04/12/2006
Chroniques Napolitaines
Alors au fait que je vous raconte… J'ai quand même fini par quitter Paestum et rentrer en France le 2 novembre dernier. J'étais pas fâché de partir parce qu'il faisait un temps trop moche et puis à la fin, tout seul dans cette grande maison avec plus rien à faire, ça finit par lasser. Mais surtout j'avais le mal du pays et je voulais revoir ma famille. Ca faisait plus de 7 mois que je n'étais pas revenu en France quand même… Quel plaisir de revoir Heubécourt et la Normandie , sous un beau soleil automnal en plus, les parents qui n'ont pas changé et le chat toujours aussi impassible. Presque rien n'a changé, on dirait le mois de novembre l'année dernière, juste avant mon départ pour le Togo. Par contre moi je pense que j'ai du changer un peu quand même. En un an, j'en ai vécu des expériences. 7 mois en Italie, c'est la découverte de la vie dans un autre pays européen, vivre avec d'autres jeunes d'autres pays et surtout l'apprentissage d'une nouvelle langue. Je suis quasi bilingue maintenant (je suis tout content d'avoir appris aussi rapidement une nouvelle langue, mais je pense que c'aurait été une autre paire de manche en Islande ou en Hongrie…L'italien, c'est quand même bien facile) Mais bon ce séjour en Italie, c'était quand même quasi des vacances pendant 7 mois… L'expérience la plus enrichissante ça reste le Togo évidemment. Depuis que j'ai fait ce séjour au Togo, j'ai découvert plein de nouvelles choses, et surtout je me sens capable d'entreprendre n'importe quel projet maintenant. En tout cas ces dernières semaines j'ai eu l'occasion de me replonger dans mon expérience africaine. J'ai fait une conférence sur le Togo à Heubécourt le 11 novembre. Il y avait pas mal de monde et les gens avaient l'air intéressés. Je suis aussi retourné à l'école d'Heubécourt pour voir où en est la correspondance que j'avais lancée avec l'école du Derrick au Togo. C'était un peu au point mort puisque la maîtresse a changé et entre temps il y a eu les grandes vacances, mais j'ai remontré des photos, expliqué le projet à la nouvelle maîtresse et l'échange devrait repartir. Les élèves se rappelaient les chansons que je leur avais apprises, ça m'a fait bien plaisir. Je me suis aussi préoccupé du centre de formation en agriculture biologique qu'on avait lancé à Bogo. En fait depuis six mois, on avait assez peu de nouvelles. On savait juste que Aube, l'étudiant du centre Songhaï qui gère le centre, avait reçu les sous qu'on lui avait envoyé et avait ouvert son centre en avril dernier, sur un terrain prêté par le chef du village voisin de Kpelé Toutou, et qu'il était logé chez une famille. On avait décidé ensemble qu'il devait commencer le centre avec pas plus de 6 élèves. La formation serait gratuite, mais les élèves, par leur travail seraient capables de produire leur propre nourriture au bout de quelques mois. L'argent de départ devait permettre de payer la nourriture en attendant les premières rencoltes du centre. Là bas, le centre a rencontré un grand enthousiasme, à tel point que les chefs de village ont imposé à Aube de nouveaux élèves. Ainsi, en juillet, il se retrouvait avec plus de 15 élèves. Evidemment, il n'y avait plus assez d'argent pour nourrir tout le monde. Les récoltes n'ayant pas encore commencé. L'association Atungba a renvoyé un petit peu d'argent pour permettre de tenir jusqu'aux prochaines récoltes avec la condition de réduire le nombre d'élèves. Mais les chefs du village ont insisté pour que personne ne soit renvoyé. Ainsi, en octobre dernier, la situation était telle qu'il y avait des conflits entre les élèves, Aube et la famille chez qui tout le monde était hébergé, il n'y avait plus d'argent et nous, on n'en avait plus à envoyer. On aurait bien fait un dossier pour faire des demandes de subventions en France mais on avait du mal à avoir des nouvelles de la part de Aube. Donc le centre était mal parti… C'est alors qu'est arrivée l'ONG CESIL. Lors de mes derniers jours passés à Bogo, une fois qu'on revenait en moto avec Dovi, on était passés devant un panneau qui indiquait : "ONG CESIL, aide au financement de projets agricoles". Intéressé, j'avais demandé à Dovi de s'arrêter. C'était un tout petit bureau où on avait rencontré le responsable local de l'asso qui nous a expliqué que le CESIL est une association africaine qui s'occupe d'aider les projets agricoles à trouver des subventions. Il s'est montré très intéressé par notre projet de création du centre de formation agricole parce que c'est justement des projets de ce type qu'ils cherchaient à aider. Moi j'étais tout content, ça tombait à pic. Il a promis d'aller visiter le projet dans les jours qui suivent. Entre temps je suis rentré en France. Dans les semaines qui ont suivi, on a plus eu de nouvelles et je me suis dit que c'était tant pis. Et voilà que 6 mois plus tard, en octobre dernier, un membre du CESIL est finalement venu visiter le projet! Il a analysé la situation, a relevé les points positifs et les erreurs et a tout pris en main. Il a expliqué à Aube les choses qu'il aurait du faire avant tout, les démarches administratives et autres à faire avant de commencer un tel projet. En fait Aube, il est très bon pour ce qui est de la connaissance en agriculture biologique, mais il a un peu plus de mal au niveau de la gestion administrative et de la pédagogie avec les élèves. Donc le soutien du CESIL arrive à point. Ensemble ils ont entrepris de rédiger un dossier de présentation pour demander des subventions. C'est parfait, c'est tout ce qu'on attendait. Donc tout va pour le mieux? Pas encore, parce que maintenant, le CESIL nous réclame 300 euros pour la rédaction de ce dossier. Nous, cet argent, on ne l'a pas. Mais surtout, on trouve bizarre de devoir payer un dossier qu'on n'avait pas spécialement demandé et qu'on n'a pas encore vu, et ça fait cher le dossier, surtout en Afrique. On estime que le CESIL pourrait se financer une fois les subventions obtenues et on en a marre de donner de l'argent sans savoir ce que ça devient. Donc voilà, on en est là. Je suis quand même content que le CESIL soit arrivé parce que Aube avait l'air d'avoir du mal à se débrouiller tout seul, mais pour l'instant on ne sait pas encore grand chose du CESIL. Bon, je me suis bien étendu sur le sujet, parce que je m'occupe de ça en ce moment. Mais on en est là et vous devez peut être vous demander pourquoi la note s'appelle "Chroniques Napolitaines".. Et bé, je vous le donne en cent, je vous le donne en mille… Me revoilà en Italie! Ca me plaisait bien quand même la vie à l'italienne. Mais cette fois, ça rigole plus, depuis une semaine, j'habite en plein Naples! Dans la capitale de la pizza et de la mafia… Et alors je peux vous dire que j'en aurais des choses à vous raconter sur Naples, c'est une ville vraiment incroyable, vivante, chaotique, … Des clichés la pizza et la mafia? Pas vraiment. Naples, c'est la ville où tout les clichés italiens sont vrais. La pizza, c'est là qu'elle est la meilleure au monde et je peux vous dire que c'est vrai qu'elle est trop bonne la pizza ici, et on n'en vend partout partout partout, il n'y a pratiquement que ça. Ou alors quand ce n'est pas ça, c'est le marchand de pâtes en tout genre. Dans la moindre épicerie, le rayon pâtes occupe la moitié du magasin. Et la mafia alors? Et bé elle est bien présente aussi, mais c'est pas forcément comme on pense. Je vous rassure, je ne vis pas sous les fusillades entre gangs rivaux. La présence de la mafia on la remarque plutôt avec les montagnes de déchets qui encombrent les rues. Et oui, parce que c'est la mafia qui gère le ramassage de déchets de la ville! Et pour se faire le maximum d'argent, ils gèrent ça n'importe comment. Sûrement pour une sombre histoire d'argent ils se sont opposés à la construction d'un nouvel incinérateur et du coup il n'y a plus de place dans les décharges. Et les déchets s'accumulent. Ou alors ils y vont sans scrupules et vont enterrer les déchets toxiques dans les champs, il y a plein d'exemple du genre. Mais Naples, ce n'est pas que la pizza et la mafia, loin de là, c'est les ruelles étroites parsemées d'églises monumentales tous les 10 mètres, c'est le linge aux fenêtres, c'est les vespas à toute berzingue qui slaloment entre les passants dans les ruelles, c'est les mammas italiennes qui se crient dessus d'une fenêtre à l'autre au dessus de la rue, c'est tout les stands dans la rue, une petite impression d'Afrique avec toute cette vie dans la rue, c'est le soleil, c'est la vue magnifique sur le Vésuve et la Baie de Naples, c'est des milliers de détails qui font de cette ville une cité vraiment unique... On dit souvent qu’avec Naples, il n’y a pas de demi-mesure : soit on la deteste, soit on l’adore. Et moi, depuis une semaine que je la découvre, après la surprise, après le choc, et bien je peux vous dire que j'adore!
19:05 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (0)
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