24/09/2007
L'Italie des grands lacs
Après les deux jours à Campsirrago, je redescend cette montée infernale. Même si ce n'est pas exactement sur mon chemin je veux passer par le Lac de Côme. C'est un grand lac glaciaire avec une étrange forme de Y à l'envers. Je commence par une des pattes du Y, à Côme justement. Ici je me trouve à moins de 10 km de la Suisse. Le style architectural ici, ce sont les fenêtres à colones et la pierre gris clair des montagnes. Sur la jetée du lac je découvre qu'il y a un ferry qui remonte tout le lac. C'est pas de refus, je n'oublie pas la leçon de l'intermodalité. La balade en bateau est magnifique. Tranquillement assis je peux contempler les belles villas le long des berges et surtout ces montagnes impressionantes qui plongent dans l'eau. Remontant vers le nord et on pénètre en plein coeur du massif alpin. Petit à petit, ça devient plus sauvage et on se retrouve au milieu des montagnes. Ça a des vrais allures de fjord norvégien. Le spectacle est superbe avec le soleil qui dessine des ombres et lumières sur les versants boisés. Après deux heures de navigation on arrive à Bellagio, à l'intersection des deux branches du Y. Ça fait très élegant avec ses grands jardins plantés de cyprés et avec des pelouses tenues à la perfection. Ici aussi il y a de belles villas. On s'attend presque à voir les gens chanter l'opéra depuis les balcons des maisons.. Cette fois à vélo, je redescend l'autre patte du Y vers Lecco. Il est 5 heures mais je suis déjà dans l'ombre de la montagne. À Lecco, il y a un grand beffroi qui serait le plus haut d'Italie (c'est ce que disent les habitants...) Et à cet endroit le lac est le plus profond d'Europe : -720m! Et à Bellagio, c'est la zone où on trouve les oliviers les plus au nord d'Europe aussi. Décidément c'est la zone des records. Je mets la tente un peu après Lecco, dans la zone où il y a sûrement la plus forte concentration de moustique de toute l'Europe de l'ouest... Maintenant je me dirige plein est. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans 4 jours et il me reste... 350 km! Une route pleine de camion m'amène jusqu'à Bergame. Je monte faire un tour dans la ville haute. La ville est située à la limite des montagnes, sur une colline face à la plaine. Les montagnes s'arrêtent net, ça fait comme une ligne côtière où la plaine serait l'océan qui va se perdre à l'horizon. Bergame est toute jolie avec une cathédrale aux colonades de marbres finement ciselées. Côté montagne, la ville est entourée d'une jolie campagne vallonée avec des cyprés. La route principale continue vers l'est le long de la plaine. Mais c'est toujours plein de camions et de chaque côté de la route ce n'est qu'une enfilade de zones industrielles. Je préfère faire un détour par les montagnes. Entre les camions et les montées, je préfère encore les montées.. Dès que je peux je bifurque vers les montagnes. J'arrive devant un autre lac glaciaire, qui s'enfonce entre les montagnes. Il plus petit que le lac de Côme mais toujours grand. C'est le lac d'Iseo. Au milieu du lac, il y a une île énorme qui prend toute la place. Elle est presque aussi grande que les montagnes qui l'entourent. Et puis voilà la montée. Elle est encore plus haute que celle de Campsirrago mais elle est plus régulière ce qui fait que je la monte plus facilement. J'atteins le col à la nuit tombée et me trouve une belle prairie sous les étoiles. Ici, à 700m d'altitude, pas de moustique et je peux rester tranquillement dehors à regarder les étoiles. Le matin, j'ai droit à une belle descente, pour ensuite remonter aussitôt à la même altitude. C'est dur mais ça fait du bien d'être en pleine montagne, entouré par la nature. Je redescends de nouveau. La vallée est tout de suite plus industrielle et donc pleine de camions. Mais ça débouche sur un chef d'oeuvre : le Lac de Garde. Grandiose. Immense. D'un côté il s'enfonce dans les montagnes, de l'autre il est bordé de petites collines qui débouchent sur la plaine padane. Les bourgs sur le bord du lac ont toujours cette élégance que je voyais sur le lac de Côme, mais ici il y a une athmosphère un peu plus du sud. Ici non plus je ne me prive pas, je prends le bateau pour traverser le lac. J'embarque à Salò sur un magnifique bateau à aube, avec les aubes qui marchent vraiment. La traversée est somptueuse. Vraiment grandiose ce lac. Sérénité, dans la lumière de l'après-midi. J'adore le bateau sur ces lacs. Dommage, c'est le dernier, de lac. Je m'approche de Vérone à travers des petites collines plantées de vignes. La campagne est jolie ici. C'est les vendanges. À Vérone, revoilà toutes les voitures. C'est la sortie des bureaux, il y a du traffic partout. Je me perds un peu, le chariot touche le trottoir et se renverse, mais ça arrive à peu près une fois par jour, il est solide maintenant et je le redresse aussitôt, les voitures partout commencent à m'énerver et je finis par trouver la maison de Legambiente, au milieu d'un parc. Ouf! Dans cette maison, Legambiente accueille des volontaires du monde entier qui viennent généralement pour au moins trois mois. Ils aident l'association à entretenir la zone des fortifications, zone dégradée plus ou moins abandonée par la commune mais que Legambiente veut revaloriser pour son intérêt storico-naturel. Le soir, on va visiter le centre ville. C'est magnifique avec des énormes arènes romaines au coeur de la ville, en marbre blanc et rose, toutes illuminées. Justement ce soir ils y jouent Roméo et Juliette, qui en italien s'appelle Giulietta e Romeo. Et bé oui, sur ce coup là les italiens sont plus galants que les français... Tout le centre de Vérone m'émerveille. Je suis arrivé dans la région Veneto, et donc commence ici l'architecture vénitienne, qui est d'une finesse et d'un raffinement avec ces fenêtres cintrées et toutes ces colonnades de marbre blanc. Je m'attarde un peu à Vérone le lendemain matin, mange avec les volontaires à midi sur la terrasse au milieu du parc. Il y a une volontaire québecoise avec un accent... Un délice! Je pars en fin d'après-midi. Pour rattrapper le retard, je fais 50 km en train jusqu'à Vicenza. C'est plus petit que Vérone mais tout aussi beau, toujours avec l'architecture venitienne. Les maisons ont des couleurs superbes dans cette lumière rasante de fin de journée. Je croise une manifestation contre l'extension de la base militaire américaine. Je plante la tente au milieu des prairies à quelques km de la ville. Le lendemain, grosse étape. Je dois rejoindre le festival Ciclomundi dans la journée. Ça se trouve à 110 km, à Portugruaro. Je fonce plein est à travers la plaine. Je passe par Trévise. J'ai déjà entendu ce nom. Je ne sais pas pourquoi mais il me semble qu'il y a eu des ducs de Trévise dans l'histoire de France. Évidemment, Trévise c'est super mignon mais je n'ai pas trop le temps de flaner. J'ai juste le temps de prendre un tremezzini, le sandwich typique du coin qui est plus ou moins un sandwich club, mais roulé... Encore 60 km. C'est monotone, je traverse des campagnes ennuyantes. Les derniers 20 km sont sur une nationale. Une ornière, mon chariot se renverse. Je le redresse et c'est reparti. Portogruaro. C'est étrange mais je me rends compte que je suis déjà venu ici... Il y a 4 ans, revenant de Croatie en stop. On m'avait laissé ici à l'échangeur de l'autorote et j'avais rejoint Venise en train. Je me rappelle d'une gare et d'une zone industrielle. Enfin une bourgade laide. Raté, en fait c'est trop mignon encore, comme toutes les villes du Veneto. Et en plus, ici, il y a Ciclomundi, le festival du voyage à vélo! Je ne suis plus tout seul!!
23:59 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (4)
17/09/2007
Milan est un drôle d'oiseau
À Milan, on n'est plus vraiment en Italie mais plutôt dans une athmosphère de métropole européenne. Ici c'est le nord, on est seulement à 50 km de la Suisse. Des voitures partout. Il y a des quartiers qui me rappellent terriblement Paris vers les 14ème, 15ème arrondissement : les mêmes rues, les mêmes immeubles début XXème siècle. Ailleurs, c'est carrément l'Allemagne ou l'Autriche avec un immense chateau fort en briques rouges au milieu d'un grand parc, des grandes avenues bordées d'arbres avec des tramways. Il y a quand même des endroits avec un cachet un peu plus italien, comme le long des navigli. Ce sont les canaux de milan. Auparavant la ville était entièrement parcourue de ces canaux. Maintenant il n'en reste que trois ou quatre, bordés de petites maisons et de cafés en terrasse. Le samedi soir, le tout Milan s'y retrouve. Enfin Milan, comme toute ville italienne, a son duomo, la cathédrale. Ici il est un peu particulier. Il a la forme d'une immense tente canadienne de 50 m de haut mais tout en dentelle de marbre blanc. De là-haut on voit les montagnes qui entourent la plaine padane au loin. Une grande montagne enneigée domine tout : c'est le mont Rose. J'ai de la chance d'avoir une telle visibilité parce qu'il y a du vent. D'habitude le nuage de pollution cache tout. Je reste à Milan pendant trois jours. Je rends visite aux bureaux de Legambiente. Ils sont tous occupés à préparer la grande campagne de Legambiente qui se passera fin septembre : "Nettoyons le monde!" À ce moment des milliers de volontaires et d'écoliers iront nettoyer des endroits dégradés, décharges sauvages ou bords de route. À Milan je fais ma première animation dans un parc avec quelques volontaires. On donnes des craies aux enfants et on leur dit de dessiner la ville comme ils l'imaginent sans voitures. Ils dessinent par terre, sur le goudron des allées. C'est sympa, les enfants sont tout contents.. À Milan, les voitures font la loi. Mais la résistance montre le bout de so nez. Ça se passe tous les jeudis soirs, vers la place du Duomo. Si vous tendez l'oreille, vous vous apercevrez que l'habituel concert de claxons a laissé la place à un ... concert de sonnettes.. C'est le Critical Mass, la révolte des bicyclettes. Approchez-vous, n'ayez pas peur. Un vélo, deux vélos, des centaines de vélos se rassemblent ici. Parce qu'il y en a des vélos à Milan mais ils sont complètement noyés dans la masse des voitures. Et si on changeait les rôles un peu? Le cortège se met en mouvement dans un joyeux bordel au son de la musique parce que certains petits malins ont fixé des enceintes sur leur portes-bagages. Il y a tout les types de vélos possibles et imaginables, du vélo harley-Davidson à la bicyclette à bulles, qui fait des bulles de savon en avançant! Tout le monde est joyeux. La rue est à nous. On va au hasard, ce sont ceux qui sont devant qui vont où bon leur semble, et nous on suit. Et on n'hésite pas à brûler les feux rouges, à couper les files de voitures et même à prendre les grosses avenues à contre sens. Les automobilistes qui nous croisent ne comprennent rien. Ils voient arriver cette grosse masse de cyclistes qui se jettent sur eux et ils ne peuvent rien faire qu'attendre et nous regarder passer. Deux minutes de pause dans cette frénésie de métropole ne leur fera pas de mal. Pour un cycliste, participer au Critical mass est une expérience grandiose. Inverser les rôles avec les voitures, pouvoir se promener dans la ville en toute sérénité, c'est si beau. L'athmosphère de la ville change complètement. Beaucoup de cyclistes me racontent qu'ils ont la vie dure à Milan et que le jeudi soir, ça leur donne une grande bouffée d'air. Ça montre que les cyclistes existent quoi, et que la ville est tellement plus belle sans voitures! Mais le lendemain la ville est redevenue égale à elle-même, c'est à dire qu'il ne fait pas bon y vivre pour un cycliste et il est temps de fuir. Direction les montagnes que j'apercevais au nord. Sauf qu'aujourd'hui, les montagnes, elles ont disparues! Vers le nord, je ne vois que l'horizon plat. Qu'à cela ne tienne, je les rerouverais. Ce sont les parents de Silvia, membres de la FIAB, qui me montrent le chemin. On part à travers la plaine le long de la rivière Adda. On passe devant un village ouvrier, Crespi, crééde toute pièce au début du siècle par le patron bienfaiteur d'une grande manufacture. Il y avait eau chaude et médecin gratuit pour tout le monde ce qui pour l'époque n'était pas si mal. Dans le cimetière, il y a un immense mausolée qui rappelle un temple cambodgien. En continuant le long de la rivière, on arrive maintenant devant la maison de Léonard de Vinci. Il a vécu ici un moment et on peut voir tout le complexe d'écluses qu'il avait créé. Il avait même imaginé un bac pour traverser la rivière. Ce bac existe toujours. C'est une barge retenue à un cable tendu en travers de la rivière et qui se déplace d'une rive à l'autre simplement en changeant la direction du gouvernail et en utilisant la force du courant. Très ingénieux. Ça fait plus d'une demi-journée que je suis cette rivière. Les parents de Silvia ont rebroussé chemin. Sans que je m'en sois rendu compte, les rives du fleuves se sont élevées et je suis maintenant au fond d'une vallée aux côteaux boisés. De temps en temps il y a un petit barrage. Ça change d'ambiance, et soudain au détour d'un méandre, voilà qu'apparaissent devant moi les montagnes. Et pas n'importe lesquelles. Sans transition je me retouve au coeur des Alpes. Et je vais tout de suite pouvoir goûter au plaisir de la montagne avec une belle montée pour rejoindre le camp de volontaires Legambiente de Campsirrago. Et bé pour une entrée en matière c'est un peu rude.La montée est terrible avec des portions à plus de 20% qui sont de vrais murs. Je dois descendre de vélo et pousser tout mon chargement. Avec 70 km dans les jambes, c'est le calvaire. Je m'arrête tous les 50 m. Mais heureusement, c'est scientifiquement prouvé, toutes les montées ont une fin, et celle-ci se termine en même temps que le coucher de soleil. Je suis arrivé mais je suis complètement mort. Plus jamais ça. Les deux jours que je vais rester à Campsirrago me seront bien utiles pour récupérer.
20:20 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (2)
14/09/2007
Dans la plaine padane, padane...
La plaine, la grande plaine padane. C'est la plaine du Po. Ca change après les montagnes de la Ligurie. Ces grands champs, ces petits villages isolés déserts, ça m'est plutôt familier tout ça, ça rappelle le grands champs autour d'Heubécourt. Mais ici c'est encore plus plat (si,si, c'est possible..) et à la place des silex et des colombages, les maisons d'ici ressembleraient un peu à celles de la vallée de la Garonne. Je passe par un gros bourg, Tortona. Au dessus des toits je vois un énorme truc qui brille. Je m'approche. C'est une immense statue de la Vierge Marie tout en or au dessu de l'église. C'est marqué qu'elle fait 14 m de haut. Ils sont dingues.. Après Tortona, ligne droite à travers les champs, plein nord. J'atteins le Po tout juste pour le coucher du soleil. Le grand fleuve de l'Italie. C'est un fleuve sauvage, comme la Loire, mais ici il est beaucoup plus large et n'est pas endigué. Au matin je franchis le fleuve par un grand pont métallique. Et j'arrive aux pays des rizières. Il y a tout de suite une odeur qui me rappelle quelque chose de familier. Mais oui! L'Indonésie! Ce parfum qui flottait dans la campagne de Yogyakarta, c'était donc l'odeur des rizières. Ici les rizières sont grandes comme un champ de blé, ça a beaucoup moins de charme. Mais c'est tranquille. Je prends une petite route qui serpente le long d'une digue. Il y a des chenaux partout, de l'eau qui circule. Ce doit être une ancienne zone de marais, sur le rives du Po et des nombreux autres fleuves qui traversent la région. Ça surprend quand même tout ce riz au pays des pâtes. Mais en fait dans la région de Milan ils mangent moins de pâtes. La spécialité ici c'est le risotto. Et oui parce que je m'approche de Milan. Mais tout d'abord je passe par Pavie. Ça me dit quelque chose ce nom. Pas loin, il y a aussi Magenta. C'est plein de noms de bataille. Pas étonnant, les français sont souvent venus se battre dans le coin, que ce soit François Ier ou Napoléon, les armées françaises s'y sont donné à coeur joie pendant plusieurs siècles. En tout cas Pavie c'est joli. Il y a un pont couvert en bois et briques rouges. Et un grand dôme, en briques rouges aussi. Il est un peu bizarre ce dôme. Normal, il a été commencé en 1450 et fini en 1930. Ce qui explique les finitions en béton.. Dans les rues, il y a plein de monde en vélo, ça donne une athmosphère sympa à la ville. Ici, il n'y a pas d'excuses, c'est tout plat. Par contre, les ruelles en galets c'est joli mais ça remue pour mon chariot. Je campe pas loin de Pavie, au bord du Ticino, affluent du Po qui vient tout droit du Lac Majeur. L'inconvénient de tous ces fleuves pour un campeur, c'est les moustiques. Ils vengent peut-être leurs compatriotes italiens des razzias françaises. Je dois battre en retraite sous la tente. Encore un peu de plaine avant Milan, surtout que je fais des détours. Je passe par un pont de barques sur le Ticino. C'est le dernier existant de cette grandeur. Puis au hasrd des petites routes de campagne que j'empreinte, j'arrive à la Chartreuse de Pavie. C'est un genre de monastère où il y avait des Chartreux, venus de Chartres j'imagine. Mais c'est un moine cystercien éthiopien qui fait la visite. Comme d'habitude en Italie avec les bâtiments religieux c'est d'une décoration richissime, mais là c'est carrément somptueux avec briques et marbre blanc et décoration en terre cuite. La vue depuis le petit cloître avec ses fleurs est superbe. Après cet intermède culturel, retour aux champs. Des champs, des champs. À Lodi m'attend Silvia, de Legambiente Milan. C'est elle qui m'accueillera pendant quelques jours. Elle m'accompagne sur les derniers kilomètres de piste cyclable. Mais elle habite encore à 15 km du centre de Milan. Le lendemain on se fait ces derniers 15 km à vélo pour se mettre à la place d'un habitant de la proche banlieue qui voudrait se rendre à son travail à Milan en vélo. Jusqu'à l'entrée de Milan, ça pourrait encore aller, mais une fois passé le panneau d'entrée de Milan, finies les pistes cyclables, des voitures partout, partout, partout. Bienvenue au royaume des autos : Milan..
20:57 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (3)
10/09/2007
Où y a Genes, y a pas d'vélos
Je me suis vraiment plu à Riomaggiore et je serais bien resté un peu plus mais je suis attendu à Genes. Donc le 31 aout au matin, je reprends ma bicyclette. Le problème, c'est que Riomaggiore en vélo on peut peut-etre y arriver, avec un peu de courage, mais pour en sortir c'est une autre histoire, surtout avec une remorque, parce que la route est trop, trop pentue. Heureusement il y a le train. Comme ça j'ai passé toute la zone des Cinq Terres et je suis arrivé à Sestri Levante. Après une grosse pluie je suis parti sur la route le long de la cote. La cote est belle ici aussi. Je suis dans la baie de Rapallo. Rapallo est une jolie petite ville au pied des montagnes. Je suis desormais dans le coeur de la Ligurie. La particularité des maisons est qu'elles sont toutes peintes avec des trompes-l'oeil qui simulent des colonnes, des stucs. Les maisons sont de toutes les couleurs pastel et ont les volets verts. Et ici, on mange la foccacia, un type de pain à l'huile d'olive. Après Rapallo, voilà une belle montée. C'est le promontoire de Portofino qui ressemble un peu à la cote amalfitaine. De la-haut, la vue est superbe. Je vois toute la cote ligure qui continue et au loin, j'aperçois Genes, coincée entre mer et montagnes.
Après 20 kilomètres j'arrive à Genes où je suis accueilli chez Giovanni, la cinquantaine, cycliste de la FIAB, l'association italienne des amis du velo. Il habite une vieille maison traditionelle à l'écart de la ville. C'est un passioné du vélo. Il n'a jamais eu de voiture de sa vie et possede un velo pliable hyper sophistiqué. Il fait tous ces déplacements en vélo. En ce moment il a son papa qui se trouve en maison de repos a Portofino, d'ou je viens justement. Et tous les jours il va le voir en velo et doit donc se payer la grosse cote que moi j'étais bien content de descendre.
Le lendemain il me fait rencontrer Massimiliano, autre usager du velo pliable. Mais Massimiliano est tres different de Giovanni. Lui la voiture, jusqu'à il y a 3 ans, il l'utilisait comme tout le monde. Il etait meme de ceux qui vont jetter les poubelles au coin de la rue en scooter. Le vélo, lui, il y est venu par paresse. A Genes il y a tellement peu de place de parking qu'il était obligé de se garer à 500 m de chez lui. Et comme il avait la flemme de faire ces 500 m à pied, il s'est acheté un vélo pliable qu'il mettait dans le coffre de sa voiture. 500 m en vélo, c'est toujours moins fatigant que 500 m à pied. Mais meme avec ça, le parcours en voiture pour aller au travail etait toujours aussi fatigant et stressant avec tous les embouteillages. Il y avait bien la possibilité de prendre le train. Mais il fallait prendre le bus pour aller a la gare et les bus sont toujours coincés dans les embouteillages ce qui fait manquer le train. C'est alors qu'il a pensé à utiliser son vélo pliable. Plié ce vélo est tellement petit qu'il prend la place d'un bagage à main et peut donc etre emmené dans le train aussi pendant les heures de pointe. Et ainsi en faisant velo jusqu'à la gare, puis train, puis vélo jusqu'au travail, il s'est rendu compte qu'il allait plus vite qu'en voiture et surtout qu'il arrivait moins stress au travail. Et maintenant il s'est passioné pour le vélo et il veut en faire le moyen de transport favori Genes. Le probleme est que Genes est construite sur les collines et les rues ne sont que montées et descentes. C'est pourquoi tout le monde le considère comme un fou. Le vélo à Genes? C'est impossible. Mais Massimiliano a la solution. Ca s'appelle l'intermodalité. C'est a dire utiliser plusieurs moyens de transport en complementarité. Et il va me montrer tout de suite comment ça marche. Il me prete un vélo pliable, qui est à la base de son systeme de l'intermodalité. Et nous voilà parti dans les rues de Genes. On arrive jusqu'au port, qui a été restauré récemment par le meme architecte qui a fait notre beau Centre Pompidou à Paris. C'est plein de grandes structures, un mix entre voilures de bateaux et éoliennes. Mais c'est pas mal, et tout la zone du port est pietonnière. De là, on prend le bateaubus, les vélos sagemet pliés à coté de nos sièges. On arrive à unjoli petit port en périphérie. On fait un tour en vélo puis on prend le train pour revenir dans le centre. On peut prendre n'importe quel train, puisque nos vélos pliés sont assimilés à des bagages à main. Aussitot sortis de la gare, prend maimtenant un ascenseur pour passer dans la zone haute de la ville. L'ascenseur est interdit aux vélos mais nos vélos se transforment aussitot en bagages à main et on se transforme en simple piéton. Cet ascenseur est un peu particulier. Tout d'abord, la cabine part horizontalement sur des rails. après 200 m, elle est happée par un crochet qui nous emporte dans les airs. On se croirait un peu dans la base secrète d'un méchant de James Bond... Mais on dèbouche juste au-dessus de Genes. On redéplie les biciclettes ( ça se fait en 10 secondes) et on se fait une belle descente qui nous emmène jusque dans les ruelles du centre-ville. Puis on remonte, en funiculaire cette fois. On arrive au sommet de la montagne qui domine la ville. Ici, on est sorti de la ville. Il y a les montagnes tout autour, la foret à nos pieds, et Genes tout en bas. On respire le grand air et on redescend dans les rues de Genes.
Qui a dit qu'il y avait des montées à Genes? Moi je n'ai vu que des descentes.. C'est ça le concept. Massimiliano veut utiliser le meme principe que pour les skieur. Au lieu du télésiège, on prend le train, le funiculaire ou le bus. Et ensuite, en vèlo, on se fait la descente sans se fatiguer. Ainsi voilà l'inconvénient du relief transformé en avantage.
J'ai appliqué son concept dès le lendemain. Pour quitter genes vers le nord, il faut franchir les Apennins et donc se faire une belle montée. Alors on a pris un petit train qui monte au dessus de Genes et qui nous a dèposé de l'autre coté du col, sans fatigue. Vive l'intermodalité!
Je redescends accompagné d'un groupe de cycliste de la FIAB. C'est le groupe slowbike composé des plus anciens. Certains ont quand meme 75 ans mais ca ne les empeche pas de tenir un bon rythme que j'ai un peu de mal à suivre... Ils me laissent une fois sorti des montagnes. Devant moi s'étale l'immense plaine padane. Ca change du tout au tout. Au revoir la Ligurie, voilà la Lombardie!
17:15 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (0)
05/09/2007
Volontaire à Riomaggiore
Du 26 au 30 aout, je suis resté à Riomaggiore pour participer au camp de volontaires organisé par Legambiente. C'était très sympa. D'abord parce que ca m'a fait une petite pause. Mais surtout parce que l'endroit est magnifique. Riomaggiore ce trouve dans le parc National des Cinque Terre. Ce sont des montagnes à pic qui plongent directement dans la mer, et dans un tel environnement, l'homme est réussi à y coincer 5 petits villages dans des minuscules vallées. Ces petits villages sont trop mignons, avec les maisons de toutes les couleurs. La nuit, ça ressemble à ces crèches de Noel qu'ils font à Naples. Et non contents d'etre venus habiter dans cet endroit impossible, les hommes sont ensuite grimpés à flanc de montagne pour aller façonner ces raides versants en terrasses pour y cultiver la vigne. Ah je vous jure, ce qu'est capable de faire l'homme pour avoir du bon vin... En tout cas, ça donne un paysage à couper le souffle. Le problème, c'est que les hommes ont fini par se fatiguer à cultiver ces terrasses escarpées et sont aller travailler à la ville à coté, et du coup ils ont abandonné les terrasses. Avec le manque d'entretien, les terrasses se sont dégradées et ont provoqué quelques glissements de terrain et la foret envahit petit à petit le paysage ce qui fait perdre la spécifité du lieu. Alors en 2000, a été créé un Parc National avec pour objectif de redévelopper la culture des terrasses tout en developper le tourisme vert, pour donner du travail aux habitants. Ce par a été créé avec l'action de Legambiente et chaque année, Legambiente organise des camps de volontaires pour venir aider le parc.
On était donc une dizaine de volontaires du monde entier : Slovaquie, Japon, France, Allemagne, Serbie, Turquie . Et on a travaillé à nettoyer des sentiers enfrichés et à aider dans les cultivations de basilic et de romarin. Et pourquoi des jeunes viennent de si loin pendant leur vacances pour travailler bénévolement? Il y a tant de raisons : C'est le moyen de découvrir un endroit magnifique de l'intérieur, en participant à sa protection. Et puis ça fait du bien de travailler au grand air. Tous les matins il fallait grimper au dessus du village mais une fois là-haut, quelle vue! On a l'impression de voler. Et puis on ne travaillait que le matin, après le travail tout le monde pour faire un bon bain. Et puis un camp de volontaires, c'est l'occasion d'un échange culturel, l'ambiance est toujours sympa (pour ceux qui pensent que la Turquie ne doit pas rentrer en Europe, venez faire un camp de volontaire international et venez voir si ils sont si différents de nous..)
17:15 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (1)
02/09/2007
En passant par la Toscane avec mon chariot
Aaah, la Toscane... Il fait bon vivre en Toscane, c'est une merveille de campagne On m'en avait tant parlé, j'avais vu quelques photos. Maintenant j'ai vu et je peux le confirmer. La Toscane, est une des merveilles du monde. Et à vélo, c'est encore plus beau.. Le 22 août au matin, mon chariot réparé, je me prépare enfin à quitter Brenna. Mais il commence à pleuvoir. J'ai le temps, et c'est sûrement une petite averse alors pourquoi se mouiller. J'attends sous un petit abris. Et donc, recommençons... le 22 août après-midi, mon chariot réparé, la pluie finie et plus aucun ennui en vue je pars. Direction le coeur de la Toscane. Je repasse par Sienne puis prends la direction de San Gimignano. La route serpente entre les champs. Au détour d'un virage, apparaît une colline, comme coiffée d'une courone. C'est Montereggioni, un minuscule village fortifié avec une trentaine de maisons entourées d'un haut rempart garni de tours. Du haut des remparts il y a une belle vue sur la campagne alentour dans la lumière orange du soleil déclinant. Je repars et arrive à la tombée de la nuit au pied d'une autre ville fortifiée toute en longueur, Colle Val d'Elsa. Le lendemain, je pars tôt mais de nouveau la pluie me bloque après quelques kilomètres. Je me réfugie sous le cloître d'une petite église de campagne. Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille.. J'attends tranquillement, me prépare un plat de pâtes avec mon réchaud. Je vais faire un tour dans l'église, je m'assoupis sur un banc. Il y a une prise électrique comme ça je peux recharger mon téléphone. Je commence à m'y sentir chez moi. Pour remercier l'église de m'abriter toutes ces heures, je fait une petite offrande et j'allume un cierge. Je ressors. Miracle, un rayon de soleil! Je peux enfin reprendre la route. L'après-midi est déjà bien avancé. À travers les nuages qui s'effilochent, je distingue soudain la silhouette des hautes tours d'une cittadelle, au loin, au sommet d'une colline. Puis les nuages se referment me cachant cette étrange vision. La route descend une vallée puis commence l'ascension d'une série de collines en enfilade. Les nuages se dispersent cette fois pour de bon et revoilà cette cité fantastique, qui semble tout droit sortie d'un conte de fée. Je ne serais pas surpris d'y rencontrer le chat botté ou d'y voir une princesse aux longs cheveux blonds au sommets d'une des tours. Je suis arrivé à San Gimignano. C'est le coeur de la Toscane. C'est ici que l'idée même de Toscane est le mieux résumée. Il ne manque rien. Tout y est. Les collines, les oliviers, les vignes tracées au cordeau, de ravissantes villas au sommet de chaque collines et le tout dominé par ce village incroyable . Et j'ai droit en bonus à un joli ciel ensoleillé de fin d'après-midi. Ce n'est pas pour rien que l'ensemble est classé au patrimoine de l'humanité de l'Unesco. Et encore en prime je me trouve un magnifique endroit pour mettre la tente sous les oliviers juste en face de San Gimignano. Le jour suivant, je pars en milieu d'après-midi, après une matinée pluvieuse. Le soleil est revenu. Je fais un dernier salut à cet endroit merveilleux et j'entame l'ascension de la petite montagne derrière San Gimignano. Passée la crête, le paysage change radicalement. Finis les oliviers et les vignes. Les collines sont toujours là mais elles sont maintenant couvertes d'immenses champs qui se succèdent dans le lointain dominées par une chaîne de montagne dont on aperçoit la silhouette sombre. La descente est superbe et grisante. J'ai l'impression de voler au-dessus de ce panorama. Arrivé au fond de la vallée le panorama disparaît. Je m'arrête pour camper au pied de Peccioli, un petit village dominé par un étrange clocher à coupole, qui semble d'inspiration russe. J'approche maintenant de la vallée de l'Arno. Prochaine étape, Pise. J'y arrive en fin de matinée. Evidemment, il faut que j'aille voir la Tour de Pise si célèbre. Mais c'est tellement connu, que j'ai l'impression de l'avoir déjà vu des milliers de fois et je ne suis pas si enthousiaste. Je préfère les endroits que je n'ai jamais vu en photo et qui me laissent la surprise. Et bien au final je vais être servi. Pour aller à la Tour, je dois passer d'abord par le centre historique. Moi qui m'attendais à une ville banale je me retouve face à une ville somptueuse, digne de Florence et sans aucun touristes qui sont tous concentrés à la tour qui se trouve un peu excentrée. C'est un plaisir de déambuler dans les ruelles qui révèlent une surprise à chaque coin de rue. Des petites églises d'inspiration bizantines, d'autres de marbre blanc, il y a un petit marché sous les arcades d'un vieux cloître. Et pour finir, voilà la Tour qui m'apparaît au derrière les maisons. Je débarque dans une marée de touristes. Je confirme, la Tour penche. Elle est accompagnée de deux autres grands structures : le corps de l'église et un immense dome, tous d'une blancheur immaculée, au milieu d'un beau gazon vert. Même si la tour ne penchait pas, le site serait beau à voir. Je quitte Pise en début d'après-midi et me dirige vers le nord. La route est une ligne droite interminable. Elle traverse une grande forêt puis arrive à un grand lac. Sur le belvédère règne une athmosphère hors du temps. Il y a quelques villas et des couples de retraités qui se promènent. On y trouve la demeure de Puccini qui est l'auteur de la Bohème. Il y a également la statue d'un chien. C'est un monument dédié à Poppi, chien sans maître, qui a vécu sur le belvédère pendant près de 20 ans "avec dignité et cohérence avec sa propre nature" Ca me plait beaucoup. Le lac est à 3 km de la mer. J'y retrouve les mêmes campings habituels, avec les mêmes gens. Pendant 40 km je suis la piste qui longe la mer et qui passe sans discontinuer d'une station balnéaire à l'autre. Cette piste cyclable est une véritable autoute pour vélo. Il y a tellement de cyclistes que l'on frise l'embouteillage. J'ai même un accident de remorque, qui fait un tonneau après avoir toucher la roue d'un vélo. Mais maintenant, c'est du solide. Rien n'est cassé et je peux repartir. Je finis cette longue étape par une montée qui me porte à Montemarcello, qui domine la jolie baie de La Spezia. J'ai atteins les confins de la Toscane. Je suis maintenant en Ligurie. Je dis rebonjour au 'c' et au sel dans le pain..( en Toscane, les gens ont un étrange accent qui ne prononce pas le 'c' et ils ne mangent que du pain sans sel) À Montemarcello, c'est la fête de la figue. Je me prends une bonne part de tarte à la figue. C'est bon. Ces fêtes de village je n'ai pas fini d'en rencontrer, elles célèbrent tous les types de nourriture possible et imaginable. Il y a même une fête du feu et une tres énigmatique fête du muscle. On m'a expliqué plus tard qu'en fait le muscle est une espèce de mollusque.. Me voici au matin du 26 août. Je descends vers La Spezia. C'est un port militaire au fond d'une rade magnifique, un peu comme Toulon (d'ailleurs la ville est jumelée avec Toulon) Puis j'entame une dernière montée qui me porte vers le Parc National des Cinque Terre. La montée est difficile sous le soleil de midi. Elle se conclue avec un tunnel qui est bienvenu. De l'autre coté du tunnel, un panorama extraordinaire. Une montagne à pic au-dessus de la mer toute aménagée en terrasses et à laquelle sont accrochés des peits villages multicolores. C'est ça les 5 Terres. Je descends vers le premier de ces villages, Riomaggiore, où je vais rester quelques jours pour participer à un camp de volontaires de Legambiente. Plus de vélo pour un moment...
23:35 Publié dans Tour d'Italie | Lien permanent | Commentaires (2)