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22/11/2010

Le mystère de la médiathèque Santa Sofia

Après l'ukraine, revenons un peu à Naples. J'ai maintenant quitté la ville mais je me suis lancé dans un projet peut etre encore plus fou que d'aller en Ukraine en vélo : écrire un livre sur Naples. Ca, c'est à cause de ceux qui m'ont fait des compliments sur mes écrits, à force j'y ai cru...

Me voilà donc occupé à mon grand projet pour les prochains mois. Pour vous tenir en haleine, j'en mettrai des extraits de temps en temps. Et pour commencer, en voici un premier :

 

le mystère de la médiathèque Santa Sofia

 

A Naples, il y a une légende urbaine qui circule. Il paraitrait qu'il existe un endroit merveilleux où n'importe qui peut aller et emprunter gratuitement les films qu'il veut... Une médiathèque, quoi. Ca en fait réver beaucoup. Chacun connait quelqu'un qui connait quelqu'un qui aurait eu accès à ce lieu magique. Mais je n'ai encore rencontré personne qui y est allé lui-meme. Tout ce que l'on sait, c'est que cet endoit s'appellerait “la mediateca Santa Sofia” Alors, légende ou réalité? A force d'en entendre parler j'ai voulu me rendre compte par moi-meme. Si vraiment il existe une médiathèque à Naples, ça m'intéresse. Il faut justement que je découvre le cinéma italien. Mais je dois avouer que depuis plus de trois ans que je parcours cette ville en long et en large je n'ai jamais rien vu qui ressemble de près ou de loin à une médiathèque.

Je dispose pourtant d'un indice. Si elle s'appelle Santa Sofia, il y a des chances qu'elle se trouve Via Santa Sofia.  Pourtant je suis déjà passé plusieurs fois dans cette rue sans rien voir. Je décide quand meme d'y retourner en regardant avec plus d'attention. C'est une ruelle du centre historique qui prolonge la Via DonnaRegina. On y trouve la meme ambiance que dans n'importe quelle ruelle de Naples : les scooters, les alimentari, quelques échaffaudages, bien que ce soit une zone un peu moins passagère. Je regarde à droite, je regarde à gauche, me voilà déjà au bout, devant l'église Santa Sofia. Rien. Et pourtant ça devrait etre là. Ca me fait penser à une nouvelle que j'ai lu récemment, de Giorgio Vigolo, “Avventura a Campo di Fiori”où l'auteur parle d'un quartier secret qui se caherait dans Rome, où l'on peut arriver que dans certaines conditions particulières liées au hasard. Je retente mon coup, scrute avec encore plus d'attention les portails, regarde bien sous l'échaffaudage, toujours rien. Bon, tant pis. Je m'apprete à repartir losqu'un je note dans l'encoignure d'un vieux portail, une petite plaque bleue, rendue à moitié illisible par les intempéries : Centro per la Cultura e la Gioventù, 2° piano.  (centre culture et jeunesse) ah ah... Voilà peut etre un indice. Bien qu'en voyant le vieux portail, j'ai de sérieux doutes. C'est une de ces vieilles portes en bois, immenses mais dans laquelle est découpée une petite porte. Il y a un bouton pour sonner. J'essaie. Quelques secondes, puis un “Schlak”. La petite porte s'entrouvre. Je baisse la tete, et me faufile à l'intérieur. Un escalier. Je monte. Au premier étage (l'équivalent du deuxième étage en Italie) une porte entrouverte. Je la pousse, pas trop sûr de moi. Je suis dans une pièce remplie d'affiches de cinéma. Personne, mais au fond une deuxième porte, entrouverte elle aussi. J'avance prudemment et me retrouve dans une nouvelle pièce, les murs couverts d'étagères remplies de DVD. Un type m'accueille tout content de voir quelqu'un. Maintenant ça me fait penser à Indiana Jones et le Saint Graal, quand après moults épreuves périlleuses il arrive dans la grotte où se trouve le Graal mais il y a un gardien qui dit qu'il l'attendait depuis plusieurs siècle et que maintenant qu'il a trouvé le Graal il est obligé de prendre sa place. Alors je me méfie quand meme, on ne sait jamais.. Mais non, le type est tout sympa, il me dit qu'en effet l'inscription est gratuite, j'ai droit de prendre 2 DVD par semaine et tout et tout. Comme dans une vraie médiathèque quoi. C'était donc vrai... Tout content de moi, je retourne chez moi avec mes deux DVD sous le bras. Je suis impatient de raconter la nouvelle aux amis napolitains : la médiathèque existe pour de vrai! Et pour commencer, ce soir je me fais une soirée films italiens. J'ai pris “Incantesimo Napoletano”, miracle napolitain, qui raconte l'histoire d'une petite fille napolitaine qui nait avec l'accent milanais, au grand désespoir de ses parents et de toute la famille... Je met le DVD. C'est le journal TV! Je controle si le lecteur DVD est bien allumé. Oui. Je mets avance rapide, ça accélère. Et oui, c'est bien le DVD. Après des pubs voilà en effet le film. Qu'est ce que c'est que cette histoire? C'est un enregistrement fait à la télé! Ah bravo la médiathèque! Ils ont tellement peu de sous qu'ils sont obligés d'enregistrer les films eux-memes à la télé... Vabbé, après tout, pourquoi pas. Du moment que je peux voir le film. Pour le reste, le film est regardable meme si l'image saute de temps en temps. Je regarde ensuite le deuxième film, Cinema Paradiso. Pas mal, mais au bout d'une heure de film, l'image se bloque. Non, pas ça! Il ne peut pas y avoir pire. Un film qui se bloque en plein milieu, alors qu'on est au coeur de l'intrigue. Impossible de le faire repartir. J'ai beau sortir le DVD, le nettoyer, essayer de mettre avance rapide, ça rebloque au meme endroit. Tout ce que je réussis à faire c'est voir les deux dernières minutes du film. C'est rageant. La semaine suivante, je reprends deux autres films, et ça recommence, ça se bloque après une heure. C'est horrible! Il y a de quoi devenir fou.. Je le savais qu'il y avait un piège avec cette médiathèque. C'est machiavélique parce qu'on y trouve  plein de bons films et c'est gratuit, donc on ne peut pas s'empecher d'en reprendre deux autres en espérant avoir plus de chance, mais ça ne loupe pas, il y en a toujours un sur les deux qui n'arrive pas au bou. Et ça se bloque toujours au meilleur moment de l'intrigue, et donc on regarde les films dans l'angoisse que ça s'arrete à tout moment. Argh!

Au bout de plusieurs semaines de ce calvaire, alors que je commen9ais à etre pris de tics nerveux, j'ai finalement réussi à sortir de ce cycle infernal et décidé de plus prendre de DVD. C'était dur mais il le fallait... Tant pis pour les films italiens et au diable la médiathèque Santa Sofia!