14/06/2007
Forza Napoli
A Naples, comme partout ailleurs en Italie, le foot fait partie de la vie des gens : on parle foot, on s'engueule foot, on parie sur le foot, les gamins dans la rue jouent au foot, chaque famille, dans son petit logement a l'ecran plan géant pour regarder le foot ou alors on s'achète le téléphone mobile avec la télé pour pouvoir regarder le foot sur le téléphone. Pourtant l'équipe de Naples ne fait pas partie de ces grands clubs italiens comme le Milan Ac ou la Juventus de Turin. Tout ce que je savais de l'équipe de Naples c'est qu'il y a une quinzaine d'années elle avait accueilli le fameux Maradona. Entre Maradona et Naples, évidemment ça avait été l'osmose la plus totale, les folies et le génie de Maradona s'accordant parfaitement avec l'ambiance de Naples. A tel point qu'on peut trouver dans la rue des petits autels avec des cierges dédiés à Maradonna, comme on en trouve ailleurs dédiés aux saints. A l'époque de Maradona, l'équipe de Naples s'était hissée aux sommets avec des titres de champions d'Italie et meme un titre de champion d'Europe en 1990. Mais depuis le départ de Maradona et des histoires avec la mafia qui aurait corrompu l'équipe pour se faire de l'argent sur les paris, plus rien. Je savais juste que l'équipe était retombée en Série B (équivalent de la 2ème division ) car sur les murs de Naples il y avait des tags d'encoragement du type : "courage les gars, on va remonter en A". Juste en passant, les tags sur les murs à Naples, ça n'a rien à voir avec cce qu'on peut avoir en France. Chez nous, c'est plutot du genre "nik la police", "93 en force" ou d'autres trucs aggressifs comme ça, alors qu'à Naples on a ou bien des messages sympa pour l'équipe de foot, ou bien des messages d'amour. Si, si, c'est des gros romantiques les napolitains, du genre à écrire : "je t'aimerais toujours", "tu es l'étoile de ma vie", ou alors " toi et moi, trois mètres au-dessus du ciel". A noter pour le dernier message qu'ils sont peut etre romantique mais ils n'ont pas trop d'imagination, parce qu'en fait cette phrase, c'est le titre d'un film qui a eu du succès chez les ados il y a deux-trois ans et depuis on trouve ça marqué partout partout, meme en initiales (3MSC =3 Metri Sopra il Cielo), c'est dire le romantique. Il y en quand meme qui feintent et qui marquent "toi et moi 4 mètres au-dessus du ciel" parce qu'à 3 mètres il y a trop de monde..
Et donc voilà ce que je savais de l'équipe de Naples, mais il y a deux semaines la ville a commencé à se colorer, des banderoles bleux ciel et blanc (les couleurs de l'équipe) ont commencé a apparaitre au-dessus des rues, des drapeaux "forza Napoli" à etre accrochés aux fenetres, et puis il y en a eu de plus en plus, et encore plus, et encore, ça devenait impressionant, il y en avait partout, dans certaines ruelles, on ne voyait meme plus le ciel. Le grand évènement approchait : Napoli est sur le point de retourner en série A, elle est deuxième du championnat et il ne manquait plus qu'une partie pour que la montée soit assurée. Et cette partie devait se jouer dimanche dernier, à 15 heures.
Le dimanche matin, une euphorie incroyable régnait déjà dans la ville. Sur le marché on trouvait plus de vendeurs de drapeaux, d'écharpes de Napoli que de vendeurs de fruits. Les jeunes, grimpés sur des échelles étaient occupés à accrocher encore quelques dernières bannières. Les napolitains ne manquent jamais l'occasion de faire des affaires, on voyait des stands improvisés partout pour vendre tout l'équipement du parfait supporter, il y en avait meme un qui avait réussi à trouver un ane, qu'il avait déguisé aux couleurs de Naples, et il faisait monter les enfants dessus pour faire la photo pour un euro. Dans les boulnageries, il y avait les gateaux aux couleurs de l'équipe.
Et à quinze heures, plus personnes dans la rue, mias on commence a entendre les cris des supporters, les cornes de brume, comme au stade, sauf qu'il n'y a pas de stade. Tout le monde était devant la télé, mais je peux vous garantir que c'était la meme ambiance que si on avait été dans le stade. Toutes les télés retransmettaient la partie, mais comme les chaines locales n'avaient pas pu payer les droits de retransmission, elles montraient juste le commentateur et le public, et de temps à autre un morceau de gazon ou le pied d'un joueur. Mais ça valait le coup quand meme parce qu'il fallait voir le commentateur tout excité sortir tout ses grisgris et portes bonheur de toute sortes et les plaquer contre la caméra. Il n'en pouvait plus. Plus que quelques minutes, Naples tient le match nul et donc conserve sa deuxième place et la montée en série A. C'est le suspense. Je sors dans la rue pour voir ce que ça va donner. Grand silence, tout le monde est suspendu à la partie. Et soudain grande rumeur : toute la ville qui crie, les cornes de brume, les pétards. La partie est finie, Naples est qualifiée!!! Les cris de joie s'ampliefie, tout le monde sort dans la rue, des hordes de scooters aux couleurs de Naples débouchent des ruelles à fond, à pleins klaxons, ils sont à trois apr scooter avec un qui tient un énorme drapeau de Naples. La grande avenue se retrouve bloquée, il y en a qui se roulent par terre, revoilà l'ane qui se joint à la fete. Et les premieres explosions. Ici on a coutume d'exprimer sa joie avec des pétards. Plus la joie est grande, plus il y a des pétards. Et là, des pétards, il y en avait!!! Je me retrouve vite dans un nuage de fumée, c'est du délire, ils ont des pétards si gros qu'on dirait des bombes,.. Et ils lancent ça sous les voitures qui passent, les scooters sont perdus dans la fumée, un chauffeur sort en catastrophe se sa voiture qui s'est pris un énorme pétard.. On se croirait en pleine guerre civile!! Et ils sortent les feux d'artifice qu'ils balancent à la main. Tout le monde hurle de joie, ils sont contents, ils sont fous!!! Moi je suis vite rentrer me réfugier chez moi, ça devenait trop dangereux. Franchement c'est trop des tarés!!! Mais vive Nle Napoli quand meme et vive la série A! J'ose pas imaginer ce que ça va donner...
21:14 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (2)
09/06/2007
"Moi, j'pourrais pas y vivre..."
Pendant 5 jours j'ai fait le guide, mais pour la famille cette fois. Papa et Jérome ont venus me voir et je me suis fait un plaisir de leur faire découvrir la ville. C'était sympa de les promener dans les ruelles des quartiers mal famés et de les voir écarquiller les yeux devant les scènes de la rue : la petite vieille qui tire son pannier du balcon, les scooters chargés de familles entières, les vendeurs à la sauvette de sacs vuitton ou d'ordinateurs portables; Et de les voir tenter de traverser la rue entre les klaxons et les voitures qui te passent à 2 mm, et de les surprendre en leur montrant à l'improviste une colonne grecque dissimulée dans la facade d'un vieil immeuble, ou encore mieux, un théatre romain caché dans un appartement (si, si! si vous ne me croyez pas, demandez leur..) Et j'aurais pu le parier, évidemment papa a fini par dire : "c'est sympa, mais moi je ne pourrais pas y vivre..." Mais ce n'est pas le seul à penser ça. Tous les étudiants que je croise me disent la meme chose, à commencer par mes colocataires. Mes colocataires, que je vous les présente. Il y a deux frères et un copain qui se connaissent de toute une vie et qui sont dans une partie de l'appartement à part avec leur salon. Ils viennent de la région du Matese à 50 km de Naples et entre eux ne parlent que leur langue, le matesais, qui serait comme de l'italien, mais parlé avec une patate chaude dans la bouche, en se pinçant le nez et qui se parle uniquement en beuglant. Donc ça ne facilite pas trop le contact. Les deux frères ne font l'effort de me parler italien que pour me parler politique, me dire que Naples c'est la merde, que les napolitains sont tous des gros cons et qu'ils n'attendent qu'une chose, c'est de rentrer dans leur village. Ils me disent que Naples, si tout va mal c'est de la faute aux politiciens corrompus et la faute aux napolitains qui ne paient pas leurs impots et qui jettent leurs déchets n'importe où. Luca, mon brave collocataire qui me raconte tout ça, étudie le droit depuis trois ans. Et comme petit boulot pour arrondir les fins de mois, il a trouvé quelque chose de typiquement napolitain: il fait faux témoin auprès des assurances... Il faut s'adapter au contexte. C'est pareil pour la facture d'eau. Je m'étonnais auprès de lui qu'on ne payait pas l'eau dans l'appartement. C'est parce que le controleur de l'eau a oublié de passer depuis qu'ils ont repris l'appart. Un matin ça sonne à la porte, je vais pour ouvrir et je vois mes trois colocs, dans le noir, sur la pointe des pieds qui me chuchottent : "Non, n'ouvre pas, c'est le controleur de l'eau, il faut qu'il croit qu'il n'y a personne.." Et comme ça ont l'a laissé sonner pendant plus d'une heure. A la fin quand ça s'est enfin terminé, je reçoie un coup de fil de Rosita : "Ca fait une heure que je sonne à la porte, vous etes débiles ou quoi, pourquoi vous n'ouvrez pas, on vous entend de l'autre coté de la porte!!!" Donc voilà, en fait de controleur qui a oublié de passer, c'est plutot que à chaque qu'il passe tout le monde fait le mort. Et pour les déchets, mes braves collocs c'est dur de leur faire perdre l'habitude de boire et manger dans des verres et assiettes en plastique. On moins on pourrait faire la récolte différenciée. Oui mais le collecteur est trop loin... Et en plus ils me disent qu'après la société de collecte ne fait pas le tri... Et bé c'est sur que si personne n'y met le plastique, ils ne risquent pas de pouvoir recycler après.
Le copain des deux frères est un passioné de babyfoot. Mais un vrai quoi. Il me montre des films de la finale régionale de babyfoot .. Je peux vous dire que babyfoot à la télé, c'est quelque chose de passionnant.. Ils me parle aussi de ses parties dans les troquets de la ville, et en particulier du fameux "Une-main", qu'il n'a jamais réussi à battre malgré son unique main. ( comme de jouer au foot avec un unijambiste...)
Quant au dernier collocataire, c'est une fille, que j'ai vu en tout et pour tout deux fois en 5 mois. La première fois c'était dans le noir dans le couloir, une nuit où j'allais faire pipi. La deuxième fois c'est quand il y avait Papa et Jérome avec moi dans la cuisine, elle est apparue sans rien dire, a pris un grand couteau et est retournée dans sa chambre. Le voisin me soutient que c'est une vampire et qu'elle fait des rites sataniques...
Vous voyez, on peut y vivre à Naples, il suffit juste de s'adapter...
19:45 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (1)