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15/11/2012

nouvelles de la Borie 6

L'automne à La Borie

 

Il pleut, il vente, j'ai rallumé le poêle dans ma chambre : pas de doute, l'automne est là.

Le ciel est souvent gris mais les arbres ont mis leur parure automnale et illuminent le paysage. Le spectacle est vraiment magnifique. Il y a une belle diversité d'espèces ici, et chaque arbre vit l'automne à sa manière. Les alisiers sont d'un beau jaune lumineux, tendant vers le rose, les cornouillers prennent une étonnante teinte violacée; les chênes deviennent peu à peu jaune-orangé , les hêtres se couvrent de milliers de pièces d'or... Mais les véritables rois de l'automne, ce sont les érables, évidemment. Il y en a plusieurs espèces, qui se colorent chacun à leur tour, mais le plus beau de tous, c'est l'érable de Montpellier, typique de la région. Au meilleur de l'automne, il prend des couleurs d'un incroyable jaune-rouge flamboyant, c'est splendide! Et pour faire ressortir encore mieux toutes ces couleurs, la touche de vert des buis et les bouquets de pins.

Le spectacle est partout : par la fenêtre de ma chambre, en travaillant dehors, au débroussaillage ou en allant chercher les vaches. Même les buissons sont de la partie : les fusains avec leurs drôles de petits fruits roses, en forme de bonnets de curé, les églantiers et leur fruits d'un rouge éclatant qui se dressent au bout des tiges, ceux des aubépines, d'un rouge plus sombre. Et les pruneliers surchargés de petits fruits bleus. C'est une profusion de fruits et de couleurs. Sans oublier les champignons aux jolies couleurs, en particulier une espèce qui pousse sur les branches mortes, qui fait un genre de dentelle d'un très joli dégradé du noir vers l'orange.

C'est l'automne, et c'est chouette!

On entend de nouveau le bruit de la rivière au fond de la vallée. Elle était à sec depuis fin aout, et hop, après un week-end de fortes pluies, elle s'est remplie d'un coup. Ça fait plaisir de la retrouver. Les prés ont reverdi. On fait les provisions pour l'hiver : les potirons sont entassés dans une pièce au sec, on a fait les conserves de tomates et de haricots verts, et de choucroute aussi. Les carottes ont été stockées dans les silos sous le sable. Les derniers légumes sont récoltés et le potager est nettoyé. Les repas ont pris des saveurs automnales. Au menu maintenant, c'est chou, potiron et pommes de terre. Et les pommes aussi, qu'on a été récolter dans un verger voisin. Et les châtaignes bien sûr. Je découvre qu'on peut faire des confitures super bonnes avec les prunelles. Ça tombe bien, il y en a à profusion tout autour. La nature est très généreuse en automne.

Il est aussi temps de faire les ramonages de cheminée avant les grands froids. C'est moi le spécialiste maintenant, je vais de bâtiment en bâtiment avec mes outils en fredonnant la chanson de Mary Poppins. En fait c'est tout simple à faire, mais ça fait partie de ces gestes simples qui tant qu'on les a jamais faits demeurent mystérieux. Comme traire une vache. Ou chauler un mur. Je sais faire tout ça maintenant Et j'ai même réparé mon toit tout seul comme un grand, lassé d'avoir des fuites dans ma chambre. Et il faut recommencer à couper du bois pour chauffer la chambre. Décidément, l'automne est bien là.

 

À La Borie, chaque passage de saison est marqué par une grande fete: Noël pour l'hiver, Pâques pour le printemps, la Saint Jean pour l'été, et la Saint-Michel pour l'automne. La Saint Michel, c'est plus ou moins la fête des récoltes. On se retrouve tous ensemble dans la salle commune avec la communauté voisine de la Flayssière. Au centre de la pièce, une magnifique composition avec les éléments de la nature et les fruits des récoltes. On remercie la nature pour tout ce qu'elle nous a donné, chacun peut ajouter un élément à la composition, lire un texte. Tout le monde est habillé en blanc pour l'occasion. Ce truc de s'habiller tous en blanc, ça me faisait un peu tiquer au début, ça fait un peu uniforme, limite secte. Et puis en fait, c'est pas si mal. C'est très joli de voir tout le monde en blanc, et puis ça n'enlève pas l'originalité puisque chacun est habillé en blanc, mais d'une manière différente, avec quelques touches de couleur, surtout les filles qui font preuve de créativité. Et ça donne un sentiment d'union pour la fête.

Il y a également beaucoup de chants. Et beaucoup de nourriture aussi, le boulanger a fait une montagne de brioches pour l'occasion. On fait quelques jeux. Et on danse. Beaucoup. En fait, on danse souvent à La Borie. Pour les fetes mais aussi tous les samedis soir. Des danses folkoriques, de France, des Balkans, d'Israel, d'Amerique du Sud. C'est Jeau-Luc qui mène la danse. Il connait un nombre incroyable de danses. Il y en a certaines, je commence à bien les connaître à force. Je maitrise maintenant la Scottich et la Mazurka. J'adore cette façon de faire la fete à La Borie, ça mélange les générations, c'est très bon enfant, tout le monde participe, les plus jeunes comme les anciens, c'est accessible pour tout le monde.

Bien qu'on soit complètement isolés en pleine foret, on ne manque pas d'occupation le soir, il y a meme trop : ateliers de yoga, de chant, théatre. Chacun qui a une compétence propose des ateliers. Et tout ça gratuitement! C'est vraiment un autre monde.

22/10/2012

Nouvelles de la Borie 5 - Colchique dans les prés

Un matin, les vaches arrivent à l'étable, tranquillement. Elles s'installent plus ou moins sagement à leur ratelier et on s'aperçoit alors qu'il en manque une. Où est Argan?Avec Cédric on retourne dans le pré derrière l'étable pour la chercher. Elle est tout au bout dans un coin. Et elle vient de mettre bas un petit veau! Le petit veau est encore sonné, il tente de se mettre maladroitement sur ses pattes. C'est mignon! Et pendant ce temps la mère est en train de manger son placenta. Ça, c'est un peu moins mignon... Puis le veau cherche le pis de sa mère et commence à teter. La mère le lèche tendrement, c'est adorable...

D'ordinaire, quand un veau nait à La Borie, pour des raisons pratiques on le sépare direct de la mère ; on le met dans un box isolé et on le nourrit au biberon pendant plusieurs semaines, ce qui provoque à chaque fois l'indignation des stagiaires : « pauvre petit veau tout seul, séparé de sa mère !... » Mais cette fois là, peut-etre attendri par le tableau, ou lassé de passer pour un bourreau de veau auprès des stagiaires, Cédric décide de laisser le veau avec sa mère dans le pré. “on va essayer, voir ce que ça donne. » Je suis trop content car en fait moi aussi je le tannais avec ça. On regarde un petit moment le spectacle, attendris, puis on retourne à la traite. En revenant, « oh ! C'est quoi cette grosse fleur rose qui sort de l'herbe ? » « Un colchique, le premier de la saison. » « Et bien on n'a qu'a appeler le petit veau Colchique.. »

Les jours qui suivent, je vais souvent dans les prés, rien que pour le plaisir de contempler le veau et sa mère. C'est vraiment trop bucolique, le petit veau et sa mère, entourés par le troupeau qui pature paisiblement dans les près tout verts de cette fin d'été, sous le ciel bleu parcouru de jolis nuages blancs qui filent doucement, emportés par la brise. Et les colchiques, tous les jours plus nombreux dans les prés..

Les premiers jours, la mère reste dans le pré avec son petit pendant que les autres vaches viennent à l'étable pour se faire traire. Et puis le troisième jour, voilà la mère qui débarque, toute seule. Elle veut se faire traire aussi. C'est vrai qu'elle a les mammelles super-gonflées, le veau n'a pas l'air de réussir à boire tout le lait. On essaie de la traire, mais c'est tout dur, il n'y a presque pas de lait qui vient. En ramenant les vaches au pré, pas de traces du veau. Où est-il passé ? Un moment, on se demande si quelqu'un qui passait le long de la route ne l'aurait pas piqué, scénario un peu improbable... Mais la mère pature, sans avoir l'air de se préoccuper. On le cherche partout, le long des haies, rien. C'est incroyable. Puis je vois Blanche, une des vaches du troupeau, qui fixe un point de l'autre coté de la cloture. Je vais voir : il est là, planqué, couché en boule dans les grandes herbes. Et j'ai beau le toucher, le pousser pour le faire retourner vers sa mère, il ne veut pas bouger et s'aplatit encore plus. En fait, c'est exactement le meme comportement que les petits de chevreuils, qui se planquent et restent immobiles quand la mère s'absente. Sauf que là, la mère est juste à coté et elle a l'air de l'avoir complètement oublié. Il faut dire que son précédent veau, on l'avait séparé à la naissance alors elle ne doit pas avoir des instincts maternels si développés. Je tire le veau tant bien que mal pour le placer à la vue de sa mère. Meme pendant que je le déplace, le veau reste immobile comme une statue, c'est marrant. Il finit par apercevoir sa mère, se lève d'un coup et court vers elle. Ouf !

Il nous refait le coup plusieurs fois, une fois on passe près d'une heure à le chercher, c'est vraiment le roi du cache-cache. Puis il est finalement assez costaud pour suivre sa mère à l'étable. C'est sympa, il nous tient compagnie pendant la traite, il attend bien sagement dans son coin. Mais la mère ne va vraiment pas bien. Ses mammelles sont gonflées à bloc, mais dures comme de la brique et il n'y a plus une goutte de lait qui sort. Elle est en train de faire une mammite. C'est une infection des mammelles, le cauchemar des éleveurs. Et au bout de deux jours, Cédric m'annonce que c'est fini, Argan est morte. Alors ça ! Elle est allongé dans le pré, avec le petit qui attend tranquillement à coté, à l'ombre d'un arbre. On la recouvre d'une bache, l'équarisseur passera la rècupérer. Tout a été si vite, ça a été fulgurant.

En fait, elle attrappé cette mammite parce qu'on aurait du la traire, meme si le veau la tétait. En la laissant avec son veau, on croyait laisser faire la nature, et bé en fait on a provoqué sa mort... Car ces vaches Montbeliardes ont été sélectionnées pour faire le maximum de lait, plus de 20 litres par jour, quantité qu'un veau est bien incapable de boire. Elles ne sont plus adaptées pour vivre toutes seules dans la nature. Elles doivent etre obligatoirement traites. Leur vie est donc maintenant indissociable de l'homme. Voilà, c'est la réalité de l'élevage. Un autre truc à savoir, c'est que pour avoir une production de lait continue, il faut qu'une vache ait en moyenne un veau par an. La Borie avec un troupeau de 6 vaches laitières produit donc 6 veaux par an. On en garde un ou deux pour remplacer les vieilles vaches, mais les autres qu'est ce qu'on en fait ? Autrefois à la campagne, ça faisait de la viande, mais à La Borie ils sont végétariens. Du coup, ils les vendent. À l'abbattoir...

 

Deux semaines après la mort de sa mère, le petit veau Colchique est de retour dans les prés avec les autres vaches. C'est une femelle donc on va peut-etre la garder. D'ailleurs comme c'est une femelle, il faut dire velle et non pas veau, mais ça fait un peu bizarre comme mot.

Colchique est dans les prés, et à la Borie, avant le repas du midi, on chante justement « Colchiques dans les prés ». Il y a toujours un chant avant le repas. Souvent c'est Alleluiah, Alleluiah, mais d'autres fois, c'est plus sympa, ce sont des chants folkloriques, de saison, et donc comme arrive l'automne, c'est le moment de chanter Colchiques dans les prés, chanson que je connais depuis que je suis tout petit mais qu'il me semble tout d'un coup comprendre pour la première fois. Et oui, quand les colchiques fleurissent dans les prés, c'est la fin de l'été...

16/09/2012

Nouvelles de la Borie 4 - histoires de vaches

Que je vous parle des vaches tout de meme! La Borie possède un petit troupeau de vaches laitières. Un tout petit troupeau meme : six vaches et trois genisses. Mais ça suffit pour la consommation en produits laitiers de la communauté. Et ça a quand meme de l'allure dans les prés, ce petit troupeau de 9 vaches. Ce sont des Montbeliardes, de grosses vaches blanches et marron.

Or, ces vaches, il faut les traire. À la main. Matin et soir. Et depuis 5 mois, je me retrouve donc de corvée de traite avec Cédric, le responsable des vaches.

 

Quand on arrive à l'étable, c'est une drole d'impression, toutes ces vaches alignées dans l'étable, la tete dans le ratelier, nous présentant leur immense derrière. Il faut prendre un petit tabouret et un seau, se glisser entre deux vaches et s'asseoir les genoux sous les pis, la tete contre leur flanc, bien chaud. Ça gargouille dans le ventre, on entend la digestion. On tripatouille un peu les pis. Ça fait bizarre au début de toucher les pis d'une vache. C'est un peu intime non ?

 

Les premières fois, ça fait bien mal aux doigts de traire. Et ce n'est pas si facile. Il n'y a qu'un minuscule filet de lait qui sort. Au bout de 5 minutes, on regarde le seau et on s'aperçoit qu'il n'y a meme pas de quoi remplir un bol de lait... Il faut un moment pour acquérir le bon geste. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas en tirant le pis que l'on fait sortir le lait. En fait, il faut faire un petit geste bien précis : d'abord serrer bien fort la base du pis dans le creux du pouce et de l'index puis appuyer avec les autres doigts un par un pour faire sortir le lait du pis, tout en gardant bien serré le pouce et l'index sinon le lait remonte sans la mamelle. C'est pas si évident... Et il faut faire les pis deux par deux.

Au début, on va lentement, en regardant avec jalousie le voisin qui remplit son seau à un rythme endiablé. La petite musique caractéristique de la traite : pschiiit, pschiiit, tous en cadence. Les bons trayeurs font sortir le lait tellement fort que ça mousse dans leur seau.

Au fil des semaines, j'ai amélioré mon rythme et maintenant j'arrive meme à faire mousser. Mais ça prend quand meme du temps. Car ça fait beaucoup de lait une Montbeliarde. 10 litres en pleine lactation, un seau entier. Meme pour un trayeur averti, il faut compter au moins une bonne demi-heure. Et parfois il faut en traire deux. Alors le temps passe, plus ou moins lentement. On discute un peu entre trayeurs, mais chacun isolé entre deux vaches, on ne se voit pas et si on est à plus de deux vaches d'écart il faut crier pour s'entendre car le bruit du lait dans le seau couvre les conversations. Alors c'est un moment propice à la contemplation, bercé par le rythme des pschits, pschit...Je regarde le paysage ou les hirondelles qui construisent leur nid sous les poutres de l'étable. Je médite. Ou quand j'en ai marre, j'écoute la radio sur mon baladeur...

 

Parfois, la queue de la vache se lève doucement : alerte! tous aux abris! Bombardement imminent! La vache se prépare à pisser ou à chier. Il faut se dépécher de s'écarter car ça éclabousse... C'est impressionnant une vache qui pisse, il y a un de ces débits, une vraie cascade! Maintenant « l'expression il pleut comme vache qui pisse », je peux vous dire que ça m'évoque une image tout à fait claire...

 

D'autres fois, on est tranquille, perdu dans ses pensées, et au moment où on s'y attend le moins, paf, un coup de queue en pleine figure. C'est hyper énervant! C'est rageant meme, mais c'est le genre de truc où ça ne sert à rien de s'énerver car la vache est dans son bon droit, ce n'est pas nous qu'elle visait mais les mouches qui lui tournent autour. C'est vrai que c'est très pénible quand il fait chaud, avec tous les taons qui se collent partout, meme pour nous. Mais il y a quand meme des fois où on se demande si elles ne le font pas exprès...

 

Chaque vache a son caractère. Au début je trayais Leila. C'est une des plus tranquilles. Autant certaines vaches n'aiment pas du tout qu'on leur tripote les mamelles, autant elle, elle s'en fout complètement, du moment qu'elle a du foin dans son ratelier. Elle est facile a reconnaître, c'est la plus sale de toutes, toujours le derrière plein de merde. Je ne sais pas comment elle se débrouille, car les autres sont toutes propres. Apparemment, elle se chie sur la queue et après en bougeant elle s'en met partout, jusque sur les pis, c'est agréable quand on trait... Elle a des pis énormes, il faut appuyer fort pour que ça sorte. À coté, il y a Argan, la super sensible, avec de petits pis tous délicats mais faciles à traire. Elle, il ne faut pas trop que le trayeur change d'un jour sur l'autre, sinon elle stresse. Elle s'imobilise et vous fixe du coin de l'oeil d'un air de reproche. Il y a aussi Trois-Pis, la bien nommée : elle n'a que trois pis. Dont un pis tous petit, pas du tout facile à traire. Par contre, elle donne une quantité de lait impressionante. Et puis, il y a Astrid, la molassone, toujours à la traine quand il faut renter à l'étable. Blanche, elle, a des pis qui ont du mal à démarrer, il faut traire quelques minutes dans le vide avant que le lait finisse par sortir. Et enfin, il y a Castille, la Terrible. Elle bouge tout le temps, fait de brusques pas de coté pour se décaler, jusqu'à se retrouver complètement en diagonale, la tete tordue dans le ratelier. Elle n'arrete pas de donner des coups de pattes, il faut lui mettre une attelle pour bloquer la patte. Et puis elle aussi, elle vous regarde quand vous la trayez. Mais elle, ce n'est pas un regard de doux reproche comme Argan. C'est plutot du genre « T'as de la chance que je sois coincée dans le ratelier sinon tu verrais ce que tu te prendrais. » Et en effet, elle, quand elle est libérée, il ne vaut mieux pas trainer trop à coté, elle donne de bons coups de cornes, et une fois elle a failli me coincer contre le mur...

 

Au début pour faire la différence entre les vaches, j'étais obligé de regarder leurs pis. Car au final quand on les trait, c'est tout ce qu'on voit d'elles.. Maintenant à force, j'arrive à les distinguer, avec les taches de couleur et la forme des cornes,( surtout Castille..)

 

Avant la traite, il faut faire rentrer les vaches à l'étable. En fait, ce n'est pas très dur, quand elles sont dans le paturage atenant, elles viennent toutes seules à l'heure de la traite. Elles attendent là, ponctuelles, devant l'entrée, il suffit d'ouvrir la barrière. Chacune connait sa place, mais à chaque fois il y a quand meme un peu de bazar, comme dans une cour de récré : une vache qui va dans le ratelier de la voisine car elle pense qu'il y a plus de foin, une autre qui revasse, bloquant le passage à la voisine. Il faut faire la circulation, comme un agent, avec le baton.

 

Le batiment de l'étable est divisé en deux parties : la partie pour les vaches, ouverte sur l'extérieur, et la partie grange, où sont stockées les bottes de foin. Les rateliers en bois séparent les deux parties, comme une barrière. Les vaches doivent y passer la tete pour pourvoir manger le foin. Une fois qu'elles ont toutes passé la tete, on referme et elles sont bloquées. Ce qui est fort c'est qu'elles se font avoir à chaque fois, mais l'appel du bon foin est le plus fort.

Une petite porte permet de passer du coté grange, pour remplir les rateliers. Avec l'échelle, je grimpe sur la montagne de foin pour faire descendre quelques bottes. J'adore l'ambiance la-haut, juste sous le toit. L'odeur me replonge à chaque fois me rappelle chaque fois Heubécourt, quand j'étais petit, quand on aller jouer dans les ballots de la ferme d'a coté. Je reste un instant à révasser. Un rayon de soleil passe par la petite fenetre. Avec la poussière, ça scintille, c'est magique... Mais les vaches s'impatientent. Avec la fourche, je lance en bas quelques bottes, puis je redescends, je les délie et je mets le foin à la fourche dans le ratelier. C'est rigolo, de ce coté-ci, je vois juste la tete des vaches, toutes alignées dans ma direction en train de me regarder. Sacrées vaches, je les aime bien quand meme...

05/07/2012

Nouvelles de la Borie 3 - balade autour de la Borie

 

 

 

Les batiments de la Borie Noble s'étendent sur quelques centaines de mètres le long d'une petite colline allongée, au sommet plat, qui rejoint progessivement le plateau. A l'extrémité de la colline, il y a le batiment principal de la Borie, tout rose, où se trouvent la cuisine, la salle commune, la boulangerie, divers ateliers plus ou moins utilisés, les caves avec les réserves de nourriture et plusieurs logements. Puis il y a le parc avec sa pelouse et son immense cèdre du Liban. En remontant le chemin caillouteux, on longe le lavoir puis on passe devant la maison Violette, qui doit son joli nom à une certaine Violette dont l'héritage a permis la construction, et le batiment rose de l'escalette, construit en effet en escalier le long du versant de la colline.

 

On arrive sur une grande surface pavée de pierre blanche bordée sur la droite par la grange et sur la gauche par l'étable. Tous les batiments sont en pierre et en bois. Puis vient enfin le batiment du Bouriou, à moitié dissimulé dans les arbres. C'est là que j'ai ma chambre, à l'extrémité du batiment.

 

 

 

C'est une jolie chambre mansardée, avec poutes apparentes et murs de pierre chaulée, aux angles arrondis. C'est une des dernières pièces où il n'y ait pas l'électricité. Il y a quelques années encore, on s'éclairait à la bougie dans l'ensemble de la Borie Noble. Le refus de l'électricité était lié au refus de l'énergie nucléaire et à la volonté d'utiliser seulement des outils simples. Mais ces dernières années, les membres de la communauté ont un peu reconsidéré la question. Car il y a eu l'arrivée des énergies renouvelables a changé la donne sur la question de l'énergie. Et puis, quand on est moins nombreux et plus agés, on finit par se dire que finalement la technologie peut avoir du bon. Et enfin surtout, ils ont fini par se rendre que les bougies, ça leur coutait super cher car ils doivent les acheter...

 

Il y a donc maintenant des panneaux solaires, un tracteur, une tronçonneuse, une machine à laver ( mais réservée aux anciens, moi je dois laver mon linge à la main) Par contre, très peu de prises, pas de frigo, pas de télé et pas d'internet. Et dans certaines pièces comme ma chambre, toujours pas d'électricité. Ça m'embete bien car moi personnellement, je ne suis pas du tout adepte de la bougie. Si je suis ici, c'est justement parce que je me retrouve dans dans l'évolution de leur vision sur le rapport à la technologie, l'utiliser quand c'est vraiment utile, avec modération, ne pas tout refuser. Surtout qu'au final, leur utilisation de la bougie est un peu incohérente puis qu'ils achètent des bougies industrielles fabriquées par des machines électriques. Mais bon, on va dire que ça fait plus poétique.

 

 

 

La fenetre de ma chambre donne sur le versant boisé de la petite vallée qui passe en contrebas de la Borie. Et au milieu, coule une rivière. Le chant des oiseaux et le bruit de l'eau sont les seuls bruits qui me parviennent

 

 

 

La rivière provient des hauteurs de l'Escandorgue, longe le potager, et continue son chemin dans une vallée de plus en plus grande qui rejoint l'Orb. C'est un délice de se promener le long de la rivière. J'aime en particulier remonter vers la source.

 

C'est une petite vallée complètement sauvage. Un sentier à peine tracé, entretenu par le seul passage des chevreuils et des animaux sauvages, longe la rive à travers les buissons et quelques petits près abandonnés. Au mois de juin, ces près abandonnès deviennent une explosion de couleurs, se couvrant d'une variété incroyable de fleurs multicolores, en particulier de magnifiques gesses d'un rose splendide

 

Le sentier mène à un petit pont de bois, « qui ne tenait plus guère, que par un grand mystère » … et des traverses de chemin de fer... Après le pont, la rivière se divise en deux. Le bras principal semble etre celui de gauche. Le sentier est mieux tracé et suit la rive, sous les chenes et les hetres. La rivière, encore assez large, alterne des sections plates où l'eau ruiselle le long de grandes dalles de roche, et des ressauts où elle forme de petites cascades. Au fur et à mesure de la progression, le sentier devient de plus en plus difficile à suivre, disparaissant dans les buissons de buis. La vallée se resserre peu à peu. La rivière disparaît à la vue pour un instant mais après quelques mètres, en ressortant des broussailles on se retrouve dans un site incroyablement charmant : une succession de cascades, rebondissant sur les replats de la roche, entouré de petites falaises émergeant des arbres. Un endroit complètement sauvage, dissimulé, dépaysant, faisant plus penser à des gorges du Tran en miniature. Et pourtant, en reprenant le sentier et en passant au dessus de la cascade, après quelques dizaines de mètres, on a la surprise de se retrouver dans les paturages de la Borie, face à face avec les gros chevaux de trait. La rivière passe entre les paturages de ce petit plateau, entouré de collines se terminant par d'autres falaises. La source est encore à près d'un kilomètre, au pied des falaises mais il n'y a plus de chemin. Pour continuer la balade il faut quitter la rivière et se balader à travers les paturages et les broussailles qui recouvrent les versants au pied des falaises.

 

Mais revenons au petit pont de bois et interressons-nous au deuxième bras de la rivière. A priori, ce coté-ci, semble moins intéressant. La vallée est bien plus étroite, dans l'ombre, les versants monotones, couverts de plantation de pins. La rivière qui en parcourt le fond semble un petit ruisseau dont la partie amont doit s'assécher bien vite.

 

Par curiosité, je me suis pourtant décidé à aller l'explorer et je n'ai pas été déçu. Les premières centaines de mètres du sentier n'ont rien d'exceptionnel. Le fond de la vallée est dans l'ombre. Le sentier suit la rive gauche, couverte de broussailles. Le versant en face est rectiligne, couvert de pins mais on finit par ne plus le voir car le fond de vallée est peu à peu sumergé par d'immenses aulnes et hetres et on disparaît au milieu de cette végétation sauvage. La rive s'élève et le ruisseau disparaît à la vue, on n'entend plus que le son cristallin de l'eau à travers les rochers. Puis le bruit disparaît lui aussi. Le sentier finit par redescendre et là, c'est la surprise. Le ruisseau s'est complètement métamorphosé. À la place du filet d'eau ruisselant sur les cailloux, c'est un magnifique bassin naturel, à l'eau calme, d'un bleu profond, merveilleux, bordé par les immenses troncs rectilignes des grands hetres. L'ambiance a tout d'un coup pris un je-ne-sais-quoi de magique et mystérieux, je ne serais pas du tout surpris de voir apparaître la Dame du Lac sur le petit rocher qui émerge au milieu du bassin. Une athmosphère emplie de calme et de sérénité...

 

La première fois, je suis resté là un moment, fasciné, immobile sur la berge. Sur le fond de l'eau nagent doucement des petits tritons, qui font leur ballet amoureux.

 

En continuant de remonter la vallée, toujours dans l'ombre des grands arbres, on voit la rivière qui alterne entre bassins et portions où l'eau ruisselle sur de grandes dalles. Et on finit par arriver dans un endroit encore plus fascinant. Les falaises se dressent maintenant de chaque coté, et la vallée finit par s'interrompre, barrée par une falaise grise parfaitement circulaire. Un filet d'eau dévale exactement au centre et plonge dans un grand bassin à l'eau bleue. Les branches des hetres s'étirent au-dessus du bassin. La mousse des bois recouvre les rochers. Et revoilà la Dame du Lac...

 

Et cette vallée continue comme ça pendant plusieurs kilomètres, dans une nature complètement sauvage et incontaminée. Le sentier a désormais totalement disparu, il faut marcher sur les rochers ou dans le lit à moitié asséché de la rivière. Par endroit, je m'imagine au coeur des Montagnes Rocheuses. Plus loin, d'énormes rochers qui encombrent la vallée font penser aux chaos de rochers de la foret bretonne de Huelgoat. J'escalade les falaises qui barrent de temps en temps la vallée et je mélève peu à peu, sans sortir de la vallée. Aucune trace humaine, seulement la nature. Je n'imaginais pas trouver des endroits aussi sauvages en France. Toujours plus en amont se dressent d'immenses rochers, un peu comme les pains de sucre de Rio de Janeiro, en version réduite. Je parvient à me hisser au sommet de l'un deux et je peux enfin voir le paysage au delà de la vallée. C'est immense, une succession de sommets arrondis, couverts de forets, toujours sans trace humaine. Au loin, quelques sommets que je reconnais etre ceux de l'Espinouse et les contrefots du Causse du Larzac. Grandiose.

 

Voilà, je vais arréter là la description de ma balade. C'était juste un petit aperçu des fabuleuses promenades que je fais sur ce domaine incroyable de la Borie, véritable réserve naturelle qui s'ignore. Je voulais juste partager avec vous ma fascination pour la nature de cet endroit et en particulier cette petite vallée des Merveilles, ignorée de tous et c'est tant mieux..

 

 

 

 

 

06/06/2012

Nouvelles de la borie 2 - les foins

Le printemps bat son plein, les prairies sont en fleurs, c'est magnifique, il y a des fleurs de toutes les couleurs. Il faut en profiter car l'époque des foins est arrivée. Il est temps de tout faucher afin de faire des provisions de foin pour les vaches en prévision de l'hiver, et meme de l'été, quand tout sera sec.

Le travail des foins se fait en partie au tracteur, tout seul, et en partie avec les chevaux et plein de main d'ouvre. Le tracteur passe d'abord et fauche. Puis un cheval avec une machine avec de grandes roues fane le foin, c'est à dire le retourne. Ensuite il faut repasser en faisant tourner les roues dans l'autres sens ce qui rassemble le foin en tas en ligne, les andins. Revient alors le tracteur avec une petite machine à faire de petits ballots carrés. C'est ensuite qu'il faut beaucoup de monde car il faut charger les ballots sur les charettes tirées par les chevaux. Tous les hommes de la ferme sont réquisitionnés.

C'est plutot sympa. On part en fin d'après midi, quand l'air est moins chaud. Les près de fauche se trouvent parfois un peu loin sur le domaine, du coup pour y aller ça fait une jolie balade tranquille, au rythme du cheval, assis sur la charette, à contempler ce joli paysage champetre. Arrivés sur place, chacun se munit de sa fourche et on commence à charger les bottes de foin. Il y en a un qui reste sur la charette pour conduire le cheval et empiler les ballots au fur et à mesure. Les ballots sont de plus petite taille que les classiques ballots carrés, mais quand on arrive au cinquième étage de ballots ça commence quand meme à etre difficile. J'essaie d'utiliser au mieux ma force pour faire un beau lancer. Ça me rappelle les concours de lancer de ballots de paille qu'il y avait à Heubécourt lors de la fete du village, quand j'étais petit...

La charette se remplit assez vite. On vient généralement avec deux charettes. Quand c'est plein, il faut revenir à la ferme. On serre les sangles et c'est le retour, tranquille le long du chemin, perchés sur la charrette, au sommet de la montagne de ballots, bien confortables, avec juste de temps en temps la peur que tout se renverse quand il y a un cahot trop fort.

Ce n'est pas si compliqué de guider le cheval. Quand il y a la charrette rempli au maximum, ce n'est évidemment pas moi qui guide mais j'ai eu l'occasion d'en guider, dans des situations plus simples. Il sont très bien dressés et répondent parfaitement aux commandes. Pour faire avancer, c'est tout betement Hue!, que tout le monde connait, que l'on entend toujours dans les films de cow boy. C'est amusant de le voir utilisé en vrai. Pour le faire s'arréter le cheval, c'est Ho! Et pour aller en arrière, c'est Arrié! C'est tout simple. Par contre, il fait le dire d'une bonne voix ferme, et puis en gardant les rennes en main et en guidant, si nécessaire.

Les chevaux qu'on utilise sont énormes. Ce sont de bons gros chevaux de traits, magnifiques. D'habitude, je ne suis pas spécialement fan de cheval, mais là je dois dire qu'ils sont vraiment splendides, et impressionnants. Il y en a quatre. Chacun d'une couleur différente. Bayard, le noir. C'est l'unique male, castré, et le plus vieux. Puis Blanche, qui est très logiquement blanche, la plus grande des quatre; Mibelle, couleur mirabelle, et Swaty, rousse presque rouge avec quelques points blancs. Quand ils ne travaillent pas, ils sont en liberté dans les immenses prairies à moitié en friche des confins du domaine. Ça fait une drole d'impression quand en se baladant on se retrouve nez à nez avec cet immense cheval blanc surgit de nulle part, tel une licorne.

 

Pour en revenir aux foins, une fois donc que la charette avec les ballots est amenée dans la grange, il faut décharger. On se met à la chaine pour envoyer les ballots jusqu'en haut de la montagne de foin qui occupe déjà une partie de la grange. Les vaches ont la ratelière qui donne directement dans la grange, ce sera facile à remplir ensuite.

 

Faire les foins avec les chevaux est une chose assez exceptionnelle dans notre pays. Tout ça pourrait évidemment etre fait entièrement au tracteur par une seule personne. Mais c'est triste de travailler tout seul dans les champs, et puis il faudrait de toute manière deux tracteurs, un pour charger et l'autre pour tirer la remorque. Alors qu'avec les chevaux, c'est tellement plus agréable, c'est moins cher et je pense qu'on met à peu près autant de temps au final. Par contre évidemment il faut etre beaucoup de main d'oeuvre. Mais justement, c'est sympa de travailler à plusieurs.

 

C'est intéressant cette confrontation tracteur/cheval. Le tracteur est surement plus efficace mais ça fait du bruit, ça pollue, ça fait du bruit et ça sent mauvais. Alors que le cheval fonctionne avec une énergie gratuite, l'herbe, et sans bruit et c'est moins cher. Et puis ça a tellement de charme de travailler avec les chevaux, c'est une toute autre ambiance, un vrai plaisir. Je profite de cette chance.

D'ailleurs quand des personnes passent par hasard en voiture sur la petite route et qu'ils voient les chevaux travailler ils s'arretent immanquablement pour contempler le spectacle.

05/05/2012

La vie dans une communauté : La Borie Noble

 

 

Coucou! C'est reparti pour l'écriture sur l'ordi. Deux mois après avoir achevé mon livre, me revoilà sur le petit clavier de mon cher ordi, mais à la lueur de la bougie cette fois-ci, et avec le poele à bois qui enfume ma chambre : je suis maintenant à la Borie Noble, dans le Sud de la France. Quelle joie d'etre de nouveau dans le sud après une année passée en Normandie. C'est dans le Languedoc, près de Lodève, aux confins du plateau du Larzac.

 

Je suis venu ici pour tenter une expérience de vie communautaire à la campagne pendant plusieurs mois. Car la Borie Noble est un endroit assez particulier : c'est une communauté ; une des communautés de l'Arche fondée par Lanza del Vasto, un disciple de Gandhi. Les gens qui vivent ici ont fait le choix de vivre simplement, en faisant au maximum le travail manuellement en axant leur vie autour de la spiritualité et de la non-violence.

 

Ça fait plusieurs années que je m'intéresse aux écovillages et les communautés agricoles et après avoir fait des cours séjours dans plusieurs d'entre elles, c'est à la Borie que j'ai choisi de passer un peu plus de temps.

 

La Borie Noble, ça se trouve à une vingtaine de kilomètres de Lodève, perché très haut dans les collines qui dominent la ville. On y accède par une route infernale aux multiples virages. Au fur et à mesure que l'on s'élève, on quitte la zone méditerranéenne avec ses oliviers et ses chenes verts pour arriver sur les sommets battus par les vents avec des paturages et d'immenses garrigues couvertes de buis et d'érables de Montpellier. La vue de la-haut est assez fantastique, on voit les sommets plats du plateau du Larzac et les derniers contreforts du Massif Central, et par beau temps on voit jusqu'à la Mer et meme les sommets enneigés des Pyrénnées. Mais la petite route finit par redescendre en longeant des falaises et on se retrouve dans une petite vallée perchée, isolée au milieu des forets de pins : c'est le domaine de la Borie Noble . La première chose que l'on voit de la Borie, c'est cet étonnant batiment rose, surmonté d'une espèce de clocher, perché sur un petit promontoire au milieu de la végétation. Au fur et à mesure que l'on descend la toute petite route, il disparaît dans un virage. On passe un vieux pont de pierre et on se retrouve dans une ravissante petite vallée, dont le fond est occupé par un grand potager, et quelques arbres fruitiers, ainsi que deux anes. La route remonte de l'autre coté, contourne le promontoire et quelques batiments et continue son chemin dans un paysage de paturages et de bocages rappelant la Bourgogne, très diffèrent de ce qu'on a vu jusque là. Il faut bifurquer avant, prendre un chemin qui traverse d'épais taillis de buis et voici soudain le batiment rose qui sort de nulle part. C'est un grand batiment en style du midi avec un vieux crépis rose délavé et de jolis volets verts auquel on a rajouté en L quelques annexes en pierre apparente et cet étrange clocher pas tellement dans le style du pays. Devant le batiment, une jolie pelouse dominée par un immense cèdre du Liban. Bienvenue à la Borie Noble!

 

C'est donc ici que je vis depuis deux mois. J'y passe mes journées à faire des choses aussi bizarres que faire la traite des vaches à la main, dégermer des milliers de pommes de terre, remplir des cagettes de poireaux et déterrer des carottes des silos, défricher des paturages au croissant, tracer un sillon dans un champ à la charrue avec un cheval de trait, semer de l'avoine à la volée, déplacer du fumier sur une charrette, vider le compost-toilet, couper du bois pour allumer la douche, faire sa lessive au lavoir, méditer, chanter, danser, prier, faire du yoga, écouter la cloche qui sonne et etre présent au présent, faire de l'improvisation théatrale avec un holandais, un allemand, une argentine et une catalane, chamter des champs napolitains avec des piémontais, observer l'arrivée du printemps, les hirondelles qui font leur nid, les tritons palmés qui se dandident dans la rivière, les arbres qui bourgeonnent et sortent leurs feuilles, l'un après l'autre...

 

Meme si tout ça prend bien du temps et de l'énergie, je vais essayer de vous envoyer des nouvelles régulièrement pour vous raconter un peu mon expérience

 

À la Borie vivent aujourd'hui une dizaine d'engagés permanents plus une dizaine de stagiaires.

Les activités principales sont le potager, l'élevage laitier, la production de fromage, le pain, la poterie

 

Je suis donc là depuis deux mois à participer aux activités de la ferme :

Depuis deux mois que je suis là, je participe aux activités de la ferme

 

 

Bon, moi la première fois que je suis arrivé, je n'ai pas vraiment vu ça, car il faisait nuit, c'était la tempete. Il y avait la grève des trains, j'avais raté ma correspondance et j'étais arrivé à Lodève tard : Maryse, une des habitante, avait eu la gentillesse de venir me chercher et je suis arrivé tout était plongé dans le noir total. Elle m'a conduit à ma chambre qui se trouvait dans un autre batiment, une toute petite chambre, avec juste des bougies pour s'éclairer. J'avais vraiment l'impression d'un autre monde. Elle m'a donné les horaires pour le lendemain : sept heures, méditation; sept heures trente petit déjeuner; huit heures 30, les pluches, neuf heures trente prière puis trois heures de travail... Et bé, ça fait monastère. Bon.

Le lendemain, la cloche sonne, je me lève tot, en retrad pour la méditation, c'était janvier alors il faisait encore nuit noire. Je suis le chemin jusqu'au batiment principal, j'entre, j'essaie de retrouver là où on m'a indiqué la salle de méditation, j'ouvre la porte discrètement : personne. Bon. Je retourne dans la cuisine. Éclairée à la lumière électrique ! Quelques personnes en train de prendre le petit déjeuner. Puis on fait les pluches, je rencontre un peu les gens, c'est sympa on discute

 

Puis la prière. Tous en cercle. Chant. Puis un texte récité. Ce n'est pas une prière catholique, plus général, puis lecture d'un texte : hindou, musulman, puis on se réparti le travail

 

Travail dehors, couper du bois, défricher. On a coupé un grand chène à la scie et à la hache. C'est une grande satisfaction. On s'y met à plusieurs, il n'y a pas le bruit de moteur.

 

Petite visite : poterie, menuiserie, fromagerie, boulangerie, lavoir

 

plein de choses qui se font à la main, c'est pour suivre le précepte de Gandhi, qui prone d'etre capable de faire les choses par soi meme, utiliser des techniques simples. Vivre simplement pour que d'autres puissent simplement vivre. Il y a aussi le refus de l'électricité nucléaire.

 

Tout ça, ça peut aller quand on est plein, mais ils sont réduits plus grand monde. Je trouve ça interessant la reflexion sur la technologie meme si je ne suis pas pour

 

Bon, ce n'est pas du tout comme je croyais. J'avais lu la description. Ca a été fondé par Lanza del Vasto, c'est très grand, ils y ont vécu jusqu'à 70. Aujourd'hui une dizaine, plus une dizaine de stagiaires.

 

 

Sur la droite, une petite remise, où l'on peut voir des gens en train de couper du bois ; Par une baie vitrée d'un petit batiment accolé au batiment principal, on peut voir le boulanger s'activer. Mais généralement, quand on arrive la première fois, on grimpe le petit escalier et on débouche dans la cuisine. Il y a toujours un peu de monde assis à la table, en train de grignoter. C'est la pièce de vie principale pour tout ceux de passage, un jour ou plusieurs mois.

 

 

10 personnes engagées, une dizaine de stagiaires certains court et d'autres long.

 

 

Les communauté de l'Arche c'est quand meme particulier car il y a cette dimension spirituelle et religieuse : a priori le religieux ce n'est pas trop ma tasse de thé mais je dois dire qu'ici j'ai trouvé ça un peu plus intéressant, c'est différent de la religion des églises : Ce n'est pas spécifiquement chrétien mais ouvert à toutes les religions, meme si la culture chrétienne reste forte

 

 

esprit gentillesse. Situation plutot difficile, mais les gens semblent sereins. La région semble belle. Communauté autonome financièrement. L'aspect spirituel interessant finalement. La prière dit des choses intéressantes. Bon esprit des stagiaires de passage : offrir ce que l'on sait : Michèle nous avait fait un cours d'exercice de respiration, Thèrèse une petite leçon de méditation. Un qui est pianiste nous avait offert un concert magnifique, les chants à la prière sympa. Une autre communauté à coté, Lodève c'est sympa.

 

 

ça m'a plu malgré tout

 

Et donc moi, je suis là depuis deux mois. Pour le potager, pour expérimenter vie en communauté sur longue durée, c'est différent de quelques semaines