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12/11/2008

Les manifs

 

 

Bon. Mon dernier message était un peu désabusé sur Naples. Mais on va dire que c'était le choc du retour. Il faut toujours un peu de temps pour se réhabituer à Naples. Mais ça y est j'ai repris du poil de la bête, et après avoir un peu hésiter sur rester à Naples ou pas, je me suis remotivé et me voici prêt à affronter la bête. J'ai donc décidé de rester une année entière à Naples, de réussir à y trouver un vrai boulot, de lancer des activités d'éducation environnementale, et puis aussi de m'amuser et de continuer à découvrir cette ville extraordinaire. Et vu que c'est un sujet inépuisable, je vais essayer d'écrire chaque semaine une chronique pour vous raconter un peu la vie à Naples et en Italie en général. Parce que je me suis rendu compte cet été pendant que j'étais en France que lorsque je disais que j'habitais Naples, tout le monde me ressortait les mêmes clichés des déchets, de la mafia, mais que personne n'arrivait à comprendre ce qui passe vraiment là-bas. C'est tellement complexe que c'est dur à résumer en quelques mots. Mais en vous décrivant jour après jour le quotidien vous comprendrez peut être un peu mieux.

 

En ce moment, par exemple j'entends des cris de révolte par la fenêtre. Ce sont les lycéens et les étudiants qui manifestent un peu partout dans la rue. Le mouvement est parti il y a une dizaine de jours et c'est en train de prendre de l'ampleur. A l'origine de la protestation, une loi du gouvernement,  la loi Gelmini, qui veut faire d'importantes restrictions budgétaires dans le secteur de l'éducation et de la recherche. En fait, je ne suis pas trop dépaysé parce qu'en France, à chaque nouveau ministre on a les mêmes mouvements de protestation. Mais il faut noter qu'en Italie ça fait longtemps qu'on n'avait pas eu des protestations d'une telle ampleur. Le gouvernement ne fait pas grand chose pour améliorer la situation. Il a menacé d'envoyer la police dans les universités pour rétablir l'ordre ce qui a déclenché un tollé. En fait, on a l'impression qu'il attend seulement que ça dégénère pour pouvoir envoyer les forces de l'ordre. C'était la technique de Cossiga, un des anciens ministres de l'intérieur dans les années 80. Un article vient de sortir dans lequel il raconte que ça méthode à lui pour faire revenir le calme était d'envoyer des éléments perturbateurs dans ces mouvements étudiants, d'attendre quelques jours que ça dégénère, et ensuite il envoyait l'armée et les ambulances, pour mater tout le monde une fois pour toutes et ramasser les blessés...

On n'en est pas encore là, et pour l'instant ça se contente de défiler dans tous les sens, chaque université, chaque lycée fait sa petite manif, y en a partout. Auxquelles il faut rajouter la manif des Agents Sanitaires, celle des employés au tri sélectifs à qui on ne trouve pas de boulot ce qui est un comble, celle des syndicats des Forces de police qui râlent aussi parce qu'on leur coupe le budget, et puis, évidemment, la classique manif des Chômeurs Organisés. Mais eux ils étaient déjà là avant. En fait depuis que je suis à Naples, je les ai toujours-vu ceux-là. Tous les deux trois jours ils font une manif. Ils sont persévérants. Les mauvaises langues diront que vu qu'ils sont chômeurs ils n'ont que ça à faire mais n'empêche, ils sont persévérants et généralement ils sont tout contents quand l'actualité du moment vient agglomérer d'autres manifs avec la leur, comme contre les déchets en janvier dernier ou les étudiants maintenant...

En fait à Naples, c'est rare de voir un jour sans manif. Ces derniers temps, les manifs portent surtout sur les problèmes d'emploi, de déchets ou de l'éducation comme maintenant, mais il y a quelques années on a vu des manifs un peu plus originales comme celle des vendeurs de cigarettes de contrebande qui protestaient contre la répression trop forte... Et le pire, c'est qu'ils ont obtenu gain de cause... Mais il faut dire que c'était aussi une manif pour l'emploi puisque la contrebande de cigarette fait vivre des milliers de familles... Ca fait partie de ces petits métiers de la débrouille si typiques de Naples. Toute occasion est bonne pour faire des affaires à Naples, même une manif : on a pu voir le cortège étudiant accompagné de vendeurs ambulants de sifflets, d'écharpes et de tout autre matériel utile pour faire une bonne manif.

En tout cas les étudiants sont en train de faire de belles choses pour protester. Ils ont bloqué les universités, mais en collaboration avec les professeurs sont organisées des leçons en plein air dans la rue, bloquée aussi. Pour faire leurs assemblées, les milliers d'étudiants se retrouvent place du Plébiscite qui pour l'occasion porte bien son nom. C'est une place en amphithéâtre avec des gradins et ça rappelle vaguement les anciens grecs qui débattaient en plein air.

 

Mais comme dans toute manif, là où l'originalité est la plus prolixe, c'est dans les slogans et je ne résiste pas à terminer en vous citant celui des chercheurs qui protestent contre la suppression des budgets :

 "Berlusconi si tu as encore des cheveux, c'est grâce à la recherche..."

19:35 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Coucou ! ça fait plaisir de voir que tu vas recommencer à tenir ton blog à jour ! tu travailles toujours à Napoli sotterranea ? j'y travaillais aussi, on s'est vu une ou deux fois.
et tu habites où maintenant ? a bientot j'espère

Écrit par : maéva | 16/11/2008

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