11/02/2006
Bogo
Bonjour à tous
je suis dans le petit village de Bogo depuis lundi et franchement c'est excellent. L'endroit est magnifique, perdu au milieu des montagnes recouvertes de forêt tropicale, le petit village est très joli avec ses maisons en terre et le gros baobab au centre du village, et les gens sont adorables. On m'emmène en balade dans la forêt, on me fait visiter le village. Je suis très bien accueilli parce que je suis considéré comme le représentant de l'association Atumgba, et l'association d'Atumgba a fait beaucoup pour le village, pour l'école, pour le centre de soin. Quand on évoque le nom de Marie Claire et Jean Pierre, tout le monde fait des grands sourires... Alors c'est vrai que le village est très attachant et que les conditions de vie sont difficile, alors on a vite envie de les aider, et il y a tant à faire. Il n'y a pas d'eau, il faut puiser à la rivière, il n'y a évidemment pas d'éléctricité et le téléphone vient d'être coupé suite à une mauvaise gestion du gérant de la cabine. Pour se rendre à la ville pour aller vendre au marché. Ca coûte très cher et le taxi est rare. Cette semaine, j'ai parcouru le village et les environs pour me rendre compte de la situation, notamment voir l'impact de la déforestation et la situation de l'agriculture.
Pour ce qui est de la déforestation, l'endroit est encore bien boisé, la forêt est magnifique c'est vraiment incroyable la variété d'arbres, je n'ai jamais vu ça. Sans mentir, il y a plusieurs centaines d'espèce, rien que pour les arbres, et ça fait toute sorte de fruits, de fleurs. C'est trop beau, j'adore. Mais c'est vrai que attention à la déforestation. On entend les tronçonneuses dans la vallée. Et les petites parcelles cultivées partent à l'assaut des flancs de la colline, malgré les pentes incroyablement raides. Alors je me pose des questions sur l'érosion des sols. les paysans m'affirment qu'il n'y a pas de problème mais j'ai des doutes, surtout qu'on voit la roche apparaître à plusieurs endroits. Mais que faire? L'agriculture est la seule source de revenu, mais c'est clair que c'est vraiment pas rentable pour le travail que ça demande. Ils cultivent leurs petites parcelles sur les versants à la houe, ça met des jours pour labourer. C'est un travail de dingue, surtout qu'il faut tout transporter à dos d'homme. Et puis c'est la culture sur brulis. Ils cultivent un an puis laissent en jachère 5 ans. Mais c'est vraiment pas productif.
Pourtant, si on veut aider le village durablement, je pense vraiment qu'il faut chercher à développer une agriculture plus rentable et plus respectueuse du milieu. Et pour ça, je m'intéresse beaucoup à l'expérience Songhai. Vous vous rappelez ce centre de formation en agriculture biologique, au Bénin. Avec Atumgba, on a acheté une dizaine de guides techniques agricoles que j'avais trouvé au centre Songhai, à Porto Novo. J'ai distribué ça et les premiers qui ont regardé ont l'air bien intéressés. Ca parle de plein de choses toutes simples qu'il faut juste savoir. Alors j'aimerais bien que ça leur donne des idées. On va voir ce qui est réalisable sur le site car c'est quand même bien encaissé. Mais je pense qu'il y a pleins d'idées à appliquer, notamment en agroforesterie, et puis aussi l'utilisation du compost pour le jardinage.
Je dois vous dire que Songhai m'enthousiasme vraiment, vous l'avez peut être remarqué, et le hasard fait bien des choses car figurez vous qu'à Noël, quand on faisait des animations pour les enfants, j'ai rencontré un étudiant du centre songhai. Il habitait juste derrière chez nous. C'est incroyable parce que ça doit être un des seuls togolais à avoir suivi cette formation qui est au Bénin, et je suis tombé dessus. Et encore le hasard, il habite pas loin du terrain que l'association Atumgba envisage d'acheter pour l'asso. Et encore coincidence, il est en train de monter un projet pour fonder un centre songhai au Togo mais cherche de l'aide. Alors tout ça c'est méchamment intéressant et il faut profiter de cette coincidence. Mercredi, on va le faire venir au village de Bogo pour une rencontre avec les paysans et il va peut être nous donner de bons conseils. Enfin voila c'est super intéressant tout ça.
En attendant, dans la semaine, j'ai fait quelques interventions au collège. Je leur ai parlé pendant deux heures de la protection de l'environnement et de la biodiversité... Est ce que c'est complètement décalé quand on voit la situation de pauvreté dans laquelle ils sont? Pas si sûr. Pendant deux semaines je vais les bassiner avec ça, ca va peut être leur donner des idées. Et puis on va essayer de mettre en pratique aussi. On va essayer d'en faire du composte, comme indiqué dans le guide.
Voila, voila je m'occupe bien. ce week end je suis revenu à Kpalimé, la ville voisine, mais lundi, j'y retourne pour deux semaines. Cette semaine j'avais logé chez le directeur du collège qui est l'intermédiaire d'Atumgba, mais les villageois ont fait une crise de jalousie disant que le directeur voulait garder le "blanc" pour lui tout seul. Alors pour éviter la crise, la semaine prochaine, je vais être logé en grande pompe dans la maison du chef...
18:45 Publié dans Togo | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Bonjour Youri,
Nous avons lu avec une grande émotion le compte rendu de votre prmière semaine à Bogo.
Les points de vue que vous y développez nous confortent dans nos actions.
Y -at-il véritablement un hasard dans vos rencontres ?
La proximité de la rivière et des ruisseaux permet-elle d'envisager la création d'une pisciculture : les Bogolais aiment le poisson !!
Votre photo montre le baobab du village, celui que l'on voit le plus sur internet. Avez-vous pu visiter la clairière sacrée, haut lieu du culte animiste. Le calme et l'impression de bien-être qui se dégagent de cet endroit sont impressionnants.
A bientôt sur le Blog.
Jean-Pierre
Écrit par : Jean-Pierre | 12/02/2006
Cher Monsieur,
Quelle belle leçon!Je suis en admiration!Je vous en dirai plus une autre fois.Merci.
Tahéra,de l'Ile de la Réunion.
Écrit par : Tahéra | 16/02/2006
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