28/10/2008
la rentrée à Naples
Me voici de retour à Naples après trois mois d'absence. J'avais laissé une ville en pleine urgence déchets, à laquelle s'étaient rajoutées des tensions contre les camps tsiganes. Avant de revenir, j'avais aussi entendu parler de 6 africains qui s'étaient fait assassiner dans la banlieue nord de Naples. Mais en arrivant je trouve la ville plutôt tranquille, derrière sa folie ordinaire. C'est plutôt propre. Dans ma ruelle il y a des nouveautés : on a installé des collecteurs pour le papier, le plastique et le verre. Je n'aurai plus à faire 800 m à pied pour aller jeter mon tri sélectif. Une petite annonce sur le mur : s'il y a ces bennes ici, c'est parce qu'un petit collectif d'habitants a insisté longuement auprès de l'entreprise de ramassage.
Je me tiens au courant des nouvelles avec ces affiches sur les murs : des assos se plaignent que le tri sélectif ne démarre pas assez vite, manifestation contre le racisme la semaine prochaine. Ca réagit un petit peu.
Un article de Saviano (l'auteur de Gomorra), qui dénonce la mafia, qui rappelle tous les morts de l'été, passés quasi inaperçus, les tueurs qui courent toujours. On les cherche à l'autre bout du monde alors qu'ils sont sûrement tranquillement chez eux.
A croire que son appel a été entendu : la semaine suivante on annonce 100 arrestations dans le clan des Casalesi, le clan mafieux le plus puissant de la région, dont les 3 tueurs de l'été. Mais il parait que ça ne va pas changer grand chose : de temps en temps la police fait des gros coups de filets comme ça, mais c'est comme la mauvaise herbe qui repousse. Tant qu'on ne coupe pas à la base ça repousse. Et justement, la semaine suivante, Saviano refait la une des journaux, mais cette fois pour dire qu'il en a marre, qu'il a encore reçu des menaces de mort, qu'il quitte l'Italie
Dans le bus, toujours ces gens aux faces incroyables, comme venus de la cour des Miracles
La rue est toujours aussi bordellique, je me lasse déjà des scooters irrespectueux, des klaxons à tout va, des embouteillages infernaux, des pots d'échappement mal réglés dans le nez. Mais le samedi, c'est Critical mass. Le rendez-vous des cyclistes a survécu à l'été. Un petit tour en vélo en reprenant la rue aux autos, ça fait du bien. L'ambiance est joyeuse et Naples est si belle vue comme ça, sans stress, sans pots d'échappement, sans klaxons, la rue libérée. Mais est-ce vraiment Naples ça? Ou alors mon idéal rêvé mais dont les napolitains eux mêmes ne veulent pas vraiment. Pendant l'été je m'étais imaginé revenir ici et lancer des activités d'éducation à la nature et de sensibilisation à l'environnement. Evidemment y'en aurait besoin, mais est ce que c'est à moi de faire ça.
C'est qu'ils n'ont pas l'air malheureux en fait. Est-ce une apparence? Est ce la télévision qui a trop bien vidé le cerveau. On ne peut pas être heureux dans une ville comme ça. Sauf si on est napolitain peut être...
13:55 Publié dans Naples | Lien permanent | Commentaires (0)