcons des maisons.. Cette fois à vélo, je redescend l'autre patte du Y vers Lecco. Il est 5 heures mais je suis déjà dans l'ombre de la montagne. À Lecco, il y a un grand beffroi qui serait le plus haut d'Italie (c'est ce que disent les habitants...) Et à cet endroit le lac est le plus profond d'Europe : -720m! Et à Bellagio, c'est la zone où on trouve les oliviers les plus au nord d'Europe aussi. Décidément c'est la zone des records. Je mets la tente un peu après Lecco, dans la zone où il y a sûrement la plus forte concentration de moustique de toute l'Europe de l'ouest... Maintenant je me dirige plein est. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans 4 jours et il me reste... 350 km! Une route pleine de camion m'amène jusqu'à Bergame. Je monte faire un tour dans la ville haute. La ville est située à la limite des montagnes, sur une colline face à la plaine. Les montagnes s'arrêtent net, ça fait comme une ligne côtière où la plaine serait l'océan qui va se perdre à l'horizon. Bergame est toute jolie avec une cathédrale aux colonades de marbres finement ciselées. Côté montagne, la ville est entourée d'une jolie campagne vallonée avec des cyprés. La route principale continue vers l'est le long de la plaine. Mais c'est toujours plein de camions et de chaque côté de la route ce n'est qu'une enfilade de zones industrielles. Je préfère faire un détour par les montagnes. Entre les camions et les montées, je préfère encore les montées.. Dès que je peux je bifurque vers les montagnes. J'arrive devant un autre lac glaciaire, qui s'enfonce entre les montagnes. Il plus petit que le lac de Côme mais toujours grand. C'est le lac d'Iseo. Au milieu du lac, il y a une île énorme qui prend toute la place. Elle est presque aussi grande que les montagnes qui l'entourent. Et puis voilà la montée. Elle est encore plus haute que celle de Campsirrago mais elle est plus régulière ce qui fait que je la monte plus facilement. J'atteins le col à la nuit tombée et me trouve une belle prairie sous les étoiles. Ici, à 700m d'altitude, pas de moustique et je peux rester tranquillement dehors à regarder les étoiles. Le matin, j'ai droit à une belle descente, pour ensuite remonter aussitôt à la même altitude. C'est dur mais ça fait du bien d'être en pleine montagne, entouré par la nature. Je redescends de nouveau. La vallée est tout de suite plus industrielle et donc pleine de camions. Mais ça débouche sur un chef d'oeuvre : le Lac de Garde. Grandiose. Immense. D'un côté il s'enfonce dans les montagnes, de l'autre il est bordé de petites collines qui débouchent sur la plaine padane. Les bourgs sur le bord du lac ont toujours cette élégance que je voyais sur le lac de Côme, mais ici il y a une athmosphère un peu plus du sud. Ici non plus je ne me prive pas, je prends le bateau pour traverser le lac. J'embarque à Salò sur un magnifique bateau à aube, avec les aubes qui marchent vraiment. La traversée est somptueuse. Vraiment grandiose ce lac. Sérénité, dans la lumière de l'après-midi. J'adore le bateau sur ces lacs. Dommage, c'est le dernier, de lac. Je m'approche de Vérone à travers des petites collines plantées de vignes. La campagne est jolie ici. C'est les vendanges. À Vérone, revoilà toutes les voitures. C'est la sortie des bureaux, il y a du traffic partout. Je me perds un peu, le chariot touche le trottoir et se renverse, mais ça arrive à peu près une fois par jour, il est solide maintenant et je le redresse aussitôt, les voitures partout commencent à m'énerver et je finis par trouver la maison de Legambiente, au milieu d'un parc. Ouf! Dans cette maison, Legambiente accueille des volontaires du monde entier qui viennent généralement pour au moins trois mois. Ils aident l'association à entretenir la zone des fortifications, zone dégradée plus ou moins abandonée par la commune mais que Legambiente veut revaloriser pour son intérêt storico-naturel. Le soir, on va visiter le centre ville. C'est magnifique avec des énormes arènes romaines au coeur de la ville, en marbre blanc et rose, toutes illuminées. Justement ce soir ils y jouent Roméo et Juliette, qui en italien s'appelle Giulietta e Romeo. Et bé oui, sur ce coup là les italiens sont plus galants que les français... Tout le centre de Vérone m'émerveille. Je suis arrivé dans la région Veneto, et donc commence ici l'architecture vénitienne, qui est d'une finesse et d'un raffinement avec ces fenêtres cintrées et toutes ces colonnades de marbre blanc. Je m'attarde un peu à Vérone le lendemain matin, mange avec les volontaires à midi sur la terrasse au milieu du parc. Il y a une volontaire québecoise avec un accent... Un délice! Je pars en fin d'après-midi. Pour rattrapper le retard, je fais 50 km en train jusqu'à Vicenza. C'est plus petit que Vérone mais tout aussi beau, toujours avec l'architecture venitienne. Les maisons ont des couleurs superbes dans cette lumière rasante de fin de journée. Je croise une manifestation contre l'extension de la base militaire américaine. Je plante la tente au milieu des prairies à quelques km de la ville. Le lendemain, grosse étape. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans la journée. Ça se trouve à 110 km, à Portugruaro. Je fonce plein est à travers la plaine. Je passe par Trévise. J'ai déjà entendu ce nom. Je ne sais pas pourquoi mais il me semble qu'il y a eu des ducs de Trévise dans l'histoire de France. Évidemment, Trévise c'est super mignon mais je n'ai pas trop le temps de flaner. J'ai juste le temps de prendre un tremezzini, le sandwich typique du coin qui est plus ou moins un sandwich club, mais roulé... Encore 60 km. C'est monotone, je traverse des campagnes ennuyantes. Les derniers 20 km sont sur une nationale. Une ornière, mon chariot se renverse. Je le redresse et c'est reparti. Portogruaro. C'est étrange mais je me rends compte que je suis déjà venu ici... Il y a 4 ans, revenant de Croatie en stop. On m'avait laissé ici à l'échangeur de l'autorote et j'avais rejoint Venise en train. Je me rappelle d'une gare et d'une zone industrielle. Enfin une bourgade laide. Raté, en fait c'est trop mignon encore, comme toutes les villes du Veneto. Et en plus, ici, il y a Ciclomundi, le festival du voyage à vélo! Je ne suis plus tout seul!!

17/09/2007

Milan est un drôle d'oiseau

À Milan, on n'est plus vraiment en Italie mais plutôt dans une athmosphère de métropole européenne. Ici c'est le nord, on est seulement à 50 km de la Suisse. Des voitures partout. Il y a des quartiers qui me rappellent terriblement Paris vers les 14ème, 15ème arrondissement : les mêmes rues, les mêmes immeubles début XXème siècle. Ailleurs, c'est carrément l'Allemagne ou l'Autriche avec un immense chateau fort en briques rouges au milieu d'un grand parc, des grandes avenues bordées d'arbres avec des tramways. Il y a quand même des endroits avec un cachet un peu plus italien, comme le long des navigli. Ce sont les canaux de milan. Auparavant la ville était entièrement parcourue de ces canaux. Maintenant il n'en reste que trois ou quatre, bordés de petites maisons et de cafés en terrasse. Le samedi soir, le tout Milan s'y retrouve. Enfin Milan, comme toute ville italienne, a son duomo, la cathédrale. Ici il est un peu particulier. Il a la forme d'une immense tente canadienne de 50 m de haut mais tout en dentelle de marbre blanc. De là-haut on voit les montagnes qui entourent la plaine padane au loin. Une grande montagne enneigée domine tout : c'est le mont Rose. J'ai de la chance d'avoir une telle visibilité parce qu'il y a du vent. D'habitude le nuage de pollution cache tout. Je reste à Milan pendant trois jours. Je rends visite aux bureaux de Legambiente. Ils sont tous occupés à préparer la grande campagne de Legambiente qui se passera fin septembre : "Nettoyons le monde!" À ce moment des milliers de volontaires et d'écoliers iront nettoyer des endroits dégradés, décharges sauvages ou bords de route. À Milan je fais ma première animation dans un parc avec quelques volontaires. On donnes des craies aux enfants et on leur dit de dessiner la ville comme ils l'imaginent sans voitures. Ils dessinent par terre, sur le goudron des allées. C'est sympa, les enfants sont tout contents.. À Milan, les voitures font la loi. Mais la résistance montre le bout de so nez. Ça se passe tous les jeudis soirs, vers la place du Duomo. Si vous tendez l'oreille, vous vous apercevrez que l'habituel concert de claxons a laissé la place à un ... concert de sonnettes.. C'est le Critical Mass, la révolte des bicyclettes. Approchez-vous, n'ayez pas peur. Un vélo, deux vélos, des centaines de vélos se rassemblent ici. Parce qu'il y en a des vélos à Milan mais ils sont complètement noyés dans la masse des voitures. Et si on changeait les rôles un peu? Le cortège se met en mouvement dans un joyeux bordel au son de la musique parce que certains petits malins ont fixé des enceintes sur leur portes-bagages. Il y a tout les types de vélos possibles et imaginables, du vélo harley-Davidson à la bicyclette à bulles, qui fait des bulles de savon en avançant! Tout le monde est joyeux. La rue est à nous. On va au hasard, ce sont ceux qui sont devant qui vont où bon leur semble, et nous on suit. Et on n'hésite pas à brûler les feux rouges, à couper les files de voitures et même à prendre les grosses avenues à contre sens. Les automobilistes qui nous croisent ne comprennent rien. Ils voient arriver cette grosse masse de cyclistes qui se jettent sur eux et ils ne peuvent rien faire qu'attendre et nous regarder passer. Deux minutes de pause dans cette frénésie de métropole ne leur fera pas de mal. Pour un cycliste, participer au Critical mass est une expérience grandiose. Inverser les rôles avec les voitures, pouvoir se promener dans la ville en toute sérénité, c'est si beau. L'athmosphère de la ville change complètement. Beaucoup de cyclistes me racontent qu'ils ont la vie dure à Milan et que le jeudi soir, ça leur donne une grande bouffée d'air. Ça montre que les cyclistes existent quoi, et que la ville est tellement plus belle sans voitures! Mais le lendemain la ville est redevenue égale à elle-même, c'est à dire qu'il ne fait pas bon y vivre pour un cycliste et il est temps de fuir. Direction les montagnes que j'apercevais au nord. Sauf qu'aujourd'hui, les montagnes, elles ont disparues! Vers le nord, je ne vois que l'horizon plat. Qu'à cela ne tienne, je les rerouverais. Ce sont les parents de Silvia, membres de la FIAB, qui me montrent le chemin. On part à travers la plaine le long de la rivière Adda. On passe devant un village ouvrier, Crespi, crééde toute pièce au début du siècle par le patron bienfaiteur d'une grande manufacture. Il y avait eau chaude et médecin gratuit pour tout le monde ce qui pour l'époque n'était pas si mal. Dans le cimetière, il y a un immense mausolée qui rappelle un temple cambodgien. En continuant le long de la rivière, on arrive maintenant devant la maison de Léonard de Vinci. Il a vécu ici un moment et on peut voir tout le complexe d'écluses qu'il avait créé. Il avait même imaginé un bac pour traverser la rivière. Ce bac existe toujours. C'est une barge retenue à un cable tendu en travers de la rivière et qui se déplace d'une rive à l'autre simplement en changeant la direction du gouvernail et en utilisant la force du courant. Très ingénieux. Ça fait plus d'une demi-journée que je suis cette rivière. Les parents de Silvia ont rebroussé chemin. Sans que je m'en sois rendu compte, les rives du fleuves se sont élevées et je suis maintenant au fond d'une vallée aux côteaux boisés. De temps en temps il y a un petit barrage. Ça change d'ambiance, et soudain au détour d'un méandre, voilà qu'apparaissent devant moi les montagnes. Et pas n'importe lesquelles. Sans transition je me retouve au coeur des Alpes. Et je vais tout de suite pouvoir goûter au plaisir de la montagne avec une belle montée pour rejoindre le camp de volontaires Legambiente de Campsirrago. Et bé pour une entrée en matière c'est un peu rude.La montée est terrible avec des portions à plus de 20% qui sont de vrais murs. Je dois descendre de vélo et pousser tout mon chargement. Avec 70 km dans les jambes, c'est le calvaire. Je m'arrête tous les 50 m. Mais heureusement, c'est scientifiquement prouvé, toutes les montées ont une fin, et celle-ci se termine en même temps que le coucher de soleil. Je suis arrivé mais je suis complètement mort. Plus jamais ça. Les deux jours que je vais rester à Campsirrago me seront bien utiles pour récupérer.

14/09/2007

Dans la plaine padane, padane...

La plaine, la grande plaine padane. C'est la plaine du Po. Ca change après les montagnes de la Ligurie. Ces grands champs, ces petits villages isolés déserts, ça m'est plutôt familier tout ça, ça rappelle le grands champs autour d'Heubécourt. Mais ici c'est encore plus plat (si,si, c'est possible..) et à la place des silex et des colombages, les maisons d'ici ressembleraient un peu à celles de la vallée de la Garonne. Je passe par un gros bourg, Tortona. Au dessus des toits je vois un énorme truc qui brille. Je m'approche. C'est une immense statue de la Vierge Marie tout en or au dessu de l'église. C'est marqué qu'elle fait 14 m de haut. Ils sont dingues.. Après Tortona, ligne droite à travers les champs, plein nord. J'atteins le Po tout juste pour le coucher du soleil. Le grand fleuve de l'Italie. C'est un fleuve sauvage, comme la Loire, mais ici il est beaucoup plus large et n'est pas endigué. Au matin je franchis le fleuve par un grand pont métallique. Et j'arrive aux pays des rizières. Il y a tout de suite une odeur qui me rappelle quelque chose de familier. Mais oui! L'Indonésie! Ce parfum qui flottait dans la campagne de Yogyakarta, c'était donc l'odeur des rizières. Ici les rizières sont grandes comme un champ de blé, ça a beaucoup moins de charme. Mais c'est tranquille. Je prends une petite route qui serpente le long d'une digue. Il y a des chenaux partout, de l'eau qui circule. Ce doit être une ancienne zone de marais, sur le rives du Po et des nombreux autres fleuves qui traversent la région. Ça surprend quand même tout ce riz au pays des pâtes. Mais en fait dans la région de Milan ils mangent moins de pâtes. La spécialité ici c'est le risotto. Et oui parce que je m'approche de Milan. Mais tout d'abord je passe par Pavie. Ça me dit quelque chose ce nom. Pas loin, il y a aussi Magenta. C'est plein de noms de bataille. Pas étonnant, les français sont souvent venus se battre dans le coin, que ce soit François Ier ou Napoléon, les armées françaises s'y sont donné à coeur joie pendant plusieurs siècles. En tout cas Pavie c'est joli. Il y a un pont couvert en bois et briques rouges. Et un grand dôme, en briques rouges aussi. Il est un peu bizarre ce dôme. Normal, il a été commencé en 1450 et fini en 1930. Ce qui explique les finitions en béton.. Dans les rues, il y a plein de monde en vélo, ça donne une athmosphère sympa à la ville. Ici, il n'y a pas d'excuses, c'est tout plat. Par contre, les ruelles en galets c'est joli mais ça remue pour mon chariot. Je campe pas loin de Pavie, au bord du Ticino, affluent du Po qui vient tout droit du Lac Majeur. L'inconvénient de tous ces fleuves pour un campeur, c'est les moustiques. Ils vengent peut-être leurs compatriotes italiens des razzias françaises. Je dois battre en retraite sous la tente. Encore un peu de plaine avant Milan, surtout que je fais des détours. Je passe par un pont de barques sur le Ticino. C'est le dernier existant de cette grandeur. Puis au hasrd des petites routes de campagne que j'empreinte, j'arrive à la Chartreuse de Pavie. C'est un genre de monastère où il y avait des Chartreux, venus de Chartres j'imagine. Mais c'est un moine cystercien éthiopien qui fait la visite. Comme d'habitude en Italie avec les bâtiments religieux c'est d'une décoration richissime, mais là c'est carrément somptueux avec briques et marbre blanc et décoration en terre cuite. La vue depuis le petit cloître avec ses fleurs est superbe. Après cet intermède culturel, retour aux champs. Des champs, des champs. À Lodi m'attend Silvia, de Legambiente Milan. C'est elle qui m'accueillera pendant quelques jours. Elle m'accompagne sur les derniers kilomètres de piste cyclable. Mais elle habite encore à 15 km du centre de Milan. Le lendemain on se fait ces derniers 15 km à vélo pour se mettre à la place d'un habitant de la proche banlieue qui voudrait se rendre à son travail à Milan en vélo. Jusqu'à l'entrée de Milan, ça pourrait encore aller, mais une fois passé le panneau d'entrée de Milan, finies les pistes cyclables, des voitures partout, partout, partout. Bienvenue au royaume des autos : Milan..

10/09/2007

Où y a Genes, y a pas d'vélos

Je me suis vraiment plu à Riomaggiore et je serais bien resté un peu plus mais je suis attendu à Genes. Donc le 31 aout au matin, je reprends ma bicyclette. Le problème, c'est que Riomaggiore en vélo on peut peut-etre y arriver, avec un peu de courage, mais pour en sortir c'est une autre histoire, surtout avec une remorque, parce que la route est trop, trop pentue. Heureusement il y a le train. Comme ça j'ai passé toute la zone des Cinq Terres et je suis arrivé à Sestri Levante. Après une grosse pluie je suis parti sur la route le long de la cote. La cote est belle ici aussi. Je suis dans la baie de Rapallo. Rapallo est une jolie petite ville au pied des montagnes. Je suis desormais dans le coeur de la Ligurie. La particularité des maisons est qu'elles sont toutes peintes avec des trompes-l'oeil qui simulent des colonnes, des stucs. Les maisons sont de toutes les couleurs pastel et ont les volets verts. Et ici, on mange la foccacia, un type de pain à l'huile d'olive. Après Rapallo, voilà une belle montée. C'est le promontoire de Portofino qui ressemble un peu à la cote amalfitaine. De la-haut, la vue est superbe. Je vois toute la cote ligure qui continue et au loin, j'aperçois Genes, coincée entre mer et montagnes.

Après 20 kilomètres j'arrive à Genes où je suis accueilli chez Giovanni, la cinquantaine, cycliste de la FIAB, l'association italienne des amis du velo. Il habite une vieille maison traditionelle à l'écart de la ville. C'est un passioné du vélo. Il n'a jamais eu de voiture de sa vie et possede un velo pliable hyper sophistiqué. Il fait tous ces déplacements en vélo. En ce moment il a son papa qui se trouve en maison de repos a Portofino, d'ou je viens justement. Et tous les jours il va le voir en velo et doit donc se payer la grosse cote que moi j'étais bien content de descendre.

Le lendemain il me fait rencontrer Massimiliano, autre usager du velo pliable. Mais Massimiliano est tres different de Giovanni. Lui la voiture, jusqu'à il y a 3 ans, il l'utilisait comme tout le monde. Il etait meme de ceux qui vont jetter les poubelles au coin de la rue en scooter. Le vélo, lui, il y est venu par paresse. A Genes il y a tellement peu de place de parking qu'il était obligé de se garer à 500 m de chez lui. Et comme il avait la flemme de faire ces 500 m à pied, il s'est acheté un vélo pliable qu'il mettait dans le coffre de sa voiture. 500 m en vélo, c'est toujours moins fatigant que 500 m à pied. Mais meme avec ça, le parcours en voiture pour aller au travail etait toujours aussi fatigant et stressant avec tous les embouteillages. Il y avait bien la possibilité de prendre le train. Mais il fallait prendre le bus pour aller a la gare et les bus sont toujours coincés dans les embouteillages ce qui fait manquer le train. C'est alors qu'il a pensé à utiliser son vélo pliable. Plié ce vélo est tellement petit qu'il prend la place d'un bagage à main et peut donc etre emmené dans le train aussi pendant les heures de pointe. Et ainsi en faisant velo jusqu'à la gare, puis train, puis vélo jusqu'au travail, il s'est rendu compte qu'il allait plus vite qu'en voiture et surtout qu'il arrivait moins stress au travail. Et maintenant il s'est passioné pour le vélo et il veut en faire le moyen de transport favori Genes. Le probleme est que Genes est construite sur les collines et les rues ne sont que montées et descentes. C'est pourquoi tout le monde le considère comme un fou. Le vélo à Genes? C'est impossible. Mais Massimiliano a la solution. Ca s'appelle l'intermodalité. C'est a dire utiliser plusieurs moyens de transport en complementarité. Et il va me montrer tout de suite comment ça marche. Il me prete un vélo pliable, qui est à la base de son systeme de l'intermodalité. Et nous voilà parti dans les rues de Genes. On arrive jusqu'au port, qui a été restauré récemment par le meme architecte qui a fait notre beau Centre Pompidou à Paris. C'est plein de grandes structures, un mix entre voilures de bateaux et éoliennes. Mais c'est pas mal, et tout la zone du port est pietonnière. De là, on prend le bateaubus, les vélos sagemet pliés à coté de nos sièges. On arrive à unjoli petit port en périphérie. On fait un tour en vélo puis on prend le train pour revenir dans le centre. On peut prendre n'importe quel train, puisque nos vélos pliés sont assimilés à des bagages à main. Aussitot sortis de la gare, prend maimtenant un ascenseur pour passer dans la zone haute de la ville. L'ascenseur est interdit aux vélos mais nos vélos se transforment aussitot en bagages à main et on se transforme en simple piéton. Cet ascenseur est un peu particulier. Tout d'abord, la cabine part horizontalement sur des rails. après 200 m, elle est happée par un crochet qui nous emporte dans les airs. On se croirait un peu dans la base secrète d'un méchant de James Bond... Mais on dèbouche juste au-dessus de Genes. On redéplie les biciclettes ( ça se fait en 10 secondes) et on se fait une belle descente qui nous emmène jusque dans les ruelles du centre-ville. Puis on remonte, en funiculaire cette fois. On arrive au sommet de la montagne qui domine la ville. Ici, on est sorti de la ville. Il y a les montagnes tout autour, la foret à nos pieds, et Genes tout en bas. On respire le grand air et on redescend dans les rues de Genes.

Qui a dit qu'il y avait des montées à Genes? Moi je n'ai vu que des descentes.. C'est ça le concept. Massimiliano veut utiliser le meme principe que pour les skieur. Au lieu du télésiège, on prend le train, le funiculaire ou le bus. Et ensuite, en vèlo, on se fait la descente sans se fatiguer. Ainsi voilà l'inconvénient du relief transformé en avantage.

J'ai appliqué son concept dès le lendemain. Pour quitter genes vers le nord, il faut franchir les Apennins et donc se faire une belle montée. Alors on a pris un petit train qui monte au dessus de Genes et qui nous a dèposé de l'autre coté du col, sans fatigue. Vive l'intermodalité!

Je redescends accompagné d'un groupe de cycliste de la FIAB. C'est le groupe slowbike composé des plus anciens. Certains ont quand meme 75 ans mais ca ne les empeche pas de tenir un bon rythme que j'ai un peu de mal à suivre... Ils me laissent une fois sorti des montagnes. Devant moi s'étale l'immense plaine padane. Ca change du tout au tout. Au revoir la Ligurie, voilà la Lombardie!

05/09/2007

Volontaire à Riomaggiore

 

Du 26 au 30 aout, je suis resté à Riomaggiore pour participer au camp de volontaires organisé par Legambiente. C'était très sympa. D'abord parce que ca m'a fait une petite pause. Mais surtout parce que l'endroit est magnifique. Riomaggiore ce trouve dans le parc National des Cinque Terre. Ce sont des montagnes à pic qui plongent directement dans la mer, et dans un tel environnement, l'homme est réussi à y coincer 5 petits villages dans des minuscules vallées. Ces petits villages sont trop mignons, avec les maisons de toutes les couleurs. La nuit, ça ressemble à ces crèches de Noel qu'ils font à Naples. Et non contents d'etre venus habiter dans cet endroit impossible, les hommes sont ensuite grimpés à flanc de montagne pour aller façonner ces raides versants en terrasses pour y cultiver la vigne. Ah je vous jure, ce qu'est capable de faire l'homme pour avoir du bon vin... En tout cas, ça donne un paysage à couper le souffle. Le problème, c'est que les hommes ont fini par se fatiguer à cultiver ces terrasses escarpées et sont aller travailler à la ville à coté, et du coup ils ont abandonné les terrasses. Avec le manque d'entretien, les terrasses se sont dégradées et ont provoqué quelques glissements de terrain et la foret envahit petit à petit le paysage ce qui fait perdre la spécifité du lieu. Alors en 2000, a été  créé un Parc National avec pour objectif de redévelopper la culture des terrasses tout en developper le tourisme vert, pour donner du travail aux habitants. Ce par a été créé avec l'action de Legambiente et chaque année, Legambiente organise des camps de volontaires pour venir aider le parc. 

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On était donc une dizaine de volontaires du monde entier : Slovaquie, Japon, France, Allemagne, Serbie, Turquie . Et on a travaillé à nettoyer des sentiers enfrichés et à aider dans les cultivations de basilic et de romarin. Et pourquoi des jeunes viennent de si loin pendant leur vacances pour travailler bénévolement? Il y a tant de raisons : C'est le moyen de découvrir un endroit magnifique de l'intérieur, en participant à sa protection. Et puis ça fait du bien de travailler au grand air. Tous les matins il fallait grimper au dessus du village mais une fois là-haut, quelle vue! On a l'impression de voler. Et puis on ne travaillait que le matin, après le travail tout le monde pour faire un bon bain. Et puis un camp de volontaires, c'est l'occasion d'un échange culturel, l'ambiance est toujours sympa (pour ceux qui pensent que la Turquie ne doit pas rentrer en Europe, venez faire un camp de volontaire international et venez voir si ils sont si différents de nous..)b25b1fb1ee1936a1ec23fac8b42086b8.jpg