09/06/2007
"Moi, j'pourrais pas y vivre..."
Pendant 5 jours j'ai fait le guide, mais pour la famille cette fois. Papa et Jérome ont venus me voir et je me suis fait un plaisir de leur faire découvrir la ville. C'était sympa de les promener dans les ruelles des quartiers mal famés et de les voir écarquiller les yeux devant les scènes de la rue : la petite vieille qui tire son pannier du balcon, les scooters chargés de familles entières, les vendeurs à la sauvette de sacs vuitton ou d'ordinateurs portables; Et de les voir tenter de traverser la rue entre les klaxons et les voitures qui te passent à 2 mm, et de les surprendre en leur montrant à l'improviste une colonne grecque dissimulée dans la facade d'un vieil immeuble, ou encore mieux, un théatre romain caché dans un appartement (si, si! si vous ne me croyez pas, demandez leur..) Et j'aurais pu le parier, évidemment papa a fini par dire : "c'est sympa, mais moi je ne pourrais pas y vivre..." Mais ce n'est pas le seul à penser ça. Tous les étudiants que je croise me disent la meme chose, à commencer par mes colocataires. Mes colocataires, que je vous les présente. Il y a deux frères et un copain qui se connaissent de toute une vie et qui sont dans une partie de l'appartement à part avec leur salon. Ils viennent de la région du Matese à 50 km de Naples et entre eux ne parlent que leur langue, le matesais, qui serait comme de l'italien, mais parlé avec une patate chaude dans la bouche, en se pinçant le nez et qui se parle uniquement en beuglant. Donc ça ne facilite pas trop le contact. Les deux frères ne font l'effort de me parler italien que pour me parler politique, me dire que Naples c'est la merde, que les napolitains sont tous des gros cons et qu'ils n'attendent qu'une chose, c'est de rentrer dans leur village. Ils me disent que Naples, si tout va mal c'est de la faute aux politiciens corrompus et la faute aux napolitains qui ne paient pas leurs impots et qui jettent leurs déchets n'importe où. Luca, mon brave collocataire qui me raconte tout ça, étudie le droit depuis trois ans. Et comme petit boulot pour arrondir les fins de mois, il a trouvé quelque chose de typiquement napolitain: il fait faux témoin auprès des assurances... Il faut s'adapter au contexte. C'est pareil pour la facture d'eau. Je m'étonnais auprès de lui qu'on ne payait pas l'eau dans l'appartement. C'est parce que le controleur de l'eau a oublié de passer depuis qu'ils ont repris l'appart. Un matin ça sonne à la porte, je vais pour ouvrir et je vois mes trois colocs, dans le noir, sur la pointe des pieds qui me chuchottent : "Non, n'ouvre pas, c'est le controleur de l'eau, il faut qu'il croit qu'il n'y a personne.." Et comme ça ont l'a laissé sonner pendant plus d'une heure. A la fin quand ça s'est enfin terminé, je reçoie un coup de fil de Rosita : "Ca fait une heure que je sonne à la porte, vous etes débiles ou quoi, pourquoi vous n'ouvrez pas, on vous entend de l'autre coté de la porte!!!" Donc voilà, en fait de controleur qui a oublié de passer, c'est plutot que à chaque qu'il passe tout le monde fait le mort. Et pour les déchets, mes braves collocs c'est dur de leur faire perdre l'habitude de boire et manger dans des verres et assiettes en plastique. On moins on pourrait faire la récolte différenciée. Oui mais le collecteur est trop loin... Et en plus ils me disent qu'après la société de collecte ne fait pas le tri... Et bé c'est sur que si personne n'y met le plastique, ils ne risquent pas de pouvoir recycler après.
Le copain des deux frères est un passioné de babyfoot. Mais un vrai quoi. Il me montre des films de la finale régionale de babyfoot .. Je peux vous dire que babyfoot à la télé, c'est quelque chose de passionnant.. Ils me parle aussi de ses parties dans les troquets de la ville, et en particulier du fameux "Une-main", qu'il n'a jamais réussi à battre malgré son unique main. ( comme de jouer au foot avec un unijambiste...)
Quant au dernier collocataire, c'est une fille, que j'ai vu en tout et pour tout deux fois en 5 mois. La première fois c'était dans le noir dans le couloir, une nuit où j'allais faire pipi. La deuxième fois c'est quand il y avait Papa et Jérome avec moi dans la cuisine, elle est apparue sans rien dire, a pris un grand couteau et est retournée dans sa chambre. Le voisin me soutient que c'est une vampire et qu'elle fait des rites sataniques...
Vous voyez, on peut y vivre à Naples, il suffit juste de s'adapter...
19:45 Publié dans Italie | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je n'ai pas de mal à me représenter ton père à Naples !
Nous suivons toujours avec intérêt tes commentaires sur ton séjour là-bas.
Mélodie te concurrence avec son journal sur Pékin !
Écrit par : Mamie | 13/06/2007
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