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20/11/2007

En Sicile

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Le ferry entre Reggio Calabria et Messine est complètement désert. Ça fait une drôle d'impression ce bateau qui avance tout seul dans la brume. Puis la Sicile sort peu à peu des nuages au fur et à mesure que l'on s'approche. Il fait vraiment un sale temps dans le sud. Débarqué du ferry je vais directement à la gare juste à côté. J'ai rendez-vous à Catania à midi et je n'aurai pas le temps d'y aller à vélo alors je prends le train. Mais à la gare, le train pour Catania a mystérieusement disparu des panneaux d'affichage. Je m'informe. Il n'y a plus de train parce qu'il n'y a de voie ferrée! Ces derniers jours la Sicile a été touchée par de violents orages et ça a fini par provoquer un énorme glissement de terrain qui a emporté la voie ferrée et l'unique route côtière. Ainsi, impossible de rejoindre Messine si ce n'est par l'autoroute. Mais un employé du port me dit qu'il existe une liaison maritime entre Messine et Catania, qui partirait du deuxième port de Messine, à l'autre bout de la ville. Je la cherche en vain pendant toute la matinée. Je sillone toute la ville et me retrouve dans les quartiers les plus mal-famés de la ville, entre les édifices délabrés et les tas d'immondices. À la fin je me résigne à l'évidence, cette liaison maritime n'existe pas.

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Catania sera pour une autre fois. Je rebrousse donc chemin vers le nord, vers Milazzo. Je passe la nuit sur le site de l'antique Charybde, en face de Scilla, à l'extrémité d détroit de Messine face à la mer. Pourquoi cette expression "tomber de Charybde en Scilla"? Charybde et Scilla seraient deux monstres, qui habitaient chacun sur une île. Quand on voulait éviter l'un, on tombait immanquablement sur l'autre. Ulysse en a fait l'expérience lors de son odysée. En réalité, Charybde et Scilla sont deux localités situées de part et d'autre du détroit. Charybde est une langue de sable avec des bas fonds, Scilla est un énorme rocher. Quand on abordait le détroit à la voile comme dans l'Antiquité, le franchissement n'était pas simple, avec les courants creés par la rencontre des eaux de la Mer Ionienne et celles de la Mer Tyrénéenne. Et on était immanquablement poussés soit vers les bas fonds sableux de la côte sicilienne, soit vers les falaise de la côte calabraise. Et l'affaire se compliquait encore plus quand soufflait ce vent étrange, comme ce soir, avec toujours cette brume. 97f339cbebff9b282c778f7b15fa7ec5.jpgUn vieux pécheur du port de Charybde me donne finalement l'explication de ce temps bizarre : le scirocco, le vent du désert. C'est un vent qui vient directement du Sahara, de l'autre coté de la mer. Et il est chargé de fines poussières de sable prélevées dans les déserts libyens et transportées jusqu'ici. C'est donc pour ça q'il y avait cette brume constante et cette chaleur. En effet, à peine repassé sur la côte tyrénéenne, à l'abri des montagnes, le temps redevient normal.

J'approche maintenant de Milazzo. C'est ne langue de terre qui se jette dans la mer, en face de l'archipel des îles Éoliennes. Ici je retrouve une vieille conniassance, Pippo, président du Legambiente local, qui m'avait déjà accueilli l'année dernière, lors de mon premier périple en vélo. Il m'a organisé une rencontre avec les écoles dans la ville voisine de Barcellona. La rencontre a lieu le lendemain matin, à la mairie. J'arrive en vélo sous les acclamations des enfants avec des banderoles. Il y a même la télé, les journalistes, des enfants me demandent des autographes! On rêve, c'est encore mieux que le Tour de France! Je suis accueilli dans la salle du conseil municipal par l'adjoint au maire qui me remet officiellement le blason de la ville.. Puis pendant une heure je raconte le pourquoi de mon voyage et je réponds à leur questions. Ensuite, on me porte chez le marchand de vélo de la ville et j'ai droit à une révision du vélo gratuite.. Et bé quelle étape! Je m'en souviendrai de la Sicile, même si ça été bref.

J'ai maintenant rendez-vous à Potenza, en Basilicate, une région montagneuse du sud de l'Italie, entre la Campanie et la Calabre. Mais avant ça, je ne résiste pas à l'envie d'aller faire un tout sur les îles Éoliennes. Je prends le ferry de Milazzo à Vulcano, la première des 7 îles de l'archipel.

Il se dégage de Vulcano une impression d'ile vierge, comme à peine sortie de l'océan. Les pentes du volcans, couvertes de forets et de broussailles tombent à pic dans la mer. On ne voit tout d'abord aucunes habitations, puis apparait le petit port de Vulcano. Le bateau s'approche du ponton et on est tout de suite environné par cette odeur de souffre, très forte. Je descend ma bicyclette et m'engage sur l'unique route de l'ile. La partie sud de l'ile offre des paysage de roches noires déchiquetées, coulées de lave fossilisées peu à peu colonisées par la végétation. Vers le sud, la route s'élève peu à peu dans une vallée complètement sauvage dominée par le cratère aux couleurs rouge et grise. Je laisse le vélo dans les buissons et me tente l'ascension du cratère. Les pierres ponce crissent sous les pas. Au sommet, de nouveau ces vapeurs de souffre qui sortent directement du cratère. Je fais le tour du cratère et découvre un panorama incroyable. Le ciel est limpide et on peut voir l'ensemble des iles Eoliennes : Lipari, juste devant, puis la petite Panarea et Stromboli, et à ma gauche, Salina, et plus loin Alicudi et Filicudi. C'est une ambiance de bout du monde, avec ces volcans épars au milieu de l'eau, on se sent loin, bien loin de l'Italie. Dépaysement garanti. Wouah!

Pendant que le soleil se couche je me dépeche de redescendre. Je retourne au port et m'embarque sur le bateau pour Naples. Maintenant en route pour la Basilicate..

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Commentaires

Tes récits sont toujours aussi magiques! Quel dépaysement, tu nous fais voyager depuis notre maison ..... Mille mercis

Marie-Claire

Écrit par : Marie-Claire | 30/11/2007

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