Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/11/2008

Vive la Palestine!!

Le soleil est revenu, il fait un peu plus chaud, mais tout le monde garde l'écharpe autour du cou. Et bé oui, qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid, cet automne à Naples tu dois avoir l'écharpe autour du cou parce que c'est la mode... Et pas n'importe quelle écharpe s'il vous plait. Venue directement depuis l'orient, depuis ces pays chauds et arides où elle a été - et est toujours - un symbole politique, cette année, pour la collection Automne/Hiver, la mode a porté à Naples, mesdames et messieurs... : la keffiah!! ... Vous la connaissez peut être plus sous le nom de cheich. Vous savez, le foulard palestinien à damier noir et blanc que portait Yasser Arafat, ce foulard qu'utilise les palestiniens pour se protéger du soleil en été et se protéger du froid en hiver. Jusqu'à maintenant, à Naples, on pouvait voir de temps à autre quelques jeunes un peu rebelles qui le portait en symbole de protestation pour soutenir la cause palestinienne. C'était un message politique assez fort quoi.. Oui mais la mode est passée par là. Et cette année la mode italienne elle a décidé : cet automne, la mode ce sera la keffiah!!..

Quand j'étais revenu à Naples fin septembre, j'avais bien remarqué quelque chose d'étrange. "C'est bizarre, il y a de plus en plus de jeunes avec la keffiah.. Est-ce qu'il serait en train de leur naitre une conscience politique à tous ces petits lycéens? D'où vient ce mouvement de solidarité pour la Palestine tout d'un coup?" Mais il y en avait de plus en plus, même les garçons tout à la mode avec le bronzage artificiel, même les filles maxi maquillées avec les vêtements super fashion, bref les habituelles victimes de la mode, se mettaient à porter la keffiah. Dans les deventures des magasins, les manequins portent la keffiah, les vendeurs ambulants, à côtés des (fausses) lunettes de soleil Ray Ban et des (fausses) ceintures Dolce e Gabana vendent désormais les keffiah palestiniennes. Et du coup les pauvres jeunes qui auparavant la portaient comme signe de protestation se retrouvent maintenant englobés dans ce vaste mouvement de mode. Mais en Italie, tout le monde le sait, la mode est la plus forte. Et à Naples encore plus. Que faire contre cette vague qui détruit tout, idées et valeurs, pour tout uniformiser sur son passage et nous faire changer la garde robe chaque année. C'est un peu triste de voir qu'elle a réussi à détruire un message politique pour en faire un accessoire de mode. La majeure partie de ces jeunes qui portent désormais la keffiah seraient bien en peine de savoir quelle est l'origine de ce foulard. Ils ne savent pas que si il le portent noir et blanc, cela veut dire qu'ils soutiennent le Fatah, le parti de Yasser Arafat, et s'ils le portent rouge et blanc, c'est qu'ils sont partisans du Hamas. Mais la mode, pour laisser la possibilité à chacun d'exprimer son propre style dans toute cette uniformisation,a aussi créé la keffiah violette, jaune, verte, j'imagine aussi bientôt celle aux couleurs du Napoli, le club de foot de la ville... En tout cas j'imagine la surprise d'un palestinien qui arriverait par hasard à Naples, j'imagine son émotion de voir que tant de personnes soutiennent sa cause... C'ets comme ça à Naples : les Napolitains font de la politique sans le savoir...

15:04 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (0)

19/11/2008

Le froid existe à Naples

Même si on a tendance à l'oublier, l'hiver à Naples! En l'espace de quelques jours on est passé de la chaleur suffocante apportée par le Scirocco, le vent venu du Sahara, à un froid de canard. Et la morphologie de la ville, très bien adaptée à la chaleur, révèle ses limite spendant l'hiver. les ruelles étroites, toujours dans l'ombre sont un espace de fraicheur pendant l'été, mais en hiver ça devient sinistre. On peut passer des journées entières sans voir le soleil. Et toutes les maisons napolitaines ont des plafonds très hauts, souvent jusqu'à 4 m. Cela peut être utile en été, car la chaleur s'accumule au plafond, mais en hiver, ça devient impossible à chauffer. D'ailleurs la plupart des maisons sont dépourvues de chauffage. C'est un peu si comme tout le monde avait oublié qu'il y avait un hiver. La majeure partie de l'année , il fait beau, il fait chaud, même trop chaud, c'est le sud quoi, et on se moque de ces pays du nord qui subissent le brouillard, la pluie, le froid. Et puis tout d'un coup ça nous tombe dessus : l'hiver arrive. C'est caractéristique de cette tendance des napolitains de vivre au jour le jour. Il fait chaud alors on fait des maisons ombragées. Il ne pleut pas, alors on fait des toits plats, on ne s'embête pas à faire des rigoles dans les rues. et quand arrive la pluie, l'eau s'accumule sur les toits, les rues sont inondées.

C'est un peu la même chose qui se passe pour les déchets. En ce moment il n'y a plus de déchets dans la rue, alors la majeure partie de la population ne se soucie plus du problème. Et pourtant, la situation n'a pas changé. Si on ne voit plus les montagnes de déchets, c'est parce que deux nouvelles décharges ont été rouvertes. Mais rien d'autres n'a été prévu. Ces décharges seront rapidement pleines et on retournera au même problème... Mais aujourd'hui ça va. Pour l'instant ça va. Il est midi, il fait soleil, il fait chaud. Mais à 5 heures, moi je sais que le soleil se couchera et qu'il fera froid, très froid, alors j'ai pris mon écharpe et mon manteau malgré le soleil.

12:25 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (2)

12/11/2008

Les manifs

 

 

Bon. Mon dernier message était un peu désabusé sur Naples. Mais on va dire que c'était le choc du retour. Il faut toujours un peu de temps pour se réhabituer à Naples. Mais ça y est j'ai repris du poil de la bête, et après avoir un peu hésiter sur rester à Naples ou pas, je me suis remotivé et me voici prêt à affronter la bête. J'ai donc décidé de rester une année entière à Naples, de réussir à y trouver un vrai boulot, de lancer des activités d'éducation environnementale, et puis aussi de m'amuser et de continuer à découvrir cette ville extraordinaire. Et vu que c'est un sujet inépuisable, je vais essayer d'écrire chaque semaine une chronique pour vous raconter un peu la vie à Naples et en Italie en général. Parce que je me suis rendu compte cet été pendant que j'étais en France que lorsque je disais que j'habitais Naples, tout le monde me ressortait les mêmes clichés des déchets, de la mafia, mais que personne n'arrivait à comprendre ce qui passe vraiment là-bas. C'est tellement complexe que c'est dur à résumer en quelques mots. Mais en vous décrivant jour après jour le quotidien vous comprendrez peut être un peu mieux.

 

En ce moment, par exemple j'entends des cris de révolte par la fenêtre. Ce sont les lycéens et les étudiants qui manifestent un peu partout dans la rue. Le mouvement est parti il y a une dizaine de jours et c'est en train de prendre de l'ampleur. A l'origine de la protestation, une loi du gouvernement,  la loi Gelmini, qui veut faire d'importantes restrictions budgétaires dans le secteur de l'éducation et de la recherche. En fait, je ne suis pas trop dépaysé parce qu'en France, à chaque nouveau ministre on a les mêmes mouvements de protestation. Mais il faut noter qu'en Italie ça fait longtemps qu'on n'avait pas eu des protestations d'une telle ampleur. Le gouvernement ne fait pas grand chose pour améliorer la situation. Il a menacé d'envoyer la police dans les universités pour rétablir l'ordre ce qui a déclenché un tollé. En fait, on a l'impression qu'il attend seulement que ça dégénère pour pouvoir envoyer les forces de l'ordre. C'était la technique de Cossiga, un des anciens ministres de l'intérieur dans les années 80. Un article vient de sortir dans lequel il raconte que ça méthode à lui pour faire revenir le calme était d'envoyer des éléments perturbateurs dans ces mouvements étudiants, d'attendre quelques jours que ça dégénère, et ensuite il envoyait l'armée et les ambulances, pour mater tout le monde une fois pour toutes et ramasser les blessés...

On n'en est pas encore là, et pour l'instant ça se contente de défiler dans tous les sens, chaque université, chaque lycée fait sa petite manif, y en a partout. Auxquelles il faut rajouter la manif des Agents Sanitaires, celle des employés au tri sélectifs à qui on ne trouve pas de boulot ce qui est un comble, celle des syndicats des Forces de police qui râlent aussi parce qu'on leur coupe le budget, et puis, évidemment, la classique manif des Chômeurs Organisés. Mais eux ils étaient déjà là avant. En fait depuis que je suis à Naples, je les ai toujours-vu ceux-là. Tous les deux trois jours ils font une manif. Ils sont persévérants. Les mauvaises langues diront que vu qu'ils sont chômeurs ils n'ont que ça à faire mais n'empêche, ils sont persévérants et généralement ils sont tout contents quand l'actualité du moment vient agglomérer d'autres manifs avec la leur, comme contre les déchets en janvier dernier ou les étudiants maintenant...

En fait à Naples, c'est rare de voir un jour sans manif. Ces derniers temps, les manifs portent surtout sur les problèmes d'emploi, de déchets ou de l'éducation comme maintenant, mais il y a quelques années on a vu des manifs un peu plus originales comme celle des vendeurs de cigarettes de contrebande qui protestaient contre la répression trop forte... Et le pire, c'est qu'ils ont obtenu gain de cause... Mais il faut dire que c'était aussi une manif pour l'emploi puisque la contrebande de cigarette fait vivre des milliers de familles... Ca fait partie de ces petits métiers de la débrouille si typiques de Naples. Toute occasion est bonne pour faire des affaires à Naples, même une manif : on a pu voir le cortège étudiant accompagné de vendeurs ambulants de sifflets, d'écharpes et de tout autre matériel utile pour faire une bonne manif.

En tout cas les étudiants sont en train de faire de belles choses pour protester. Ils ont bloqué les universités, mais en collaboration avec les professeurs sont organisées des leçons en plein air dans la rue, bloquée aussi. Pour faire leurs assemblées, les milliers d'étudiants se retrouvent place du Plébiscite qui pour l'occasion porte bien son nom. C'est une place en amphithéâtre avec des gradins et ça rappelle vaguement les anciens grecs qui débattaient en plein air.

 

Mais comme dans toute manif, là où l'originalité est la plus prolixe, c'est dans les slogans et je ne résiste pas à terminer en vous citant celui des chercheurs qui protestent contre la suppression des budgets :

 "Berlusconi si tu as encore des cheveux, c'est grâce à la recherche..."

19:35 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (1)