02/02/2007
Les belles traditions napolitaines...
Naples est imprégnée de traditions vivaces qui rythment les saisons. Ainsi le mois de janvier qui chez nous pourrait sembler assez ennuyeux est ici assez chargé. Le mois commence évidemment avec la célébration de la nouvelle année. Dans la nuit de la Saint Sylvestre, à minuit précise, c'est l'explosion de joie. Au sens propre. Tout le monde sort ses fusées d'artifice et les fait exploser. N'importe où. De préférence au milieu d'une ruelle étroite bordée par des immeubles de 6 étages. C'est une belle ambiance de guérilla urbaine. Pendant une heure, on se croirait parachuté au cœur de bombardement de la seconde guerre mondiale. Et dans ce joli spectacle, chaque année on dénombre quelques morts et des dizaines de blessés avec bras et jambes en moins. Il fallait s'y attendre. Et comme si ça ne suffisait pas, à minuit pile, c'est l'heure où tout le monde se débarrasse de l'électroménager usager ou des meubles encombrants inutilisés. Et comme c'est trop compliqué de faire descendre tout ça par l'étroite cage d'escalier, on ne s'embête pas et on balance joyeusement les vielles télé ou les machines à laver par la fenêtre du sixième étage. Bonne année!
Le 6 janvier, c'est l'épiphanie. Et ici l'épiphanie, ce n'est pas la galette des rois comme chez nous. La nuit de l'épiphanie, une vieille femme type fée carabosse passe dans toutes les maisons sur son balai et laisse aux enfants sages des cadeaux dans leurs chaussettes. Bref, une répétition de Noël 15 jours après. Jusqu'à tard dans la soirée les magasins de jouets sont ouverts et dans les rues on rencontre quelques sorcières. Et à minuit pile, nouvelle série de bombardements : tout le monde finit son stock de feu d'artifice restant du nouvel an.
Le 17 janvier, on brûle le sapin. C'est exactement ce jour-là que tout le monde se débarrasse de son sapin de Noël. En fin d'après midi, on voit des enfants traînant derrière eux leur vieux sapin. Et le soir, nouvelle scène de guérilla dans les rues : sur les places, on rassemble tous les vieux sapins en tas et on brûle joyeusement tout ça. Avec quelques poubelles en prime. Et on se lance des pétards à la figure pour rajouter à l'ambiance.
Et ce 17 janvier marque le début de la période pré-carnaval qui dure un mois. Et donc pendant tout un mois se déroule une autre tradition typiquement napolitaine. Les joyeux bambins sortent les œufs et la farine et s'amusent à bombarder les passants à l'improviste. Dans la bonne humeur, ils guettent les victimes les plus faciles, généralement les femmes qui se promènent tout seul, et se jettent sur elles pour leur balancer des œufs pourris sur la tête, généralement assez violemment, et la femme s'en va en pleurs. Les braves petits diables sont passés maîtres dans la réalisation de leurs plaisanteries, et c'est à Naples que sont fabriquées les meilleures boules puantes artisanales, faites par les enfants eux-mêmes à la maison, à partir d'une recette ancestrale. Mais ici encore, la modernité modifie les belles traditions et depuis quelques années, les gentils petits garnements délaissent de plus en plus le traditionnel œuf pourri pour la bombe de mousse à raser, malicieusement cachée dans la poche des blousons et qu'ils dégainent dans les yeux du premier qui passe…
Pendant un mois, il règne donc dans les rues une joyeuse atmosphère. Personnellement, en ce moment j'essaie de sortir le moins possible. Les belles traditions napolitaines… Je suis impatient de voir ce que nous réserve le mois de février…
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12/12/2006
Napoli...
A Naples les "scugnizzo" sont toujours là. Vous savez ces enfants des rues, type gavroche, qui ont réussi à chasser les Allemands pendant la guerre. Sauf que maintenant il n'y a plus la guerre, alors ils faut bien qu'ils s'occupent autrement. Et puis c'est pas vraiment des enfants des rues parce qu'ils ont une maison et des parents mais le fait est qu'ils sont toujours dans la rue, complètement libres de faire ce qu'ils veulent.
Dans les ruelles, on peut voir passer des gamins sur des minis motos cross à toute vitesse, ou alors à deux sur des petits quads, en train de balancer de la mousse à raser sur les passants. C'est le cadeau de noël en vogue en ce moment, le quad, et tout ça bien évidemment sans casque. Je n'ai pas vu un seul conducteur de scooter avec un casque. C'est pas assez à la mode.
Ils sont vraiment adorables ses petits bambins…
La ville retentit quotidiennement de bruits d'explosion. Des représailles entre gangs? Non, ce sont juste des enfants qui balancent des pétards dans la rue à longueur de journée. C'est devenu un bruit quotidien. Ca ne perturbe personne. Et même, les enfants font ça machinalement, en marchant, allumant un pétard tous les 10 mètres et le lançant tout en continuant à parler avec les copains, sans même se retourner pour voir l'effet de l'explosion sur les passants. Et ils ont l'esprit d'entreprise ces petits gamins des rues puisqu'il y en a même qui se sont montés des petits stands dans la rue pour vendre ces fameux pétards. Ils se font leur petit stand en suivant l'exemple de papa qui vend les cigarettes ou autres marchandises de contrebande à côté. Il y en a d'autre déguisés en père Noël avec une fausse barbe qui jouent de l'accordéon avec un petit air triste. C'est des scènes dignes des photos de Doisneau du Paris des années 50. En soirée, on les voit sortir tout équipé en footballeur avec le short, les grandes chaussettes et les chaussures à crampons. Mais où vont-ils jouer puisqu'il n'y a ni stade ni parc dans le centre de Naples. Le terrain favori c'est les placettes coincées entre la rue et le fronton des églises. Et où est le but? C'est la porte de l'église… Le fameux Duomo, la cathédrale de Naples, leur procure ainsi un bon terrain de foot. Le seul problème est que la porte en bois rebondit un peu trop et après un bon shoot la balle rebondit aussitôt dans la rue et les voitures qui passent à toute vitesse doivent freiner en catastrophe. Ou alors avec un peu de chance ça rebondit sur la carrosserie de la voiture et le ballon revient sur le terrain ce qui permet de faire une bonne reprise de volée…
Napoli c'est aussi les familles qui vivent dans la rue. Tout le monde a une maison mais ce qui vivent au rez-de-chaussée vivent tout le temps avec la porte ouverte et installent des chaises dans la rue. C'est assez sympathique et ça permet de bien connaître le quotidien d'une famille napolitaine. Si vous passez dans la rue vers midi, vous entendrez la musique à fond, et si vous jetez un œil vous verrez la ménagère qui chante à tue tête tout en faisant le ménage. En bas de chez moi il y a justement une famille typique. Il y a du monde tout le temps avec plein de grands garçons qui ne font rien de la journée si ce n'est regarder la télé ou aller faire un tour en scooter. Souvent ça crie, ça hurle : ce n'est rien, ils sont juste en train d'organiser un combat de chien, ou alors il y a un léger désaccord sur la cuisson des pâtes…En fait ça permet de voir un autre aspect de la vie de la famille napolitaine. J'avais eu un premier aperçu cet été sur la plage, avec tous leurs déchets. Et bien que je me rassure, ce n'était pas en geste de protestation qu'ils laissaient tous leurs détritus sur la plage de Legambiente. Ils font pareil chez eux. Ce qui fait que bien que la rue soit une impasse et donc qu'il n'y ait pas de passants, devant chez eux c'est jonché de gobelets en plastique. Et quand il y a quelque chose de cassé ou qui ne leur plaît plus chez eux, le réflexe naturel : on le jette dans la rue! Peut être en espérant que la pluie l'emporte ailleurs. Sauf que le sèche linge dont ils se sont débarrassés il y a deux semaines, il va falloir un déluge pour l'emporter, ou alors attendre qu'il se biodégrade. J'ai l'impression que les Napolitains donnent toute leur confiance au processus de biodégradation…
Il est à noter que cette famille napolitaine est un peu plus calme depuis quelques jours. Cette petite baisse de moral est peut être liée à cette intervention musclée de la police qui est arrivée avec plusieurs fourgonnettes blindées, a bloqué la ruelle et dont les escouades de policiers armés de mitraillettes et équipés de gilets pare-balles sont entrés dans la maison de cette charmante famille, et en on extrait le père, sous les cris de protestation de tout le voisinage. Ce bon père de famille se révèle être en fait un des petits chefs locaux de la mafia du quartier…En passant, les policiers ont arraché une caméra qui était dissimulée dans un petit autel dédié à la vierge Marie qui était suspendu sur le mur en face et qui permettait de surveiller les passages dans la ruelle… Scène du quotidien quoi…
Enfin un dernier mot sur Noël quand même. Parce que Naples, je ne sais pas si vous le savez, mais c'est un des plus grands centres mondiaux de construction de crèche et de santons. Et donc juste avant Noël, il faut imaginer l'ambiance dans les ruelles, il y a des vendeurs de crèche partout, mais alors partout. Dans certaines ruelles, on a l'impression de marcher à l'intérieur d'une crèche géante. Et puis ici, les crèches, c'est pas de la blague. C'est des structures de liège qui peuvent faire jusqu'à deux mètres de hauteur avec des lumières, des ampoules pour imiter le feu de bois, des mini cascades avec de la vraie eau qui coule et sur certaines, on a en option l'effet fumée! Et puis à l'intérieur, évidemment il y a le petit Jésus avec Joseph et Marie, l'âne, le bœuf, les rois mages, mais ça ne s'arrête pas là! II y a aussi le berger, les paysans, et toutes les professions imaginables : le boulanger qui fait son pain, la lavandière qui repasse le linge, la maréchal-ferrant, l'avocat, la marchande de fleurs, le boucher qui coupe la viande, l'affûteur de couteaux qui affûte, le bûcheron qui bûcheronne, et évidemment le pizzaiolo qui enfourne la pizza. Et alors sachant que tout ça est animé, vous pouvez imaginer le chaos dans la crèche, avec tout le monde qui coupe, qui taille, qui lave, qui enfourne, Joseph et Marie qui se prosternent, le berceau de Jésus qui se balance et au-dessus de tout ça les anges qui se balancent comme un diablotin sorti de sa boîte…
Et c'est pas fini, parce que la crèche est un lieu d'expression. Il est fréquent de rajouter des vrais personnages. Généralement parmi les santons, on peut ainsi trouver un mini Berlusconi ou un mini Romano Prodi, ou d'autres ministres, selon ses sensibilités politiques. Et puis des footballeurs aussi, par exemple Cannavaro qui brandit son ballon d'or, et même, même, l'événement de 2006… vous ne devinez pas? Et si, bien sûr : Zidane en train de donner son coup de tête à Materazzi. Ils sont quand même trop fort ces napolitains…
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04/12/2006
Chroniques Napolitaines
Alors au fait que je vous raconte… J'ai quand même fini par quitter Paestum et rentrer en France le 2 novembre dernier. J'étais pas fâché de partir parce qu'il faisait un temps trop moche et puis à la fin, tout seul dans cette grande maison avec plus rien à faire, ça finit par lasser. Mais surtout j'avais le mal du pays et je voulais revoir ma famille. Ca faisait plus de 7 mois que je n'étais pas revenu en France quand même… Quel plaisir de revoir Heubécourt et la Normandie , sous un beau soleil automnal en plus, les parents qui n'ont pas changé et le chat toujours aussi impassible. Presque rien n'a changé, on dirait le mois de novembre l'année dernière, juste avant mon départ pour le Togo. Par contre moi je pense que j'ai du changer un peu quand même. En un an, j'en ai vécu des expériences. 7 mois en Italie, c'est la découverte de la vie dans un autre pays européen, vivre avec d'autres jeunes d'autres pays et surtout l'apprentissage d'une nouvelle langue. Je suis quasi bilingue maintenant (je suis tout content d'avoir appris aussi rapidement une nouvelle langue, mais je pense que c'aurait été une autre paire de manche en Islande ou en Hongrie…L'italien, c'est quand même bien facile) Mais bon ce séjour en Italie, c'était quand même quasi des vacances pendant 7 mois… L'expérience la plus enrichissante ça reste le Togo évidemment. Depuis que j'ai fait ce séjour au Togo, j'ai découvert plein de nouvelles choses, et surtout je me sens capable d'entreprendre n'importe quel projet maintenant. En tout cas ces dernières semaines j'ai eu l'occasion de me replonger dans mon expérience africaine. J'ai fait une conférence sur le Togo à Heubécourt le 11 novembre. Il y avait pas mal de monde et les gens avaient l'air intéressés. Je suis aussi retourné à l'école d'Heubécourt pour voir où en est la correspondance que j'avais lancée avec l'école du Derrick au Togo. C'était un peu au point mort puisque la maîtresse a changé et entre temps il y a eu les grandes vacances, mais j'ai remontré des photos, expliqué le projet à la nouvelle maîtresse et l'échange devrait repartir. Les élèves se rappelaient les chansons que je leur avais apprises, ça m'a fait bien plaisir. Je me suis aussi préoccupé du centre de formation en agriculture biologique qu'on avait lancé à Bogo. En fait depuis six mois, on avait assez peu de nouvelles. On savait juste que Aube, l'étudiant du centre Songhaï qui gère le centre, avait reçu les sous qu'on lui avait envoyé et avait ouvert son centre en avril dernier, sur un terrain prêté par le chef du village voisin de Kpelé Toutou, et qu'il était logé chez une famille. On avait décidé ensemble qu'il devait commencer le centre avec pas plus de 6 élèves. La formation serait gratuite, mais les élèves, par leur travail seraient capables de produire leur propre nourriture au bout de quelques mois. L'argent de départ devait permettre de payer la nourriture en attendant les premières rencoltes du centre. Là bas, le centre a rencontré un grand enthousiasme, à tel point que les chefs de village ont imposé à Aube de nouveaux élèves. Ainsi, en juillet, il se retrouvait avec plus de 15 élèves. Evidemment, il n'y avait plus assez d'argent pour nourrir tout le monde. Les récoltes n'ayant pas encore commencé. L'association Atungba a renvoyé un petit peu d'argent pour permettre de tenir jusqu'aux prochaines récoltes avec la condition de réduire le nombre d'élèves. Mais les chefs du village ont insisté pour que personne ne soit renvoyé. Ainsi, en octobre dernier, la situation était telle qu'il y avait des conflits entre les élèves, Aube et la famille chez qui tout le monde était hébergé, il n'y avait plus d'argent et nous, on n'en avait plus à envoyer. On aurait bien fait un dossier pour faire des demandes de subventions en France mais on avait du mal à avoir des nouvelles de la part de Aube. Donc le centre était mal parti… C'est alors qu'est arrivée l'ONG CESIL. Lors de mes derniers jours passés à Bogo, une fois qu'on revenait en moto avec Dovi, on était passés devant un panneau qui indiquait : "ONG CESIL, aide au financement de projets agricoles". Intéressé, j'avais demandé à Dovi de s'arrêter. C'était un tout petit bureau où on avait rencontré le responsable local de l'asso qui nous a expliqué que le CESIL est une association africaine qui s'occupe d'aider les projets agricoles à trouver des subventions. Il s'est montré très intéressé par notre projet de création du centre de formation agricole parce que c'est justement des projets de ce type qu'ils cherchaient à aider. Moi j'étais tout content, ça tombait à pic. Il a promis d'aller visiter le projet dans les jours qui suivent. Entre temps je suis rentré en France. Dans les semaines qui ont suivi, on a plus eu de nouvelles et je me suis dit que c'était tant pis. Et voilà que 6 mois plus tard, en octobre dernier, un membre du CESIL est finalement venu visiter le projet! Il a analysé la situation, a relevé les points positifs et les erreurs et a tout pris en main. Il a expliqué à Aube les choses qu'il aurait du faire avant tout, les démarches administratives et autres à faire avant de commencer un tel projet. En fait Aube, il est très bon pour ce qui est de la connaissance en agriculture biologique, mais il a un peu plus de mal au niveau de la gestion administrative et de la pédagogie avec les élèves. Donc le soutien du CESIL arrive à point. Ensemble ils ont entrepris de rédiger un dossier de présentation pour demander des subventions. C'est parfait, c'est tout ce qu'on attendait. Donc tout va pour le mieux? Pas encore, parce que maintenant, le CESIL nous réclame 300 euros pour la rédaction de ce dossier. Nous, cet argent, on ne l'a pas. Mais surtout, on trouve bizarre de devoir payer un dossier qu'on n'avait pas spécialement demandé et qu'on n'a pas encore vu, et ça fait cher le dossier, surtout en Afrique. On estime que le CESIL pourrait se financer une fois les subventions obtenues et on en a marre de donner de l'argent sans savoir ce que ça devient. Donc voilà, on en est là. Je suis quand même content que le CESIL soit arrivé parce que Aube avait l'air d'avoir du mal à se débrouiller tout seul, mais pour l'instant on ne sait pas encore grand chose du CESIL. Bon, je me suis bien étendu sur le sujet, parce que je m'occupe de ça en ce moment. Mais on en est là et vous devez peut être vous demander pourquoi la note s'appelle "Chroniques Napolitaines".. Et bé, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille… Me revoilà en Italie! Ca me plaisait bien quand même la vie à l'italienne. Mais cette fois, ça rigole plus, depuis une semaine, j'habite en plein Naples! Dans la capitale de la pizza et de la mafia… Et alors je peux vous dire que j'en aurais des choses à vous raconter sur Naples, c'est une ville vraiment incroyable, vivante, chaotique, … Des clichés la pizza et la mafia? Pas vraiment. Naples, c'est la ville où tout les clichés italiens sont vrais. La pizza, c'est là qu'elle est la meilleure au monde et je peux vous dire que c'est vrai qu'elle est trop bonne la pizza ici, et on n'en vend partout partout partout, il n'y a pratiquement que ça. Ou alors quand ce n'est pas ça, c'est le marchand de pâtes en tout genre. Dans la moindre épicerie, le rayon pâtes occupe la moitié du magasin. Et la mafia alors? Et bé elle est bien présente aussi, mais c'est pas forcément comme on pense. Je vous rassure, je ne vis pas sous les fusillades entre gangs rivaux. La présence de la mafia on la remarque plutôt avec les montagnes de déchets qui encombrent les rues. Et oui, parce que c'est la mafia qui gère le ramassage de déchets de la ville! Et pour se faire le maximum d'argent, ils gèrent ça n'importe comment. Sûrement pour une sombre histoire d'argent ils se sont opposés à la construction d'un nouvel incinérateur et du coup il n'y a plus de place dans les décharges. Et les déchets s'accumulent. Ou alors ils y vont sans scrupules et vont enterrer les déchets toxiques dans les champs, il y a plein d'exemple du genre. Mais Naples, ce n'est pas que la pizza et la mafia, loin de là, c'est les ruelles étroites parsemées d'églises monumentales tous les 10 mètres, c'est le linge aux fenêtres, c'est les vespas à toute berzingue qui slaloment entre les passants dans les ruelles, c'est les mammas italiennes qui se crient dessus d'une fenêtre à l'autre au dessus de la rue, c'est tout les stands dans la rue, une petite impression d'Afrique avec toute cette vie dans la rue, c'est le soleil, c'est la vue magnifique sur le Vésuve et la Baie de Naples, c'est des milliers de détails qui font de cette ville une cité vraiment unique... On dit souvent qu’avec Naples, il n’y a pas de demi-mesure : soit on la deteste, soit on l’adore. Et moi, depuis une semaine que je la découvre, après la surprise, après le choc, et bien je peux vous dire que j'adore!
19:05 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (0)
10/08/2006
C'est l'été!
Eh oui c'est l'été. Un vrai de vrai, au soleil, à la plage, tous les jours.
Voilà la phase critique de la gestion de la pinède. L'été et son afflux de touristes. Tous les jours on est assailli par les baigneurs. La plage qui était déserte jusqu'à maintenant se retrouve recouverte de parasol pendant les journées ensoleillées, c'est à dire tout le temps. Et quand les Italiens viennent sur la plage, ils ne se contentent pas du parasol.. Ils amènent chacun leur chaise pliante, la table en plastique, le bateau gonflable, une glacière par personne. C'est marrant, ils viennent tous avec un petit chariot, genre cabas, les enfants sont chargés comme des mules.
Nous, pendant la journée, on fait des tours de vigilance puis on attend le soir qu'ils partent et on nettoie les cochonneries qu'ils laissent sur place. Les journées sont plutôt tranquilles. En moyenne, 4 heures de sieste par jour…
Comme c'est quand même un peu ennuyant à la longue, moi j'essaie d'organiser des animations. Quelques animations sur la plage avec les enfants. On fait des méduses, des fleurs avec des bouteilles en plastique. Et sur la plage, la dernière fois j'ai réussi à leur faire ramasser plus de 1000 mégots en leur promettant un petit tour en canoë… Je fais aussi des visites guidées de la pinède mais les gens ne sont pas trop intéressés, ils préfèrent rester bronzer sur la plage. Ou alors ils passent un bon quart d'heure à m'expliquer que si on veut vraiment protéger la nature, il faudrait qu'on construise des petites cabanes pour les oiseaux dans les arbres…
Donc voilà, été plutôt tranquille, sauf que, sauf que c'est Legambiente qui ne reste pas tranquille.
En fait Legambiente Paestum est surtout constitué de Pasquale, le président qui est notre tuteur, et de Lucio, un italien vrai de vrai comme on n'en fait plus qui lui, a le titre ronflant de directeur de l'oasis, c'est à dire de la pinède.
Et eux deux, depuis fin juin, ils nous font une avalanche de projets. Chaque jour, on arrive, ils ont une nouvelle idée.
Alors, à un moment, comme ca du jour au lendemain, ils ont voulu faire payer l'entrée de la pinède 1 euro par personne. En se disant que comme ça il y aura moins de monde qui viendra et ça renflouera un peu les caisses de l'association qui doit payer chaque année 5000 euros à l'Etat pour la gestion de la réserve. Donc ils nous ont fait distribuer des tracts expliquant que maintenant il faudrait payer un euro. Evidemment tout le monde a ralé, on ne sait même pas si c'était légal. Tout le monde venait demander des explications, Legambiente insistait, insistait et puis finalement ils ont laissé tombé. Mais entre temps, pour faire payer l' entrée, ils se sont rendus compte qu'il fallait contrôler les entrées. Et comme on ne peut pas mettre quelqu'un à chaque entrée, ils ont décider de fermer quelques passages d'entrée. Ils ont voulu fermer une entrée qui était juste devant des habitations. Alors les habitants des maisons évidemment ça ne leur a pas plu, parce que ça les obligeait à faire un petit détour de 100 m pour aller à la plage. Et eux quand quelque chose ne leur plait pas ils ne s'embêtent pas avec les formalités. Le lendemain on a retrouvé la barrière toute détruite. On est retourné la faire, et voilà le voisin qui sort en nous disant que c'est lamentable de faire payer l'entrée, que lui il veut bien donner 1000 euros à Legambiente si c'est pas obligatoire, mais si c'est obligatoire il ne donnera rien. Et je lui demande s'il avait déjà donné de l'argent pour soutenir Legambiente quand c'était pas obligatoire et là il est bien embêté. Bref cette barrière, toute les nuits elle était détruite. Je l'ai refaite bien 6 fois, a chaque fois je mettais une difficulté de plus, plus de piquets, du fil de fer, mais rien à faire, ils voulaient passer, ils nous traitaient de fascistes, à mettre des barrière comme ça, qui empêchent de passer les plus faibles. Alors on a tenté une autre moyen pour fermer le chemin. Mettre une barrière au niveau de la dune avec des fils barbelés, et des troncs d'arbres en travers du chemin. Le lendemain tout était enlevé et il y avait une brèche dans la barrière. Pasquale le tuteur était en train de regarder les dégâts quand une des familles est arrivée et l'a poussé pour passer faisant tomber son téléphone portable… Quelques jours après, le journal local parlait de "l'agression" contre Pasquale. On a voulu refermer cette brèche. De nouveau, on a mis des troncs en travers du chemin, des barbelés. Le lendemain, on est arrivé, il n'y avait plus rien. Ils avait fait un trou dans la barrière sur 10 mètres de large, sur la plage, ils avaient enlevé les piquets sur près de 100 mètres, et surtout ils ont emmené les piquets. Ca représente un travail de fou, ils ont du y passer des heures pendant la nuit. C'est vraiment des maniaques. Enfin bref, tout ce combat pour rien puisqu'un matin on est arrivé et Pasquale nous a dit que finalement on ne faisait pas payer les entrées, c'était peut être pas si légal que ça.
Mais ils ont eu aussitôt de nouvelles idées. Mettre des parasols en bois sur la plage et les faire payer 10 euros à la journée. Le lendemain, finalement ils avaient décidé de ne plus faire payer à la journée mais de réserver les parasols aux membres de l'association et aux généreux donateurs qui voudraient devenir "amis de l'oasi dunale" moyennant 100 euros. Alors les parasols restaient vides, les touristes à côté ont commencé à raler parce que ça prenait toute la place sur la plage. Puis Legambiente à entouré tout ça d'une barrière et a décidé de l'appeler Ring Energétique, un espace pour la méditation… Puis ils ont voulu interdire aux gens de mettre des parasols entre le "Ring" et la mer. Tout en mettant des panneaux "cette plage est interdite au tourisme balnéaire"…Et là les baigneurs ils ont craqué, il y en a qui voulaient appeler la police, faire une pétition. Très diplomates, certains de Legambiente ont commencé à leur répliquer qu'ils n'avaient pas à se plaindre parce qu'ils habitent tous des maisons illégales autour de la pinède, mais les voisins ont dit que c'était illégal aussi ce que Legambiente faisait.
Résultat, on est arrivé un matin, il y avait la police en train de mettre les scellés à notre cabanon sur la plage au motif que c'est une construction abusive. Ca a bien fait mal au cœur à Legambiente qui se bat depuis toujours contre les constructions illégales. Puis ils sont aussi allés mettre les scellés aux parasols sur la plage. C'est assez marrant un scellé sur un piquet en bois…Après on a fait une manif, les journaux sont venus, on est passé plus de 5 fois dans les journaux avec cette affaire, avec toujours la photo des pauvres volontaires SVE, qui se demandent bien ce qu'ils sont venus faire dans cette histoire…
Moi, mon avis personnel, c'est que la base du problème tient à un gros manque de communication et surtout à des décision prises un peu trop rapidement sans réfléchir aux conséquences.
Donc voilà, du coup Legambiente a laissé les projets en plan. En même temps on arrive à la période deFerragosto ( les vacances du 15 août), la grosse affluence et le moment des feux de joie sur la plage. Et ces gros malins de touristes, pour faire les feux de bois, ils ne s'embêtent pas, ils brûlent les barrières en bois qu'on a fait. Et maintenant ils s'attaquent à nos parasols sequestrés.
Alors, on est arrivé un matin et cette fois, Pasquale avait décidé l'action extrême : la grève. Pendant 10 jours, on ne va plus ramasser tous leurs déchets et comme ça ils vont réaliser le travail que fait Legambiente. Pour une fois je trouve que c'est une bonne décision, peut être parce que je suis français et que la grève on a ça dans le sang… (vous savez que tous les italiens nous admirent quand on fait ces grosses grèves qui paralysent le pays, en particulier celle contre le CPE)
La grève, c'est bien mais ça nous fait encore moins de travail. La dure vie de volontaire…
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29/04/2006
E Viva Il Carciofo!!!
Alors en venant en Italie, je m'imaginais trouver le soleil, la mer, les monuments romains, la pizza, et j'en passe... Mais je n'aurais pas pensé tombé sur le Carciofo. Qu'est ce que c'est le Carciofo? Je vous le donne en mille : c'est l'artichaut bien sur! Figurez vous que je suis tombé au pays de l'artichaut, c'est la spécialité de la région. Alors l'artichaut je peux vous dire que je le vois sous toute les coutures. Je n'aurais jamais cru qu'on puisse faire autant de chose avec l'artichaut : on a mangé les lasagnes à l'artichaut, les petits artichauts à la vinaigrette, les beignets d'artichaut, les artichauts farcis, et bien évidemment la pizza à l'artichaut... J'ai jamais mangé autant d'artichaut de ma vie. Et ils font tout avec l'artichaut. J'ai cherché les trucs les plus improbables : La liqueur d'artichaut? ils le font. La glace à l'artichaut? Vous me croyez si vous voulez, mais ca existe!! Et pour rendre hommage à ce beau légume, on a droit pendant une semaine à la "fete de l'artichaut". C'est du délire! Juste à coté des vieux temples, il y a un grand chapiteau où tous les soirs c'est la fete à l'artichaut. Le concept est tres simple : on danse et on mange de l'artichaut... C'est une ambiance assez incroyable. D'abord on va s'acheter son plat d'artichaut ( au choix : artichaut au four, artichaut vapeur ou feuilles d'artichaut frites), et puis on va danser sur la musique de la Bamba ou de Grease. Franchement c'est excellent. Il y a plein de monde, tout le monde habillé à la mode italienne (il faudra que je vous parle de la mode italienne, c'est quelque chose...). Et alors arrive un moment particulier où le Dj, au cri de " Viva il Carciofo" commence à mettre une musique que je ne connais pas mais que par contre tous les italiens connaissent. Et la c'est incroyable. Tout le monde se met à faire la meme choregraphie en rythme, les parents comme les enfants. Et ça dure... Pendant plus d'une demi heure tout le monde faisait une choregraphie, une differente pour chaque chanson, c'est incroyable, à croire qu'ils apprennent ça à l'école...
Enfin voilà, vive l'artichaut! C'est juste que là, je pense que j'ai fait le plein d'artichaut pour l'année, ça va aller comme ça. Ah les charmes de l'Italie. On ne nous en parle pas de ça dans le guide du Routard...
17:30 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (3)
25/04/2006
Après Paques, c'est lundi de Paques
Le lundi de Pâques,
Pasquale, notre tuteur du projet nous avait prévenus depuis un bon moment : le lundi de Pâques sera une grosse journée à la Pinède. Tout le monde doit se tenir prêt pour ce jour fatidique. Je me demandais s'il n'en faisait pas un peu trop. Maintenant je comprends…
Alors qu'est ce qu'il se passe de si particulier le lundi de Pâques? Et bien, c'est férié, et c'est ce jour là que tous les italiens choisissent pour faire le premier pique nique de l'année. Et ce pique nique ils choisissent, tous de le faire dans notre jolie pinède. C'est ainsi qu'on a vu débarquer des dizaines de familles tout équipées, avec la table pliante, le barbecue, toute la nourriture, prêt pour festoyer toute la journée. En quelques heures, la pinède, d'ordinaire toute silencieuse s'est transformée en véritable foire. C'est assez incroyable à voir. Il y a du monde partout, dans les moindres recoins, tous entassés les uns sur les autres, avec les enfants qui courent dans tous les sens. Ils étaient bien un bon millier. Et il y a de l'ambiance, je vous le dis. On se croirait dans un stade. La plupart préfèrent se mettre à proximité du parking où ils ont garé leur voiture comme ça ils peuvent avoir la musique de l'auto radio, c'est mieux. Alors nous, on est sur le qui vive, on fait la chasse au déchets. Parce qu'ils ont la fâcheuse habitude de ne pas laisser l'endroit dans lequel ils l'ont trouvé, c'est à dire propre. Alors on fait des patrouilles dans la forêt, au milieu des familles. Depuis 10 ans Legambiente a fait du bon boulot et commence à être bien connu. Quand on arrive avec le tee-shirt jaune Legambiente, ça leur fait le même effet que la police et ils s'empressent de nous montrer leur sac poubelle, de nous dire qu'ils font attention avec le barbecue et de nous dire qu'ils sont civiques et tout. (il y a du progrès parce qu'apparemment il y a 10 ans quand les gens de Legambiente arrivaient pour leur dire de jeter leurs déchets à la poubelle ils se faisaient insulter…) Puis vers 5 heures tout ce beau monde plie bagage après avoir fait un petit coucou à la plage. Le silence retombe dans la pinède. Et nous on évalue les dégâts. Dans le meilleur des cas, on tombe sur des poubelles remplies à ras bord. Mais il y en a pas mal qui sont repartis en laissant tout sur place, les bouteilles et les gobelets en plastique jonchant le sol. Ils s'en font pas. Donc voilà, nous on s'amuse à nettoyer tout ça. C'est un plaisir de voir la pinède dans cet état alors qu'on l'avait tout bien nettoyé la veille. C'est dingue, ça les gène pas de partir en laissant tout derrière eux. Et pourquoi ils viennent tous s'entasser au même endroit alors qu'il y a des dizaines d'hectares de pinède déserts juste à côté. Tout simplement parce que les autres pinèdes sont devenues des vraies décharges, avec tous les déchets qu'y ont laissé les touristes…
C'est dingue la quantité de déchets que l'on peut produire juste pour un pique nique. Il faut arrêter avec les gobelets et les assiettes en plastiques… Parce qu'il ne suffit pas de mettre à la poubelle les déchets.
Ici on est confronté à un léger problème : la décharge de la région a fermé depuis la semaine dernière, alors nous on fait quoi avec tous ces déchets qu'on a pris bien soin de ramasser? Pour l'instant les sacs poubelles s'amoncellent le long de la route. Ca fait de jolies montagnes bleues.
Bon en tout cas, on a du travail ici, parce qu'en plus il paraît que cette journée n'était qu'un avant goût de ce qui nous attend pendant l'été...
19:25 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (3)